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Légionnaire toujours...

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Mot du rédac'chef KB


Mot du rédac'chef KB N° 726

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Maintenir, c’est exister dans la durée

La mission de la maintenance conditionne la réussite à s’engager avec ses matériels "réservoirs pleins et chargeurs garnis, avec ou sans préavis", loin de ses bases, en terrain difficile, soumis à un environnement peu ou très peu favorable. Ce n’est pas totalement le cas de la 13 à Djibouti ni des FFDj en général, mais c’est typiquement les conditions dans lesquelles l’emploi de la maintenance est pensé, dès lors qu’on le situe dans un contexte opérationnel. Toutefois, dans la Corne de l’Afrique, une éventuelle action soudaine dans la sous-région peut s’inscrire en arrière-plan et oriente forcément le travail des procédures de la CiMat, au profit des unités soutenues, dans une configuration et une attente particulières.

Comme la compagnie de maintenance du 2e REP dans d’autres proportions, cette compagnie de la 13e DBLE est une unité mixte, forte de la diversité d’origine de ceux qui y servent : militaires engagés à titre étranger ou issus du régime général, personnels civils de recrutement local. Comme son homologue calvaise, son isolement géographique implique dynamisme et sens de l’évolution : c’est ce que traduisent son effort d’anticipation (prévision des affrétés), sa rapidité de réaction (intervention de terrain) et sa préoccupation de l’économie, de la conservation de "réserves" (gestion des milliers de pièces référencées, loin de la métropole).

Parce qu’ "avant de combattre, une armée doit exister, et pire encore, elle doit exister dans la durée.*". C’est on ne peut plus vrai. Autrefois, durer passait par la présence du forgeron régimentaire qui suivait dans le sillage les compagnies montées pour ferrer leurs mules ; aujourd’hui, ce sont des ateliers roulants qui se déploient en plein désert, pour y exécuter des opérations lourdes ou pointues, sur les blindés ou l’armement, avant qu’ils ne soient rapidement réengagés. Dans ce cas, le spécialiste prend toute sa dimension. Pour autant, l’expertise "maintenance" seule ne se suffit pas.

Dans l’application terrain de leur métier, les "maintenanciers" conduisent souvent en opération leur propre auto-défense, acte élémentaire encore plus réel aujourd’hui que le danger est omniprésent (cf. KB n°723), en convoi ou sur leurs zones d’implantation. Spécialistes multi-techniques, ils n’en demeurent pas moins des combattants.

De même, dans l’organisation interne du recrutement de la filière, la vocation du futur spécialiste s’envisage au plus tôt : cent cinquante métiers différents sous le "label maintenance" nécessitent une bonne détection des qualités, immédiates ou supposées, dès l’instruction ; à la Légion, cela a lieu à Castelnaudary dans les premiers mois de service.

En régiment ensuite, l’effort de formation se poursuit par les stages internes (formations de spécialités élémentaires), des qualifications techniques de degré supérieur obtenues en école de spécialisation : c’est la gestion au plus juste de l’effectif destiné aux "filières fines” dont le but est de ne pas appauvrir les postes à pourvoir en unité et garantir leur bon niveau opérationnel.

Enfin, même en maintenance, il n’y a pas de Légion à deux vitesses et, par conséquent, deux visions différentes du service : celle des guerriers au contact et celle des spécialistes, loin en arrière des lignes. On est avant tout légionnaire et combattant par état d’esprit initial, on devient spécialiste par apprentissage ultérieur, en étant affecté là où le besoin de l’Institution se fait sentir.

Il n’y a qu’un tronc commun, fait d’expérience et de vécu partagés.

Bonne lecture à tous,

* "Tactique théorique", GBR M. Yakovleff.


Mot du rédac'chef KB N° 725

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On ne laisse personne derrière

" Vous autres, légionnaires, vous êtes soldats pour mourir et je vous envoie où l’on meurt."
Général de Négrier, 1884.

Derrière cette phrase ronflante qui peut paraître dénuée d’humanité, de sentiment fraternel, se cache un certain fatalisme. Il est dû à l’acceptation simple que le légionnaire pouvait être un soldat "consommable" ; du moins tel qu’il était sûrement et froidement établi en 1884, au Tonkin...

