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Légionnaire toujours...

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2013




1941 : la Légion se bat pour l'honneur

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Aventures de l'histoire

samedi 20 décembre 2008
Au sein de la Légion, la sonnerie Au caïd, jouée par le clairon de service, marque chaque jour l’arrivée du chef de corps au quartier. Ici, un clairon de IVe bataillon du 6e REI. A cette époque, le Levant comprenait la Syrie et le Liban actuels.


Les incroyables réactions de la hiérarchie à la mort d'un légionnaire au cours d'un exercice laissent un goût amer dans la bouche de ceux pour lesquels la Légion n'est pas un vain mot. Qu'auraient pensé de cette affaire les légionnaires du régiment du Levant, des hommes qui ont écrit une des pages de gloire, des plus belles et des plus méconnues, de l’histoire de la Légion étrangère. Pour leur rendre hommage, et pour rappeler les sacrifices de la France dans cette région déchirée par la guerre, nous avons voulu évoquer l’héroïsme des Képis blancs en ces jours tragiques de juin et de juillet 1941.

En septembre 1939, la guerre embrase de nouveau l’Europe. Une modification des structures des unités de Légion va intervenir une fois de plus afin de faciliter l’administration des corps, dont les bataillons sont dispersés de par le monde. Les unités de Légion qui stationnent au Levant dépendent du 1er et du 2e REI, basés respectivement en Algérie et au Maroc. La situation de guerre ne peut que compliquer la conservation des liens entre les bataillons du Moyen-Orient et leurs corps de rattachement.
Par décision ministérielle, le 6e régiment étranger d’infanterie est créé le ler octobre à Homs. Le colonel Imhaus en prend le commandement. Le lieutenant-colonel Barre, ancien commandant du GLEL, occupe le poste de commandant en second. Le 20 décembre 1939, il devient chef de corps du plus jeune des régiments étrangers, qui regroupe administrativement en son sein les quatre bataillons du Levant. Ces derniers restent cependant dispersés sur le territoire :
— le 1er bataillon (ancien 4/1 REI), stationné à Soueda, est commandé par le chef de bataillon Édart ;
— le 2e bataillon (ancien 1/1 REI), stationné à Baalbek et Der-Es-Zor, est commandé par le chef de bataillon Brisset ;
— le 3e bataillon (ancien 2/2 REI), stationné à Damas, est commandé par le chef de bataillon Taguet ;
— le 4e bataillon (ancien 6/1 REI), stationné à Homs et Palmyre, est commandé par le chef de bataillon Boitel.
La numérotation des bataillons suit l’ordre chronologique d’arrivée sur le territoire des anciennes unités. Pour assurer le commandement de ce nouvel ensemble, une compagnie hors rang est adjointe à l’état-major et implantée à Homs.
La nouvelle unité est rapidement connue sous le nom de régiment du Levant de la Légion étrangère. A ce titre, elle est pour le Proche-Orient ce que sont respectivement le 4e REI-régiment du Maroc et le 5e REI-régiment du Tonkin pour le Maroc et le Tonkin. Leur emploi spécialisé sur ces territoires respectifs justifie ces appellations, qui feront date. Si le 6e REI apparaît pour la première fois dans l’histoire de la Légion, signalons par souci d’exactitude historique qu’un 6e régiment étranger avait déjà existé plus de cent vingt ans auparavant dans l’armée française.
Depuis novembre 1939, un drapeau est officiellement prévu pour le nouveau régiment. Les événements ont retardé sa remise solennelle. Cette cérémonie ne se déroulera qu’en décembre 1940 à Homs. Les inscriptions auxquelles son héritage lui donne droit ont été oubliées lors de la réalisation du drapeau. Le chef de corps les fera peindre sur sa soie. Elles clament, en lettres d’or, les liens qui l’unissent à la vieille Légion et au Levant : Camerone 1863, Musseifre 1925, Syrie 1925-1926.
La création de son insigne souffrira elle aussi des difficultés de liaison entre la Syrie et la métropole. Le projet, imaginé par les lieutenants Bouchard et Favreau, du
2e bataillon, une tête de légionnaire devant les colonnes du temple de Baalbek, arrivera de France en peu d’exemplaires, alors qu’un modèle simplifié, de fabrication locale, a déjà été mis en circulation.
Mais peu importent ces obstacles, le régiment existe, et il est de haute lignée. Ses trois bataillons de Légion sont décorés de la croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures. Et, comme l’ont fait ses aînés, il est prêt à servir avec « honneur et fidélité ».

Pour former le 11e BVE de la Légion étrangère, s’embarquent à Marseille 20 officiers, 82 sous-officiers et 729 légionnaires aux ordres du commandant Knocker.

Jours d’attente et d’inquiétude

Dès que la mise sur pied du régiment du Levant est terminée, le 6e entame une nouvelle carrière. Les mois s’écoulent sans que les occupations habituelles de l’unité subissent de grands changements. On a bien déclaré officiellement le Moyen-Orient théâtre d’opérations, mais il ne s’y déroule aucun combat. Il a bien été envisagé que les forces françaises du Levant interviendraient dans le Caucase soviétique pour aider la Finlande, mais le projet n’a pas dépassé les premières ébauches.
Dès le début, la vie du régiment est marquée par des tentatives de réorganisation. Le 1er janvier 1940, le 6e REI est articulé en deux fractions distinctes ; l’une, de type « montagne », rassemble l’état-major, la compagnie hors rang (CHR) et les deux premiers bataillons ; l’autre, de type « outre-mer », regroupe les deux bataillons qui restent.
En mars, la fraction « montagne » devient le 6e REI proprement dit, alors que la fraction « outre-mer » reprend l’appellation de groupement de Légion étrangère du Levant, qui a été dissous six mois auparavant. Le 15 avril 1940, venant de Barcarès, le
1er bataillon de marche de volontaires étrangers débarque à Beyrouth. Le 17 avril, il est incorporé au 6e REI sous le nom de 11e bataillon de volontaires étrangers (11e BVE) et s’installe à Baalbek. Aux ordres du chef de bataillon Knocker, il compte vingt officiers, quatre-vingt-neuf sous-officiers et sept cent vingt-neuf légionnaires, en majorité d’origine espagnole.
Les événements dramatiques de France viennent bientôt semer la consternation au sein de l’armée du Levant. Les nouvelles de l’effondrement jettent la stupeur, en même temps qu’on s’attend à une attaque italienne sur les côtes du Levant. La signature de l’armistice et l’appel du général De Gaulle provoquent dans les rangs un trouble profond, qui n’épargne ni le haut-commandement territorial ni la Légion, prête en grande partie à poursuivre la lutte. Après quelques jours d’indécision et de confusion, le choix des Français du Levant est fait. En dehors de quelques-uns qui tentent l’aventure, la discipline l’emporte bientôt. Il faut dire que les événements du 3 juillet 1940, à Mers el-Kébir et ailleurs, ravivent les sentiments anglophobes des militaires français du Levant. Ils n’ignorent pas les agissements du Royaume-Uni, depuis longtemps désireux d’évincer la France de cette partie du monde. Le sang qui a coulé lors de l’opération Catapult ranime la rancœur contre les ex-alliés, qui sont présents en Palestine, en Transjordanie, en Irak et à Chypre.
Mais l’ennemi potentiel reste toujours les armées de l’Axe, que l’on espère voir battues un jour. Invaincus sur le terrain, les soldats de Syrie et du Liban connaissent un regain de patriotisme qui en font les gardiens jaloux de l’honneur du drapeau tricolore et de l’intégrité des territoires confiés à leur protection.
Cette volonté de « tenir » est bien marquée dans le refrain du régiment :

T’en fais donc pas, jeune 6e, il en restera pour toi !

Une automitrailleuse britannique de la RAF, composant de la force Kingcol, photographiée le 17 mai 1941 en Irak quand les Anglais interviennent dans ce pays.

La fin des hostilités entraîne la dissolution du 11e bataillon de volontaires étrangers. Les nouvelles lois françaises réservent à beaucoup de ces étrangers un sort peu enviable.
Le 1er janvier 1941, une nouvelle organisation des unités est mise en place. Le groupement de Légion étrangère du Levant est de nouveau dissous pour que le 6e REI retrouve sa plénitude. Ce dernier est reformé sur le pied d’un état-major, d’une compagnie régimentaire et de quatre bataillons à trois compagnies.
Parallèlement, il est doté d’un groupe d’artillerie comprenant trois batteries portées de canons de 75. Si cette création est une innovation pour les Képis blancs du Levant, ce n’en est pas une au sein de la Légion, puisque, dans les années 1930, les régiments étrangers d’infanterie stationnés au Maroc avaient déjà leurs batteries. Plus récemment, une batterie saharienne portée de Légion a vu le jour en 1940 dans le Sud algérien.
Pour constituer ce groupe d’artillerie de Légion du Levant, on puise dans les rangs du régiment, qui fournit sous-officiers, caporaux et légionnaires. L’encadrement en officiers est fourni par du personnel métropolitain venu de France. Pour se distinguer de leurs camarades fantassins, les légionnaires artilleurs portent l’écusson au chiffre du régiment sur fond rouge.
Pendant ce temps, le conflit évolue. La guerre, qui a jusque-là épargné les territoires libanais et syrien, se rapproche chaque jour davantage. La Méditerranée, trait d’union entre la métropole et l’Afrique du Nord, n’offre plus la sécurité d’avant juin 1940. Non seulement l’entrée en guerre de l’Italie a changé les choses, mais le blocus naval que les Britanniques font peser sur les territoires français obéissant au gouvernement de Vichy complique la situation. Les combats qui se déroulent dans les sables africains de Libye et d’Égypte, comme ceux qui se livrent dans la péninsule balkanique, rendent les liaisons de plus en plus aléatoires. Le 8 juin 1941, à l’aube, les troupes britanniques franchissent la frontière. Ayant mission de défendre l’Empire français contre quiconque, les troupes du général Dentz vont s’opposer à l’intrusion. C’est la guerre.

Engagé dans une campagne victorieuse en Libye et préparant une intervention en Grèce, le général Wavell ne souhaitait pas attaquer en Syrie et préférait entretenir de bonnes relations avec le général Dentz.

Le contexte politique et militaire

Depuis longtemps, le chef des Français libres redoute une mainmise de l’Axe sur les États du Levant, qu’il ne désespère pas de rallier un jour à sa cause. Le chef du gouvernement britannique partage ses inquiétudes. Les succès militaires allemands et italiens en Grèce et en Libye menacent toute la Méditerranée orientale, les possessions britanniques du Moyen-Orient, les champs de pétrole, le canal de Suez et la route des Indes.
Un événement va précipiter leur volonté de contrôler ces lieux. En avril 1941, un coup d’État éclate en Irak, royaume sous influence anglaise. Le nouveau maître du pays, fortement nationaliste et pro-allemand, proclame la guerre sainte contre le Royaume-Uni et réclame l’aide de l’Allemagne, qui décide de le soutenir. En raison de la distance, les avions des armées de l’Axe ont besoin de faire escale sur les aéroports de Syrie. Ils doivent transiter en zone française, ce qu’ils font avec l’autorisation du gouvernement de Vichy.

La décision Britannique d’attaquer la Syrie et le Liban fut prise à Londres le 20 mai 1941 à la suite d’intenses pressions des gaullistes qui mettaient en avant les risques d’intervention allemande en Irak. Toutefois, quand les opérations débutent le 8 juin, tout danger en Irak est écarté. Ce décalage entraînera de profondes incompréhensions de la part de l’Armée française stationnée au Levant.


Pour les Anglais et les Français libres, cet événement signifie que l’ennemi allemand est déjà dans la place. A leur avis, l’Axe sera maître de cette région en quelques jours. Le 14 mai, l’intervention militaire est décidée à Londres ; par souci politique, le général De Gaulle associe ses forces armées aux Britanniques, mais il se méfie des arrière-pensées de son allié ; l’avenir prouvera d’ailleurs qu’il n’avait pas tort. Les troupes du général Maitland Wilson, responsable des opérations, comprennent un nombre important de soldats du Commonwealth (Australiens et Indiens, notamment), persuadés pour beaucoup que c’est l’Allemand qu’ils vont combattre. Dans la division française libre, on trouve une unité de Légion : la 13e demi-brigade de Légion étrangère.
Quand la nouvelle de l’invasion est connue, le réflexe professionnel joue : il faut accomplir la mission fixée. L’armée du Levant a aussi une hantise : si elle n’oppose qu’une résistance symbolique ou ne réagit pas du tout, les Allemands pourront en tirer prétexte pour s’emparer de la zone restée non occupée en Métropole et même débarquer en Afrique du Nord, ce qu’il faut éviter à tout prix.
Les sentiments anti-anglais vont accroître le désir de riposte. La présence des « gaullistes » aux côtés des hommes de la « perfide Albion » exacerbe la rage de vaincre et le souci de ne pas laisser le terrain à ceux qui sont considérés comme des faux frères.
Pour les personnels du 6e REI, le problème ne se pose en ces termes que pour les cadres. Les légionnaires, « étrangers », ont des visions plus simples : obéissance aux ordres, respect de la parole donnée, souci de servir avec « honneur et fidélité ». Dans cette guerre qui verra des Français s’affronter, la Légion est, pour la première fois de son histoire, divisée entre deux camps rivaux. La chance voudra que, à une exception près, jamais légionnaires du « 6 » et légionnaires de la « 13 » ne se trouvent face à face.

Poste d’observation de la section Clément de la 6e compagnie du capitaine Deluy qui perdit 65 % de ses effectifs au cours d’un sanglant corps à corps à la grenade et à la baïonnette. Tous les survivants seront faits prisonniers par les Australiens.

