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Histoire de Madagascar : Les fortifications de Diego-Suarez

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Vendredi, 13 Août 2010

Une batterie de la défense de Diego Suarez à la fin du XIXe siècle

La marine française du XIXe siècle a pour ambition de rattraper son retard sur la Royal Navy anglaise qui dispose de bases navales un peu partout dans le monde.

 

Quand, par le traité de 1885, la France obtient le droit de faire à Diégo- Suarez « des installations à sa convenance », la nécessité de fortifier le magnifique site de la baie de Diégo s’impose comme une évidence.

François de Mahy, le député réunionnais , partisan de la présence de la France à Madagascar, exprime dans une lettre du 26 octobre 1885 un avis qui va dans ce sens :
« L’entrée de la baie est large de 800m environ. A peu près au milieu est un îlot relié à la côte nord par des hauts-fonds, de sorte que la passe se trouve au sud de l’îlot, et réduite à une largeur de 300m environ. Quelques torpilles et quelques batteries la rendraient inabordable. Dans l’intérieur de la baie, en face de l’entrée, l’île aux Aigrettes ; plus loin, le Cap Diégo. Des fortifications sur ces hauteurs complèteraient le système de défense. »
Mais de défense contre qui ?


Carte de la Baie de Diego Suarez en 1917 

 

De 1885 à 1895 : Le face à face franco-merina

Fortin d'Antsirane

Dans les premières années de l’occupation, pour les français, les risques risque viennent de l’intérieur.

Il s’agit du gouvernement merina, installé dans la région depuis l’expédition de Radama Ier dans le nord
Ce dernier a laissé un poste militaire, transformé ensuite en un fort d’accès difficile au sommet du mont Reynaud, dans la montagne des français. Dénommé « Ambohimarina », il devint le quartier général de la province d’Antomboko.
De leur côté, les français, dès leur installation à Diégo-Suarez, établirent un petit fortin "construit sur le monticule par lequel se termine le plateau de la péninsule dominant la rade et protégeant les établissements "(Société de géographie de Marseille – 1886)
Dès juillet 1886, le commandant Caillet établit une solide redoute au sommet du plateau de Mahatsinjoarivo, à une altitude de 215 m au sud de la baie et à 6km au N.O du fort d’Ambohimarina.
Un autre poste fut installé au « Point 6 » sur le chemin d’Ambohimarina, où les merina avaient un poste de douane : il était destiné à surveiller le chemin qui reliait Ambohimarina au village d’Antsirane

 

Ambohimarina :

Siège du pouvoir merina dans la Province d’Antomboka le fort d’Ambohimarina fut construit, à partir de 1837 pour répondre aux attaques incessantes des Antankaranas.
Après 1885, les incidents se multiplient entre les troupes d’Ambohimarina et les français qui essaient d’étendre leur territoire.
Lors de la guerre de 1895, plusieurs affrontements ont lieu: en février les français chassent les hovas d’Antanamitarana ; et le 12 avril 1895, les troupes françaises (dont un bataillon de volontaires de La Réunion) enlèvent le fort d’Ambohimarina, à peu près déserté par ses occupants.

 

Mahatsinjoarivo :

le Fort de Mahatsinjarivo de nos jours

Considéré comme une position stratégique de premier ordre en raison de sa situation sur une hauteur qui domine à la fois le chemin d’Ambohimarina et les riches plaines d’Anamakia, il fut doté d’une garnison de 300 soldats, composée de 2 compagnies de disciplinaires et d’une compagnie de tirailleurs indigènes et encadrée par 37 officiers et sous-officiers. Des gendarmes à cheval faisaient la liaison avec le quartier général et les autres postes.

Un chemin de fer Decauville reliait Mahatsinjo à Antsirane
Dans la nuit du 23 décembre 1894, le poste fut attaqué par les soldats merina qui furent repoussés.

 

Chemin de fer Decauville à Diego Suarez

Par ailleurs, le Commandant Caillet commença à mettre en place une ligne de défense intérieure :

  • 2 blockhaus équipés d’artillerie, l’un sur les hauteurs d’Orangea, l’autre dans le nord de la Montagne des Français
  • Un poste dans la Baie du Courrier, tenu par une vingtaine de tirailleurs indigènes sous le commandement d’un sergent français

 

Sur le front de mer :


L’installation de la défense du front de mer ne fut réellement entamée qu’à partir de 1893.
Elle comprenait :

  • Les batteries défendant la passe : batterie haute d’Orangea armée de 4 canons et batterie de la Pointe de l’Aigle (au sud de la passe) armée aussi de 4 canons de 138,6m/m
  • Les batteries destinées à la défense de l’intérieur de la rade : batterie du Cap Diégo armée de 6 canons et celle de la Pointe du Corail, armée de 2 canons de 194m/m

Cependant aucune organisation de défense sérieuse ne fut entreprise jusqu’en 1898.

 

Diégo-Suarez, point d’appui de la flotte : 1900-1905

Camp de Tirailleurs Sénégalais à Ankorikely

En 1898, la France décide de créer à Diégo-Suarez un point d’appui pour la flotte de l’Océan Indien.
Par arrêté du 13 mars 1900, la province est érigée en « Territoire Militaire », sous le commandement du Colonel Joffre.
En 5 ans, la baie fut transformée en un immense camp retranché.

