La Newsletter 16/14 de l'AALEME |
Chants et chansons d'hier...Chants et chansons des soldats de France. 1902.L’expédition de Madagascar a également inspiré les chansonniers militaires, On sait qu'au début de la campagne un régiment de marche, dénommé « régiment d'Algérie », fut formé avec des éléments pris dans la légion étrangère et les tirailleurs algériens ; ces braves allèrent s'embarquer en répétant ce refrain de circonstance :
La Légion et les tirailleurs, Et si l'on demandait aux: turcos pourquoi on les envoyait là-bas, les naïfs enfants du désert vous répondaient invariablement : « — Nous partir parce que Madame Gaspard il est en guerre avec Madame Poublique... » A citer encore cet impromptu composé à Tamatave. Les pauvres bœufs qu'on voit passer
Ne trouvant plus rien à manger, Ni chou ni rave ! Se promènent bien tristement Ils vont paître près du r'ova, D'où des officiers biscornus Enfin, la dernière de nos expéditions coloniales, celle d'Igli, dans le Sud-Oranais, a donné naissance à diverses chansons de marche assez pittoresques. La suivante, intitulée Au Sahara, se chantait sur l'air du Père La Viçtoire : I
C'était en l'année dix-neuf cent; Le Ministre de la guerre Avait ordonné d' faire, Sous l' command'ment Pu Père Bertrand, Dans le Sud Oranais Une colonne au grand complet. L'on vit alors toute l'armée d'Afrique Parcourant toutes les routes, Vidant une dernière goutte Et criant tous : « Vive la République ! Pour elle, sans coup férir Il nous faut vaincre ou mourir ! » REFRAIN II REFRAIN III REFRAIN IV Refrain Cet impromptu fut composé le 10 juillet 1900 à Ain-Sefra, par W Smeets, soldat au 2e régiment étranger. A citer encore, du même auteur, Le Refrain du Légionnaire, curieuse chanson de marche sur l'air du Bat' d'Af : I Refrain II III
Dans not' métier, c'est là notre apanage. Il faut marcher sans jamais s' fatiguer, Se fatiguer... Car la Légion ne boude pas à l'ouvrage : Quand arrive l'heure, ils savent se distinguer Se distinguer ! IV V VI
Adieu, mon vieux, car je suis dans la brousse, Mais dans qué'ques mois j' termine mes cinq ans, Oui, mes cinq ans. Bientôt j' pourrai t' rapporter d' la couscouss, Des figues, des dattes et des bastos d'Oran, Bastos d'Oran ! Ces couplets furent chantés pour la première fois le 17 mai 1901, à Saïda. * ** La Légion étrangère présente un singulier mélange. Il y a là des hommes de toutes les races, de tous les pays, de tous les coins du monde. Soldats de la Légion Toutes les classes de la société se coudoient à la légion, il n'est pas rare de trouver dans la même compagnie, à côté d'un prince roumain, proscrit à la suite d'un meurtre, un réfugié nihiliste, un officier italien, chassé de son régiment pour tricherie au jeu, et un prêtre espagnol interdit. Quand on a bouffé son pognon, Y a des avocats, des médecins, Nous habitons le bled de bicots, Chez nous l'on n'est pas proprio. Nous avons d'autres passions, Puis l'on va se faire casser le cou, A citer, dans le même ordre d'idées, le Deuxième Étranger, chanson composée à Saïda, le 21 mai 1900, par P. Smeets, le poète légionnaire dont nous avons déjà signalé l'originalité et la verve ; cela se chante sur l'air Les ministres en voyage : I Refrain II III L'auteur de ces couplets a raison: l'histoire de la Légion fourmille d'actes héroïques, de traits de bravoure prodigieux. Quel volume on pourrait écrire avec les faits et gestes de cette troupe d'élite ! Tout le monde connaît l'air de marche de la Légion — le Boudin — bruyant et martial : Tiens, voilà du boudin, De même la romance d'Erkmann-Chatrian, que répètent, le soir, avec un serrement de cœur, les pauvres légionnaires venus des provinces annexées : Dis-moi quel est ton pays ? Dis-moi quel est ton pays ? Mais on ignore généralement les chansons des légionnaires étrangers. Un très grand nombre de soldats de la Légion sont Autrichiens, Bavarois, Badois, Mecklembourgeois ou même Prussiens ; aussi chante-t-on, à la Légion, beaucoup de chansons allemandes. Voici la traduction littérale d'une des plus en vogue .