Une défense difficile

Le premier jour des hostilités, le régiment du Levant totalise environ trois mille cinq cents hommes aux ordres du colonel Barre. A Homs, en Syrie, se trouvent l’état-major, la compagnie régimentaire et le 1er bataillon. Le 2e bataillon et le groupe d’artillerie sont à Baalbek. Située dans la banlieue de Damas, la ville de Mezzé regroupe les 3e et 4e bataillons, sauf la 15e compagnie qui stationne à Palmyre où, depuis longtemps, une unité de la Légion surveille les installations de pompage de l’oléoduc qui permet la circulation du pétrole irakien.
L’offensive du général Wilson se déroule selon deux directions principales. Dans un premier temps, ses forces en provenance de Palestine (comprenant aussi les Français libres) remontent du sud vers Beyrouth et Damas. C’est pour contrer cette avance que le plus gros du 6e étranger va opérer dans cette zone, principalement au Liban. Dans un deuxième temps, les Britanniques, ayant réussi à rétablir à leur profit la situation en Irak, se servent de ce pays pour pénétrer dans les zones orientales de la Syrie, visant particulièrement la vallée de l’Euphrate et Palmyre.
Dès le début de l’engagement, les légionnaires du 6e REI se trouvent répartis par bataillon sur l’ensemble du théâtre d’opérations, conformément aux plans de défense déjà établis, puis ils sont déplacés en fonction de l’évolution des combats dans les différents secteurs. L’état-major du régiment connaît lui aussi la même situation. Le chef de corps prend le commandement d’un groupement composé de légionnaires, de tirailleurs sénégalais, d’artilleurs autochtones et de spahis pour opérer au Liban. Le lieutenant-colonel Vias, commandant en second, prend la tête d’un groupement qui, placé initialement en réserve à proximité de Damas, est composé de tirailleurs algériens et marocains. Pour l’aider dans sa mission, il s’est adjoint quelques éléments du 3/6e REI. Ces quelques légionnaires isolés vont vivre, sans l’avoir voulu, une situation unique dans l’histoire des Képis blancs : ils seront les seuls à se trouver opposés aux légionnaires de la 13e DBLE.
L’éclatement du régiment sur le théâtre d’opérations explique le sentiment de grande confusion qu’éprouve le lecteur lorsque, pour la première fois, il se penche sur cette partie de l’histoire du 6e étranger au Levant. Cette narration ne cherche pas à donner une vision historique complète et globale de l’action du régiment pendant les mois de juin et juillet 1941.
Son but est tout simplement de montrer que les légionnaires et leurs chefs se sont battus en soldats courageux et héroïques, dans la grande tradition d'« honneur et de fidélité » qui caractérise les Képis blancs.



Le 1er bataillon à Djezzine

Affecté au groupement Barre, le 1er bataillon rejoint le front dans le secteur de Djezzine le 16 juin, avec pour mission de conquérir les débouchés de cette ville dès le 17.
Sous les violents tirs de barrage de l’artillerie australienne, le bataillon doit arrêter son mouvement et s’installer défensivement, alors que deux sections, engagées dans un ravin, sont décimées à quatre cents mètres de leur objectif. Les positions se figent. Les légionnaires vont devoir pendant plusieurs jours résister aux assauts répétés des Australiens, toujours précédés de tirs d’artillerie et de mortier très denses.
L’arrivée des engins et des mitrailleuses le 18 et le renfort de la 1re compagnie le 20 ne permettent pas de débloquer la situation. Les murettes de protection établies par les légionnaires n’ont pas résisté à la violence des tirs d’artillerie, ce qui donne la possibilité aux assaillants d’engager le combat au corps à corps dans les positions. Le 24 juin, l’attaque est repoussée au prix de lourdes pertes. Le lieutenant Lezitzki est mortellement blessé au cours de l’action. Le bataillon tiendra devant Djezzine jusqu’au 6 juillet. A cette date, il rejoint le secteur de Damour, sur la côte libanaise, où se trouve le 2e bataillon. Seule la 2e compagnie reste attachée au groupement Barre. Installée à Amatour, elle subit d’intenses bombardements jusqu’au 11 juillet, jour de la fin des hostilités.

La Marine fait l’impossible pour soutenir les troupes à terre mais elle fait face à forte partie. Venu au secours du Liban, le contre-torpilleur Chevalier-Paul a été torpillé. Son équipage
est secouru par le Valmy (dont le commandant Pierre Guiot a laissé des souvenirs téléchargeables en format pdf sur le site internet : http://www.philippe.tailliez.net).

Le 2e bataillon à Damour

Dès le début des hostilités, les compagnies ont quitté Baalbek en direction du sud. La section de commandement du bataillon, les 6e et 7e compagnies sont à Chtaura, alors que la 5e compagnie s’est installée à Rayak. Le premier jour des combats, la totalité du bataillon fait mouvement vers la côte pour s’installer, du 13 au 17 juin, dans le secteur de Damour. Cette position est d’une importance capitale et doit être tenue coûte que coûte, car elle commande les accès vers Beyrouth. Officiers, sous-officiers, caporaux-chefs, caporaux et légionnaires « mettent la main à la pâte » pour organiser les installations de défense de cette bande côtière, dominée par des hauteurs.
Le 18 juin, la marine britannique, installée au large, canonne au gros calibre les positions du bataillon. Ce pilonnage impressionnant et efficace dure vingt jours ; à partir du 22 juin, il est renforcé par l’artillerie terrestre.
Les légionnaires résistent activement. Dans la nuit du 5 au 6 juillet, le déluge de fer et de feu s’intensifie encore. L’adversaire veut en finir. En cinq heures, trente mille obus vont s’abattre sans discontinuer sur les défenses et bouleverser totalement le terrain. A l’aube, suivant au plus près le barrage d’artillerie, l’infanterie australienne se lance à l’assaut.
La 6e compagnie reçoit le choc principal ; à court de munitions, les légionnaires succombent après un sanglant combat à la baïonnette et à la grenade. Tous les survivants seront faits prisonniers, la compagnie a 65 % de ses effectifs tués ou blessés. La même défense héroïque se rencontre à la 7e compagnie, qui rejette l’ennemi hors de ses positions. La 5e compagnie, implantée à proximité du P.C., connaît les mêmes souffrances et déplore la mort du lieutenant Lesueur. Alors que l’ennemi se replie après un nouvel assaut infructueux, le clairon, à la demande du commandant de bataillon, joue le Boudin, et des légionnaires entament le Chant du départ, debout sur le parapet des positions de défense.
Le courage et l’abnégation de tous auront raison de la ténacité de l’adversaire. Son attaque massive est brisée, les Australiens doivent se replier. Les légionnaires reprennent toutes les positions assignées au début de l’action.
Cette victoire, coûteuse en vies humaines, sera malheureusement sans lendemain. A partir du 8 juillet, le bataillon doit, sur ordre, se replier sur les crêtes situées au nord de Damour et céder sans combattre le terrain si chèrement défendu.

Le 3e bataillon à Merdjayoun

L’ouverture du conflit provoque le déplacement du 3e bataillon vers Kissoué afin de couvrir Damas par le sud. Dans la nuit du 8 au 9 juin, deux sections de la 11e compagnie engagent le feu avec l’ennemi près de Cheikh Meskine. Elles découvrent après quelques instants de combat qu’il s’agit de Français : ceux de la division française libre du général Legentilhomme. Dans cet affrontement extrêmement pénible contre le bataillon d’infanterie de marine, les légionnaires déplorent leurs premières pertes, et décrochent.
Le 14 juin, le 3/6e REI se trouve à Merdjayoun. Le sous-groupement dans lequel il est intégré doit absolument tenir cette position clé du Sud Liban qui verrouille la vallée du Litani. Dès le 15 juin, le bataillon se sépare de la 11e compagnie, qui reçoit pour mission de renforcer les troupes de la garnison de Djezzine.
Réduit à deux compagnies, le bataillon défend farouchement Merdjayoun que l’ennemi veut reconquérir. Le 17, la 9e compagnie repousse un assaut. Deux jours plus tard, les Australiens lancent une attaque générale, soutenue par l’artillerie. Installés dans la citadelle, les légionnaires de la 10e compagnie résistent. Ceux de la 9e luttent pied à pied dans les rues et les maisons, où l’on se fusille à bout portant.
Une section voit tous ses hommes tués à leur poste. Le sous-lieutenant Schluter tombe lors d’une contre-attaque. Pendant deux heures, le P.C. du bataillon est encerclé, mais les tentatives de l’ennemi pour s’en emparer sont repoussées.
Finalement, l’ennemi renonce, laissant, outre ses morts, quatre-vingts prisonniers aux mains de la 9e compagnie.
Le 20 juin, les légionnaires fouillent maisons et jardins pour chasser les isolés qui s’y maintiennent encore. Trois jours durant, ils tiennent leurs positions sous des tirs de harcèlement, jusqu’à ce que l’ordre de repli leur parvienne. Sur ses positions successives, le bataillon résiste aux attaques le 27 juin, puis, les 6 et 10 juillet. Les combats s’interrompent dans la nuit du 11 au 12.
Une chenillette Bren appartenant à une unité indienne roule sur la route de Damas. Devant elle un char français mis hors de combat.


Le 4e bataillon au Liban et à Damas

Le 9 juin, le 4e bataillon, moins la 15e compagnie, qui se trouve à Palmyre, se porte sur la côte libanaise, où il parvient le lendemain. Mission lui est donnée de barrer la route de Saïda (l’ancienne Sidon des Phéniciens) en s’établissant en bouchon à une dizaine de kilomètres au sud, à Hassaniyé, et d’en organiser un autre à Adloun, douze kilomètres plus bas.
Arrivée sous le feu à Adloun dans la nuit du 10 au 11 juin, la 13e compagnie subit rapidement un premier assaut de la part des Australiens. Repoussés, ces derniers reviennent à la charge au petit jour, soutenus par un copieux bombardement d’artillerie terrestre et navale.
Encerclés, pilonnés, attaqués par des chars, les légionnaires résistent avec acharnement avant d’être submergés dans cette lutte inégale contre toute une brigade. Le 11, à midi, c’est au tour des Képis blancs d’Hassaniyé de recevoir le choc. Leur résistance obstinée oblige l’ennemi à remettre son assaut général au lendemain. Le 12 juin au matin, il attaque.
Cinq heures durant, les légionnaires tiennent sous un feu d’enfer, privés de moyens modernes de défense. Bientôt pris à revers, les hommes de la 14e compagnie et de la SCB succombent, sauf quelques isolés qui rejoignent les lignes à la nuit.
Ces deux combats réduisent l’effectif de l’ensemble à la valeur de deux sections qui, dirigées sur Damas le 16 juin, sont aux avant-postes jusqu’au 18. Squelettique, le bataillon est alors chargé de défendre Mezzé, à l’ouest de la capitale syrienne.
Le 20 juin, une section forte de vingt-six hommes s’empare d’une ferme tenue par l’ennemi. A un contre treize, ils forcent les défenseurs à capituler : trois cents Britanniques sont faits prisonniers. En même temps, soixante-trois soldats français retenus prisonniers sont rendus à la liberté.
Le 30 juin, ce qui reste du 4/6 REI est regroupé à Homs. Le 2 juillet, la 13e compagnie est reconstituée et envoyée sans attendre à Forklos, sur la route de Palmyre, pour s’opposer à la progression de l’ennemi venant de l’est. Les 9 et 10 juillet, elle engage le combat. L’évolution générale des opérations entraîne rapidement son repli sur Homs, où elle se trouve quand intervient l’armistice.

En France, le gouvernement cherche à expliquer à l’opinion une politique complexe d’équilibre entre des impératifs contradictoires : ne pas inquiéter les Anglais, ne pas fâcher les Allemands.

La 15e compagnie à Palmyre

Cette unité du 4e bataillon mérite une place à part en raison de la situation excentrée qu’elle occupe par rapport au centre de gravité des opérations et du rôle glorieux qu’elle a tenu dans les combats. Installée à Palmyre, elle partage les lieux avec une compagnie de méharistes et un détachement d’aviation (en raison de la présence d’une base aérienne). Une de ses sections implantée à cent kilomètres à l’est de la ville, assure la garde de la station de pompage T.3 sur l’oléoduc de l’IPC.
La garnison de Palmyre ne prendra contact avec l’ennemi venant d’Irak que le 21 juin. Depuis le 8 juin, les journées sont mises à profit pour renforcer les défenses. Les combats commencent par un violent bombardement de l’armée anglaise. La résistance déterminée des Français oblige l’ennemi à renforcer ses moyens de jour en jour.
Attaques, contre-attaques et coups de main de nuit se succèdent sans relâche. Le 29 juin, les troupes britanniques encerclent la place. Le 30, la lutte s’intensifie encore. Appuyé par des tirs d’artillerie et par un bombardement aérien, l’ennemi s’infiltre autour des points d’appui, que la garnison défend avec acharnement. Dans les ruines antiques, l’assaillant finit par être culbuté, abandonnant tués, prisonniers, armes et munitions. Le soir, une nouvelle tentative de sa part n’a pas plus de succès. Le 2 juillet, les munitions sont en voie d’épuisement. Assuré qu’il ne pourra être secouru, le commandant de la place décide de cesser la résistance. Pour sa conduite exemplaire, la garnison recevra le 3 juillet une citation à l’ordre de l’armée.
Quant à la section de légionnaires isolée à la station de pompage, son comportement n’est pas moins valeureux. Commandée par un adjudant, elle compte un effectif de vingt-deux hommes et dispose de dix jours de vivres. Pour ces légionnaires, le 21 juin marque le début de l’épreuve. L’après-midi, une colonne de quarante-cinq véhicules arrive en vue de la position. Les fantassins, soutenus par de l’artillerie et des mortiers, ne peuvent emporter la décision. Les jours suivants, tous les assauts seront encore repoussés.
Le 24 juin, une petite colonne amie (huit blindés et quatre camions) venue de Deïr-Es-Zor dégage provisoirement le poste, mais doit se replier. Les Anglais sont environ deux cent cinquante, soit un contre dix. Pourtant, ils sont une fois de plus repoussés. Découragé, l’adversaire cesse ses tentatives de vive force jusqu’au 5 juillet, mais ne quitte pas ses positions. Le commandement adverse adresse un ultimatum et apprend aux légionnaires la chute de Palmyre et celle de Deïr-Es-Zor. Sans vivres ni munitions, l’adjudant rend compte par radio au général commandant la région. Ce dernier prescrit l’évacuation et le repli sur Meskène, repli qui s’effectuera évidemment à pied, en terrain quasi désertique. Jugeant la chose irréalisable, le chef de section choisit la reddition sous conditions. Tout l’armement sera détruit, ses hommes seront autorisés à conserver leurs bagages et leurs effets personnels.
Le colonel britannique accepte sans aucune réserve. Le 6 juillet au matin, l’ennemi prend possession du poste devant lequel il piétinait depuis deux semaines, tenu en respect par vingt-deux braves.
 