Nous en sommes bien loin aujourd’hui. A l’heure où, en temps réel, chaque chef connaît précisément la position et l’état de ses hommes sur le terrain, au cœur de l’action, où l’on est assuré qu’un blessé puisse faire l’objet d’une évacuation rapide, et si besoin est vers la capitale, d’un coup d’aile de Falcon, "envoyés là où l’on meurt" n’a plus le même sens. Et n’expose pas aux mêmes risques : à celui du manque de réaction immédiate médicale parce que la médicalisation opérationnelle de l’avant est une réalité, encore moins à celui de la probabilité d’un mauvais accueil en métropole, parce que c’est une préoccupation majeure.

Oui, nous en sommes bien loin et nos blessés le savent. Pour eux, volontaires contraints par leur trajectoire au choix dangereux d’un engagement inconditionnel, s’ils en ont accepté les ruptures et les risques, ils n’en demeurent pas moins soucieux de leur vie, du rang et de la place qu’ils doivent tenir, de leur intégrité physique. Ils savent que le coup de Damoclès d’une sale blessure peut frapper d’un arrêt net leur nouvelle vie, qu’ils craignent confusément l’oubli au fond d’un couloir d’hôpital, de se sentir ravalé à la condition de légionnaire de "deuxième ordre", avec toujours la peur d’être laissé derrière, inexorablement.

L'hommage aux blessés du 10 septembre dernier démontre qu’on ne laisse personne derrière et que "lorsqu’un légionnaire est blessé, c’est toute la Légion qui saigne". En outre, que leur famille militaire, leur famille légionnaire ont les moyens de ne pas les abandonner à leurs doutes, leurs souffrances, aux tracas administratifs. L’action sociale du Foyer d’entraide, le dispositif des Ressources humaines et le soutien d’organisme comme la Cellule d’aide aux blessés de l’armée de Terre, sont autant de secours et recours immédiats au profit de ceux dont la qualité du service rendu à la France n’est plus à confirmer.

Au-delà de la fierté, de la gratitude et de l’admiration ressenties par l’ensemble de la Légion à l’encontre de ses blessés par l’exemple d’héroïsme qu’ils donnent, c’est la reconnaissance de la nation exprimée par le fait d’avoir désormais le droit de devenir Français "par le sang versé" qui illustre le plus incontestablement leur assimilation, eux "volontaires involontaires" étrangers, dans la communauté nationale.

Bonne lecture à tous,

Le chef de bataillon Bertrand MOREL


Mot du rédac'chef KB N° 724

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Esprit de corps et esprit du cœur

"On ne cesse pas d’être légionnaire au moment où on quitte l’uniforme. On le reste jusqu’à la mort, et c’est bien jusque-là, jusqu’à la gauche, comme ils disent, que servent les légionnaires." Georges Manue.

Le 30 juin dernier, quarante-deux jeunes engagés volontaires du 4e Étranger recevaient leur képi blanc. Il ne s'agissait ni d'une autre cérémonie ni d'une prise d'armes supplémentaire. Le lieu, comme les hôtes, ne souffrait pas le hasard : à Auriol, les novices étaient sur la "terre des anciens" pour un véritable passage de flambeau.
Auriol... initiative de génie du premier père Légion, le général P-F Rollet. L'acquisition du domaine de Vède a ouvert des perspectives familiales concrètes à l'Institution, elle y a consolidé les fondations de la solidarité, de l'entraide et de l'esprit de corps.

Ce 30 juin n'était donc pas une visite à l'hospice, une pénible corvée, exécutée de mauvaise grâce. Cette remise de képi blanc s'est déroulée à Auriol parce que c'est de la proximité des cadets et de leurs anciens, dès le point de départ, que dépendent la direction, la profondeur et la qualité dans lesquelles est creusé le sillon initial. L'adage "Si tu veux tirer droit, attache ton soc à une étoile", peut se traduire en langage Légion par : "Avant d'ouvrir ton chemin, va d'abord parler à l'ancien". Pour les retraités, la transmission du relais s'habille d'un double sentiment : une grande fierté et une fidélité confortée. Comme si l'esprit du cœur prenait le pas sur l'esprit de corps...

