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L’honorariat à la Légion étrangère

Éditorial du COM.LE du Képi blanc N° 777

L’honorariat est la dignité d’une personne honoraire, c’est-à-dire de celle qui porte un titre sans fonction. Il s’agit ainsi d’une marque de gratitude et de considération envers une personne qui a rendu des services éminents à l’institution qui l’honore.

Les origines de l’honorariat

Dans le milieu militaire, l’attribution d’un grade honorifique trouve son origine dans la nomination du général Bonaparte au grade de caporal en mai 1796, suite à la prise du pont de Lodi, à laquelle il avait participé physiquement aux côtés de ses hommes. À l’époque, le grade de caporal n’était attribué qu’au prix d’un acte de bravoure exceptionnel. L’honorariat au titre d’une arme apparut plus d’un siècle plus tard, après la 1re Guerre mondiale, sans aucune règle fixe.

À la Légion, c’est le général Rollet qui lança cette tradition, en restant d’ailleurs très mesuré dans l’attribution de cette mesure de gratitude. Véritable fondateur de la Légion “moderne”, visionnaire, le général Rollet, nous a montré la route à suivre en nommant à l’honorariat, avec parcimonie, des personnalités très diverses :
messieurs Jean Brunon et Pierre Benigni, respectivement rédacteur en chef et illustrateur du livre d’or édité pour le centenaire de la Légion étrangère en 1931. Monsieur Brunon gravira par la suite dans l’honorariat les grades de caporal puis de caporal-chef ; des chefs de guerre, officiers ou sous-officiers, ayant vaillamment combattu au sein ou aux côtés des unités de Légion étrangère, notamment au Maroc lors de la guerre du Rif. Citons parmi eux le capitaine Léopold Davout d’Auerstaedt, pilote de chasse, nommé légionnaire de 1re classe d’honneur, et le chef de bataillon Albert du 2e Régiment de tirailleurs marocains, nommé sergent d’honneur. Notons que ce grade ne sera donné qu’une autre fois, en 1941, au commandant Brignaudy, le pacha du Sontay, “le bateau de la Légion” qui transportait les légionnaires en Extrême-Orient ; des médecins militaires ; maître Danjou, notaire à Chalabre, le petit-neveu du capitaine Danjou, et qui fit don au musée de la tunique et des médailles ayant appartenu à son grand-oncle ; une femme, madame Léone Lapidus, correspondante d’André Gide à Marrakech.

Comme dans beaucoup d’autres domaines, le général Rollet avait fixé le cap : l’honorariat à la Légion doit concerner des militaires et des civils, des hommes et des femmes qui, soit ont coopéré ou combattu en opérations de manière exemplaire avec des unités de Légion, soit, hors contexte opérationnel, ont rendu des services exceptionnels à la Légion étrangère. Géré comme une coutume, laissé longtemps à la discrétion des chefs de corps, voire occasionnellement à celle d’associations d’anciens, l’honorariat est, depuis 2004 et pour toutes les armes, encadré par une directive du chef d’État-major de l’armée de Terre.

Qui sont ces légionnaires d’honneur ?

Aujourd’hui, la Légion étrangère recense un peu plus de 1 200 personnes qui ont reçu cette distinction. Il faudrait un livre pour toutes les citer, et souligner les liens profonds qu’elles ont eus ou ont encore avec la Légion. La liste de ces légionnaires honoraires est longue : 7 légionnaires, près de 1 100 légionnaires de 1re classe, une petite centaine de caporaux ou brigadiers, une douzaine de caporaux-chefs ou brigadiers-chefs, deux sergents, et un seul sergent-chef, le prince Louis II de Monaco, “le prince soldat” qui voulut qu’à ses obsèques, sur le parvis de la cathédrale de la Principauté, ne soient joués que l’hymne monégasque et Le Boudin.

La majorité de ces légionnaires d’honneur ont été nommés en période de guerre : Seconde Guerre mondiale (350) Guerre d’Indochine (500), Guerre d’Algérie (115). Dans les années 1930, ils étaient seulement une cinquantaine à être nommés. Après la Guerre d’Algérie et jusqu’en 1971, une vingtaine. Puis vinrent des années “vides” jusqu’à la fin des années 1970. Ils furent ensuite 80 jusqu’en 2004, et depuis, une soixantaine. Parmi eux, citons les quatre maréchaux de France de la Seconde Guerre mondiale, des chefs d’État-major des armées ou d’armée, de nombreux officiers généraux français ou étrangers, de nombreux officiers, beaucoup d’infirmières ou assistantes sociales pendant les périodes de guerre, un couple présidentiel, un ancien président de la République, des anciens ministres, un roi, des princes, des princesses, un marquis, des académiciens, des préfets, des ambassadeurs, des consuls, des écrivains, des historiens, des journalistes, des maires, des œnologues, des secrétaires d’associations, des artistes, des juristes, des bâtonniers, des avocats, des évêques, des aumôniers catholiques ou protestants, des missionnaires, des peintres, des photographes, des “pachas”, des pilotes, le champion de boxe Marcel Cerdan, des cantinières, des comptables, un explorateur, des artisans, des commerçants, des architectes, et bien d’autres personnes regroupées sous le terme générique de bienfaiteur ou bienfaitrice de la Légion étrangère.

Le sens de l’honorariat aujourd’hui

Aujourd’hui, l’honorariat est toujours attribué en témoignage de gratitude “pour services éminent” rendus à la Légion étrangère. La procédure est centralisée depuis 2004, et les critères de proposition ont toujours les deux volets majeurs choisis par le général Rollet : le comportement exemplaire au combat ou en campagne, avec ou aux côtés des unités de Légion étrangère ; hors du contexte opérationnel, la participation de façon exceptionnelle à la défense de la Légion et à son rayonnement, ou la réalisation à son profit d’un travail tout-à-fait remarquable. Seuls le grade de caporal et la distinction de 1re classe ont été conservés de nos jours. Par délégation du général chef d’état-major de l’armée de Terre, la décision d’attribution de la distinction de légionnaire de 1re classe d’honneur est prise par le général commandant la Légion étrangère, sauf lorsque les propositions concernent des hautes personnalités étrangères.

Le grade de caporal d’honneur est en principe réservé aux officiers généraux, français ou étrangers, et soumis pour décision auprès du cabinet du ministre. L’honorariat n’est ni une récompense, ni un dû, ni une flatterie, ni un hochet. Il est d’abord un signe du cœur. Le réseau d’amis qu’il crée ne se raisonne pas en termes de services rendus, d’obligations à rendre, ou de calculs. Sa logique est autre. Il s’agit d’abord de se reconnaître autour d’une identité commune, celle de Monsieur Légionnaire, pour qu’animés par elle, le commandement de la Légion étrangère et l’impétrant témoignent de leur attachement commun à la famille qui les unit. Car l’honorariat, pour la Légion étrangère, c’est d’abord la manière simple de rendre hommage, de manière gratuite et désintéressée, aux amis de la Légion étrangère qui rentrent dans la famille parce qu’ils se sont distingués par leur abnégation, leur dévouement, et leur attachement à tous ces étrangers devenus fils de France, non par le sang reçu mais par le sang versé. Dans notre société du paraître, où le “bonjour, s’il vous plait, merci” n’existe quasiment plus, même pour aller chercher son pain à la boulangerie, l’honorariat est aussi un signe d’espérance, dont la flamme est entretenue par la certitude que l’âme de Monsieur légionnaire peut faire de grandes choses. Ce mois-ci, deux officiers généraux en activité, sont mis à l’honneur : bienvenue à eux dans la famille légionnaire !

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