L’embarquement des troupes pour la France se fait en bon ordre, sous la surveillance discrète des Australiens qui interdisent l'accès des quais aux gaullistes.

Le groupe d’artillerie

En quittant ses quartiers de Baalbek, l’unité voit ses trois batteries réparties au gré des besoins. La 1re, affectée au groupement Barre, est envoyée à Djezzine. Elle appuie de ses tirs les actions du 1er bataillon pendant tout le temps où ce dernier opère dans le secteur.
De leur côté, les 2e et 3e batteries sont envoyées vers Beyrouth, puis vers Saïda. Le 13 juin, elles sont au contact de l’ennemi au sud de cette dernière ville. Prises à partie par l’artillerie ennemie (terrestre et navale), elles appuient de toutes leurs pièces la défense des positions, canonnant les rassemblements repérés, bloquant les attaques par des tirs d’arrêt, réduisant une batterie adverse au silence. Seuls, les navires anglais qui canonnent depuis le large sont invulnérables. Dans la nuit du 14 au 15, elles reçoivent l’ordre de repli. A partir du 17 juin, les trois formations connaissent diverses implantations.
La 1re batterie, revenue à Chtaura, part pour Neteck, où elle est engagée du 28 juin au 1er juillet. Elle rejoint Alep le 3. Dans la nuit du 8 au 9, elle exécute un spectaculaire coup de main contre les unités indiennes qui ont occupé Rakka, sur l’Euphrate. Parcourant cent cinquante kilomètres dans l’obscurité, les légionnaires artilleurs arrivent sur les positions ennemies au petit jour, les arrosent de projectiles et se replient sans aucune perte après avoir semé une panique générale.
La 2e batterie est envoyée dans le secteur de Damas jusqu’au 27 juin. Elle opère dans la zone de Machgara du 30 juin jusqu’à la fin de la lutte, barrant la vallée du Litani à l’ennemi.
Quant à la 3e batterie, elle se trouve à Chtaura le 21 juin, puis relève la 2e dans le secteur de Damas le 27. Jusqu’à la fin des combats, elle continue sa mission de soutien des unités d’infanterie. Elle perd le lieutenant Lagrange, tué dans la nuit du 10 au 11 juillet.
L’embarquement des troupes pour la France se fait en bon ordre, les légionnaires du 6e REI ont conservé un moral et une cohésion à toute épreuve.

Le 16 août 1941, le régiment quitte le Liban. Sur le quai, une section d’infanterie australienne rend les honneurs.

Les derniers jours en Orient

Le 11 juillet à minuit, le cessez-le-feu entre en application. Les différentes formations du 6e REI se regroupent les 13 et 14 juillet dans les zones qui leur ont été assignées.
La convention d’armistice signée le 14 juillet à Saint-Jean-d’Acre (Palestine) entre les Britanniques et les Français accorde aux soldats du Levant les honneurs de la guerre, le maintien des unités, avec leur encadrement, en formations constituées, la garde de l’armement individuel. L’armement lourd et le matériel sont livrés aux vainqueurs. Les soldats français pourront opter pour le rapatriement à bord de bateaux français. Le 20 juillet, tous les bataillons du 6e étranger sont regroupés dans la région d’Antoura. Le 31 juillet, le 4e bataillon, dont il ne subsiste qu’une compagnie, est dissous.
Entre-temps, le général De Gaulle a pu obtenir de ses alliés que soit proposée aux troupes du Levant la possibilité de rejoindre ses forces. Quelques légionnaires du « 6 », prisonniers. de guerre, ont d’ailleurs déjà effectué cette démarche et intégré la 13e DBLE.
Le 9 août, le régiment gagne Damour, ce qui lui permet au passage d’inhumer les morts du 2e bataillon tombés un mois auparavant. Certains étaient restés sans sépulture, d’autres n’avaient eu droit qu’à un enfouissement hâtif de la part des Britanniques. Le 12, le régiment est regroupé au camp T.4, près de Beyrouth. Deux jours après se déroule la séance solennelle, d’option. Colonne par un, légionnaires en tête, ensuite les caporaux, puis les sous-officiers et enfin les officiers, le régiment passe devant des officiers australiens avant de sortir par l’une des portes marquées : « Pétain » ou « De Gaulle ». Ce jour-là, seuls trois légionnaires choisissent les Forces françaises libres.

Après une brève captivité aux mains des Britanniques, le général Dentz est libéré grâce à des interventions diplomatiques.A son arrivée à Marseille il est accueilli par le général Laure et par une foule enthousiaste de Marseillais.

Le 16 août à 17 heures, l’Explorateur-Grandidier lève l’ancre dans le port de Beyrouth. Il emporte le 6e régiment étranger d’infanterie vers le sol de France et vers un nouveau destin. La musique du régiment joue la Marseillaise et le Boudin, tandis que, sur le quai, un détachement australien est venu rendre les honneurs. Au cours de cette campagne, deux cent cinquante légionnaires de tout grade sont tombés au champ d’honneur et six cents blessés ont clairsemé les rangs du régiment.
Après y avoir servi pendant vingt ans, la Légion quitte le Levant.

En octobre 1941, l’amiral Darlan, vice-président du Conseil, fait le général Dentz grand-officier de la Légion d’honneur pour son rôle au Levant. Patriote sincère, cet officier général sera
la victime d’enjeux politique qui le dépassaient. Condamné à mort par la Haute Cour de justice en avril 1945, sa peine sera commuée en prison à vie le 24 octobre suivant. Le général Dentz n’en profitera pas car il meurt de froid et de privations à Fresnes le 13 décembre 1945.

La dissolution

Le 23 août 1941, le 6e REI, réduit à trois bataillons et au groupe d’artillerie, totalisant un effectif de mille deux cents hommes, débarque à Marseille. Les autres, on l’a vu, sont morts au champ d’honneur, sont en convalescence dans les hôpitaux ou captifs, ou ont rallié les F.F.L. La cité phocéenne réserve une réception chaleureuse à ces combattants revenant d’outre-mer.
Le 24 août, à 23 heures, le train emportant le régiment vers Pau quitte la gare maritime. Le 25 août, le 6e au complet défile dans la ville, devant une foule qui n’avait pas vu de légionnaires depuis… 1839, année où le 4e bataillon de la Légion étrangère y avait été formé avec des réfugiés politiques espagnols.
Le 6e étranger doit cantonner au camp d’Idron, à six kilomètres de la ville. Le 31 août, faute d’effectifs, le 3e bataillon est à son tour dissous, sort que subit également le groupe d’artillerie le 15 septembre. A la fin du mois d’octobre, le colonel Barre quitte le régiment qu’il a vu naître pour aller prendre le commandement du dépôt commun des régiments étrangers. Il est remplacé par le lieutenant-colonel Delore. Fin novembre, le régiment reçoit l’ordre d’embarquer pour l’Afrique du Nord. Le 1er janvier 1942, le 6e régiment étranger d’infanterie est dissous. Son drapeau est déposé au musée de la Légion à Sidib bel Abbes.
Après deux ans d’une courte existence, le 6e étranger disparaît pour quelques années. Son sacrifice à Djezzine, Damour, Merdjayoun ou Palmyre, lui a permis de rejoindre dans la gloire les anciens de Camerone et de Musseifre. Les faits d’armes des légionnaires du Levant sont à la hauteur de la réputation des Képis blancs, ils ne ternissent pas leur prestige. Cette page d’histoire militaire méritait bien qu’on la sortît de la discrétion.
Certains officiers, sous-officiers et légionnaires de l’ex-6e REI poursuivront glorieusement la lutte pour la victoire finale dans les rangs d’autre corps de Légion étrangère. La Légion continue.

Tibor Szecsko

Combattant de la liberté de la révolution hongroise de 1956, Tibor Szecsko quitte son pays pour échapper à la répression communiste. Il rejoint la France où il s’engage dans la Légion trangère en 1958 comme simple légionnaire. Il est affecté en Algérie successivement au 1er REI, puis au 3e REI. Tibor Szecsko rentre en France avec le 3e BMLE dans le cadre de la préparation de l’installation de la Légion à Aubagne. Il rejoint ensuite le 4e REI au Sahara puis le Ier REC à Bou Sfer. Il termine sa carrière au musée de la Légion dont il sera conservateur durant une quinzaine d’années.

Cette photographie résume tout l’esprit de la Légion quand les légionnaires n'étaient pas des mous du genou. Le 29 octobre 1989, sur la tribune d’honneur, les anciens du régiment du Levant assistent à la prise d’armes du 6e REG. A gauche, alors âgé de 99 ans, le général Barre, ancien chef de corps du 6e REI. Au centre : le colonel Jacquot, capitaine en 1941, il était le chef d’état-major du 6e REI. C’est notamment lui qui a organisé la difficile séance du choix après les combats. Par la suite, il a longtemps servi la Légion et a commandé le 2e REI de 1953 à 1956.
A droite, le général Pépin Lehalleur, sous-lieutenant puis lieutenant au IVe bataillon formant corps du 1er REI et au 1er bataillon du 6e REI, il sera blessé gravement le 4 juillet 1941. Souhaitons qu’un jour la mention
« Levant 1941 » soit ajoutée au drapeau du Ier REG pour

que ne soit pas oubliée la conduite héroïque des légionnaires
du Liban et de Syrie.




La Légion étrangère en Indochine, 358 p., ill., biblio., Edi-Cats 1989.
La Légion, une légende en marche : Ier Étranger de cavalerie, 128 p., photogr. de Daniel Riffet et Ier REC, Atlas 1990 et 1994.
Le Grand Livre des insignes de la Légion étrangère, 214 p., ill., Institution des invalides de la Légion étrangère, 1991.
La Légion, une légende en marche : 6e étranger de génie, 128 p., photogr. de Daniel Riffet et 6e REG, Atlas 1991.


Quelques photos des archives australiennes

Après l’armistice, ce camp de prisonniers français affiche son attachement à la personne du maréchal Pétain.
Au large des côtes du Liban, combat de nuit entre la Marine nationale et la Royal Navy.
Une formation de Blenheim de la Royal Air Force largue ses bombes au-dessus du QG du général Dentz.
Les soldats français attendent leur tour devant une commission auprès de laquelle ils auront la possibilité d’opter entre De Gaulle et Pétain.
Un officier australien a astucieusement transformé ce char français immobilisé en observatoire d’artillerie.
Durant les négociations d’armistice, les troupes australiennes fraternisent avec leurs adversaires de la veille.
Le général Dentz arrive sous bonne garde à Jérusalem, contrairement à ce qui avait été convenu. Il sera libéré rapidement.
F
ace à face tendu entre le général Catroux (à gauche), représentant de la France libre et le général Verdilhac (à droite) commandant l'Armée française au Levant.
Au cours du vol de retour, l’équipage est radieux : il pense avoir mis hors de combat le général Dentz. Grave erreur !
s
La ferme d’Adloun après sa capture par les Australiens.

Lettre à Madame MANDROUX suite à la deuxième invitation pour les cérémonies du 19 mars.

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COMITÉ D’ENTENTE DES ASSOCIATIONS DE COMBATTANTS

DE l’HERAULT

 

Président

Jean RABAGLIA                                                                                                                  

Madame Hélène MANDROUX

Maire de Montpellier

1 place G. Frêche

34064 MONTPELLIER Cedex 2

 

Montpellier, le 8 mars 2013

Madame le Maire,

Vous avez bien voulu nous inviter à nous associer à la cérémonie organisée pour la « Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. » mais nous ne participerons pas, ni cette année ni les années suivantes.

D’autre part nous somme très étonnés de la modification que vous avez apportée à la nouvelle invitation reçue ce jour. Dans cette invitation vous signalez que "les Associations d’’Anciens Combattants et Victimes de Guerre vous prient de bien vouloir assister etc.…" nous vous rappelons  que seulement deux associations (FNACA et ARAC) dont les noms figuraient sur le premier envoi, sont vos partenaires dans cette invitation et non le monde combattant de l’Hérault. Il convient donc  de rectifier votre invitation, car nous pensons que les termes utilisés ne sont pas le reflet des Associations du monde Combattant de l’Hérault.

En effet, comme 1,2 millions de nos compatriotes représentant, au sein du Comité d ‘Entente, pas moins de quarante cinq associations patriotiques et non des moindres, nous avons toujours été opposés au choix de cette date pour cette journée du souvenir.

Il est à noter, à cet égard qu’aucun des présidents de la Vème République, pas même Monsieur Mitterrand, n’avait jusqu’à l’élection de Monsieur Hollande, cru bon de la retenir, sachant qu’elle diviserait profondément les Français et c’est bien le cas.

En effet, si, au lendemain de la signature des accords d’Evian, elle marque officiellement avec le cessez-le-feu,  la fin de la guerre en Algérie, elle est aussi le début d’un long calvaire pour des milliers de nos frère d’armes, les harkis, engagés à nos côtés qui ont été enlevés, torturés, pour également des milliers de nos compatriotes, femmes, enfants, vieillards, qui ont subi des violences meurtrières qui les ont poussés à l’exil dans le dénuement le plus complet . Le FLN n’a en effet nullement respecté les accords d’Evian et, honte à nous, le gouvernement de la France n’a rien pu ou voulu faire pour s’y opposer.

En outre, choisir cette date dont l’Algérie a fait sa fête nationale, c’est particulièrement cynique et offensant pour tous ceux  des nôtres qui, en Algérie, ont fait le sacrifice de leur vie d’autant que l’Algérie est toujours dirigée par ce parti qui a bafoué les accords d’Evian et  que ce pays doit être le seul, le saviez-vous, dont l’hymne national s’en prend nommément, dans un de ses couplets à un pays, en l’occurrence le nôtre dont nous vous rappelons ci-dessous les paroles :

Hymne national algérien

3e couplet

« O France, le temps des palabres est révolu

Nous l’avons clos comme on ferme un livre

O France, voici le jour venu où il faut rendre des comptes !

Prépare-toi ! Voici notre réponse

Le verdict, notre révolution le rendra.

Car nous avons décidé que l’Algérie vivra.

Soyez-en témoins (ter) »

Nous continuerons, bien sûr,  en revanche, à assister aux cérémonies commémoratives et principalement celle  du 5 décembre.

Je vous prie, Madame le Maire, de croire à l’expression de ma considération distinguée.

 

Jean RABAGLIA


COMMUNIQUÉ de l'ASAF relatif au 19 mars

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Jeudi, 07 Mars 2013 15:00

La loi n°2012-1361 du 6 décembre 2012 relative à la reconnaissance du 19 mars 1962 a instauré à cette date une « journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ».

