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La Newsletter 13/18 de l'AALEME

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La Newsletter 13/18 de l'AALEME

Esprit de Corps

Provence-Alpes

Publié le 19 avril 2013

Joëlle Stechel signe avec Esprit de Corps un documentaire passionnant et très émouvant sur l’institution qui accueille, à Puyloubier, des légionnaires, en fin de vie pour certains, dans le besoin pour d’autres. Une rencontre intime avec des hommes plutôt peu enclins à se confier mais riches de parcours exceptionnels.

Trois ans auront été nécessaires pour faire aboutir ce projet mais sa sortie vient saluer l’anniversaire de la bataille de Camerone, un des haut-faits de bravoure qui fonde l’esprit de la légion et dont on fête, le 30 avril, les 150 ans.

Le film Esprit de Corps sera diffusé sur France 3 Provence-Alpes samedi 27 avril à 15:20

Deux voix pour parler d’un film

La richesse du film et toutes les questions qu’il suscite nous ont donné envie de nous entretenir avec sa réalisatrice, Joëlle Stechel. Mais sans la signature d’une chaîne de télévision, un tel projet aurait peut-être eu plus de difficultés à s’exposer. Nous avons donc saisi l’occasion d’évoquer la question de la co-production avec le délégué régional de France3 Provence-Alpes, Bruno Ledref.

Entretien avec Joëlle Stechel

PZ – La famille Légion, c’est une réalité que l’on découvre au fil de ce film et qui vient battre en brèche les idées reçues répandues sur ce sujet. Au-delà de l’aspect commanditaire, qu’est-ce qui vous a séduit dans cette aventure d’Esprit de Corps ?

JS – Ce n’était pas un film de commande mais un projet personnel. J’ai entendu parler de cette institution par hasard, et j’y suis allée. J’y ai rencontré des gens qui m’ont intéressée et touchée en raison de leur parcours et parce qu’ils sont certainement les derniers représentants d’une certaine histoire; celle liée aux guerres coloniales auxquelles ils ont participé sans savoir clairement quels en étaient les enjeux, tout cela parce qu’un jour leur propre parcours a dérapé, ou parce que les aléas de l’histoire les ont contraints à s’engager. Ce qui m’a le plus émue, c’est lorsque j’ai obtenu de la légion les photos d’engagement des principaux protagonistes. Ils étaient d’une incroyable jeunesse pour la plupart; des gamins versés dans la tourmente de la guerre et qui, quelques semaines plus tôt, étaient encore sur les bancs du lycée, jouaient au foot, draguaient les filles….

PZ – Ces hommes que vous filmez qui, à l’instar d’Henri Charlier, se voyaient invincibles, rêvant à 18 ans d’un destin à la Gary Cooper, sont aujourd’hui vieillissants mais paisibles et dignes. Cependant peu d’entre eux évoquent une vie personnelle ou familiale. Pourquoi tant de pudeur ? Est-ce le carcan militaire qui les rend si discrets ou bien cela reflète-t-il peut-être une situation de solitude choisie ou non ?

JS – Plusieurs réponses à cela. Lorsque vous vous engagez dans la légion, vous devez etre célibataire. Certains le sont restés, la vie de légionnaire, avec des missions qui durent parfois plusieurs années à l’étranger, n’est guère propice à la fondation d’une famille.
D’autres se sont mariés comme Jean-Louis Combat, après leur temps d’engagement et ont divorcé. D’autres enfin sont veufs, comme Berthold Voessler et viennent finir leurs jours au milieu de leurs camarades plutot que de rester seuls.
Je les ai longuement interviewés sur le sujet de l’amour, de la famille et je comptais bien utiliser ces histoires dans le film mais 52 minutes , c’est très court et ça impose des choix! En ce qui concerne Henry Charlier , il a eu une étonnante « love affair », à 50 ans passés, avec une jeune fille de 23 ans. Il s’est marié avec elle et de leur union est née une fille, Marie-Astrid , qui sera présente à l’avant-première du film. Puis il a divorcé , se trouvant trop vieux pour satisfaire cette jeune femme et il est revenu à Puyloubier, où il l’avait d’ailleurs rencontrée un jour ou elle était venue visiter l’institution.

