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La Newsletter 16/30 de l'AALEME

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La Newsletter 16/30 de l'AALEME

D'un légionnaire, l'autre...

La Plume et le Képi

Dessin au point à l'encre de chine par Daniel Lordey

Dessin au point à l'encre de chine par Daniel Lordey

Nous regardions le début filmé de l’Assemblée Générale lors du 31e congrès de la Fsale sur “Facebook”. Le présentateur amorçait l’intervention du Président fédéral, le général Gausserès, en ces termes: “… Et voici le premier d’entre vous, ce légionnaire qui marche en tête, mesdames et messieurs c’est votre …”

Après le court-métrage viennent   les commentaires écrits et l’un d’eux, en particulier,  attira vivement notre attention: “Ce légionnaire qui marche en tête ! C’est quoi ça ? Il n’a jamais été légionnaire !”

Et cet autre: “Mais ce n’est pas un légionnaire, il n’a jamais été et ne le sera jamais…”

Ainsi donc, les officiers du “régime général” ayant servi à la Légion ne peuvent pretendre, dans l’esprit de certains “vrais légionnaires” être légionnaires !

Pour illustrer notre propos et être mieux compris  nous croyons utile  d’expliquer succinctement ce que Rollet pensait être  un légionnaire: “On sait le légionnaire, à l’origine,  être le produit  d’une incompatibilité d’humeur avec son milieu. Poussé par le sentiment plus que par la raison, il est désespérément en quête de quelque chose ou de quelqu’un qui suscite son admiration; c’est tout naturellement qu’il admire et respecte celui qui sait le commander; il vénère avec passion celui qui exalte la seule qualité qu’on ne lui ait jamais refusée: la bravoure physique et morale”.

Ainsi, l’imagerie populaire fait du légionnaire un réprouvé, asocial, rude, violent, sans cesse sur le fil du rasoir  entre le mal qui le tente et le bien où le pousse la Légion étrangère qui lui offre un cadre rigoureux, une famille structurée et agissante, j’ose dire une religion avec ses vertus – Honneur et Fidélité – ses rites hérités des traditions et qui possède, à l’image du général Rollet, ses “saints” sortis de ses rangs.

Comment serait-il possible d’isoler un chef aussi symbolique que Rollet et dire qu’il ne fut pas légionnaire ? Et Danjou? Vilain, Maudet? Et que dire du capitaine vicomte de Borelli qui composa le plus bel hommage jamais écrit à la gloire des légionnaires: “À mes hommes qui sont morts”?... Ou encore d’Amilakvari, de Gaucher, de Jeanpierre qui pourtant n’épargna pas ses hommes, et tant, tant d’autres. Les murs de la crypte du musée à Aubagne témoignent de leur bravoure, un millier de noms d’officiers morts pour la France à la tête de leurs légionnaires y sont inscrits! Que faut-il de plus? Pourrait-on leur dénier le droit d’être dits “légionnaires”? Qui l’oserait?  Et que les esprits étriqués se disent bien qu’il ne faut pas être un officier mort pour mériter l’appellation de légionnaire. L’officier est étroitement imbriqué dans la chose légionnaire. La vie de ses hommes peut dépendre de lui, qui en est comptable, comme sa vie peut dépendre d’eux.

Il en est de même pour tous ceux qui ont servi à la Légion dont nombreux comptent bien plus d’années de service dans l’institution légionnaire que beaucoup de “vrais légionnaires”…

En réalité si l’officier dont on parle était bien aimé par les sous-officiers et la troupe, tout le monde s’accordera pour le considérer comme légionnaire; si d’aventure il était mal aimé,   on le traite alors des noms les plus pittoresques, voire exotiques!  Si les officiers du régime général n’encadraient pas les légionnaires, qui le ferait ?

Yves Galvez, adjudant-chef en retraite à Madagascar donne avec lucidité sa version: “Le képi blanc ou le béret vert ne font pas le légionnaire; c’est surtout un état d’esprit acquis parfois avec difficulté qui permet un jour d’être considéré comme légionnaire.”

Nous pourrions ne pas nous limiter à ces quelques considérations et entrer dans de vastes polémiques  absolutistes…  Être plus royaliste que le roi et laver plus blanc que blanc… après tout pourquoi s’arrêter en si bon chemin? On pourrait prétendre, après avoir affirmé que seuls sont légionnaires ceux qui ont porté ce glorieux couvre-chef, que ceux qui le quittent pour embrasser une carrière de sous-officier ou accéder à l’épaulette pour devenir officier ont cessé d’être des légionnaires, des purs, les gardiens du temple telles des vestales antiques! Et que dire de ceux, nombreux   qui, s’ils l’avaient souhaité et eu la volonté, compte tenu du niveau de leur intelligence, auraient été bien plus gradés qu’ils ne l’ont été au moment de quitter le service actif?