L’ASAF a pris acte du vote récent de cette loi qu’elle déplore ; en effet, la date retenue, qui n’a aucune signification pour les combattants du Maroc et de Tunisie, est une source de division profonde parmi les Français, en particulier ceux qui ont combattu ensemble en Algérie.

Il s’avère d’ailleurs que, tout en conférant à la commémoration de la date du cessez-le-feu en Algérie un aspect légal, cette loi ne supprime pas celle du 5 décembre qui demeure pour l’ASAF, la seule journée nationale d’hommage. Le texte n’oblige donc personne à participer aux manifestations qui pourraient être organisées le 19 mars, d’autant que cette date est célébrée en Algérie, comme une victoire du FLN sur l’armée française !

Toute participation aux cérémonies qui pourraient être organisées par les autorités nationales ou locales constituerait dans ces conditions une injure à la mémoire des dizaines de milliers de civils, de soldats et de harkis massacrés et disparus après le 19 mars 1962. L’ASAF demande donc à ses membres de ne pas s’y associer.


La Légion a 182 ans.

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Dimanche 10 mars 2013

Il faut bien reconnaitre que notre ami Antoine n’est pas un homme simple et quand il expose une idée ou décrit un événement, il faut suivre son développement pour  comprendre ce qu’il   a bien voulu nous transmettre comme message…

Nul doute, aucune critique possible, le meilleur exemple est présenté avec cette lettre d’ailleurs n°99. “99” pour ne pas faire 100, comptabilité de supermarché.

Pensez donc, à la lecture du billet qui est un bon « clin d’œil-souvenir » à la loi du 9 mars et au décret du 10 qui précisent la création de la Légion étrangère, notre ami nous parle d’un Saint Antoine non fêté en comparaison avec Saint Michel, Saint Georges et Sainte Barbe. Ensuite, est évoquée la mort du capitaine Gheysens, illustre prédécesseur de notre ami à la tête de “Képi Blanc” et le décès au combat du légionnaire Verhegen à Scoura au Maroc.

Le cheminement intellectuel de notre ami Antoine peut surprendre mais il faut bien reconnaitre qu’il reste parfaitement cohérent, il parle des éphémérides légionnaires liées à ces dates, car les trois événements ont eu lieu un 9 mars. Décidément, Antoine, il faut le suivre et ce qui parait bien clair pour lui ne le devient pour moi qu’après un peu de recul et de réflexions qui confirment mes limites à comprendre et  à apprécier la subtilité cachée au fond d’un propos anodin. 

Bonne lecture et merci, cher Antoine, d’évoquer cet important événement qui passe “presque” inaperçu.

Christian Morisot

 

Par loi du 9 mars 1831 et le décret du lendemain, Louis Philippe, roi des Français, sous l’impulsion du Maréchal Soult, son ministre de la guerre, créait la Légion étrangère. La date de cet important événement passe presque inaperçue. Ici ou là,  nous trouvons quelques lignes, dans un blog, en quelque rare journal inspiré, Képi blanc, et plus rien.

De même, nous fêtons Saint Michel, Saint Georges, Sainte Barbe avec une certaine ferveur laïque, pour nous assurer leur céleste bien qu’improbable protection, Saint Antoine, saint patron de la Légion toute entière, est évoqué à certaines occasions mais n’est pas fêté. Est-ce parce que, devenu ermite, il ne fréquentait  que des cochons ? Bien que d’un goût douteux,  il assurait l’ordinaire. Comme il n’y avait pas d’associations combattant le racisme et surtout l’atteinte aux symboles religieux (!), le saint vivait peinard en terre d’islam sans que personne ne vienne lui chercher noise. Certains confondent ce saint Antoine-ci, dit le Grand, ou d'Égypte, du 17 janvier, avec cet autre saint Antoine, dit de Padoue parce qu’il y est mort (XIIe siècle), qui  serait sans doute plus symbolique par le fait de ses origines étrangères. Il est né à Lisbonne. La statuaire et l’imagerie populaire le représentent toujours avec le petit Jésus dans les bras… à plus d’un millénaire d’écart… Mais il n’y a que la foi qui sauve. Ce franciscain n’a vécu que 36 ans, pourtant, il était maître de doctrine spirituelle  - une sorte de directeur de la congrégation pour la foi dans la curie romaine d’aujourd’hui, mais chez les franciscains – prédicateur, thaumaturge et canonisé un an à peine après sa mort.  Plus  fort que Jean-Paul II.

Mais ces saints Antoine, l’un comme l’autre sont presque sans intérêt. Le premier parlait aux cochons dans le désert, le second s’adressait lui, aux poissons… ce qui nous semble une drôle d’idée. Aucun des deux ne terrassait le dragon du mal en vol piqué tel un faucon ou sur un fier destrier... Quant à Barbe, elle avait aussi son  côté thaumaturge. En invoquant le feu du ciel contre son père qui lui avait fait couper les seins et promener nue, imaginez... dans les rues de Nicomèdie (actuelle Izmit), elle l'a guéri d'un seul coup. Vlan!

Enfin, tout cela pour vous dire que ces saints ne sont pas fêtés, et seul saint Antoine le Grand réussit l’exploit de faire se réunir les officiers ayant porté le képi blanc tous les 17 janvier. Jusqu’à quand ? Ce saint est déjà de la vieille histoire… nous verrons.

Certains membres du groupe Facebook « Le poste de sécurité » ont, par bonheur, décidé de publier régulièrement des éphémérides  légionnaires. Cela est très intéressant, je pense à Voisson, Touratier, Remy, Olin...

C’est ainsi que le premier de ces quatre nous a rappelé la disparition du capitaine Gheysens, mon illustre prédécesseur à la tête de Képi blanc, tué à l’ennemi à la tête de sa compagnie le 9 mars 1950, trois ans après la création du magazine, et évoqué la mort du légionnaire Verheyen à Scoura (Maroc), le 09 mars 1923 qui, atteint de quatre balles, a eu le courage de mettre l’ennemi en fuite et la force de caractère et la force physique de déclarer à son capitaine : « Mon capitaine, j’ai fait mon devoir, ils n’ont pas eu mon fusil » avant de succomber.

Et par saint Antoine, vive la Légion.

Antoine Marquet

 Antoine


Fashion week au Mali.

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Jeudi 7 mars 2013

Il y a quelque  temps… déjà…

Un particularisme légionnaire faisait que les hommes affublaient souvent leurs chefs d’un surnom.  Appréciés ou détestés,   bonhommes ou véritables monstres qui inspiraient une forme de terreur,   certains étaient désignés par leurs seuls prénoms. Ainsi, Marcel pour Letestu, Robert pour Lardry, Raoul pour Forcin, Jean-Claude pour Coullon, Bob pour Rideau, etc…

C’est précisément ce que je faisais découvrir au général Letestu, lors d’un dîner qui nous regroupait à Gémenos.

Convive exceptionnel, doté d’un réel talent au service d’une vraie qualité de conteur, le Général nous disait mille et une anecdotes, toutes plus passionnantes les unes que les autres, glanées dans sa fidèle mémoire - qui n’avait rien à voir avec une fertile imagination -, là où étaient stockés ses plus marquants souvenirs militaires. Nous étions envoutés, comme sous hypnose… il ne jouait pas à l’ancien  raconteur de campagnes, il disait simplement, sentant l’auditoire intéressé.

Ce que nous raconte Antoine est parfaitement vrai; notre Général avait acquis une fabuleuse réputation de  « piétineur de bérets » et il devenait rouge furieux à la vue des tenues de combat  retaillées près du corps. Dans ces moments-là, il ne mâchait pas ses mots, précisant si besoin était: “qu’un légionnaire n’avait pas besoin de ressembler à un danseur étoile pour être efficace…” Ceux qui ont subi ses inspections s’en souviennent encore.

Notre ami Antoine se place ici ouvertement dans le rôle ingrat du “donneur de leçon”, il a la particularité de dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas et comme il n’a pas sa plume dans ses chaussettes, ni dans son foulard, il s’exprime dans un français plus que correct, de quoi, parfois, être gênant, énervant, insolent mais combien clairvoyant.

Tu as raison Antoine de soigner tes maux de tête en perçant un abcès… pense à la saignée, traitement qui, en son temps,   avait ses adeptes…

 

Les rangers dans le plat et le foulard du légionnaire

 

Je vais sans doute être taxé de conservatisme, on me traitera de vieux réac, voire de vieux schnock qui ne comprend rien à la modernité, alors que j’ai un téléphone portable et un ordinateur… c’est vous dire ! Il est vrai, je le reconnais, que je ne porte pas de pantalons avec la braguette à hauteur des genoux et je ne m’agite pas au cours de Harlem shakes infernaux ; de surcroît, de quoi je me mêle ?

Mais j’en appelle aux mânes augustes du général Letestu, au sujet duquel beaucoup s’interrogeaient quant à l’origine de son dada connu de tous les anciens: le port réglementaire d’une tenue tout aussi réglementaire. Il me l’avait expliquée un soir, au cours d’un dîner, dans un bistrot de Gémenos en présence de notre ami Christian.

En Indochine il avait vu une troupe se faire hacher menu par des tirs de mortier amis, méprise provoquée par la tenue des hommes composant cette troupe, habillée de bric et de broc. Déjà bien rigoureux dans tous les domaines, sa conviction de la nécessité de s’en tenir à la tenue réglementaire s’était encore renforcée.

Il y a quelques semaines, un reportage de France24 en Afghanistan, nous montrait un sergent d’un de nos régiments en opération, affublé d’un foulard du type de celui cher à Yasser Arafat. Communément connu par son nom moyen-oriental : Keffiyeh, il se décline en rouge et blanc pour les Jordaniens, et en noir et blanc pour les bédouins ! J’en doute fort, mais si d’aventure ce sergent – qui le portait noir et blanc – est d’origine bédouine, il faudrait lui rappeler que la Légion étrangère a connu l’amalgame des origines, depuis le colonel Bernelle ! 

Plus récemment, la France entière a commenté ce qu’il est convenu d’appeler la ridicule «affaire du foulard » ! Cette fois-ci, le dévolu était jeté sur un légionnaire cavalier que l’Agence France Press n’a pas épargné. L’état-major, nous a fait savoir qu’il allait sévir ! Des enquêtes ont été diligentées générant la risée de la France entière. Les réseaux sociaux se sont enflammés, des groupes de soutien à notre légionnaire se sont créés, les plus extravagantes rumeurs ont circulé, mais l’état-major, nous rappelant les plus belles heures de la littérature de Dorgelès et des journaux de tranchée, restait inflexible :– « Vous allez voir ce que vous allez voir soldat, je vous fiche mon billet ! Vous serez de patrouille ce soir et vous creuserez la sape pendant trois jours ! Allez dégagez et que ça saute ». Ce foulard-ci n’était pas un keffiyeh… il affichait une tête de mort sans connotation morbide, image empruntée à un jeu vidéo…

Aujourd’hui c’est un reportage de Mathieu Mabin, ancien légionnaire et ancien marsouin, qui m’a fait voir rouge, ou plutôt noir et blanc , et fait sursauter le général Letestu dans sa tombe ! Les   parachutistes s’étaient rendu maîtres d’une zone du Hadrar des Ifhogas dans le nord du Mali. Belles images et commentaires mettant en valeur, à juste titre,  nos légionnaires, interviews... L’un des hommes interviewés, face caméra, portait sous son casque  un keffiyeh de bédouin, du plus bel effet, qui lui descendait jusqu’au cou! Se sentait-il une âme de Lawrence d'Arabie?

 Je sais, je sais, les conditions sont terribles… il est facile de critiquer derrière son clavier, etc… Nous connaissons le refrain !

Mais pourquoi ne pas utiliser un chèche réglementaire ou quelque chose pouvant se confondre avec la tenue ?   Nous savons tous le symbole politique qui s'attache au port de ce foulard... Et la hiérarchie de contact, attend-elle que les gens du boulevard Saint Germain se réveillent?  Car,si chacun donne libre cours à sa fantaisie en matière de tenue, c’est le général Bourbaki qui devra reprendre du service alors que nous ne sommes pas près, par manque de crédits et d’intérêt géostratégique, de recréer l’Armée de l’Est. Alors, en attendant, vous me ferez trois jours!

Antoine Marquet

Antoine


« Le Point », Rufin, Mali.

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Communiqué du 5 mars 2013

Dans un récent éditorial de l’hebdomadaire « Le Point », Jean-Christophe Rufin dénonce l’inexpérience et l’incompétence africaine de tous les dirigeants politiques concernés et de leurs conseillers civils, sans exception: président de la République, ministres des Affaires étrangères et du Développement, diplomates et fonctionnaires de ces ministères !
Aussi, compte tenu de « la grande faiblesse du pouvoir politique dans la conduite de cette opération » au Mali, il estime devoir mettre en garde contre le danger de laisser les militaires « prendre les décisions ».

 

L’ASAF s’étonne que l'auteur de « Katiba » se laisse aller à des déductions aussi hâtives qu’erronées.
Elle se permet de rappeler à monsieur Rufin qu’il appartient au pouvoir politique de fixer les buts de guerre en s’entourant des conseillers qu’il souhaite.
Il revient alors aux militaires de « faire la guerre » ainsi décidée. C’est ce qu’ils ont fait hier et ce qu’ils font aujourd’hui avec rigueur et méthode.

Laisser accroire que les armées, et notamment l’armée de Terre, cherchent à « se montrer indispensables », est à la fois infondé et indigne.

Infondé car le chef d’état-major des armées, sous l’autorité du président de la République et du gouvernement, dont il est le conseiller militaire, est responsable de l’emploi des forces et du commandement des opérations militaires et qu'il ne fait que proposer la mise œuvre des moyens les plus adaptés au succès des opérations.
Faut-il ajouter, s’il fallait définitivement récuser cette allégation fallacieuse, que c’est actuellement un amiral et non un général de l'armée de Terre.
Indigne enfin, car ce sont les soldats de cette armée de Terre qui, avec l’appui de leurs camarades des autres armées, sont engagés au sol et meurent pour la France aujourd’hui.

 

L’ASAF estime que monsieur Rufin se discrédite en mettant ainsi en cause l’institution militaire qui fait honneur à la France et dont la loyauté est unanimement reconnue.