Il faut ajouter que ces légionnaires sont des coeurs tendres pour la plupart, prompts a s’enflammer pour une femme et à lui faire une cour assidue : j’ai ainsi recu moult textos de certains d’entre eux, me déclarant leur flamme… Une attitude assez compréhensible dans cet univers exclusivement masculin.

PZ – Dans le contexte d’un monde où l’on se gargarise du mot solidarité, on en voit ici une illustration très singulière et surtout entière. Est-ce que cela suscite en vous une réflexion ?

JS – Je pense qu’outre l’aspect « morceaux d’histoire » que j’évoquais plus haut, c’est ce qui m’a le plus touchée dans ce lieu; on y accueille sans condition de ressources toute personne ayant servi la légion et qui se retrouve dans le besoin, quel que soit ce besoin. C’est un exemple unique et dont les armées étrangères (américaines, anglaises) sont venues s’inspirer pour leurs propres vétérans. Ces hommes, qui venaient de partout ont servi sous le drapeau français, ont risqué la mort, ont été blessés, traumatisés. Prendre soin d’eux , pour la légion, ce n’est que justice. D’autant que beaucoup d’entre eux , pour de multiples raisons, ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine et sont donc condamnés à une fin de vie souvent précaire et solitaire. Cet engagement de la légion vis-à-vis de ceux qui rejoignent ses rangs est tout sauf un vain mot. J’ai pu le constater concrètement au quotidien pendant toute la période du tournage, que ce soit les visites à un pensionnaire hospitalisé, l’aide matérielle à un pensionnaire qui a besoin par exemple d’aller visiter sa famille dans son pays d’origine à l’occasion d’un décès ou la simple entraide quotidienne entre pensionnaires eux-mêmes.

PZ – Le tournage s’est -il bien passé ? Est-ce que l’institution de Puyloubier qui, à bien des égards, ressemble à un monastère, est un lieu qui s’ouvre facilement sur l’extérieur?

JS – Il a fallu vaincre des peurs. Celle du voyeurisme, celle d’une possible gêne occasionnée aux pensionnaires, celles de la légion elle-même qui sait que chaque fois qu’on parle d’elle, c’est pour en donner une image dans laquelle elle ne se reconnait pas. Mais, très vite, les portes se sont ouvertes. Les pensionnaires, dont on m’avait dit qu’ils étaient mutiques, ne demandaient en fait qu’à parler, pour peu qu’on les écoute et qu’on prenne intérêt à ce qu’ils avaient envie de raconter.

Le film a pourtant mis 3 ans à aboutir car la personne qui avait signé le projet à France 3 a été muté, son remplaçant n’en voulait pas, etc. et du côté de la légion, deux généraux se sont succédé, qu’il a fallu successivement convaincre.

Entre temps, certains des pensionnaires que j’avais interviewés étaient morts ou n’étaient plus en état de participer au film.

Mais dès que nous avons commencé à tourner, le contact s’est fait avec l’équipe qui ne connaissait pas le lieu et qui a été totalement fascinée et à l’écoute des pensionnaires. De vrais liens se sont créés également avec l’encadrement – l’adjudant-chef Steidle par exemple qui a été un ouvre-porte des plus efficaces et des plus convaincants. Je pense que les pensionnaires ont apprécié aussi que nous passions par exemple la soirée de Noël avec eux - même si cela n’apparaît pas dans le film. Dommage! – comme le font les officiers de la légion, la famille légion primant sur la famille personnelle.

entretien réalisé par Pernette Zumthor

Entretien avec Bruno Ledref

PZ – Qu’est ce qui vous a décidé, au delà de l’aspect « mission régionale » qui incombe à la chaîne, à soutenir le projet que portait Joëlle Stechel et son producteur Thierry Gautier ?

