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Le grand malaise : ce qui se passe vraiment entre François Hollande et l'armée française

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Publié le 14 juillet 2013

Fantasmes de putsch, coupes sombres et implication d'officiers dans l'organisation de la Manif pour tous, les relations entre l'Armée française et l'administration Hollande ne sont pas vraiment au beau fixe. Au point que le président de la République avait initialement décidé de ne pas saluer les blessés de guerre ce dimanche par peur d'une contestation.

Les relations entre l'Armée française et l'administration Hollande ne sont pas vraiment au beau fixe Crédit REUTERS/Benoit Tessier

François Hollande a fait, à l’issue du défilé sur les Champs-Élysées, un long détour par la tribune des militaires blessés. Un hommage public et médiatique rendu à ces hommes et femmes revenus cassés de leur service à la nation souvent sur des théâtres d’opération sur lesquels ils avaient risqué leur vie qui n'était pourtant pas prévu au programme officiel. Fin juin, les cellules d’aide aux blessés du ministère de la Défense en avaient été prévenues : il n'y passerait pas. Au 12 juillet, aucun contre ordre n'avait été reçu. La consigne avait même été donnée de ne pas filmer la fameuse tribune.

Motif de cette décision, sur laquelle le président de la République a visiblement décidé de revenir au tout dernier moment : la crainte de voir les militaires blessés et leurs familles lui reprocher l’adoption de la loi autorisant le mariage homosexuel par voie de banderoles et de slogans réprobateurs.

A voir la crispation des CRS après des mois de dispositifs de surveillance des manifestants anti-mariage gay, on pourrait avoir l'impression qu'une certaine paranoïa s'est emparée de l'exécutif, qui deux mois après le vote de la loi continue de redouter une fronde.

Fronde à laquelle on soupçonne justement les militaires de prendre part un peu trop ouvertement. La preuve ? Tout le monde sait bien que qu'il existe au sein de l'armée française une idéologie catholique conservatrice... sauf qu'elle reste minoritaire et qu'aucune statistique ne permet de montrer que les militaires auraient plus massivement que les autres participé aux manifestations anti-mariage gay. Oui mais l’un des leurs, Bruno Dary, ancien gouverneur militaire de Paris, a mis ses compétences logistiques au service de la « manif pour tous ». Un engagement qui n'a pas été du goût de tous. Ce général, qui avait descendu les Champs-Elysées l’an dernier mais qui est depuis parti à la retraite, en a fait les frais.

Le 5 juin, Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialisé sur les questions de défense, relate sur son blog que le « Lys Noir », un groupe maurassien, fantasme sur la possibilité d’un coup d’État militaire et en appelle directement via la revue de l’Arsenal à trois généraux : Benoît Puga, chef d’état-major particulier du président de la République, Pierre de Villiers, major général des armées et Bruno Dary. Si Merchet précise que pour lui, aucun des trois n'étaient vraiment impliqué, leurs noms circulent malgré tout dans la presse. Le Monde tente même de justifier dans un article du 7 juin les motivations qui pourraient être les leurs sans néanmoins avancer aucune preuve formelle. Des insinuations qu’un ancien haut gradé des services spéciaux remet sérieusement en cause : « Je les connais tous les trois, particulièrement Puga et Dary, pour les avoir côtoyés quand ils étaient dans la Légion étrangère. Cela ne leur ressemble pas du tout. Et ce sont de fervents républicains. Pour moi, c’est un réglage de feuillure, un règlement de comptes, entre généraux. » Ce qu'il pense de l'argument avancé par la presse concernant leurs liens avec les milieux catholiques traditionnels ? « Ce qu’on leur reproche, ce sont des attitudes. L’objectif est de déstabiliser Puga, de le pousser à la démission. C’est une affaire politique. »

Il n'empêche, le ministère de la Défense prendrait alors très au sérieux ces menaces de putsch. Pour l'ancien des services spéciaux, la réaction semble exagérée : « un coup d’Etat à l’heure actuelle me semble tout à fait fantaisiste au sein de l’armée actuelle. La DPSD (Direction de la protection de la sécurité de la Défense) surveille tout cela de façon très étroite. Le souvenir du putsch d’Alger reste très vif et personne n’a envie que cela ne se reproduise. »

Il est en revanche un point sur lequel il s’accorde avec Jean-Dominique Merchet : le mauvais moral des armées. Dans les rangs des sous-officiers, on dénonce les amalgames entretenus par les médias : « On a l'impression d'être rejetés. A les entendre, on croirait que nous sommes tous des fascistes opposés au mariage pour tous. » Même si le récent baromètre externe de la Défense 2013 montre que l'antimilitarisme est en baisse, ce sous-officier de l'armée de l'air poursuit : « depuis les manifs pour tous, j'ai le sentiment que le regard que l'on porte sur nous a changé. » Un malaise que les officiers de terrain, rassérénés par l'intervention au Mali, veulent néanmoins relativiser quand on les interroge : « Oui, il y a des inquiétudes mais l'armée reste l'un des piliers de la nation. Notre fierté à servir reste forte. »

Il n'en reste pas moins qu'au delà du coup de boost provoqué par les succès engrangés par l'opération Serval, le contexte est tendu. Un sous-officier précise : « Je peux vous assurer que ce qui nous inquiète ce ne sont pas les lois sociétales de François Hollande. Ce qui nous inquiète, c'est le Livre Blanc. Ce sont les 24 000 postes qui vont être supprimés. Le budget de la Défense va être maintenu pour 2014 ? Sur base, je peux vous assurer que ce n'est pas l'impression que cela donne. Les avions sont de plus en plus vétustes et on doit se débrouiller pour les réparer en récupérant des pièces sur d'autres cloués au sol. Bien sûr, la pratique n'est pas nouvelle mais c'est de pire en pire et ça ne risque pas de s'arranger. »

Les négociations sur le Livre Blanc ont été pour le moins tendues. Notamment entre les ministères du Budget et de la Défense. A tel point d'ailleurs qu'en avril 2012 la rumeur a couru que c'était les militaires qui avaient eu la peau de Jérôme Cahuzac. Si aucune preuve n'est venue le confirmer, l'opposition des hauts gradés à la ligne de coupes massives défendue par l'ancien ministre du Budget était en revanche plutôt explicite. Le chef d’état-major des armées, Edouard Guillaud, avait ainsi ouvertement mis en garde les députés contre les « impacts stratégiques, opérationnels et industriels irréversibles » du scénario privilégié par Bercy. Dans une interview accordée à l'Express en novembre 2012, il précisait ainsi sa position : « Bercy est dans son rôle quand il demande de maîtriser la masse salariale. En revanche, le Budget n'a pas à nous imposer une manière de procéder. » Ce dont les hauts gradés se plaignaient en coulisses, c'était des positions trop souvent idéologiques de certains hauts fonctionnaires et membres du gouvernement de François Hollande. Si finalement, le ministre de la Défense est parvenu à imposer le scénario le moins défavorable, un certain froid s'était installé entre certains membres de l'équipe gouvernementale et une partie de l’État-major. Début juillet, Jean Guisnel relayait sur son blog les détails d'une réunion du Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM) plutôt houleuse, « dépassant franchement les règles couramment appliquées dans la relation entre civils et militaires. » Une de ses sources lui aurait confirmé que le cabinet du ministre avait exigé des sanctions à l'encontre de certains des officiers présents. Pas de quoi rassurer les états-majors qui craignent un grand ménage à l'occasion des changements à venir : le chef d'état-major des Armées (CEMA) en 2014, le CEMAT (Armée de terre) à la fin 2013, les CEMM (Marine) et CEMAA (Air) début 2014.


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