Comme chez les légionnaires “de souche”, les officiers qui ne s’adaptent pas au monde légionnaire sont naturellement écartés, souvent  par leur volonté propre. Alors le genre de querelle qui a suscité ce billet est stérile, donc inutile.  Le vrai légionnaire est celui qui a servi la Légion et la France du  “soldat au colon” comme le dit la chanson, et avec abnégation dans l’honneur et la fidélité.

Après ? Après, il y a ces civils qui ont servi à la Légion et dont certains peuvent  se croire plus légionnaires que d’autres. Nous comprenons alors qu’un certain nombre de nos camarades anciens légionnaires-officiers ne veuillent plus de contacts avec ces derniers…   c’est pour eux aussi et  surtout “un état d’esprit”.

Arrêtez donc messieurs les anciens, qui croyez détenir l'exclusivité légionnaire de conspuer nos camarades officiers ou sous-officiers venus d'autres Armes qui servent dans nos rangs.

Leur cœur, comme le nôtre, bat aussi à 88 pas à la minute !

Christian Morisot  Antoine Marquet

La Solidaire poursuit sa route‏

 

Mon général, mesdames, chers amis et sponsors,

Cette année se courait la septième édition de la Solidaire qui permettait également de marquer les 40 ans de présence du 4e Régiment étranger dans sa ville de Castelnaudary !

Parrainée par Charles Villeneuve et Bernard Thévenet, cette nouvelle édition a une fois de plus fait preuve que la solidarité fait partie de l’identité légionnaire.

Départ du quartier DANJOU, LEUCATE, MAZAMET et retour au cœur de la ville, capitale mondiale du cassoulet ont permis au 74 coureurs de parcourir environ 330 kilomètres avec plus de 5000 mètres de dénivelé positif. Les coureurs venus de tous les horizons (de la 13°DBLE EAU également) comportaient 30% de personnalités civiles dont une féminine et plusieurs étrangers venus eux aussi abonder à la Solidarité légionnaire.

Ambiance solidaire, prise en compte intégrale des coureurs par l’équipe de soutien de la course, a permis à chacun, quel que soit son niveau d’aller au bout de l’aventure en pensant à nos anciens.

La récolte de fonds, le sponsoring et la communication ont pour leur part débuté dès la fin de l’année 2015 afin de soumettre à nos partenaires et amis, au-delà de la récolte de dons, un véritable projet humain.

L’équipe s’est fixée comme but de récolter suffisamment de dons pour permettre la réfection de la boucle d’eau chaude des pensionnaires( 54000 €)  et la réhabilitation du hangar de stockage (66000 €).

Ce travail de fourmis et de longue haleine aura permis de remettre au directeur de l’IILE un chèque de 82116,56 €uros.

La somme récoltée va donc permettre de lancer les travaux prévus pour la plus grande joie de nos anciens.

La remise du chèque par le chef de corps  a eu lieu lors du repas de gala de la Solidaire au château des Cheminières en présence des coureurs, des sponsors et invités. Précédée d’une remise de képi blancs qui a marqué le lien entre nos plus jeunes et nos plus anciens, la soirée, particulièrement conviviale a clos cette nouvelle édition ou tous ont promis de venir à nouveau en 2017 pour marquer à nouveau un soutien sans faille à l’institution des invalides de la Légion étrangère.

Les fortes têtes et leur chef de corps, le lieutenant-colonel (TA) Nicolas DUFOUR, tenaient à remercier chacun d’entre vous pour le soutien apporté à cette nouvelle édition.

Cette randonnée cycliste caritative ne pourrait se faire sans votre appui et votre aide.

Votre présence à nos côtés dans cette belle aventure humaine au profit de nos anciens valorise pleinement les valeurs de la Légion étrangère et permet à chacun de nous d’apporter ce petit supplément d’âme indispensable.

Le 4e Régiment étranger vous remercie  encore très sincèrement au nom de ces étrangers qui ont servi la France avec honneur et fidélité, et vous prie de recevoir les salutations les plus fidèles et solidaires des fortes têtes.

Rendez-vous l’année prochaine !