BL – Lorsque des documentaires s’intéressent à la Légion, ils le font très souvent de la même manière : comment on entre à la légion, comment on y est formé, comment les légionnaires deviennent des soldats d’élite etc. Mais au fond, les légionnaires sont aussi des hommes qui ont une autre vie que celle de l’armée et qui vieillissent. Je trouvais donc intéressant de s’attarder sur cet aspect peu traité des retraités de la Légion. A cela s’ajoute une spécificité bien particulière à l’institution, c’est que, dès lors que l’on s’est engagé ne serait-ce que quelques jours, la Légion étrangère vous ouvre les portes de sa maison de retraite. S’y retrouvent donc des personnes que la vie, pour diverses raisons, a livrées à la solitude, des personnes qui ont souvent des parcours très intéressants et cela fait le terreau d’un bon film.

Ensuite, il y a Joëlle Stechel, la réalisatrice dont je connaissais le talent, la capacité à réaliser des entretiens très fouillés. Je savais qu’elle allait avec cette matière faire émerger l’humanité des personnages car finalement, au-delà du sujet « légion », ce sont des parcours humains que l’on voit dans ce film. Ils auraient pu être marins, pompiers ou maçons; ce qui nous importe c’est de traduire ce que les gens ont dans la tête.

PZ – En tant que délégué régional de France3 Provence-Alpes, comment envisagez-vous la coproduction en région ?

BL – Pour moi, le premier objectif à atteindre c’est de rencontrer notre public, donc faire des documentaires qui vont intéresser les gens d’ici. Alors, bon… il n’y pas de martingale, pas de recette miracle, c’est une question d’expérience, mais aussi de chance. Nous choisissons massivement des documentaires qui ont une résonance locale même si nombre d’entre eux, comme le film de Joëlle Stechel, feront également une « carrière » nationale. Il est évident que dans ce cas, la maison de retraite de la légion se trouvant à Puyloubier, le film a une filiation naturelle avec France 3 Provence-Alpes. Nous sommes souvent sollicités pour des documentaires traitants de grands thèmes de société mais ce n’est pas la présence, dans le scénario, de témoins ou personnages issus de notre région qui sera forcément déterminant.

Nous voulons aussi nous rapprocher de bassins où la population est moins importante, comme celui de nos départements des Alpes. A cet égard, nous avons coproduit, en 2012, un film de Stéphane Lebard consacré à la problématique du loup vécue de près par les « Alpins » intitulé Le loup dans la bergerie.

PZ – A combien se monte le nombre de films co-produits en une saison ?

BL – On peut parler d’une dizaine de films par an, ce qui représente un inédit par mois à peu près, puisque nous n’en diffusons pas pendant la période estivale.

entretien réalisé par Pernette Zumthor

La grande histoire de la légion en images et en musique

Publié le lundi 22 avril

Le 26 avril au Théâtre antique, Camerone se donne en spectacle

Chaque année, les légionnaires investissent le Théâtre antique. Le 26 avril prochain, un grand concert

sera donné par la Musique de la légion.

Les légionnaires en sont fiers de cette grande fête annuelle qu'est Camerone. L'opportunité de s'ouvrir aux civils, défiler en ville, faire le lien avec les Orangeois. Et illustrant les valeurs de courage et de fidélité à la parole donnée.

Et cette année est marquée par le 150e anniversaire de la bataille de Camerone, un combat qui opposa une compagnie de la Légion étrangère aux troupes mexicaines le 30 avril 1863 lors de l'expédition française au Mexique. Pour l'occasion, un spectacle inédit, un concert mis en images, sera donné au Théâtre antique le 26 avril à 20 h 30.

La Musique de la Légion Étrangère et ses 50 musiciens, celle-là même qui défile à Paris lors de la Fête Nationale, présentera son répertoire militaire. Lors d'interludes, les percussions et les cuivres viendront rythmer un film historique, réalisé pour l'événement et projeté sur le grand mur. Une première.