L'état d'esprit de l'ancien est celui d'un père qui regarde son fils, apprécie l'honneur que sa présence lui procure et est comblé de la fierté qu'il ressent. Celle d'appartenance à la même caste, à la communion aux mêmes rêves et aux mêmes valeurs. Profondément fier, s'il n'a porté l'uniforme depuis longtemps, il se redresse devant le jeune qu'il identifie, immédiatement, comme l'un des siens.

Qualité fondamentale, la fidélité de l'ancien est intacte. Parfois dormante, plus souvent active, elle est l'expression de sa vitalité et vibre à nouveau, au contact de son cadet. Son apparition le renvoie à l'indécis timoré, puis le candidat qu'il a été ; à celui qui, défait de sa tenue, n'en a pas moins gardé une grande reconnaissance avant de construire sa vie d'homme, avec ce que la Légion lui a apporté, a su révéler de meilleur en lui. Qu'il ait ou non réussi "dans" sa vie importe finalement
peu, dès lors qu'il est certain d'avoir réussi, plus simplement, "sa" vie...

L'hommage du jeune à l'ancien, sans réveiller aucune amère nostalgie, incarne l'esprit du cœur, le lien filial qui, mystérieusement, retient étroitement l'un à l'autre deux hommes qui, sans se connaître, se... reconnaissent.

Bonne lecture à tous,

Le chef de bataillon Bertrand MOREL


Mot du rédac'chef KB N° 723

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La somme du courage

Étrangère en rien à ce qui donne du poids et un sens à l'action de l'armée de Terre, la Légion ne l'est pas non plus à la "règle du contrat" : risquer sa vie, avoir le danger en perspective, là où le métier se vit en dimension réelle. La règle s'applique, implacable, désormais à chacun de nos hommes, dans chacune de nos opérations, et impose de vivre au cœur de l'action davantage exposé. L'actualité récente l'a montré : "la règle du contrat" n'épargne personne.

Elle rappelle brutalement, peut être autant au grand public qu'aux plus jeunes d'entre nous, que l'état de soldat comporte des exigences et des acceptations. Et qu'être engagé dans un environnement toujours plus difficile, fait d'incertitudes et jalonné de dangers, est fatalement assorti d'un prix à payer, qui semble toujours trop élevé. Cet état de vie à risques ne s'admet qu'avec une force de conviction solide, des fondamentaux acquis, éléments caractéristiques de la somme du courage constituant l'état de soldat.

Les légionnaires, volontaires par nature, dont l'attachement à l'Institution est au carrefour du désintéressement, de l'obéissance et d'un sentiment d'appartenance élevé, ont pris la mesure de ces exigences et acceptations, dès leur engagement.

Ils acceptent aussi le paradoxe de rester toujours du "bon côté et en sécurité" de la ligne à ne pas franchir, tout en prenant et courant des grands risques, et celui, entre autres, de perdre la vie. Parce que "dans les situations difficiles, la solution la plus courageuse est souvent la meilleure" (Thucydide) et que le courage du soldat, aujourd'hui, côtoie le danger au plus près.

Bonne lecture à tous,

Le chef de bataillon Bertrand MOREL


Mot du rédac'chef KB N° 722

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La vie, à mains nues

Petit à petit, à pas mesurés et par bribes choisies, Hélie Denoix de Saint Marc s'est raconté, ou plutôt a laissé couler le flot de ses souvenirs, impressions, sentiments et réflexions. Le livre paru en avril dernier, "L'aventure et l'espérance", achève un long cheminement d'une quinzaine d'années constitué d'entretiens, de récits et comporte l'essentiel, la synthèse la plus profonde de son témoignage.

Un témoignage qui apparaît aujourd'hui dans ce format ramassé, comme l'aboutissement d'une patiente et précise introspection, raccrochant les uns après les autres les fils coupés de sa vie. Et quelle vie ! Définitivement marquée par l'aventure d'homme qu'il a vécu, guidée par l'espérance, même la plus infime, la vie du commandant de Saint Marc tient du roman ou, à bien des égards ressemble à un empilement de véritables "strates historiques". Debout aux avant-postes, il a donné, ou les événements ont donné, un sens à son existence au cours de vingt-cinq ans d'une lourde histoire.