I Refrain II III IV Cette chanson se chante en marche, sur un mode scandé, avec des répétitions de phrases musicales terminées par un air de danse lent. Mais le refrain préféré des légionnaires d'origine allemande est la Chanson des Pionniers, tres populaire, paraît-il, de l'autre côté du Rhin ; I REFRAIN II Refrain.
III Refrain. M. Georges d'Esparbès, qui cite ces deux chansons exotiques dans son intéressant ouvrage sur la Légion étrangère ajoute : « Il existe vingt autres chants dont quelques-uns plus guerriers, où le cri jaillit en coup de gong, s'énerve et grince comme un froissement de cymbales. Ils ont le même caractère : le couplet caresse; c'est toujours un sentiment simple, naïf, noté en trois mots. Puis le refrain s'évade, s'arrache du couplet comme une bande d'oiseaux féroces. A les voir et à les entendre, au loin, sur une roule, on a l'impression d'enfants qui fredonnent, jouent, s'impatientent, et puis finissent par torturer des chais. » |
Les Petits chanteurs de Nogent et la légion étrangère sur scène08 Avril 2016 Illustration. Les Petits chanteurs de Nogent et la musique de la Légion étrangère ont déjà chanté ensemble à l’église parisienne Saint-Eustache. (DR.)
Après le succès de leur concert en mai dernier à Paris, les Petits chanteurs de Nogent, les Petits chanteurs de France et la musique de la Légion étrangère sont de nouveau réunis pour un concert exceptionnel, ce dimanche, à 16 heures, à la Scène Watteau de Nogent. Dirigés par le lieutenant-colonel Émile Lardeux, les jeunes choristes revisiteront de grands classiques de la chanson française, des chants célèbres de la Légion étrangère et des extraits de comédies musicales. Ce concert unique est donné au profit de l’institution des invalides de la Légion étrangère. Ce dimanche, à la Scène Watteau, place du Théâtre à Nogent. Tarifs : 25 €, 20 € en prévente, 10 € (moins 16 ans). Tél. 06.51.46.95.17.
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Une double exposition pour le peintre Hans HartungJeudi 07/04/2016 61 œuvres sont présentées aux Pénitents noirs et au musée de la Légion étrangère Cécile Degos, scénographe, et Fabrice Hergott, commissaire de l'exposition, s'assurent de la mise en place des tableaux. Photo DR
Du 16 avril au 28 août, Aubagne accueille l'exposition "Beau geste, Hans Hartung, peintre et légionnaire", au Centre d'art des Pénitents noirs et au musée de la Légion étrangère. L'exposition, née de la collaboration entre la Légion étrangère, la Ville d'Aubagne et la fondation Hartung-Bergman, met en lumière deux périodes stylistiques de Hans Hartung. D'abord "La désolation de la guerre", qui se tient au musée de la Légion étrangère, retrace l'oeuvre du peintre pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle rassemble 45 pièces réalisées à la mine de plomb, au pastel, au fusain, à l'encre, à l'huile ou encore à la tempera. Certaines n'ont jamais été montrées au public. Ensuite, l'expo "Les sublimations du Sud", au Centre d'art des Pénitents noirs, réunit 17 acryliques sur toiles créées entre le 11 et le 16 juillet 1989. Les deux périodes exposées sont significatives dans la vie du peintre. Né en Allemagne, il s'installe à Paris pour fuir le nazisme et s'engage par deux fois dans la Légion étrangère. Son engagement au front ne l'empêche pas de développer son style pictural : il oscille entre figuratif et abstrait. Mais l'événement qui marquera autant sa vie que son oeuvre est sa blessure en 1944, qui mènera à une amputation de la jambe droite. Il s'agit alors pour l'artiste de surmonter le handicap pour continuer de peindre, lui qui est l'un des précurseurs de l'Action painting. Installé dans sa villa à Antibes, il met en place un mécanisme de création avec une sulfateuse