Du Royal Étranger à la mission en Afghanistan

"Ce film retrace l'histoire glorieuse du Régiment Étranger de Cavalerie de 1635 à nos jours", dévoile le Lieutenant Arnaud Fraysse, officier chargé de la communication. "Grâce à des archives photographiques et audiovisuelles, prêtées par le bureau cinématographique des Armées et de la Défense, le spectateur découvrira ce qu'était le Royal Étranger sous Louis XIV, l'ancêtre du REC . L'Algérie du 19e siècle, les Compagnies montées, l'entre-deux-guerres, la création du régiment orangeois à Orange en 1967, les opérations Koweït, l'Indochine, la guerre du Kosovo, les missions au Cambodge, au Liban, en Afghanistan... Tous les combats auxquels ont participé les légionnaires orangeois et leurs aïeux seront retracés grâce aux images captées par les cadreurs militaires."

En somme, une grande soirée historique qui ouvrira les festivités de Camerone.

Le 26 avril à 20 h 30 au Théâtre antique. Ouvert à tous. Entrée gratuite.

Caroline Denime

Le général connaît la musique

Éric Bureau | Publié le 21.04.2013

La prestigieuse maison de disque Deutsche Grammophon a commandé à la légion étrangère un album de chansons militaires. Entretien avec le boss des képis blancs.

Aubagne (Bouches-du-Rhône), jeudi. Christophe de Saint-Chamas a vécu l’association avec Deutsche Grammophon

comme un énorme défi, fédérateur pour sa troupe. | (LP/Philippe de Poulpiquet.)

On ne croise pas tous les jours un général trois étoiles, qui plus est patron du corps le plus mythique de l’armée française. Et ce n’est pas tous les jours que l’on discute grande musique dans une caserne. Alors quand le général de Saint-Chamas, 54 ans, patron des 7000 hommes de la légion étrangère, nous ouvre ses portes, à la faveur de la sortie d’un disque pour le prestigieux label allemand Deutsche Grammophon (lire ci-dessous), on y va au pas de charge.


Pour rencontrer le troisième plus haut gradé de l’armée de terre, il faut prendre date, car il a un du temps de ministre. Puis l’avion pour Aubagne, pays de Marcel Pagnol et des santons de Provence. Le commandement de la légion étrangère, perché sur une colline, est un havre de paix où l’on entend les oiseaux et du piano quand les fameux « képis blancs » ne défilent pas autour du monument aux morts, marqué de leur devise, « Honneur et Fidélité ».

On sourit en lisant, sur la porte d’entrée, comme dans une école, « Le général ». Dans son bureau, grand mais modeste, on s’attend à se faire broyer la main, face à un mur de raideur, et c’est un homme doux et chaleureux qui s’assoit à vos côtés. « Je n’aime pas recevoir derrière mon bureau, avoue-t-il. C’est trop distant. » « C’est un cavalier, souligne Grégory, un ancien de la légion. Un homme très bien élevé, fin, éduqué, mais aussi très humain. »

Pour le général, le disque « Héros », enregistré par les 62 musiciens de l’orchestre d’harmonie (sans cordes) de la légion, est une façon parmi d’autres — il édite un dictionnaire, un livre de photos et va bientôt inaugurer le musée de la légion — de rendre hommage à ses troupes, à l’occasion du 150e anniversaire de la bataille de Camerone (Mexique), fait d’armes de la légion étrangère.