 La Rédaction de l’ASAF
(www.asafrance.fr)


La guerre civile des idées

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France-Valeurs

 Lettre de mars 2013

La guerre civile des idées

 

    De la St Barthélemy à la Vendée et à la Commune, les guerres civiles ont laissé en France un horrible souvenir tant les haines s’y sont déchaînées entraînant massacres et destructions.

     Celle qui se déroule sous nos yeux n’est apparemment pas sanglante mais elle fait et fera beaucoup de mal, d’autant plus qu’elle divise un peuple déjà affaibli moralement et vulnérable.

 

 Cette nouvelle guerre civile est une guerre d’idées.

    Elle vise nos cœurs  et nos cerveaux, sa composante majeure est psychologique. Les médias y jouent un rôle essentiel. Nos adversaires utilisent à leur manière  certains des procédés mis au point par les experts es conquête des foules. De Lénine à Mao, Ho Chi Minh et Castro, ceux-là ont su chacun, à partir d’une minorité réduite mais active, imposer leur vision du monde à leur peuple fragilisé. Ils y ont réussi, en utilisant à la fois l’intimidation et la propagande du type matraquage permanent.

    Moins connu mais plus subtil, du fond de sa prison, Gramsci voulait au contraire changer la société en modifiant peu à peu et insensiblement les repères culturels des gens.

 

    Ce que nous subissons, derrière la fumée de la référence affectée à la démocratie et aux droits de l’homme, c’est la combinaison des deux stratégies.

 

     Sous l’effet de l’accélération du progrès technique (de la pilule à Internet) et du matérialisme consécutif, des habitudes nouvelles avaient été prises, les mœurs avaient changé - depuis 1968 notamment - et des concepts nouveaux avaient vu le jour pour justifier cette évolution.

 

    Mais depuis un an, notre pays est entré dans une ère nouvelle. Parvenu au pouvoir, le « camp du progrès »  (autoproclamé) dispose des moyens d’agir à tous les échelons et il exploite à fond l’orientation idéologique des médias et le soutien de beaucoup d’intellectuels. 

 

    Du coup, il s’arroge le droit non seulement d’accréditer les changements de mentalité précédents (déplorables, selon nous) mais encore de les dépasser en affichant officiellement sa volonté de changer la société, de transformer la civilisation.

    Il l’a clairement exprimé lors de la préparation de la loi dite « le mariage pour tous », et mis en œuvre à cette occasion des procédés qui s’inspirent de ceux des régimes totalitaires.

     C’est très inquiétant pour la démocratie et, à nos yeux, inacceptable.

 

    En face, l’opposition,  complexée, voire honteuse, incertaine quant à ses valeurs, et divisée de surcroît, mène un combat défensif qui minimise la réalité et l’enjeu de cette nouvelle guerre civile.

 

      Entre les deux, le marais est d’habitude partagé entre la méconnaissance des problèmes, l’indifférence à leur égard, l’attentisme, l’indignation et l’impression d’être désarmé pour agir.

 

     Fait nouveau cependant, les silencieux d’hier ont pris conscience du véritable viol qu’ils étaient en train de subir et ont commencé à réagir : les centaines de milliers de manifestants et de pétitionnaires démontrent qu’une réaction de santé est en marche.

    France - Valeurs  l’attendait depuis 26 ans, s’en réjouit et veut y contribuer.

 

    Mais pour mener ce combat difficile, il faut connaître les moyens et la tactique de l’adversaire. C’est cet examen que je vais maintenant esquisser.                                              JD

***

Les moyens et la tactique de nos adversaires idéologiques

 

    Le contexte.

    Ce que j'appelais « le Cancer », c'est l'effondrement de nos Valeurs de vie. Depuis des années, le mal prolifère. La crise économique l’aggrave mais l’essentiel est ailleurs. Les gens ont perdu leurs repères et de mauvais maitres leur mettent des idées folles en tête. La famille et la société sont en crise. Le suicide est la première cause de mortalité des jeunes.

La pornographie est à l’origine de nombreux crimes sexuels. Les violences urbaines deviennent quotidiennes et les affaires en tout genre remplissent les journaux...   

     Les causes de ce phénomène sont diverses. Les matérialistes le relativisent et ne veulent y voir qu'une irréversible évolution des mentalités née des révolutions techniques.

 

     Nous, nous y discernons d’abord le résultat des trois grandes tentations de l'homme, aussi anciennes que le monde, celle de Prométhée, la révolte de l'homme contre son créateur, celle de Faust, la glorification du facteur matériel, et celle de Lucifer, le règne du mensonge.

    Sous leur effet combiné, l'obsession de l'instant domine nos médias, le désir de manipuler les gènes étreint nos modernes apprentis-sorciers et le culte de la jeunesse caractérise notre société où la mort est tabou En effet, pour posséder, consommer, dominer et jouir, il vaut mieux être jeune et bien portant que vieux et malade... d’où une vision égoïste de la sexualité et le refus fréquent de s’engager et de donner la vie.

    Le confort nous a rendus à la fois « accro » à des tas de « machins » hyper assistés et souvent indifférents à autrui. Beaucoup d'hommes ont les moyens de vivre mieux mais ils en oublient de se préoccuper de leurs raisons de vivre. Notre société est vulnérable.

 

    Le phénomène est amplifié, aggravé et exploité par des hommes qui cherchent à renverser l'ordre établi et le remplacer par un autre.

1 / Les terroristes utilisent les bombes comme moyen majeur d'intimidation et d’action.

2/ Le communisme se meurt mais les trotskystes ont conservé leur prédilection pour la lutte des classes et l'agit prop. (Voir chapitre particulier).

 3/ D’autres, les plus dangereux, pratiquent une méthode plus subtile et plus sournoise.

 

Offensive culturelle et révolution masquée

    Sous l’influence de la Franc-maçonnerie, les intellectuels de gauche et beaucoup d’écolos travaillent depuis des années à renverser les valeurs anciennes, à lancer de nouvelles valeurs, à créer de nouveaux héros, à promouvoir un nouveau type d'art, de musique, d'architecture, de mode vestimentaire. Bref à changer la façon de vivre et de penser des hommes et des femmes.

    Il est impossible de trier ce qui, dans la situation actuelle, résulte de l'évolution naturelle des idées et ce qui relève de leur volonté de casser la baraque.

 

Le traitement du passé

    Sous prétexte de rajeunir l’enseignement de l’histoire, ils ont supprimé la chronologie au profit de l’étude de thèmes. Cela permet aux militants d’orienter l’enseignement, en mettant au placard ce qui leurs déplait et de dénigrer et déformer le Moyen Age, l’oeuvre des Rois et la colonisation, quand ce n’est pas Henri IV et Napoléon.

 

    Non seulement les manuels scolaires mais encore beaucoup de films et d’émissions TV donnent l’impression de vouloir nous donner honte de notre passé qu’ils nous présentent comme synonyme de mal.

 

 Les déclarations officielles de repentance vont d’ailleurs dans le même sens.

Le renversement des valeurs traditionnelles

    Pour empêcher le retour d’un soi-disant ordre moral, ils raillent, comme obscurantistes et réactionnaires des notions simples et éprouvées comme la famille fondée sur le mariage et celui-ci fondé sur l’engagement définitif d’un homme et d’une femme, ils privilégient le droit par rapport au devoir et la liberté par rapport à la responsabilité.

    Pour eux, le sens de l'honneur et le patriotisme sont aussi dépassés que l’usage du rasoir …

 

Ensemencement de nouvelles valeurs

    Ce travail de sape a abouti à une véritable déprogrammation des cerveaux. Elle est encore facilitée par l'effondrement de la foi et de la pratique religieuses, ce qui fait que beaucoup de jeunes de tous milieux n’ont plus aucune idée du Bien et du Mal

    Nos adversaires en profitent pour promouvoir de nouvelles valeurs à travers la radio, la TV et le net, les BD, les magazines, les films et romans à la mode. La musique et la chanson leur sont d’un puissant secours en créant de nouvelles idoles dont le comportement a valeur d’exemple.

   Tout cela est toléré ou encouragé par une large partie du personnel politique qui craint par- dessus tout de passer pour ringard.

 

    C’est ainsi qu’on a mis notamment à la mode des valeurs cool : la tolérance et la sincérité (tout est semblablement bon, du moment qu'on est sincère: la vérité n’existe plus… ) , les droits de l'homme considérés comme un absolu ( y compris les droits des enfants d'échapper à l’autorité des parents et le droit pour ceux-ci de se désintéresser, le cas échéant, de leurs enfants pour pouvoir mieux s'éclater. ), le refus de toute discrimination (d’où l’apologie permanente de la diversité), l'égalitarisme forcené qui tue l'émulation, la liberté de tout dire, de tout faire et de tout montrer, au risque de provoquer beaucoup de dégâts.

 

Sémantique

    L'art d'utiliser les mots joue un rôle important dans cette guerre des idées. A preuve, le verlan que les jeunes immigrés pratiquent systématiquement dans les cités pour faire un pied de nez à notre langue française et à notre pays dont ils ne veulent pas faire réellement partie.

 

    Dans le langage courant, des mots comme fasciste, raciste et homophobe sont devenus de véritables "armes à tuer". D'autres mots sont simplement destinés à faire rire et à abaisser car la dérision est une arme terrible. D’où des appellations comme franchouillards appliquées aux  patriotes et réactionnaires attardés aux catholiques.

    A l’inverse, de nouveaux vocables sont volontairement déchargés de tout contenu affectif, pour déculpabiliser ceux qui pourraient se sentir coupables: l’avortement devient ainsi IVG, l’assassinat exécution, le vol récupération et l’euthanasie droit de mourir dans la dignité

 

Deux thèmes d'actualité

    Deux domaines, entre autres, sont largement exploités dans une volonté marquée de fausser les esprits.

 

    L’anti racisme est ainsi devenu le nouveau vecteur du message révolutionnaire. Sous prétexte que tous les hommes sont égaux en droit, nos faiseurs d’opinion ont réussi à rendre tabou toutes les questions relatives à l’immigration. Prononcer ce mot, c’est encourir le risque d’être traité d’extrémiste. A fortiori, si on dit : l’immigration non contrôlée est une menace pour l’identité française; la concentration des immigrés représente un fléau social à cause du fort taux d’illétrisme, de chômage et de délinquance qu’elle entraîne dans les banlieues.

 (Je parle, moi, de cela d’autant plus librement que j’ai consacré une partie notable de mon temps à aider, en prison, des noirs et des  maghrébins.)

    A cet égard, nos adversaires sont champions dans l’art de nous donner mauvaise conscience et nos hommes politiques tombent souvent dans le panneau.

    On l’a vu récemment à l’occasion de la campagne contre l’homophobie.

 

    Le thème de la libération sexuelle continue aussi à déstabiliser la société.

    Gardiennes naturelles des Valeurs, les femmes sont principalement visées à travers des mots d’ordre comme la femme est maîtresse de son corps; l’avortement est un acquis social; la femme au foyer n’est qu’un légume… et autres slogans féministes et libertaires souvent repris par les magazines féminins.

 

    Les jeunes sont la 2° cible de cette offensive, notamment à travers les campagnes dites "d'éducation sexuelle". Ce qu’on leur diffuse surtout, c’est une vision sanitaire, presque vétérinaire de l'amour humain d’où tout sentiment et toute poésie sont exclus...

    Sous prétexte de santé publique, nos adversaires ont obtenu la diffusion de documents qui banalisent, non seulement les rapports sexuels précoces mais aussi  les déviances sexuelles.

 

    Le lobby  gay exerce à cet égard une grande influence. Très actives dans les milieux de l’art, des médias et de la politique, ses associations ont obtenu d’être  accréditées pour mener les campagnes d’information sexuelle à l’école et de prévention du SIDA. Déjà à l’origine du PACS, elles sont en pointe pour exiger “le mariage pour tous“. (A noter que des homosexuels honnêtes et discrets tiennent à se démarquer des militants minoritaires qui paradent dans les rues.)

 

Cas particulier de la campagne actuelle autour de la loi Taubira

    Cette loi recouvre bel et bien une véritable opération de guerre civile destinée à changer la société. En témoignent les déclarations et actions suivantes :

 

Consignes du Ministre de l’Education Nationale aux recteurs

« s’appuyer sur la jeunesse pour changer les mentalités, notamment par le biais d’une éducation au respect de la diversité des orientations sexuelles… »

    (Le même Ministre recommande aux jeunes d’aller chercher un complément d’information sexuelle sur des sites à nos yeux infréquentables.)

    En d’autres temps, cette attitude aurait été réprimée comme une incitation à la débauche...)

 

Une déclaration à la Chambre : « Vous vous cramponnez aux racines judéo-chrétiennes de notre civilisation, elles sont périmées. Vous représentez le passé.

Nous voulons balayer tout cela. Nous sommes l’avenir.» (phrase entendue et citée de mémoire. JD)

 

Une déclaration au Sénat (en commission des lois)

« La loi ne s’appuie pas sur un ordre naturel. Elle s’appuie sur un rapport de forces..» (id)

    Voilà qui nous rappelle Robespierre !

 

Lors de la préparation de la Loi en commission à la Chambre, les auditions d’associations ont été soigneusement programmées pour que les délégations favorables puissent s’exprimer à loisir alors que les opposants en soient réduits à ne faire que de la figuration.

Le représentant de l’Eglise catholique a été particulièrement mal traité.

 

La désinformation à l’œuvre à propos de la loi

   Rappel. L'origine du mot est soviétique et le procédé aussi: c’est tout un programme!.

 

    La désinformation médiatique a été manifeste pendant cette période. Elle a contribué à troubler les jugements des Français et à fausser leurs esprits.

Exemples

- occultation partielle de la vérité et orientation de la description des faits pour les besoins de " la " cause.

. Les présentateurs ne parlaient pas ou peu des manifestations organisées par les mouvements qui n’avaient  pas leur sympathie. Quand ils en parlaient, ils les commentaient de façon partiale, ne serait-ce qu’en réduisant le nombre des participants annoncés.

- Leurs photos-choc et leurs coups de zoom ont renforcé leurs commentaires (exhibition de militantes aux seins nus pendant la manif du 13/1, puis, plus tard, dans la cathédrale de Paris).

- Ils ont diffusé, ce jour-là, bien d’autres types d’informations (intervention au Mali et sports) pour détourner l’attention de ce qui était, pour nous l’essentiel.