Homme de vérité, c'est par, pour et dans l'honneur qu'il a creusé son sillon en un tracé fulgurant, passionnant. Homme en vérité, il ne s'est jamais départi d'une égale douceur retenue, dont chaque mot, pesé au trébuchet, reflète sa dignité conservée, loin de la fureur, hors des luttes partisanes.

Passés les temps de l'action, des passions puis du silence, souvent plein de douleurs et de renoncements, sont venus ceux de la réflexion et de l'expression partagée. Le temps de dire et témoigner ultimement et, probablement, de léguer ce qui a été son aventure, ce qui demeure son espérance aujourd'hui. Son aventure a connu de graves dimensions : de son volontariat dans la Résistance à la libération du déporté au matricule M 20543, elle s'est calculée en jours, puis en heures de survie, projeté qu'il était au cœur de la violence et l'inhumanité du système concentrationnaire. Revenu à la vie, l'aventure a résonné alors, à sa sortie de la Spéciale, des airs de la chanson de geste légionnaire et il s'y est abîmé avec enthousiasme. "Attiré comme un aimant" par cet univers humain sans concession, ce sont la démesure et l'émotion qui l'ont porté, en Indochine et le marquèrent de profondes cicatrices, en trois séjours. La situation en Algérie, tissée d'incompréhensions, qu'augmente la douleur toujours vivace de l'abandon précédent, ont fait tourner, définitivement, l'aventure au drame. L'officier légaliste a basculé dans la catégorie des hors-la-loi, pour ne plus mentir : "Choisir, c'est préférer et préférer, c'est renoncer". L'ancien déporté est alors devenu le détenu n°3 à Clairvaux.
Puis l'homme a repris la vie, à mains nues...

L'espérance, "flamme chancelante, mais si bouleversante", l'espérance envers et malgré tout est la grâce qui accompagne maintenant Hélie de Saint Marc sur le chemin des souvenirs, de la recherche perpétuelle de la compréhension et de la sérénité retrouvée. Le chemin de celui qui n'essaie rien d'autre que d'être un homme.

Bonne lecture à tous,

Le chef de bataillon Bertrand MOREL


Mot du rédac'chef KB N° 721

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Le quart d'heure du caporal

Philippe, Louis Maine, caporal à la 3e compagnie du Régiment étranger est un rustique, trapu, mat de peau et aux épaules larges. Vétéran d'Algérie, il a servi chez les "Ouaves", avant de s'illustrer en Crimée où il a gagné la légion d'Honneur à l'assaut du Mamelon Vert de Malakoff. Maine est soldat dans l'âme, guidé par l'action, dont l'existence même est placée sous le double signe de l'engagement total et du risque.

A Camerone, le chef d'escouade, guerrier confirmé, saisit et conduit à son terme l'idée tactique que son capitaine a imprimé au combat : faire aux Mexicains ce que le général Yakovleff appelle aujourd'hui "le coup du bar ouvert". En offrant à l'adversaire une opportunité irrésistible, mais non prévue d'anéantir, apparemment à moindre frais, une compagnie isolée en rase campagne, le capitaine Danjou écarte les Juaristes de leur objectif principal qui est de mettre la main sur le précieux convoi parti de Vera Cruz, et les oblige à combattre à faux.

Maine, pendant les onze heures de lutte dans le corral de l'hacienda, voit et analyse les renforts successifs des assaillants comme la preuve évidente que son chef avait vu juste. Le colonel Milan, excité par le compte rendu que lui dresse le commandant Jimenez, bat le rappel de ses bataillons pour l'hallali, démontant ses cavaliers et les envoyant grossir les rangs des fantassins qui assiègent l'hacienda. Ils vont s'y user en assauts répétés et accuser de lourdes pertes. Le caporal, à l'aune de l'expérience acquise lors de ses précédentes campagnes, s'approprie le combat de son chef et entraîne son escouade, du moins ce qu'il en reste, avec rage. Aux côtés du sous-lieutenant Maudet et des derniers défenseurs de la position, il incarne la volonté collective de faire face, ensemble. Au dernier quart d'heure, en allant jusqu'au bout du serment que le capitaine a fait jurer à ses hommes, Maine commande l'ultime action de cette lutte épique, à l'issue de laquelle, autant par bravade que pour l'honneur de ses frères d'armes, il se paie le luxe d'imposer ses exigences au colonel Cambas qui reçoit sa reddition.