« Je ne suis pas mélomane, estime Christophe de Saint-Chamas. Mais j’aime le classique, Piaf, Offenbach et j’aime chanter. Le chant est d’ailleurs constitutif de la légion, il apprend à parler le français, à jouer collectif et met tout le monde à égalité. Quand il chante, le petit fluet peut battre le gros costaud qui chante faux. Mais ce qui m’a surtout plu dans ce projet, c’est la rencontre entre deux mythes internationaux. C’était un énorme défi de travailler avec les meilleurs. On s’est dit : allez, même pas peur! »
Entré à Saint-Cyr à 18 ans, Christophe de Saint-Chamas a fait toute sa carrière dans l’armée. Il a participé à de nombreux conflits, de la guerre du Golfe à l’Afghanistan, a été affecté trois fois à la légion étrangère avant d’en prendre les rênes en septembre 2011. « Tout petit, j’aimais déjà ça, raconte-t-il. Je suis le seul militaire de ma famille, mon père et mon grand-père étaient et scientifique. Ce doit être l’amour du pays, l’envie d’être utile. Ce n’est pas une question d’argent en tout cas. »
Ce littéraire passionné d’histoire et de géographie a trouvé de quoi combler sa soif de voyages et de culture dans les Balkans, en Afrique, en Asie… « Quand on dirige des opérations, c’est passionnant d’essayer de comprendre les origines du conflit, les rapports de force, de coordonner l’implication militaire avec l’implication politique, pas toujours sur le même tempo… C’est parfois exaltant, quand on évacue 4 000 personnes du Congo-Brazzaville, mais c’est aussi une épreuve quand on est plus d’un an éloigné de sa famille (NDLR : il a sept enfants) ou quand vos hommes tombent, en Afghanistan, au Mali… »

Il semble viscéralement attaché à ses légionnaires. « Des hommes extraordinaires, lance-t-il. Ils viennent de 150 pays pour combattre, et peut-être mourir, pour un pays qui n’est pas le leur. C’est unique au monde. » Comme leur réputation de tatoués, de durs à cuire… « Leur image de mauvais garçons ne me fait pas peur, sourit-il. Je n’ai pas besoin de premiers de la classe, avec petites lunettes et protège-cahier. Quand il faut monter à l’assaut, il faut de l’acier trempé. »
« Il sait se mettre au niveau de ses soldats, admire Vladimir Chtecherbyna, sergent ukrainien dans l’orchestre de la légion depuis dix ans. Et il tient toujours parole. » « Il a deux qualités rares chez un soldat, renchérit un de ses officiers, c’est un super communiquant et un manageur toujours à l’écoute. »

La devise du général est d’ailleurs à l’avenant : « Un chef n’a jamais l’intelligence de tous ses subordonnés ». Un tel chef, il n’y en a pas légion.


VIDEO. La Légion étrangère sort un disque

Légionnaires d'hier et d'aujourd'hui

20/04/2013

Gonzague Saint-Bris, ancien du 11e régiment d'artillerie de marine de Dinan, a retracé la bataille de Camerone.

Un même hommage. A ceux qui sont tombés à Camerone, au Mexique, voici 150 ans, et à l'enfant du pays, le commandant Benoît Dupin, fauché à 34 ans, le 17 décembre 2010, en Afghanistan.
Autour de la Légion étrangère, à laquelle les premiers comme le second appartenaient, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées hier au Grand-Pressigny pour une commémoration (*).
C'est un civil, mais ancien du 11e régiment d'artillerie de marine de Dinan, qui a dépeint les circonstances de la bataille de Camerone : l'écrivain Gonzague Saint-Bris. Il a retracé avec grandiloquence la façon dont 60 membres de la Légion étrangère – un corps d'armée qui n'avait pas 20 ans d'existence alors – ont résisté héroïquement, le 30 avril 1863, face à 2.000 soldats mexicains. Depuis 1892, à l'emplacement du combat, un monument porte l'inscription : « La vie plutôt que le courage abandonna ces soldats français ».

Aux dires de beaucoup, hier, cette phrase aurait pu être écrite à propos du commandant Benoît Dupin. Après une messe en son honneur, une cérémonie lui fut dédiée plus tard dans la matinée. « Un brave parmi les braves », a souligné le colonel Bonini, chef de corps du 2e régiment étranger de génie auquel appartenait le disparu. Mais, au-delà de ses frères d'arme, c'est son village et sa famille qui ont dévoilé une plaque à son nom sur le monument aux morts de la commune.

(*) Organisée par l'Amicale des anciens de la Légion étrangère d'Indre-et-Loire.

Nous reviendrons sur l'hommage rendu au commandant Benoît Dupin, originaire du Grand- Pressigny, dans notre édition de dimanche.

