Samedi soir, après une intense drache, le ciel s’est finalement décidé à épargner le public de Villers.

«Vous n’avez pas voulu accepter notre cadeau britannique, mais ce n’est pas grave. On ne vous en veut pas!» Il fallait être anglais pour s’amuser des caprices de la météo ce samedi soir dans les ruines de Villers-la-Ville. Le London Quartet a osé. Ces quatre chanteurs, à l’allure faussement austère, ont démontré que chant et rire s’accordaient parfaitement. Le public ne s’y est pas trompé, applaudissant tant leur interprétation d’incontournables d’Elton John ou de Simon and Garfunkel, que leur délire chorégraphique sur Dem Bones, classique du répertoire negro spiritual. Une prestation séduisante tant par sa fantaisie que par son impressionnante qualité vocale. Les Britanniques auront été le coup de cœur de nombreux spectateurs.

Qualité vocale toujours, avec les choristes de James Brown. Des voix souls à tomber, une présence scénique terrible, ces trois nanas-là ont prouvé qu’elles avaient encore une pêche d’enfer, malgré la disparition de Maître Brown. Chair de poule garantie avec leur interprétation de It’s a man’s world. Un très joli moment.

Non loin de là, c’est dans la nef de l’ancienne église des cisterciens que Yael Naim, ex-star de la comédie musicale Les dix commandements, avait installé sont campement. Après quelques minutes d’écoute curieuse, la jeune auteure-compositrice est parvenue à attirer le public dans son univers si personnel. Accompagnée de son piano et de trois choristes au look néo-gothique ébouriffé, elle a donné l’impression de se fondre tout en délicatesse au décor. C’est seule au piano qu’on a préféré se laisser bercer par sa voix épousant le contour des vieilles pierres. Douce et envoûtante.

Dans un tout autre registre, le chœur de la Légion étrangère occupait la scène principale avec ses quelque quarante-cinq choristes mâles au look ad hoc. Ces très sérieux légionnaires français issus de seize nationalités différentes ont surtout impressionné par leur tenue et amusé avec leur reprise du Boudin (Tiens, voilà du boudin…) sans laisser de trace vocale impérissable. Voix mâles encore et tenue austère mais mention impeccable pour le chœur de Saint-Petersbourg. Classique et sans faille.

Enfin, sixième ensemble vocal de cette édition 2014 très réussie de la Nuit des Chœurs, la troupe de la comédie musicale française Sister Act a entraîné le public dans une représentation remuante et enthousiaste des nonnes chantantes, mais très éloignée de l’esprit de la Nuit des Chœurs. Les amateurs de prestations a cappella, si magiquement valorisées par le spectacle nocturne des ruines de Villers-la-Ville, sont ici restés sur leur faim.