projetant de la peinture sur la toile. Ses travaux deviennent alors un moyen de se libérer. "Je trouve fascinant de voir cet homme, considérablement diminué physiquement, marqué par cette terrible blessure de guerre, envisager son oeuvre comme une libération du geste au-delà de ses limites physiques", déclare Fabrice Hergott, directeur du musée d'art moderne de la ville de Paris et commissaire de l'exposition. Il ajoute : "Son art est, de bout en bout, un art de la libération : libération physique, psychologique et mentale, libération de la couleur et du dessin." En quatre jours, entre le 11 et le 16 juillet 1989 et alors qu'il est âgé de 85 ans, Hans Hartung réalise des toiles monumentales, dont certaines mesurant 5 mètres sur 3. Cette exposition témoigne donc de l'engagement militaire de Hans Hartung et de ses conséquences. En deux périodes et en deux lieux, elle trouve une véritable cohérence, comme le souligne Fabrice Hergott : "En venant combattre en France en 1944, Hartung était convaincu qu'il allait mourir. Je crois que l'oeuvre de cette époque portait déjà la dimension testamentaire qu'ont ses dernières toiles." Et c'est à la scénographie de conserver cette cohérence : "Le visiteur va découvrir des petits formats à la Légion étrangère et des grands formats aux Pénitents. Mais d'un point de vue esthétique, la scénographie essaye de montrer au visiteur que c'est la même personne", explique Cécile Degos, scénographe de l'exposition. Son souhait est que le visiteur ne se sente pas oppressé et qu'il puisse avoir le recul pour profiter des oeuvres de Hartung. L'artiste aimant travailler en musique, un programme culturel est décliné tout au long de la manifestation, avec du théâtre, de la danse, des concerts et des intermèdes musicaux assurés par les élèves du conservatoire de musique et de danse d'Aubagne. Des visites guidées de chaque lieu ainsi qu'une visite couplée des deux expositions sont proposées au public. Du 16 avril au 28 août : Centre d'art des Pénitents noirs : Les aires Saint-Michel. 04 42 18 17 26. Musée de la Légion étrangère : Chemin de la Thuilière. 04 42 18 10 99. Horaires communs : Du mardi au dimanche, 10 h-12 h et 14 h-18 h. Visites guidées, du mardi au dimanche : Musée de la Légion étrangère : 11 h. Centre d'art des Pénitents noirs : 16 h. Visite couplée des deux lieux : mercredi 15 h-17 h (rendez-vous au musée de la Légion étrangère). Entrée libre et gratuite. autour des expositions : Vendredi 22 avril, 20 h 30, MJC-l'Escale : L'Affaire Dussaert, pièce de Jacques Mougenot. Mercredi 27 avril, 15 h 15, Pénitents noirs : Musique au présent : le cor. Vendredi 29 avril, 18 h 30, Pénitents noirs : Danse contemporaine inspirée par l'oeuvre de Hans Hartung, par les élèves du conservatoire. Vendredi 29 avril, 19 h 30, Pénitents noirs : Lectures sur l'art contemporain. Samedi 30 avril, 15 h, Pénitents noirs : La musique informelle. http://hans-hartung.legion-etrangere.com/ Nina SIMONNEAU |
TÉMOIGNAGE poignant pour aujourd'hui ...Posté le vendredi 08 avril 2016 La semaine dernière, dans une des belles villes du Midi, ont eu lieu, sobres et discrètes, les funérailles d’un officier.
Cet homme avait passé les 90 ans, beaucoup de ses amis ne sont plus et sa famille, dispersée dans toute la France, n’était pas venue au complet. Dans la cathédrale très claire où était célébrée la messe, on repérait trois personnes– comment dit-on dans le sabir politiquement correct ? « Issues de la diversité » ? –, un couple âgé et un jeune homme. Ces trois là venaient de Lorraine et comme les proches du défunt les remerciaient d’avoir fait ce long voyage, Mokrane, le chef de famille, a dit qu’il n’aurait manqué la cérémonie pour rien au monde. « C’était mon père », a-t-il ajouté.