Pierre Calmeilles

Benoît Dupin a laissé sa marque au Grand-Pressigny

21/04/2013

Accompagnées du préfet et du maire François-Nicolas Joannes, l'épouse et la fille de

Benoît Dupin ont dévoilé une plaque à son nom sur le monument aux morts.

L'annonce de sa mort, en 2010, avait « plongé tout le village dans la stupeur et la tristesse »,

a souligné le premier magistrat.

En 2010, Benoît Dupin fut le 51e soldat français tué en Afghanistan. Vendredi, tout un village a ravivé son souvenir.

Plus de deux ans ont passé mais l'émotion, elle, est toujours là. Vendredi, le Grand-Pressigny a rendu hommage à l'un de ses enfants (NR d'hier). Le commandant Benoît Dupin a été tué le 17 décembre 2010 au cours d'une opération de combat, en Afghanistan.
Ce chef de bataillon avait 34 ans. Avant-hier, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant l'église du Grand-Pressigny. La même église où Benoît Dupin a été baptisé, où il a été enfant de chœur, où il a fait sa communion et où il s'était marié en août 2004. « On est très fier de lui. Il avait fait un beau parcours, qui aurait continué… », souligne son père, Jean-Marc Dupin.

" Un homme aux qualités morales et physiques d'exception "

Accompagné du préfet et du maire du Grand-Pressigny, François-Nicolas Joannes, l'épouse et la fille de Benoît Dupin ont dévoilé une plaque à son nom sur le monument aux morts (*). Le premier magistrat de la commune s'est souvenu de l'« enfant joyeux, vivant et sportif, dégageant déjà, à travers sa gentillesse, une autorité ».
Avant l'Afghanistan, Benoît Dupin avait notamment servi à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), au Tchad et au Kosovo. Les membres du 2e régiment étranger de génie, auquel il appartenait, étaient là en nombre, vendredi.
Parmi eux, le capitaine Helac l'a bien connu : « Nous avons fait notre scolarité ensemble à Angers (Maine-et-Loire). C'était mon compagnon de cordée en montagne. » Il est également parti en Afghanistan, un an avant son compagnon d'armes, dont il en garde « un souvenir ému. Celui d'un homme aux qualités morales et physiques d'exception, qui aimait ses hommes et ce qu'il faisait, profondément. Il s'est donné corps et âme pour le métier qu'il avait choisi et qui, en un sens, l'avait choisi. C'était quelqu'un de généreux, d'ouvert. Un exemple pour nous ».

(*) La matinée de commémoration a commencé par la cérémonie du 150e anniversaire du combat de Camerone, au Mexique, en 1863, dans lequel s'était illustrée la Légion étrangère, à laquelle appartenait également Benoît Dupin.

Pierre Calmeilles

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ARMENTIERES : Le président des anciens combattants honoré par la télévision belge à Ypres

Publié le 21/04/2013

Laurent Joye, président de l’association l’Union des anciens combattants d’Armentières.

En 2012, trois journalistes de la chaîne de télévision réalisent un reportage sur la ligne de front de la 1re Guerre Mondiale. La série s’intitule Ten Oorlog (En guerre). L’originalité de l’émission repose sur le fait qu’elle associe l’histoire des combats et la rencontre avec les habitants des régions traversées. Le parcours les mène de Nieuwpoort (Belgique) à Gallipoli (Turquie). La première des neuf émissions diffusée a rencontré un réel succès belge flamande Eéns rassemblant plus d’un million de téléspectateurs.

Le 25 avril 2012, alors que les trois comparses traversent Armentières, le hasard les fait rencontrer Laurent Joye, le Président de L’Union des Anciens Combattants d’Armentières et passionné d’histoire locale de la 1re Guerre mondiale.

Ils passent une journée à découvrir le secteur et dorment même chez lui. Laurent Joye livre avec émotion son parcours à la légion étrangère et met en lumière sa passion pour l’histoire des combats et les sacrifices humains. Il met également à l’honneur le secteur d’Armentières.

Le 12 avril dernier, au musée In Flanders Field d’Ypres, une exposition retraçant l’ensemble du parcours de Nieuwpoort à Gallipoli a été inaugurée. Une projection des meilleures séquences a également été offerte au cours de la soirée.