Concert au Musée de la Légion étrangère le 30 juin 2016.

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Les premières années de Diego Suarez - 1904 - 1905 : Diego Suarez, province civile…

17 juin 2016

L'Hôtel du Piémont, rue Flacourt à Diego Suarez

L'Hôtel du Piémont, rue Flacourt à Diego Suarez

Après le départ de Joffre, il semble que les années « héroïques » de Diégo soient terminées. L’essentiel des travaux de fortification est accompli et les priorités de défense ont totalement changé. Et une partie des pouvoirs militaires passe aux civils

La fin du territoire militaire

Le 10 avril 1904, sous la signature de Gallieni, paraît un arrêté « supprimant le territoire militaire et constituant la province civile de Diego-Suarez ». Les raisons de cette transformation sont données dans l’arrêté :
« Considérant que le territoire militaire de Diego-Suarez a été constitué dans le but d’utiliser, le mieux possible, les ressources de la région en vue de la mise à exécution du programme des grands travaux de défense et pour faire l’emploi le meilleur des moyens d’action mis à la disposition de l’autorité militaire, dans l’intérêt de la ville et du port, afin de donner à ce point un développement correspondant à sa situation militaire ;
— Considérant que cet objectif est maintenant atteint ;
— Considérant que l’organisation actuelle, faite pour des circonstances passagères, est, logiquement, appelée à disparaître avec les nécessités qui l’ont provoquée ;
— Considérant qu’il convient, dès lors, d’appliquer à la région envisagée la forme définitive de l’administration provinciale
— Arrête : Art.1er : Le territoire militaire de Diego-Suarez est supprimé.
L’administration provinciale »

L’arrêté du 10 avril, qui n’entre pas dans les détails de l’administration de la province, en prévoit cependant la structure générale :
« Art.II — Le secteur des Antankara est rattaché à la province de Nosi-Be
Art.III — L’autre partie du Territoire militaire est constituée en province civile, dite province de Diego-Suarez, ayant son chef-lieu à Antsirane.»
. L’article IV donne la direction de la nouvelle province à l’autorité civile : « L’administrateur-maire de Diego-Suarez remplira également les fonctions de chef de la province. » Enfin, l’article V prévoit d’organiser la province en deux districts : le district d’Antsirane et le district d’Ambre. La province de Diego Suarez, amputée du secteur Antankara, est donc réduite à deux subdivisions. Le district d’Antsirane comprend la partie nord de la province jusqu’à une ligne passant approximativement par l’embranchement de l’actuelle route de Joffreville. Il comprend 2 cantons : Ambararatra (11 villages et 645 habitants) et Babaomby (8 villages et 564 habitants). La ville d’Antsirane compte 5936 habitants dont 3881 à Tanambao. Le district d’Ambre a pour chef-lieu le Camp d’Ambre (qui deviendra plus tard Joffreville). Le camp d’Ambre étant alors occupé essentiellement par des militaires, il est dirigé par un lieutenant d’infanterie coloniale. Il comprend 3 cantons : le Rodo (20 villages, 1160 habitants) a pour chef-lieu Ambodivahibe (87 habitants) ; le canton de Besokatra (87 habitants) qui comprend 18 villages et 1260 habitants ; le canton d’Andranofanjava (26 habitants) qui englobe 12 villages et 415 habitants. Il est évident que la commune d’Antsirane représente le « gros morceau » de la nouvelle province. Son maire, M. Cardenau, qui est aussi chef de province est assisté d’une commission municipale de 7 membres choisis parmi les notables. L’administration civile commence à être assez développée : en dehors des collaborateurs du maire, il existe à Antsirane :
— un service judiciaire avec un président et un juge suppléant. Un commissaire des troupes coloniales fait fonction de procureur,
— une trésorerie,
— un service des douanes,
— un très important service des postes et télégraphes en dehors de la poste d’Antsirane, on trouve une poste à Sakaramy et au Camp d’Ambre (où se trouvent les camps militaires),
— un service des domaines,
— un service des forêts.
La police est assurée par un commissaire, 2 inspecteurs et 7 brigadiers (2 sont chargés de la prison, un du poste de l’Octroi, un du poste d’Anamakia et un du poste de Tanambao). Parmi les services importants on relève également un service des travaux communaux et un autre des travaux publics. L’enseignement public est assuré par 5 instituteurs et institutrices européens et par un instituteur malgache. Il y a également une institutrice à Cap Diego. Quant à l’Eglise, elle est représentée essentiellement par la Mission catholique, avec à sa tête l’évêque Corbet ; par la Congrégation des Filles de Marie qui s’occupent d’enseignement et de bonnes œuvres et par la Congrégation de Saint Joseph de Cluny qui gère l’hôpital de Cap Diego.