- Nous n’avons cependant pas relevé pendant cette période d’information carrément fausse mais vraisemblable. Cela prend souvent car la majorité des gens gobent n’importe quoi !

    En revanche, personne n’a parlé des profanations d’églises catholiques à Toulon et ailleurs…

et, à l’occasion des déclarations officielles et des discours à la Chambre, on a utilisé largement  le mensonge (y compris via les statistiques et les sondages) , la calomnie et la dérision, armes complémentaires de la désinformation,

   (Sans parler des procédés classiques de manipulation comme l’allusion, le soupçon, l’amalgame, la provocation…)

 

  Plus grave, sur le plan sémantique, on a tordu et trahi la définition classique du mariage.

 

    Il en résulte que la Loi a été votée à la Chambre en 1° lecture.

 

Cela avait été annoncé par Martine Aubry dans son livre : «  Pour changer de civilisation »

"(…) Comme je l'ai toujours fait, et à ma façon, j'entends contribuer au renouvellement des idées de la gauche.(…) Voilà pourquoi l'initiative du Laboratoire des idées, appelant à une contribution créative plus de cinquante chercheurs et intellectuels, s'inscrit dans notre mission commune, urgente et indispensable : rendre visible le monde qui vient, aider à le comprendre pour pouvoir le transformer.
Justice, respect, vérité. Nos idées ont un futur.
La prochaine gauche s'avance, une gauche forte de ses valeurs et forte d'un projet pour changer de civilisation".                                                                                                                         

                                                                                                                                 Martine  Aubry

Terrorisme intellectuel et « politiquement correct »

    En complément des actions précédentes, le terrorisme intellectuel a essayé d’empêcher nos porte-paroles et les parlementaires acquis à notre cause d’exprimer librement nos opinions en les faisant passer pour réactionnaires, retardataires et homophobes. Dans ce cas, même les plus courageux surveillent leurs propos. C’est ainsi que la langue de bois passe dans nos mœurs, alors que c’est une invention du stalinisme, champion du mensonge toutes catégories. 

     (Pour ne reprendre qu’un exemple déjà ancien de cette intimidation, personne ne se risque plus à révéler l’identité des jeunes maghrébins et noirs quand ils brûlent les autos, agressent les policiers et pillent les magasins.

     On ne les désigne que sous le nom de jeunes…) 

 

    On est loin de la parole de Jean Paul II: « La vérité vous rendra libre ».

 

    Face à cette menace dorénavant annoncée, il faut absolument savoir et vouloir nous défendre. Nous avons commencé à le faire. Sachons persévérer.

***

COMMENT NOUS DEFENDRE DANS LA GUERRE CIVILE DES IDEES ?

 

1/ Prenons conscience du DANGER et DENONCONS-LE.

 

Nous sommes avertis de ce qu’on nous prépare : « le meilleur des mondes » d’Huxley !

    A nous de comprendre les déclarations officielles et d’en mesurer l’enjeu.

 Attention en même temps à ne pas être obnubilés par la subversion au point d’en voir partout. Soyons vigilants mais gardons la tête froide et le sens de l'humour.

 

    Evitons aussi de présenter notre défense comme une croisade. Tout ce qui est excessif ne compte pas.  Notre force à nous, ce doit être l’appel au bon sens.

 

    En revanche, persuadons-nous que la loi du pendule régit l'univers et que les excès finissent par entraîner le rejet des idées fausses et des comportements aberrants.
    Ce qui a été vrai du nazisme, le sera un jour du mariage pour tous, de la théorie du genre et de l’industrie des mères porteuses.

 

    Chrétiens, sachons que le renouveau du Spirituel accompagnera et éclairera le retour des Valeurs traditionnelles car, plus que jamais, les gens ont besoin de donner un sens à leur vie.

 

2/  Ayant pris conscience du danger, essayons de renforcer nos "DEFENSES IMMUNITAIRES", celles de notre cerveau. Pour cela, aiguisons notre ESPRIT CRITIQUE, vérifions ce que l’on nous raconte, trions et comparons les points de vue.

 

    Cultivons notre INDEPENDANCE d' ESPRIT, la vertu cardinale face à la pensée unique.

    Saisissons toute occasion de dire aux jeunes : « Tout n’est pas vrai dans ce qu’on vous montre à la télé… Tout n’est pas bien même quand « tout le monde le fait ».

 

3/  Nous sommes en guerre civile. Or, à la guerre, malheur à l'homme seul.

Continuons donc à chercher des gens qui partagent une partie de nos points de vue et avec lesquels nous puissions échanger des informations et monter des actions coordonnées. 

 

   4/  Cela dit, le plus important, c’est d’avoir du COURAGE

Cette vertu est particulièrement nécessaire aux jeunes, plus que jamais tentés de penser, de parler et de faire comme les autres.

 

    Notre courage, en ce moment, c’est celui d’OSER dire « NON » comme nous commençons à le faire.

 

     C’est toujours celui d’OSER AFFIRMER NOS CONVICTIONS et de nous comporter comme nous le pensons, même si on nous fait passer pour retardataires attardés.

***

    « Ils » disent vouloir transformer notre société et changer notre civilisation.

Nous sommes menacés dans ce que nous avons de plus précieux et, cette fois, nos adversaires sont des gens de chez nous.

 

    Cette guerre civile met en danger notre vision de l’Homme, de la Famille et de la Vie, en même temps que l’avenir de nos enfants et celui de la France.  Défendons-les !                                                                                                    

Jean Delaunay

***

NB Ce texte figurera dans les « Nouvelles lettres à mes descendants » (titre provisoire) qui seront bientôt mises progressivement en ligne sur notre site, donc à la disposition de nos amis internautes.

Leur publication sous forme de livre est envisageable si la demande s’avérait suffisante.

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Lettre de France-Valeurs de mars 2013   trimestrielle ISSN 1260 643 X Directeur de la publication: Jean Delaunay

France-Valeurs  26° année   32 rue de l’Orangerie 78000 Versailles  CCP 704724 K Paris

Site Internet : www.francevaleurs.org

courriel : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.


Politique de défense et Europe de la défense

Envoyer
M. Jean-Louis Carrère, président. - Nous sommes particulièrement heureux, mon Général, de vous recevoir à nouveau devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat.
 
Résumer en quelques mots une brillante carrière comme la vôtre n'est pas une tâche aisée. Surtout lorsque l'on connaît vos qualités exceptionnelles, votre engagement et votre extrême modestie. Je dirai donc simplement que votre carrière s'est partagée entre :
- des responsabilités opérationnelles en métropole, outre-mer et sur des théâtres d'opérations extérieures (notamment au Tchad et en République centrafricaine) ;
- des responsabilités dans le domaine politico-militaire, en tant que chef d'état-major particulier du Président de la République de 1999 à 2002, puis en tant que chef d'état-major des armées, de 2002 à 2006 ;
- et, enfin, des responsabilités au niveau européen, puisque vous avez occupé le poste de président du comité militaire de l'Union européenne entre 2006 et 2009.
 
Compte tenu de votre expérience, et étant donné que vous disposez désormais d'une entière liberté de parole, ce qui est rare chez les militaires, nous avons pensé qu'il serait très utile de vous entendre afin que vous nous fassiez part de vos réflexions sur deux sujets essentiels :
 
La politique de défense de la France, tout d'abord.
 
Comme vous le savez, la commission chargée d'élaborer le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a achevé ses travaux et devrait remettre prochainement son rapport au Président de la République, qui devrait servir de base à la future Loi de programmation militaire.
 
Au regard de votre expérience, notamment en tant qu'ancien chef d'état major des armées, quel regard portez vous sur notre outil de défense ? Quelles sont vos attentes (ou vos craintes) à l'égard du Livre blanc et de la future Loi de programmation militaire ? Quel devrait être, d'après vous, le modèle futur de notre armée, ses missions, son format, ses capacités, son budget ? Quels enseignements faut-il tirer des opérations récentes, en Afghanistan, en Libye ou celle en cours au Mali, notamment en ce qui concerne nos forces prépositionnées en Afrique, nos lacunes capacitaires et l'équilibre entre les différentes composantes ?
 
Le deuxième sujet sur lequel nous aimerions vous entendre concerne l'Europe de la défense.
 
Là encore, en tant que président du comité militaire de l'Union européenne, vous avez été placé au cœur du dispositif. Nous serions donc très intéressés de connaître vos réflexions sur les moyens de faire progresser l'Europe de la défense et notamment sur la manière dont nous pourrions convaincre nos partenaires - allemands ou britanniques - d'aller en ce sens.
 
Je vous laisse maintenant la parole.
 
Général Henri Bentégeat, ancien chef d'état-major des armées. - Je vous remercie, Monsieur le Président, de votre accueil et je suis très sensible à votre invitation, d'autant plus qu'il n'est pas fréquent de demander à un ancien responsable militaire de s'exprimer sur ces sujets. Je m'exprimerai donc très librement, à la lumière de mon expérience nationale et européenne, en veillant à ne pas céder au pessimisme qui gagne généralement les anciens responsables, qui ont souvent recours à la formule selon laquelle « avant, c'était mieux ». Je précise également que je ne suis en aucune manière le porte-parole de l'actuel chef d'état-major des armées avec lequel je n'ai d'ailleurs aucun contact.
 
Avant d'évoquer l'avenir de la politique de défense, et de décrire nos marges de manoeuvre tant en ce qui concerne les alliances que nos capacités, je crois qu'il est nécessaire de revenir sur les principaux changements du contexte stratégique depuis le précédent Livre blanc de 2008. Je terminerai mon intervention par quelques points clés qui méritent une attention particulière.
 
Par rapport à 2008, je vois quatre principales évolutions.
 
Le premier changement tient à la crise économique et financière qui a surtout touché l'Europe et les Etats-Unis. Cette crise a eu pour effet de réduire significativement les budgets de la défense partout en Europe. En France, cette crise s'est également traduite par une diminution de l'effort de défense, par une réduction importante des effectifs et par des réformes, comme celle de l'organisation territoriale et du soutien, avec notamment la mise en place des bases de défense. Les Etats-Unis eux-mêmes prévoient de réduire leur budget de la défense en raison des difficultés budgétaires, même si celui-ci demeure considérable. En revanche, les dépenses militaires des puissances émergentes ont continué à s'accroître. Avec cette réduction drastique de l'effort de défense chez la plupart de nos partenaires européens, l'Europe risque, pour reprendre les mots d'Hubert Védrine, « de quitter le cours de l'histoire », de subir un véritable déclassement stratégique et de ne plus être un acteur sur la scène internationale. A cet égard, grâce notamment à la France, les interventions en Libye et au Mali peuvent marquer un « sursaut », dont il faudra voir si elles permettront réellement une prise de conscience ou bien si elles resteront sans lendemain.
 
Le deuxième facteur tient au « printemps arabe », dont les développements restent encore très incertains, mais qui produisent déjà certains effets avec la crise de la gouvernance mondiale, comme l'illustre le blocage du Conseil de sécurité des Nations unies à propos de la Syrie, qui ajoute un élément d'incertitude sur le plan international, le conflit ouvert entre sunnites et chiites au Moyen-Orient, qui reste « la poudrière du monde », mais aussi l'impuissance et la division des Européens, notamment à l'égard du processus de paix israélo-palestinien.
 
L'intervention de l'OTAN en Libye a marqué un tournant à plusieurs égards. Pour la première fois, dans le cadre de l'Alliance atlantique, deux pays européens, la France et le Royaume-Uni, ont joué un rôle de premier plan, les États-Unis se contentant d'apporter un soutien. Si cette intervention s'est traduite par un succès incontestable, elle a également mis en lumière les lacunes capacitaires des Européens, dans des domaines comme le renseignement, les drones, le ravitaillement en vol ou encore la neutralisation de la défense anti-aérienne.
 
Le troisième changement est le rebond de l'OTAN.
 
Malgré le demi-succès, ou semi-échec, de l'intervention en Afghanistan, principalement dû aux erreurs de stratégie et de tactique de la part des États-Unis, stratégie à laquelle les alliés au sein de l'OTAN n'ont d'ailleurs jamais été réellement associés, l'OTAN a connu un rebond, avec le succès de l'intervention en Libye, le retour de la France au sein du commandement militaire intégré et le lancement de deux grands projets : la défense anti-missiles et la « smart defence ».
 
Quatrième et dernier changement : le retour de l'Afrique.

L'opération « Serval » au Mali marque, de la même manière que l'intervention française en Côte d'Ivoire, le retour de l'Afrique. Même s'il est encore un peu tôt pour juger de ses résultats, on peut d'ores et déjà considérer que cette intervention est incontestablement un succès dans sa phase initiale. Du point de vue militaire, cette intervention met aussi en évidence, à la différence de l'intervention en Libye, qui a surtout mobilisé des moyens aériens, l'importance des opérations terrestres et de l'armée de terre. Enfin, elle confirme les lacunes capacitaires déjà constatées en Libye, en matière de drones, de renseignement ou de ravitaillement en vol, mais aussi, s'agissant d'une opération avec des troupes au sol, de transport stratégique.
 
Quelles conclusions faut-il tirer de ces principales évolutions ?
 
Tout d'abord, on constate un repli des États-Unis. La nouvelle stratégie américaine de « pivot » vers la zone Asie Pacifique se traduit concrètement par un certain désengagement des États-Unis de l'Europe au profit de l'Asie. Le « leading from behind » des Etats-Unis lors de l'intervention de l'OTAN en Libye traduit cette nouvelle orientation de la politique américaine, selon laquelle les Européens devraient jouer un plus grand rôle pour assurer la sécurité dans leur voisinage.
 
En dehors de quelques assassinats ciblés à l'aide de drones au nom de la guerre contre le terrorisme, on constate d'ailleurs un certain repli des Etats-Unis, une absence de véritable « leadership » des États-Unis sur les principaux dossiers internationaux, qu'il s'agisse du conflit israélo-palestinien, du conflit entre l'Inde et le Pakistan ou encore sur le Sahel, une telle attitude pouvant s'interpréter comme un retour vers une forme d'« isolationnisme » américain, qui ne semble guère rassurant pour la paix et la sécurité au niveau mondial mais qui devrait servir d'« adjuvant » pour la défense européenne.
 
Ensuite, l'Afrique subsaharienne, qui a été la grande oubliée du précédent Livre blanc, a fait un retour remarqué à la faveur de l'intervention française au Mali.
 
