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L’adieu à nos sentinelles de pierre

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Par le Général de corps d'armée Bruno DARY, Gouverneur militaire de Paris.

Le 11 novembre, la France a honoré dans un hommage unique les Poilus de 1914 et les soldats tombés en opérations extérieures.
Qu'ils aient été tués dans les tranchées ou qu'ils aient péri sur le sol afghan, comme ce légionnaire, mort la semaine dernière, Serbe de sang mais Français de cœur, tous sont morts pour la France!....

Au-delà de leur vocation commune de défendre le pays, que de changements entre ces deux époques : les premiers ont péri sur notre terre ‘‘charnelle'' en défendant nos frontières ; les autres sont morts loin de chez eux, aucun sur le territoire national !

Ces différences sont dues à l'évolution de la Défense, des risques et des menaces, car en moins de vingt ans, une véritable accélération de l'histoire a bouleversé notre environnement : pour la première fois de son histoire, la France n'a plus de menaces majeures à ses frontières ; le terrorisme s'est fait jour sur notre sol et chez nos alliés ; les moyens de transports aériens et maritimes ont décuplé et augmenté les échanges internationaux, mais ont créé de nouvelles vulnérabilités sur les voies d'approvisionnement ; Internet est apparu, modifiant nos modes de vie et de travail et les systèmes d'information deviennent le centre nerveux de toute entreprise humaine, sans que leur sécurité ne s'adapte à leur généralisation. 

L'ère du sans frontières

Le monde est entré dans une ère nouvelle, celle du sans frontières, qui n'est pas le moindre aspect de la mondialisation. Les citadelles érigées par Vauban rappellent que depuis toujours, la sécurité d'un pays reposait sur ses ‘‘sentinelles de pierre'', bâties aux marches du pays, à l'instar de la Grande Muraille de Chine, de la ligne Maginot ou du Rideau de Fer, derniers témoins d'un passé révolu. Médecins sans frontières a ouvert la voie, suivis des reporters, avocats, architectes, musiciens, clowns...

Ainsi chaque pays est-il devenu la superposition de plusieurs territoires aux contours forts différents :

- le pays légal avec ses frontières traditionnelles, sa population, son droit, ses codes, ses élections, qui demeure encore au cœur de nos intérêts vitaux ;

- l'Europe de Schengen, espace de liberté, de sécurité et de justice, devenue zone de libre circulation des personnes, aux frontières identiques aux nôtres ;

- l'espace économique de Maastricht, zone de libre échange, mais aux ramifications mondiales ;

- le territoire écologique, aux limites plus floues : Tchernobyl a montré que les particules radioactives ne s'arrêtaient pas aux frontières ; l'effet de serre et la pollution concernent la terre entière ;

- le cyberespace, le moins visible et le plus sensible, sans frontières, ni limites, ni contrôles ;

- le territoire politique fondé sur les intérêts du pays, son histoire et sa place à l'ONU, dans l'UE, avec l'OTAN et sur la scène internationale. 

L'adaptation des armées

Les armées françaises, qui ont toujours eu pour mission de garder les frontières, tout en assurant la défense de nos intérêts outre-mer, ont vu leur rôle se transformer radicalement, à travers quatre évolutions majeures : la disparition de menace à nos frontières, qui a éloigné le spectre d'une guerre totale, amené la suspension du service national et créé une nouvelle armée professionnelle ; l'apparition du terrorisme, dont la menace s'affranchit des frontières ; la multinationalité, car si la France figure parmi les pays qui comptent, elle ne règlera plus à elle seule les litiges extérieurs ; la globalité, car dans toute crise, si le recours à la force est parfois nécessaire, il reste souvent insuffisant, ne pouvant suffire à lui seul à établir une solution pérenne. 

Or, à travers leurs engagements présents ou récents, les armées françaises montrent qu'elles ont su ‘‘prendre en compte'' ces différents territoires selon des modalités adaptées : la défense du territoire national, avec le contrôle permanent de l'espace aérien et la surveillance des approches maritimes ; Vigipirate pour protéger la population contre d'éventuelles attaques terroristes, et qui contribue à la sécurité des frontières de Schengen ; la protection des Français s'étend jusqu'en Afghanistan et au Sahara Occidental, car la France et ses alliés ne peuvent accepter de voir des régions entières devenir des zones de non-droit, où prolifère le terrorisme ; la sécurité de l'Europe a provoqué la longue intervention dans les Balkans ; le contrôle des flux commerciaux de l'UE justifie l'opération Atalante ; et la protection de nos ressortissants et de notre territoire politique explique notre présence au Liban, en Côte d'Ivoire et en Libye.

Ainsi, Poilus de 14, Français libres de 40, combattants de l'Union française, Harkis, appelés face au Pacte de Varsovie, soldats professionnels d'aujourd'hui, tous ont répondu à la même vocation du service des armes. 

Tous ont montré que la défense de la France ne dépendait pas tant de l'épaisseur de ses murailles, en l'occurrence de ses sentinelles de pierre, que de ses ‘‘sentinelles de chair'' !


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