La vie économique de Diego Suarez en 1905

La Province de Diego Suarez en 1905

La Province de Diego Suarez en 1905

Certains organismes, privés ceux-là, dirigent plus ou moins la vie économique de la province, notamment la Chambre consultative qui réunit négociants et industriels et le Comice agricole qui représente les colons. L’agriculture, assurée essentiellement par des colons réunionnais installés à Anamakia et à la montagne d’Ambre, se réduit surtout aux cultures vivrières. L’industrie, elle, en est encore au stade embryonnaire. En dehors de la Compagnie française des salines et des usines d’Antongombato (distillerie et scierie), installées depuis longtemps, on assiste à un timide essor de l’industrie, notamment avec la briqueterie d’Ankorika, fondée par M.Pivert. Cependant, l’installation du Point d’Appui a surtout permis le développement du commerce : de nombreux commerces d’alimentation et de vins, bien sûr, mais aussi des négociants en bois, en bœufs et peaux de bœufs, de tissus, de quincaillerie. Il y a également à Antsirane deux pharmaciens et un médecin civil.
Par ailleurs le port de Diego Suarez a connu un développement relativement important en raison des services de navigation sur les côtes est par le Ville-de-Pernambuco) et ouest (par le Persépolis). Mais l’aménagement du port reste rudimentaire : les bateaux continuent à être déchargés par les Somalis qui transportent, des colis de 30 à 60 kilos (sur la tête !).
Les nouveaux arrivés peuvent trouver un hébergement dans les trois hôtels de la ville : l’hôtel des Colonies, rue Colbert ; l’hôtel du Piémont et de Provence, rue Flacourt ; l’hôtel de la Poste, rue Flacourt.
Cependant, l’économie de la province reste très dépendante de la présence militaire. Aussi, comme nous l’avons vu dans l’article précédent, les négociants de Diégo, qui voient les travaux du Point d’Appui toucher à leur fin n’ont plus d’espoir que dans la construction du bassin de radoub qui permettrait de faire repartir les affaires et surtout d’amener à Diego Suarez les navires qui développeraient le trafic portuaire. C’est le vœu qu’exprime l’Annuaire de Madagascar de 1905 : « Il est permis d’espérer que la construction d’un wharf, d’un bassin de radoub et de routes projetés depuis longtemps donneront au commerce, légèrement stationnaire depuis 1903 un nouvel et brillant essor ».

Est-ce donc la fin du Point d’Appui ?