Cela n'est pas sans conséquences sur nos forces prépositionnées en Afrique, qui ont démontré à l'occasion de l'opération au Mali leur importance en tant que plateforme de transport et de logistique, de formation et d'entraînement des forces africaines, puisque sans nos forces prépositionnées, au Sénégal, en Côte d'Ivoire ou au Tchad, l'intervention française n'aurait pas été aussi rapide et efficace.
 
La troisième conclusion porte sur la panne actuelle de l'Europe de la défense. Il est toujours difficile de construire quelque chose dans le contexte d'une spirale déflationniste, dans un contexte où la plupart de nos partenaires européens sont amenés à réduire drastiquement leur budget de la défense. Concrètement, les Européens manquent de plus en plus de moyens mais aussi et surtout de volonté politique pour bâtir l'Europe de la défense. Le gouvernement britannique actuel a une attitude très frileuse à l'égard de l'Europe, comme l'illustre l'annonce par le Premier ministre britannique d'un référendum sur une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Quant à l'Allemagne, on constate une très grande réticence de l'opinion publique vis-à-vis de toute forme d'intervention militaire. De ce point de vue, les accords franco-britanniques en matière de défense sont un « pis-aller », mais ne sont certainement pas suffisants.
 
La quatrième conclusion tient à l'émergence d'un nouveau mode d'action de la communauté internationale. A cet égard, l'intervention en Libye illustre bien cette nouvelle forme d'action, qui privilégie les frappes à distance et sans intervention de troupes au sol, ce qui présente à la fois des avantages, comme celui d'éviter le risque d'enlisement que l'on a connu avec l'Afghanistan, de limiter les pertes amies et d'éviter toute intervention au sol, mais aussi des inconvénients, notamment en raison du manque de contrôle sur les belligérants, et donc sur le résultat final, ou encore le caractère indispensable du soutien des États-Unis pour ce type d'opération compte tenu des lacunes capacitaires des Européens. Enfin, l'intervention à distance ne permet pas aux pays occidentaux de se prémunir contre le reproche de « néo-colonialisme ».
 
Le principal danger, à mes yeux, serait toutefois de penser qu'il n'y a plus qu'une seule forme d'intervention possible aujourd'hui, car il n'existe pas dans ce domaine de modèle unique. Chaque crise, chacune des interventions, comme nous avons pu le voir au Kosovo, en Bosnie, en Libye ou au Mali, présente des spécificités.
 
En définitive, la principale conclusion que je retire est qu'il n'y a pas de changements majeurs dans la typologie des conflits auxquels nous pourrions être confrontés, que nos lacunes capacitaires sont bien identifiées, et que les foyers de tension restent toujours aussi vifs et qu'ils se sont même accentués avec des facteurs nouveaux d'incertitude, comme la crise de la gouvernance mondiale, la nouvelle attitude américaine ou les conséquences du « printemps arabe ».
 
Face à ces évolutions, quelles sont nos marges de manoeuvre ?
 
Concernant tout d'abord nos alliances, et en premier lieu l'OTAN, je souscris sans réserve aux conclusions du rapport remis par M. Hubert Védrine au Président de la République, selon lesquelles nous devrions être, au sein de l'Alliance atlantique, des alliés loyaux, mais sans illusions et sans nous laisser déborder.
 
L'OTAN reste aujourd'hui indispensable pour au moins trois raisons.
 
La première tient à la garantie américaine et au lien transatlantique.
 
La deuxième raison tient au fait que l'OTAN demeure aujourd'hui la seule organisation capable de mettre en oeuvre une opération militaire d'envergure, grâce notamment au soutien américain.
 
Enfin, la troisième et dernière raison découle du fait que l'OTAN est le principal vecteur de l'interopérabilité entre alliés, par la définition des standards, des procédures et la conduite de l'entraînement.
 
Dans le même temps, nous ne devons pas nous faire d'illusions sur la place et l'influence des Européens au sein de l'Alliance, car l'OTAN restera toujours dominée par les Etats-Unis. L'idée d'un « pôle européen » au sein de l'Alliance, qui a resurgi avec l'intervention en Libye, n'est pas nouvelle. Je me souviens que dès 1999 la France s'était efforcée de promouvoir l'émergence d'une « identité européenne de sécurité et de défense » au sein de l'Alliance, sans beaucoup de succès. Les Etats-Unis fournissent aujourd'hui plus de 55 % des ressources et 75 % des capacités militaires de l'Alliance atlantique. Dans ces conditions, il ne faut pas s'illusionner sur le renforcement de la place et de l'influence des Européens au sein de l'Alliance ou sur la création d'un « caucus européen » que les Américains ne pourront jamais accepter.
 
Nous devons aussi veiller à ne pas nous laisser littéralement « dévorer » par l'OTAN et sa bureaucratie, en nous laissant entraîner dans de coûteux programmes qui assècheraient nos maigres budgets et bénéficieraient en fin de compte à l'industrie américaine de défense. Il y a quelques années déjà, en tant que chef d'état-major des armées, j'avais eu l'occasion de mesurer l'impact sur notre budget et nos dépenses d'équipement des programmes lancés par l'OTAN et l'effet d'éviction qu'ils entraînent sur nos propres capacités, puisque, pour financer les projets de l'OTAN, nous devions renoncer chaque année à l'équivalent de trois hélicoptères de combat.
 
Nous devrions donc nous montrer particulièrement vigilants. Cela concerne notamment la « smart defence », avec ses trois volets que sont le développement de capacités mutualisées financées par l'OTAN, la « spécialisation » des nations et la définition par l'OTAN de « priorités » en matière de programmes d'équipements, ce qui revient en réalité à des abandons de souveraineté des nations au profit de l'OTAN.
 
En particulier, il convient d'éviter absolument, dans cette période particulièrement contrainte, que l'OTAN ne dévore l'ensemble des crédits disponibles en lançant de grands et coûteux programmes avec un recours accru au financement en commun.
 
L'Union européenne reste indispensable et un atout incontestable pour la France. En effet, les intérêts européens ne se confondent pas toujours avec ceux de l'OTAN et donc des Etats-Unis, comme nous pouvons le constater au Mali. Il faut aussi se rappeler qu'il a fallu attendre trois ans avant que les Etats-Unis se décident enfin à intervenir militairement en Bosnie et nous rejoignent sur le terrain.
 
Depuis son lancement en 1998 lors du Sommet de Saint-Malo, la politique européenne de sécurité et de défense (PESD), rebaptisée politique de sécurité et de défense commune par le traité de Lisbonne (PSDC), a enregistré des progrès. Depuis 2003, six opérations militaires, notamment une opération en Bosnie ayant mobilisé jusqu'à 7 000 militaires sur le terrain, et une vingtaine de missions civiles de gestion des crises ont été lancées. Il ne faut pas laisser perdre cette expérience.
 
L'Union européenne est aussi la seule organisation au monde capable d'agir globalement sur une crise, de mobiliser un ensemble des moyens - militaires ou civils, tels que l'aide au développement ou en matière de police, de justice ou de douanes - pour faire face à une situation de crise, dans le cadre de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui une « approche globale ». Cela représente un atout unique. Ainsi, avec l'opération « Atalanta » de lutte contre la piraterie maritime au large des côtes somaliennes, l'Union européenne démontre une réelle « valeur ajoutée » par rapport à l'OTAN, et sa mission « ocean shield », grâce à la mobilisation de l'ensemble de ses instruments.
 
Faire progresser l'Europe de la défense est donc dans l'intérêt de la France. Il faut une alternative à l'OTAN car les intérêts européens ne se confondent pas toujours avec ceux des Etats-Unis. C'est aussi notre intérêt parce que, au sein de l'Union européenne, la France est crédible et influente. Aujourd'hui, la France est, en effet, la première puissance militaire en Europe. Il y a encore quelques années, j'aurais sans doute placé le Royaume-Uni au même rang que la France, mais le Royaume-Uni a beaucoup perdu avec les interventions en Irak et en Afghanistan et les réductions importantes de son budget de la défense et de ses capacités.
 
Dès lors, comment faire pour relancer l'Europe de la défense ?
 
Il faut, tout d'abord, tirer pleinement parti des potentialités ouvertes par le traité de Lisbonne, et notamment du Service européen pour l'action extérieure (SEAE), des coopérations renforcées ou de la coopération structurée permanente (CSP).
 
Le service européen pour l'action extérieure, qui englobe les structures militaires, comme l'état-major européen, pourrait jouer un rôle majeur. Or, il ne dispose toujours pas de procédures, de structures de gestion de crise, de procédures financières. Par ailleurs, on constate une tendance préoccupante à une dispersion et une marginalisation des militaires au sein de ce service, malgré les objections de la France, ce qui devrait nous inciter à faire preuve de la plus grande vigilance.
 
Ensuite, nous devrions soutenir plus fortement l'agence européenne de défense et, à travers elle, l'industrie européenne de la défense. L'agence européenne de défense créée en 2004 n'a pas encore réellement atteint sa vitesse de croisière, ceci pour trois raisons. Tout d'abord, parce que sa tâche est complexe car cela touche aux intérêts nationaux. Ensuite, parce que le Royaume-Uni s'est toujours opposé à une augmentation de son budget, qui reste limité à 30 millions d'euros.
 
Enfin, parce que nous n'avons pas encore trouvé la bonne formule. Peut-être devrions-nous lancer une coopération structurée permanente s'appuyant sur l'AED ? Enfin, il me paraît indispensable de lancer une nouvelle opération militaire de l'Union européenne car il n'y en pas eu depuis 2009. Comme l'Europe, la PSDC est un vélo qui tombe lorsqu'il s'arrête.
 
Quelle devrait être notre attitude envers nos partenaires européens ?
 
La poursuite de la coopération franco-britannique en matière de défense me paraît indispensable.
 
Il est également très important de renforcer nos relations avec l'Allemagne, ce qui suppose un dialogue étroit.
 
Nous devrions nous efforcer de mutualiser des capacités au niveau européen, sans toutefois obérer notre propre capacité d'action.
 
J'en viens maintenant aux capacités.
 
L'idée générale qui guidait le Livre blanc de 2008 en matière de capacités militaires répondait à trois logiques :
- dissuader toute menace majeure ;
- être capable d'exercer le « leadership » sur une opération militaire de moyenne envergure ;
- être en mesure de participer à une vaste opération militaire avec nos alliés en étant capable d'influer et de peser sur la stratégie d'ensemble.
 
Ces principes restent globalement valables aujourd'hui.
 
S'agissant de la dissuasion nucléaire, le principe de la « sanctuarisation » et du maintien des deux composantes a été acté par le Président de la République M. François Hollande. Personnellement, je m'en félicite car j'ai toujours été un partisan de la dissuasion qui joue un rôle très important pour le statut de la France.
 
Pour autant, je pense qu'il subsiste de véritables interrogations et que cela mériterait une réflexion plus approfondie dans le cadre de la préparation de la Loi de programmation militaire.
 
La première interrogation porte sur le poids de la dissuasion dans le budget de la défense et au regard des autres dépenses d'équipement des armées.
 
La dissuasion nucléaire représente aujourd'hui environ 20 % des crédits d'investissement en matière de défense. Mais, dans l'éventualité d'une diminution du budget de la défense, notamment en matière de dépenses d'investissement, cette proportion pourrait augmenter pour atteindre 25 à 30 %. Est-ce qu'un tel poids de la dissuasion au sein de notre effort de défense est supportable ? Ne risque-t-il pas d'avoir un « effet d'éviction » insupportable sur l'équipement des forces classiques ? C'est un vrai sujet.
 
Dans le même temps, nous allons être confrontés à de nouvelles échéances, comme la revue à mi-parcours du ASMP/A, le missile à moyenne portée qui équipe la composante aéroportée, le lancement du SNLE de troisième génération, ce qui suppose des choix pour les nouvelles têtes nucléaires, et le successeur du missile balistique M. 51.

Ces échéances constituent un véritable enjeu pour le maintien de nos capacités industrielles. Elles sont importantes, voire essentielles, comme le montre bien l'exemple du Royaume-Uni, qui a été incapable de reconstruire un sous-marin à propulsion nucléaire.
 
Les marges de manœuvre dont nous disposons sur la dissuasion sont donc assez réduites et portent essentiellement sur le nombre de missiles et le niveau de permanence, ainsi que sur la simulation, à laquelle nous avons consacré des moyens très importants jusqu'à aujourd'hui. Le renforcement de la fonction « connaissance et anticipation », c'est-à-dire du renseignement, avait été érigé en priorité par le précédent Livre blanc de 2008 et c'est sans doute la capacité qui a le plus progressé ces dernières années, avec toutefois une lacune majeure en matière de drones. Mais il s'agit aussi d'une capacité très coûteuse, par exemple en matière de satellites. Dès lors, on peut se demander s'il ne serait pas opportun de chercher à minimiser le coût de ces capacités en les mutualisant davantage avec nos partenaires et alliés. Là aussi, il faudrait éviter d'avoir un effet d'éviction sur les autres capacités. Il ne sert à rien d'avoir une très belle tête sur un corps sans membres. Enfin, s'agissant de la fonction « intervention », nous connaissons nos lacunes capacitaires, qui portent sur les drones, le ravitaillement en vol, la neutralisation des défenses anti-aériennes ou encore en matière d'hélicoptères lourds. Faut-il, pour autant, modifier l'équilibre entre les différentes composantes de notre armée, l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air ? Même si l'on s'efforce aujourd'hui de raisonner en termes de capacités, en réalité, les armées existent et ont naturellement tendance à vouloir privilégier les capacités dont elles estiment avoir besoin. Pour ma part, j'inciterai à la plus grande prudence avant de modifier l'équilibre entre les différentes composantes afin de ne pas privilégier l'une au détriment de l'autre. Nous traversons, en effet, une période de grande incertitude stratégique. Personne n'avait su prédire, pas même nos services de renseignements, ni la chute du mur de Berlin, ni les attentats terroristes du 11 septembre 2001 ou encore les révolutions arabes. Je crois plutôt à la nécessité de faire un effort en matière de « rusticité » de nos équipements militaires. Naturellement, il ne s'agit pas à mes yeux d'avoir des équipements vétustes qui ne permettraient pas à nos armées d'agir en interopérabilité avec nos alliés, notamment américains. Mais on peut néanmoins s'interroger au regard de l'augmentation exponentielle du coût de certains équipements les plus modernes, tant en ce qui concerne les coûts d'acquisition que du maintien en condition opérationnelle - je pense notamment au Rafale, aux SNA et aux FREMM, à l'équipement FELIN du fantassin ou encore aux systèmes d'information ou de communication -. Certaines missions - je pense à l'action de l'Etat en mer ou à la lutte contre la piraterie maritime - ne me paraissent pas nécessiter l'emploi d'une frégate multimissions FREMM mais pourraient très bien relever d'une simple frégate de surveillance ou d'un patrouilleur. De même, plutôt que de faire appel aux Rafales, l'appui aérien rapproché de nos forces au Mali ne serait-il pas plus efficace s'il était réalisé par des avions plus « rustiques », tels que les avions américains de type A 10, dont le coût unitaire est de 10 millions d'euros, contre 100 millions d'euros pour le Rafale ?