Le front de mer :

A la veille de la première guerre mondiale, les défenses du front de mer comprennent :
  • Orangea : 7 batteries armées chacune de 4 canons)
  • Batterie du Cap Miné : 4 canons M de 32cm Mle 1870-1871
  • Batterie du Glacis : ‘ mortiers G de 270 Mle 1889
  • Batterie du Phare : 4 canons G de 19cm Mle 1875-76
  • Batterie du Poste Optique : 4 canons M de 138 Mle 1870
  • Batterie de la Baie des Boutres : 4 canons M de 138 Mle 1870
  • Batterie à tir rapide de la baie des boutres : 4 canons M de Mle 1885
  • Batterie de la Pointe de l’aigle : 4 canons M de 194 Mle 1890-1893
  • Vatomainty : 1 batterie armée de 4 canons G de 25cm Mle 1875-1876
  • Cap Diégo : 2 batteries armée l’une de 4 canons, l’autre de 5 canons
  • Batterie d’Andrahompotsy : 4 canons M de 24cm Antsirane : la batterie du Lazaret armée de 4 canons


Le front de terre comprend :

  • Secteur d’Orangea :
    • fort d’Ankorika (ouvrage D) : 2 canons
    • fort du Mamelon vert (ouvrage E) : 2 canons
    • batterie du champ de tir : 4 canons
  • Secteur de Cap Diégo :
    • fort des Mapous (ouvrage A) : 2 canons
    • fort du Centre : 4 canons
    • fort du Cap Bivouac (ouvrage C) : 2 canons 

Secteur d’Antsirane :

  • Fort de la Betahitra (ouvrageG) : 2 canons + 2 mitrailleuses
  • Fort d’Anamakia (ouvrage H) : 2 canons+2 mitrailleuses
  • Batterie du caïman : 4 canons

A quoi il faut ajouter les abris bétonnés de la Montagne des français et l’observatoire de Windsor Castle sur la baie du Courrier.
Il faut évidemment ajouter les installations de la Marine, les casernements, les bâtiments de l’artillerie etc.

Ces travaux furent exécutés très rapidement et de façon prioritaire. Le point d’appui de Diégo fut terminé le premier. Si bien que, au début de la Première guerre mondiale, compte-tenu des progrès de l’artillerie, les canons qui l’équipaient étaient d’un modèle complètement dépassé : ils ne furent donc pas renvoyés en métropole pour renforcer l’artillerie..
Ces canons, qui représentent donc actuellement des pièces de musée, sont donc restés sur place …du moins jusqu’à ce que la fièvre du métal s’empare de Diégo privant la ville de son patrimoine industriel et militaire !

Fort de la Montagne des Français
Camp d'Orangéa

 

 

Les fortifications dans les combats de Diégo-Suarez en 1942

Blokhaus de la route d'Anamakia

Peu de travaux sont réalisés entre les deux guerres. La plupart des batteries ont gardé leurs vieux canons. La batterie du Poste Optique est réarmée ; la batterie de la Baie du Courrier, plus récente, possède un matériel déjà ancien.
La seule batterie moderne est celle du Point de vue, à la côte 84 à Orangea : elle représente le point fort de la défense du front de mer et sera opérationnelle contre la flotte britannique.
La batterie du Lazaret, réarmée, assure la défense aérienne.
La défense du front de terre est assurée par « la ligne Joffre » : un fossé anti-char reliant les forts de la Betahitra (G) et d’Anamakia (H), renforcée par 2 blockhaus barrant les routes d’accès à Antsirane.
Quelques petits blockhaus gardent le Col de Bonne Nouvelle.

 

La ligne Joffre


Dés le premier jour de l’attaque anglaise, le 5 mai, les batteries du fort H et du fort G vont mettre à mal la force blindée anglaise (assez faible, il est vrai), en détruisant la moitié des chars et blindés qui ont donné l’assaut sur la route d’Anamakia. Le fort de la Betahitra ou Fort Bellevue– qui se trouve au centre de l’actuel village de Morafeno – va offrir une résistance héroïque à l’assaillant anglais. La batterie de 75M du Capitaine Clavel bloque sous un feu violent l’assaut des blindés, détruisant plusieurs chars et blindés.
Le 7 mai, alors que Diégo est aux mains des anglais,, le fort G résiste toujours. Il faudra attendre l’ordre de cesser le feu pour que la garnison se rende. Elle rejoindra Diégo avec ses armes, défilant avec les honneurs de la guerre.
La vieille ligne Joffre aura tenu jusqu’au bout !

 

Et maintenant ?

La batterie de Vatomainty de nos jours

C’est avec nostalgie que les amoureux de Diégo voient ce qu’il reste des fortifications qui ont fait la puissance de Diégo : la plupart des canons ont disparu, les ouvrages de défense sont détruits pour en récupérer la ferraille.
Qu’en est-il enfin des deux nobles forts G et H, qui, dégagés et nettoyés pourraient être des sites patrimoniaux et touristiques importants ?

S. Reutt

 

 Exemples de la dégradation rapide de ces témoins du passé :

Canon de la Pointe 84 en 2005


Ce même canon en 2010 : l'imposant carénage blindé a disparu

Récupération de ferraille

On voit sur cette photo le travail de fourni pour dégager la couverture de terre des tunnels d'approvisionnement
en munitions d'un des canons de la Pointe 84. Le toit des galeries est ensuite concassé pour en récupérer le ferraillage...
 

Photos de Madagascar : Fortifications de la Baie de Diego Suarez

Traduction

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