Laurent Joye a été chaleureusement applaudi et félicité par les nombreuses personnes venues au vernissage.

Le Président de l’UACA n’est pas un nouveau venu dans le petit monde de la Mémoire. Avec ses camarades de l’association armentiéroise, il travaille ardemment à la préparation des commémorations du déclenchement de la guerre de 1914. Les axes d’effort se portent sur un balisage didactique de parcours de mémoire et une reconstitution d’histoire vivante ayant pour thème la course à la mer.

L’exposition temporaire est visible dans l’enceinte du musée In Flanders Fields d’Ypres jusqu’au 31 août 2013.

Le miracle légionnaire

25 Avril 2013 par Geoffroy Lejeune



Intégration. Le 30 avril, la Légion étrangère célébrera le 150e anniversaire de la bataille de Camerone. Depuis près de deux siècles, ce corps d’élite promeut le modèle d’assimilation à la française pour transcender ses hommes.

Qui sait si l’inconnu qui dort sous l’arche immense, / Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé / N’est pas cet étranger devenu fils de France / Non par le sang reçu mais par le sang versé ? » Composé en 1920 par Pascal Bonetti pour le soldat qui repose sous l’Arc de triomphe, ce sonnet posait la question essentielle : comment des étrangers au service de la France peuvent-ils concevoir, après lui avoir sacrifié leur passé, de donner leur vie pour un pays qui n’est pas le leur ? Dans une société aux repères bouleversés, qui voit le lien entre la nation et ses enfants se déliter, la Légion étrangère, avec sa devise, “Honneur et Fidélité”, demeure un îlot de résistance. Chaque année, elle assimile des étrangers, pour la plupart déracinés, leur transmet le goût de l’effort et leur inculque l’amour de la France. C’est le “miracle légionnaire”.

« L’étranger qui entre à la Légion passe véritablement le fleuve d’oubli », résumait le romancier Roger de Beauvoir. La devise “Legio patria nostra” invite le soldat à se dépouiller de sa culture d’origine pour se fondre dans l’esprit de corps, qui « se manifeste tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la Légion par des signes de reconnaissance (uniformes, emblèmes et fanions, insignes, chants, etc.), des actes quotidiens et des fêtes », résument les auteurs de la Légion étrangère, histoire et dictionnaire (lire notre critique, page 67).

« Chaque légionnaire est ton frère d’armes, quelle que soit sa nationalité, sa race, sa religion », ordonne le code d’honneur dans son article 2. Au sein de ce corps, la condition de légionnaire est la seule qui prévaut : « Nos valeurs transcendent les communautarismes », explique un officier chargé de l’intégration des engagés volontaires. « La Légion étrangère peut être citée en exemple comme un modèle d’intégration des valeurs de la République, insiste le général de Saint Chamas, commandant la Légion étrangère. Elle est une vitrine témoignant des traditions d’intégration de la France. »

Cette intégration emprunte trois sentiers escarpés : les valeurs, la discipline, la langue. À sa création, en 1831, la Légion répartissait les engagés volontaires dans les unités en fonction de leur nationalité. Les ordres y étaient donnés en langue étrangère. Dès 1836, conscient que l’assimilation des étrangers passe par la maîtrise du français, le commandement de la Légion met en place la politique de l’amalgame, opérant un mélange des nationalités au sein des unités.

Nous sommes à Castelnaudary (Aude), le creuset de la Légion. Ici sont formés durant quatre mois les engagés volontaires. Les mains crispées sur son petit calepin, un jeune Asiatique s’approche du tableau noir dressé sous le préau. Il y déchiffre à grand-peine les lettres inscrites à la craie et leur code établi par l’alphabet phonétique de l’Otan : alpha, bravo, charlie, delta… Quelques secondes plus tôt, il a dû épeler son nom. Plus chanceux que ses camarades slaves, dont les patronymes excèdent parfois les quinze lettres, il s’est contenté de lima (L) et india (I) pour Li.