De nouveaux ennemis
« L’ennemi héréditaire » n’est plus l’Angleterre. Le Royaume-Uni et la France signent le 8 avril 1904 (6 ans après la crise de Fachoda où la France avait subi une défaite diplomatique humiliante) une série d’accords bilatéraux que l’on désigne généralement sous le nom d’ « Entente cordiale ». En effet, la défense des colonies françaises se heurte à la volonté d’expansion du Japon qui menace les colonies françaises d’Extrême-Orient (notamment l’Indochine). On peut se demander en quoi la défense de l’Indochine concerne Diego Suarez. La Revue politique et parlementaire publie en 1905 un article insistant sur le rôle que pourrait tenir le Point d’Appui « Notre grande colonie de l’Océan Indien se trouve, en effet, sur l’une des routes de la mer de Chine. Ce n’est pas la plus courte, il est vrai, mais ce sera sans doute la plus sûre, le jour où une guerre [...]aura éclaté, ou sera sur le point d’éclater entre la France et le Japon. » Et l’article développe les raisons de l’intérêt stratégique de cette route : la route la plus courte est certes celle du canal de Suez, mais si elle était fermée, la route maritime pour l’Asie serait celle du Cap, ce qui nécessiterait un relais pour réparer et ravitailler la flotte. Et, bien sûr, ce relais ce serait « le port merveilleux de Diego Suarez » ! Encore faut-il que ce port merveilleux développe ses infrastructures maritimes, et construise enfin son bassin de radoub !
Où en est-on ?
Si tout le monde s’accorde à reconnaître les travaux menés sur le front de terre, les observateurs sont plus critiques vis-à-vis des réalisations du département de la marine. Dans un long article paru dans la Revue politique et parlementaire, sous la signature de Claude Pilgrim, on peut lire à ce sujet : « le département de la marine avait, lui aussi, d’importants travaux à accomplir à Diego Suarez ; il avait lui aussi, à y concentrer des moyens de défense et même d’attaque, pour donner à notre port malgache toute sa valeur de point d’appui de la flotte. Qu’a-t-il fait ? » Et l’auteur de l’article répond à cette question en montrant que, sur les deux objectifs de la force navale et de l’outillage du port, peu de choses ont été faites. En ce qui concerne l’outillage du port, la marine n’a pas encore commencé la construction de l’arsenal et du bassin de radoub. En 1905 « l’ensemble des constructions de la marine se compose de : un magasin général de 500m2, un magasin à vivres de 400m2 ; un hôtel pour le commandant de la marine, un pavillon pour quatre officiers et une caserne pour 80 hommes ; un réservoir de 100m3 [...] un mur de quai, en avant des magasins, et une clôture autour de toutes ces constructions ». On a également construit récemment un appontement et un petit dock flottant. Mais toujours pas de bassin de radoub ! Et l’article fait remarquer que sans bassin de radoub, le point d’appui ne sert à rien puisque « les navires de la division ou ceux des escadres en route pour l’Indochine, seront, s’ils sont endommagés dans les eaux malgaches, perdus pour toute la durée de la guerre [...] du moment qu’aucun bassin de réparation ne pourra les accueillir dans ces parages ». En ce qui concerne la force navale, les choses ne vont pas mieux puisque, malgré l’envoi de quatre torpilleurs, la flottille de la division navale de l’Océan Indien est dans un triste état. On attend toujours à Diego Suarez « la flotte solide » réclamée, en 1902 par le Ministre de la Marine. Que reste-t-il à Diego Suarez comme bâtiments ? Après les échouements du La Pérouse et du La Bourdonnais, après le départ du Catinat, il ne reste plus que le croiseur Infernet, flanqué de « deux vieilles carcasses en bois » : la Nièvre (qui avait procédé à l’exploration de la baie en …1833 !) et le Capricorne.
Une force navale quasi inexistante, des installations insuffisantes… Le Point d’Appui peut-il encore servir à quelque chose en matière de défense ? Le Nord de Madagascar va pourtant, au début de 1905, accueillir une importante flotte de guerre. Mais elle ne sera pas française !
(A suivre…)
■ Suzanne Reutt

A mes hommes qui sont morts.

Mes compagnons, c'est moi ; mes bonnes gens de guerre,
C'est votre Chef d'hier qui vient parler ici
De ce qu'on ne sait pas, ou que l'on ne sait guère ;
Mes Morts, je vous salue et je vous dis : Merci.

 

Il serait temps qu'en France on se prît de vergogne
A connaître aussi mal la vieille Légion
De qui, pour l'avoir vue à sa rude besogne
J'ai la très grande amour et la religion.

 

Or, écoutez ceci : "Déserteurs ! Mercenaires !"
"Ramassis d'Etrangers sans honneur et sans foi !"
C'est de vous qu'il s'agit, de vous, Légionnaires !
Ayez-en le cœur net, et demandez pourquoi ?

 

Sans honneur ? Ah ! passons ! Et sans foi ? Qu'est-ce à dire,
Que fallait-il de plus et qu'aurait-on voulu ?
N'avez-vous pas tenu, tenu jusqu'au martyre,
La parole donnée et le marché conclu ?

 

Mercenaires ? sans doute : il faut manger pour vivre ;
Déserteurs ? Est-ce à nous de faire ce procès ?
Etrangers ? Soit. Après ? Selon quel nouveau livre
Le maréchal de Saxe était-il donc Français ?

 

Et quand donc les Français voudront-ils bien entendre
Que la guerre se fait dent pour dent, œil pour œil
Et que ces Etrangers qui sont morts, à tout prendre,
Chaque fois, en mourant, leur épargnaient un deuil.

 

Aussi bien c'est assez d'inutile colère,
Vous n'avez pas besoin d'être tant défendus ;
Voici le Fleuve Rouge et la Rivière Claire
Et je parle à vous seuls de vous que j'ai perdus !

 

Jamais garde de Roi, d'Empereur, d'Autocrate,
De Pape ou de Sultan, jamais nul Régiment
Chamarré d'or, drapé d'azur ou d'écarlate,
N'alla d'un air plus mâle et plus superbement.