Pour l'intervention française au Mali, est-il réellement utile de recourir à la numérisation du champ de bataille, à la tenue FELIN du combattant, alors qu'il suffit souvent d'équiper nos fantassins d'un GPS, comme on le fait d'ailleurs en Afghanistan ? Si l'on cherche vraiment à réaliser des économies, je pense qu'il faudra passer à plus de « rusticité » dans nos équipements, ce qui demande un effort conjoint de la part des chefs d'état-major des armées, de la direction générale de l'armement et des industriels. Enfin, je voudrais conclure mon intervention par quelques points clés. D'abord, le niveau des ressources, qui est crucial. En maintenant la trajectoire actuelle, telle que prévue par la loi de programmation triennale, le budget de la défense - hors pensions - risque de tomber à 29 milliards d'euros en 2015, soit 10 % de moins en euros constants que la moyenne des quinze dernières années. Le budget de la défense, hors pensions, passerait ainsi de 1,7 % du PIB en 2008 à 1,3 % à l'horizon 2015. Il appartient aux responsables politiques - à l'exécutif et à vous parlementaires - de définir les objectifs et les moyens des forces armées. Il incombe ensuite aux militaires de dire aux responsables politiques ce qu'ils peuvent faire avec ces moyens. Comme l'indiquait le chef d'état-major des armées, l'amiral Guillaud, compte tenu du niveau actuel des ressources, le contrat opérationnel des armées, tel que 30 000 hommes déployés dans une opération, n'est aujourd'hui pas tenable. Il faut donc soit modifier le contrat opérationnel, soit revoir nos capacités. Ensuite, la question des effectifs. C'est une question centrale et très sensible. Les armées ont connu une déflation de plus de 35 000 postes supprimés ces dernières années, mais, dans le même temps, la masse salariale n'a pas évolué à la baisse. Le dilemme ancien entre le titre 2 ou les dépenses de personnel et le titre V, c'est-à-dire les investissements et les équipements et entre d'un côté l'industrie et de l'autre côté les effectifs, resurgit aujourd'hui. D'un côté, l'investissement représente un intérêt pour l'industrie, pour l'emploi et pour nos exportations. De l'autre côté, les personnels des armées représentent aussi des capacités et des emplois, notamment pour les jeunes défavorisés ou sans qualification pour lesquels l'armée représente le premier employeur et le principal vecteur d'intégration. La tentation naturelle d'un responsable politique sera toujours de privilégier la première option sur la seconde, ce que je comprends en tant que citoyen, mais déplore en tant qu'ancien militaire. Je voudrais toutefois attirer votre attention sur le fait qu'en raison de l'actuelle déflation des effectifs, le moral au sein de l'armée est aujourd'hui très bas, en particulier au sein de l'armée de terre et je redoute que l'annonce d'une nouvelle diminution sensible des effectifs ne provoque un mouvement de contestation au sein des armées, avec la montée de revendications parasyndicales, que l'on voit déjà se manifester sur certains blogs et que je regarde avec inquiétude. Enfin, la réforme de la réorganisation de l'administration centrale du ministère de la défense est une question essentielle à mes yeux. Le projet de réforme actuellement à l'étude au sein du cabinet du ministre de la défense, M. Jean-Yves Le Drian, n'arrangera rien, bien au contraire. Ce projet consiste à remettre en cause la réforme que j'avais contribué à mettre en place et qui avait renforcé l'autorité du chef d'état-major des armées. En effet, il vise à retirer certaines compétences au chef d'état major des armées, notamment en matière de ressources humaines, de soutien ou encore de relations internationales, qui seraient transférées à des directeurs civils, l'organisation du ministère de la défense passant ainsi d'une finalité opérationnelle à une finalité administrative et gestionnaire. Or, en retirant au chef d'état-major des armées les bases de son autorité sur les trois chefs d'état-majors de l'armée de terre, de la marine et de l'armée de l'air, on relancera inévitablement les guerres intestines interarmées, les querelles stériles et incessantes entre les uns et les autres, qui avaient cours avant la réforme de 2005, avec les incohérences et les distorsions qui en résulteront. En conclusion, je voudrais rappeler deux évidences. Tout d'abord, même si tout le monde comprend la gravité de la crise économique et financière que nous connaissons aujourd'hui et la nécessité de lutter contre les déficits, nous devons avoir conscience que toute réduction du volume de nos forces armées aurait un effet irréversible. Aujourd'hui, compte tenu du faible volume de nos forces et du faible niveau de recrutement, il serait, en effet, très difficile de revenir en arrière et de recréer des régiments. Ensuite, comme vous le savez, la défense est l'un des éléments déterminants de notre influence sur la scène internationale. A cet égard, j'espère que l'intervention française au Mali ne sera pas un « chant du cygne » mais créera au contraire les conditions d'un « sursaut ». A la suite de cet exposé, un débat s'est engagé au sein de la commission.
 
M. André Vallini. - La baisse des effectifs est indéniable, mais en même temps on peut voir des campagnes publicitaires importantes pour le recrutement dans l'armée de terre. Comment l'expliquez-vous ? Vous avez dit que la réorientation stratégique des Etats-Unis devrait servir « d'adjuvent » pour l'Europe de la défense. Comment faire pour relancer cette Europe de la défense qui paraît bien moribonde ? Comment la faire redémarrer, si tant est qu'elle n'ait jamais démarré ? Par ailleurs, que pensez-vous des déclarations d'Hervé Morin concernant la suppression de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire ? M. Jacques Gautier. - Vous semblez préconiser une coopération renforcée avec nos amis allemands, mais c'est très difficile de cerner ce qu'ils veulent faire. Nous avons créé avec eux une brigade, mais elle ne sert à rien et on ne peut pas l'utiliser. Chaque fois que l'on fait un programme, ils ne sont intéressés que par le retour industriel, ce qui peut parfois « planter » le programme car ils s'efforcent d'acquérir des compétences qu'ils n'ont pas forcément. Avec nos amis britanniques, c'est un peu le contraire, nous nous entendons très bien sur le volet opérationnel, mais en matière industrielle, il n'y a pas grand-chose. M. Jean-Louis Carrère, président.- Nous nous efforçons de tenir compte du rapport de M. Hubert Védrine sur le retour de la France dans l'OTAN. Nous partageons vos analyses et nous nous efforçons de relancer l'Europe de la défense. Le problème est que quand nous sommes avec nos amis britanniques, ils sont favorables à des mutualisations avec nous, mais pas avec les Allemands et quand nous sommes avec nos amis allemands, ils nous demandent ce que nous faisons avec les Britanniques. Quoiqu'il en soit, si nous ne maintenons pas notre effort de défense au niveau adéquat, nous serons déclassés : pour mutualiser, encore faut-il avoir quelque chose à partager. M. Jacques Gautier. - Vous recommandez de recourir à davantage d'équipements rustiques. Le fait est que nous n'arrivons même pas à payer tous les mois les programmes d'équipement déjà engagés et qu'il faut sans cesse annuler ou reporter.

M. Bernard Piras. - Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe concernant la réorganisation de l'état-major, car nous avons du mal à y voir clair ? M. Alain Néri. - Vous avez dit qu'il y avait un délicat arbitrage à effectuer entre le volume des effectifs des forces et leur équipement, mais tout de même on ne peut pas les équiper avec des équipements anciens. M. Gérard Larcher. - La nécessaire coopération avec l'Allemagne, on en parle depuis des années, mais on ne voit rien venir. La coopération avec le Royaume-Uni fonctionne. Que pouvons-nous faire ? Par ailleurs, nous avons beaucoup d'équipements sur les parkings faute d'avoir les crédits nécessaires pour les maintenir en condition opérationnelle. Cela a un effet désastreux sur le moral des troupes. Général Henri Bentégeat, ancien chef d'état-major des armées.- Les campagnes publicitaires sont nécessaires, car si les effectifs diminuent en stock, il est tout de même indispensable de gérer les flux et de susciter des vocations si l'armée veut pouvoir sélectionner ses candidats. Sur la question de savoir comment faire redémarrer l'Europe de la défense, je dirais qu'il faut commencer par faire fonctionner ce qui existe déjà : le SEAE, l'AED, les opérations sur le terrain. Il faut proposer des actions extérieures nouvelles. L'Union européenne a cent soixante postes diplomatiques qui ne reçoivent aucune directive. L'AED peut faire la même chose que l'OTAN avec le pooling and sharing, mais au profit d'industriels européens. On peut certainement la sortir de l'ornière en lui donnant la responsabilité d'une coopération structurée permanente. Nous avons assisté à quelque chose d'incroyable : il n'y a plus eu de programme d'équipement militaire significatif développé en commun en Europe depuis l'avion A400M. C'est terrible. Concernant notre coopération de défense avec le Royaume-Uni, le volet le plus important est, selon moi, le volet nucléaire. Nous avons tout intérêt à ce que cela marche, car sinon la France se retrouvera seule puissance nucléaire en Europe et sa dissuasion nucléaire sera nécessairement contestée. Sur le volet opérationnel, notre coopération est également profitable, car disons le franchement, ils sont plus guerriers que les autres et beaucoup plus proactifs. Mais c'est vrai, ils ne veulent pas élargir leur coopération avec nous à d'autres Européens. S'agissant des Allemands, leur attachement à l'OTAN est profondément ancré dans leur psychologie collective. Ils ont vaguement fait quelque chose en Libye parce que c'était une opération de l'OTAN. Si cela avait été une opération de l'Union, ils auraient tout fait capoter. Pourtant nous avons fait tellement de choses ensemble qu'on ne peut pas envoyer tout promener. Chaque année, nous avons quatorze officiers allemands qui suivent les cours de l'école de guerre française et réciproquement. En comparaison, il n'y a qu'un seul officier britannique et vice-versa. Est-ce que cela pourra changer la donne ? Peut-être. Il est vrai que l'opinion publique allemande est viscéralement pacifiste et la seule chose qui les intéresse est la défense agressive et égoïste de leurs intérêts industriels. Nous n'avons pas réussi par exemple à avoir une fusion DCNS-TKMS. Mais les esprits peuvent changer. En matière de mutualisation, nous avons fait le soutien de l'A400M et il existe des possibilités de partage sur le renseignement spatial. Si nous arrivons un peu à faire évoluer les Allemands, avec l'aide des Polonais, ce sera bénéfique à l'Europe. Ainsi, malgré le veto britannique, aujourd'hui tous les autres pays européens soutiennent l'idée d'un quartier général permanent et autonome de l'Union européenne. S'agissant des Britanniques, il y a quand même un risque majeur qu'ils ne quittent l'Europe. Ce serait une catastrophe car ils sont les seuls avec nous à avoir une vision globale des choses.

Pour répondre aux déclarations de M. Hervé Morin sur la composante aérienne, je dirais que c'est nécessaire de la garder car les missiles balistiques sont moins précis que les missiles aéroportés tels que l'ASMP/A. Or la précision est nécessaire pour dissuader au bon niveau une puissance régionale qui s'en prendrait à nos intérêts. Pour ce qui est de la question budgétaire et de ses répercussions sur les programmes d'équipement, on étale et on annule. Cela a toujours été comme ça. On ne sait pas faire autrement. Ce sont deux solutions aussi détestables l'une que l'autre car dans les deux cas l'Etat perd beaucoup d'argent. Mais on ne sait pas garantir le respect de la parole de l'Etat dans le long terme. Sur l'organisation du ministère de la défense, ayant été à l'origine du décret de 2005, qui a été renforcé par le décret de 2009, je peux vous en retracer l'origine. Il s'agissait de proposer au pouvoir politique de mettre un terme à la guerre incessante et détestable entre les différentes armées, qui existe d'ailleurs partout ailleurs dans le monde, y compris aux Etats-Unis. Auparavant, il ne se passait pas un jour sans que les chefs d'état-major d'armées ne se livrent une compétition acharnée pour contrer telle ou telle décision qui favorisait l'un d'entre eux. Pour y mettre fin, il a fallu donner plus de pouvoirs au chef d'état-major des armées et lui confier l'autorité sur les trois autres, ce qui évidemment a mal été accepté par les armées. Le projet actuel de réforme du ministère est présenté comme un moyen de rétablir ou renforcer le « contrôle politique » sur les armées .Mais c'est absurde dans la France d'aujourd'hui. Il n'y a que dans les démocraties populaires, avec des commissaires politiques, qu'un tel contrôle existe. Dans les démocraties occidentales, franchement, cette notion n'a plus cours. Le contrôle de l'usage de la force est effectué tous les jours par les chefs militaires eux-mêmes et si un chef est mauvais, il est relevé. Sans doute, y-a-t-il des choses à améliorer. Par exemple, le CEMA ne peut pas être en charge directement des bases de défense. Mais enlever au CEMA la direction des ressources humaines, ce serait lui enlever le principal levier d'autorité qu'il a sur les états-majors. Le risque est que tout cela réenclenche une lutte absurde entre les armées au détriment de l'efficacité opérationnelle. Enfin, s'agissant des équipements sur parking, c'est vrai que cela a un effet désolant pour le moral, mais c'est parce que les crédits de maintien en condition opérationnelle sont insuffisants. Avec la priorité donnée aux OPEX, on ne peut plus maintenir les équipements dans les bases et donc on ne peut plus faire d'entraînement. C'est regrettable, mais les restrictions budgétaires ne permettent pas d'espérer des progrès dans ce domaine.

Interview du Général PINARD LEGRY, Président de l'ASAF dans l'émission "Le grand Témoin" du 29 01 2013

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