outre-mer
Publié le 23/07/2015
Rencontre avec le géographe François-Michel Le Tourneau, de retour dans l'Hexagone. Il a achevé le 17 juillet une expédition scientifico-militaire de 45 jours dans la forêt amazonienne : le "raid des 7 bornes", une incroyable mission de reconnaissance à la frontière entre la Guyane et le Brésil.
Pour tout savoir sur la genèse du "raid des 7 bornes", voir notre article "Des scientifiques et des légionnaires en expédition à la frontière sud de la Guyane"
La 1ère : Quel était le rythme de vos journées ?
François-Michel Le Tourneau : Réveil 5h15. Puis on alternait entre une heure de marche, 10 minutes de pause, une heure de marche, et ainsi de suite. Nous nous arrêtions vers 15h/15h30 pour monter nos bivouacs. Ensuite, comme on n'avait pas de lumière, on se couchait vers 20h. Ça faisait des bonnes nuits !
Plusieurs personnes ont dû quitter l'aventure au cours de ces 45 jours, que s'est-il passé ?
Deux personnes ont dû être évacuées. Un légionnaire s'est luxé l'épaule lors d'une chute. Et l'un de nos guides souffrait d'une grosse déchirure musculaire. C'était très triste de le voir partir, lui qui avait une connaissance si fine de la forêt... Mais quand on y réfléchit, on a eu de la chance, on aurait pu avoir beaucoup plus de problèmes. Avec la pluie, c'était glissant comme une savonnette, surtout les racines et les branches basses. Nous chutions tous plusieurs fois par jour !
Des blessures moins graves à déplorer ?
Dans cette zone méconnue de la frontière guyano-brésilienne, avez-vous relevé des différences par rapport aux cartes existantes ?
Je pense aussi que le tracé de la frontière entre la France et le Brésil n'est pas toujours le plus pertinent. Mais là, ça dépasse les questions de cartographie ! Il faudrait que les deux pays se mettent autour de la table pour en discuter.
L'équipe à la borne 5 et le GPS géodésique en œuvre pic.twitter.com/0WJlpdxpFv
— #r7b (@7bornes) 7 Juillet 2015
Vous avez alimenté un blog et un compte Twitter pendant le périple, dans quelles conditions rédigiez-vous vos articles et vos tweets ?
Je profitais des jours de pause (à chaque borne) pour sortir mon ordi et écrire dans mon hamac. Avec tout un tas de problèmes techniques, des touches qui sautaient... Mais j'ai toujours trouvé des combines, système D quoi. Quant aux tweets, je les envoyais avec un téléphone satellitaire. Je cherchais la connexion désespérément, comme avec les mobiles d'il y a 10 ans. J'avais un peu l'air d'un sourcier, mais ça finissait par marcher.
Une liseuse, plus léger ! Avec Victor Hugo et Albert Camus à l'intérieur. Une fois qu'on avait épuisé tout notre stock de blagues, fallait bien s'occuper. Pour la petite anecdote, deux journalistes nous ont accompagnés pendant toute l'expédition. Ils n'avaient rien à lire, les pauvres... Ils étaient désespérés, ils essayaient d'emprunter de la lecture à tout le monde. Ils ont bien trouvé un légionnaire qui lisait Dostoïevski, mais c'était en russe...
Scènes de bivouac : fabrication d'1 jeu d'échec, les boîtes de plats cuisinés nous changent du lyophilisé pic.twitter.com/DTVbuhk8TB
— #r7b (@7bornes) 16 Juillet 2015