Vous aviez des bras forts et des tailles bien prises,
Que faisaient mieux valoir vos hardes en lambeaux ;
Et je rajeunissais à voir vos barbes grises,
Et je tressaillais d'aise à vous trouver si beaux.

 

Votre allure était simple et jamais théâtrale ;
Mais, le moment venu, ce qu'il eût fallu voir,
C'était votre façon hautaine et magistrale
D'aborder le "Céleste" ou de le recevoir.

 

On fait des songes fous, parfois, quand on chemine,
Et je me surprenais en moi-même à penser,
Devant ce style à part et cette grand mine
Par où nous pourrions bien ne pas pouvoir passer ?

 

J'étais si sûr de vous ! Et puis, s'il faut tout dire,
Nous nous étions compris : aussi de temps en temps,
Quand je vous regardais vous aviez un sourire,
Et moi je souriais de vous sentir contents.

Vous aimiez, troupe rude et sans pédanterie,
Les hommes de plein air et non les professeurs ;
Et l'on mettait, mon Dieu, de la coquetterie
A faire de son mieux, vous sachant connaisseurs.

 

Mais vous disiez alors : "La chose nous regarde,
Nous nous passerons bien d'exemples superflus ;
Ordonnez seulement, et prenez un peu garde,
On vous attend … et nous on ne nous attend plus !"

 

Et je voyais glisser sous votre front austère
Comme un clin d'œil ami doucement aiguisé,
Car vous aviez souvent épié le mystère
D'une lettre relue ou d'un portait baisé.

 

N'ayant à vous ni nom, ni foyer, ni Patrie
Rien où mettre l'orgueil de votre sang versé,
Humble renoncement, pure chevalerie,
C'était dans votre chef que vous l'aviez placé.

 

Anonymes héros, nonchalants d'espérance,
Vous vouliez, n'est-ce pas, qu'à l'heure du retour,
Quand il mettrait le pied sur la terre de France,
Ayant un brin de gloire, il eût un peu d'amour.

Quant à savoir si tout s'est passé de la sorte,
Et si vous n'êtes pas restés pour rien là-bas,
Si vous n'êtes pas morts pour une chose morte,
O mes pauvres amis, ne le demandez pas !

 

Dormez dans la grandeur de votre sacrifice,
Dormez que nul regret ne vous vienne hanter ;
Dormez dans cette paix large et libératrice
Où ma pensée en deuil ira vous visiter !

 

Je sais où retrouver, à leur suprême étape
Tous ceux dont la grande herbe a bu le sang vermeil,
Et ceux qu'ont engloutis les pièges de la sape,
Et ceux qu'ont dévorés la fièvre et le soleil ;

Et ma pitié fidèle, au souvenir unie,
Va du vieux Wunderli qui tomba le premier
En suivant une longue et rouge litanie
Jusqu'à toi, mon Streibler, qu'on tua le dernier !

 

D'ici je vous revois, rangés à fleur de terre
Dans la fosse hâtive où je vous ai laissés,
Rigides, revêtus de vos habits de guerre
Et d'étranges linceuls faits de roseaux tressés.

 

Les survivants ont dit - et j'ai servi de prêtre !
L'adieu du camarade à votre corps meurtri ;
Certain geste fut fait bien gauchement peut-être,
Pourtant je ne crois pas que personne en ait ri !

 

Mais quelqu'un vous prenait dans sa gloire étoilée
Et vous montrait d'en haut ceux qui priaient en bas,
Quand je disais pour tous, d'une voix étranglée,
Le Pater et l'Ave - que tous ne savaient pas !

 

Compagnons, j'ai voulu vous parler de ces choses,
Et dire en quatre mots pourquoi je vous aimais :
Lorsque l'oubli se creuse au long des tombes closes,
Je veillerai du moins et n'oublierai jamais.

Si parfois, dans la jungle où le tigre vous frôle
Et que n'ébranle plus le recul du canon,
Il vous semble qu'un doigt se pose à votre épaule,
Si vous croyez entendre appeler votre nom.

 

Soldats qui reposez sous la terre lointaine,
Et dont le sang donné me laisse des remords,
Dites-vous simplement : "C'est notre Capitaine
Qui se souvient de nous … et qui compte ses Morts.

 

A mes hommes qui sont morts, et particulièrement

à la mémoire de Tiebald Streibler qui m'a donné

sa vie le 3 mars 1885 au siège de Tuyen-Quang.

Et, bientôt, sur le site de l'AALEME...

Beaucoup en parle…

Peu le connaisse…

Paul, Frédéric Rollet


Traduction

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