Quelques jours plus tôt, un lieutenant chargé de l’instruction l’a surpris en pleine nuit, profitant de la lumière des douches du baraquement, en train de réciter par coeur, syllabe par syllabe, le code d’honneur du légionnaire — auquel il ne comprend goutte. Le lieutenant l’a envoyé se coucher : « Tout de même, quelle détermination ! », s’étonne-t-il encore en racontant la scène. Seize semaines plus tard, à l’issue desquelles il maîtrisera un vocabulaire de 500 mots, ce jeune Chinois rejoindra les rangs de son futur régiment. L’adaptation n’est pas aisée, la langue pas totalement domptée. Témoin cette scène, racontée par un sous-officier du 2e régiment étranger de parachutistes (Rep), encore hilare : « Le chef de corps, qui décide de pousser la chansonnette à la fin d’un repas, demande à un légionnaire d’aller lui chercher un carnet de chants. » Le soldat s’exécute et revient, essoufflé, tendant fièrement à son colonel un… pot de cornichons ! « Il avait compris “cornichons” au lieu de “carnet d’chants” ! »

La Légion étrangère va faire de ces hommes déracinés des soldats d’élite. Elle va surtout en faire des Français. Devenus légionnaires, ils forment ce corps soudé qui chemine, via l’attachement à la famille légionnaire, vers l’amour de leur patrie d’adoption. « Légionnaire, tu es un volontaire servant la France avec honneur et fidélité », leur intime l’article 1 du code d’honneur. Ces hommes en képi blanc ou en béret vert incarnent la tradition assimilationniste française, parfois jusqu’au sacrifice. « Nous, étrangers, justifiait le lieutenant-colonel Amilakvari, nous n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a réservé : nous faire tuer pour elle. » Sa mitrailleuse en mains, Dimitri Amilakvari a trouvé la mort en Égypte, en octobre 1942, touché à la tête par un éclat d’obus…

Valeurs actuelles avait rencontré, à l’été 2012, le sergent-chef Harold Vormezeele, tué le 19 février 2013 au Mali. Dans les mêmes termes, il nous disait lui aussi avoir fait sienne cette notion de sacrifice, même poussée à l’extrême. Son nom a rejoint le monument aux morts du 2e Rep, à Calvi, aux côtés de ceux qui sont tombés à Kolwezi, au Tchad, au Liban…

Ces étrangers exemplaires, la République sait aussi les remercier. « Je ne vous demande ni argent ni médailles, simplement d’être français », avait supplié le légionnaire Mariusz Nowakowski, s’adressant, en 1993, au ministre de la Défense, François Léotard, après avoir perdu sa jambe gauche à Sarajevo. Son histoire aura permis aux légionnaires blessés au combat de devenir, au terme d’une intense bataille parlementaire, “français par le sang versé”. S’ils en font la demande, ils peuvent obtenir un décret de naturalisation depuis 1999.

Le 30 avril, la Légion étrangère commémorera le 150e anniversaire de la bataille de Camerone, fondatrice de son mythe. Une épopée glorieuse et sanglante, où 3 officiers et 62 légionnaires, assiégés dans une auberge, résistèrent aux assauts répétés de 2 000 Mexicains. En découvrant le nombre de ses ennemis, le colonel Cambas, à la tête de l’armée mexicaine, s’exclame ce jour-là : « Ce ne sont pas des hommes, ce sont des démons ! » À travers la liturgie de Camerone, la Légion rendra hommage au sacrifice héroïque de volontaires engagés au service de la France, dépeints jadis par le légendaire commandant Faulques en « soldats de l’impossible, sans calculs, sûrs d’eux-mêmes et orgueilleux de leurs sacrifices ».

Photo © AFP

Un clin d'oeil de l'AALE de l'AUDE

Une magnifique composition de notre camarade Antoine SACRISTAN.

Képi Blanc N° 193 - Képi Blanc N° 194

Et voici La Légion étrangère


Traduction

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You are here AALEME LES NEWSLETTERS DE L'AALEME 2013 La Newsletter 13/18 de l'AALEME