Mokrane a été un harki. Fils d’un cultivateur de Kabylie, jeune marié et jeune père, il s’est engagé avec des dizaines d’autres dans la compagnie que commandait l’officier, alors capitaine, au sud de Bougie. Peu après les accords d’Évian de mars 1962, son père et son frère ont été égorgés. Il savait qu’il serait tué s’il restait en Algérie et il a demandé à partir, avec les siens, en même temps que les militaires rapatriés en métropole. Il n’était pas le seul. Selon les historiens, il y a eu pendant la guerre entre 200 000 et 400 000 Algériens enrôlés ou engagés comme supplétifs. Mais les accords d’Évian ne prévoyaient pas de les faire venir en France. Un article des accords posait juste qu’il n’y aurait pas de représailles contre ceux qui n’avaient pas pris le parti des vainqueurs. On sait ce qu’il en fut, comment cet engagement fut bafoué et ce qu’il en coûta aux Algériens qui s’étaient opposés au FLN. Les officiers français ne se faisaient aucune illusion sur le sort qui allait être celui des harkis – les exécutions avaient commencé dès avril. Mais ils avaient interdiction d’embarquer les supplétifs sur les bateaux partant pour la France.
Certains enfreignirent les ordres. L’officier dont on célébrait l’enterrement la semaine dernière fut de ceux-là. Il fit monter d’autorité une soixantaine de harkis dont plusieurs avec leur famille à bord du bateau sur lequel lui-même embarqua. Mokrane, sa femme et leurs deux petits enfants étaient du nombre. De tous ceux-ci, aucun ne passa ensuite par un des camps en France où de nombreux harkis survécurent et furent oubliés dans des conditions indignes. Je ne connais pas les soixante périples de ces soixante Algériens mais je sais que l’officier mobilisa ses amis, sa famille, toutes ses relations pour leur trouver du travail. Pour ce qui concerne Mokrane, il avait 26 ans quand il arriva à Marseille. Il commença par travailler dans une exploitation agricole à côté d’Aix. Mais on gagnait mieux sa vie dans les mines du Nord : il traversa la France et s’y fit embaucher. Il n’y resta que quelques mois. Il y avait dans la même entreprise des Algériens pro-FLN. Tous les jours, Mokrane était menacé de mort. Un soir, quatre de ceux qui lui faisaient la vie dure le suivirent jusque chez lui. Sur son seuil, ils l’attaquèrent, le blessèrent. Mokrane leur échappa, rentra chez lui, en ressortit avec son fusil, tua l’un des agresseurs et en blessa un autre. Puis il alla à la gendarmerie avouer les faits. Il fut incarcéré, traduit en cours d’assises. Au procès, l’officier qu’il appelle « son père » vint témoigner en sa faveur, en grand uniforme. Mokrane fut acquitté : on lui reconnut la légitime défense. Il quitta le Nord et partit s’installer avec sa famille dans un village lorrain où il travailla comme manœuvre dans l’industrie – il y vit encore.
Il avait alors trois enfants. Sa femme et lui en eurent dix autres. À ces dix-là, Mokrane et Lilla donnèrent des prénoms français : Louis, le prénom de l’officier, puis Alix, le prénom de sa femme ; puis Robert, Jean, Christine, Claude…Aujourd’hui, les treize enfants sont adultes. Ils ont tous un emploi. L’un d’eux est professeur de français – il a écrit un livre sur ses parents –, un autre moniteur d’équitation, une des filles est hôtesse de l’air. Dans le village où ils ont grandi, une dame, veuve, une voisine leur a apporté un soutien scolaire, comme on ne disait pas à l’époque. Leur mère ne lit ni n’écrit le français.
Après plusieurs tentatives vaines, Mokrane est retourné en Kabylie. Les champs de son père n’ont pas été attribués à des tiers. Ils sont en friche, avec encore des orangers et tous les vieux oliviers. Les cousins de Mokrane n’ont pas été longs à lui dire – un peu à la légère –qu’il avait fait le bon choix et qu’ils aimeraient être à sa place.
Les Français n’ont pas tous abandonné les harkis. Les harkis et leurs enfants ne se posent pas tous en victimes. Les témoignages de première main ont souvent l’intérêt de contredire les simplifications de l’histoire. Laurence COSSÉ
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