"Victorieux" dans leur intention mais vaincus au terme d'un combat perdu, Philippe Maine, Laurent Constantin et Geoffroy Wensel, survivants gris de poussières et épuisés par une journée de combat, constatent les pertes subies par les Mexicains : entre trois cents et quatre cents cadavres jonchent le sol, autour de l'hacienda… Au moment où on les emmène prisonniers, dans le sillage du brancard de Maudet, Maine et les plus valides soutiennent et veillent leurs camarades blessés. Liés par le destin, les prisonniers résistent au désespoir, portés par leur esprit de solidarité et par la ferme volonté du "caporal du dernier quart d'heure", aussi attaché à sa vie qu'à celle de ses frères d'armes.

Bon Camerone ! Bonne lecture à tous,

Le chef de bataillon Bertrand MOREL


Mot du rédac'chef KB N° 720

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Rigueur + imagination = réalisme...

"Lorsque vous arriverez à la tresse bleue, que le groupe de gauche sera à la marque verte et que vous entendrez "top !" sur le réseau, vous aurez dix secondes pour abattre les cibles ; après quoi, restant bien alignés, vous monterez à l'assaut en respectant le fil d'Ariane qui court vers l'objectif,... et appliquez-vous : c'est la cinquième fois qu'on recommence et on ne va pas y passer la nuit !".

Honnêtement, nous avons tous conservé une phrase du même genre, coincée dans notre mémoire à la case des mois d'instruction ou celle des répétitions laborieuses de démonstrations qui, finalement, ne se déroulaient pas si mal et avaient "quand même de la gueule". Pour autant qu'il ait été satisfaisant par le passé, rester à ce niveau d'exigence aujourd'hui équivaudrait à marcher à reculons sur un escalator...

Le panorama qu'offrent les cycles de préparation avant projection, le niveau de réalisme des exercices proposés au CENTAC, CENZUB et surtout ceux pratiqués dans les régiments, attestent d'une volonté bien réelle d'approcher au plus près de la réalité, celle vers laquelle on cherche toujours à tendre : la réalité du combat. L'adaptation, en très peu de temps, des moyens et centres d'entraînement traduit cette volonté de coller au plus juste à la nature même des engagements de l'armée de Terre d'aujourd'hui, plus durs, plus longs, plus complexes. Au compteur de ce premier trimestre 2010, tous les "numéros" de régiments ont fait, au moins, un séjour en Afghanistan, après avoir chacun pratiqué le rythme cadencé des préparations : informations complètes sur le théâtre, drill commun, partenariats interarmées, voire internationaux.

Mieux appréhender la nature des opérations et du terrain, l'épaisseur des difficultés liées aux implications humaines, amies ou adversaires, la rusticité des conditions de vie, c'est à cela que concourent la rigueur des entraînements et le degré d'imagination qu'on y affecte.

A Djibouti, comme au bataillon Hermès, l'affirmation rigueur + imagination = réalisme se vérifie sur le terrain, en un instantané, à des années lumières des démonstrations d'antan. Une application stricte des procédures, valorisée par une dose motivante d'inventivité dans les thèmes, cas concrets ou détails d'environnement, constituent les ingrédients clés d'exercices à la haute valeur ajoutée.

La mise en situation réelle, sans tresse bleue ni fil d'Ariane, et les résultats critiqués en fin de scenario, sont les seuls indicateurs de niveau qui vaillent. Éprouvées avec réalisme, c'est à ce prix que nos unités gagnent leur label de crédibilité.

Bonne lecture à tous,

Le chef de bataillon Bertrand MOREL


Mot du rédac'chef KB N° 719

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Une "drôle de dame"...

Seule unité de Légion étrangère à porter une appellation du genre féminin, la 13 n'en est pas moins une "drôle de dame", particulière dès sa naissance et originale dans son histoire.

Unité créée pour les besoins de l'opération, elle résulte d'un amalgame de "Bel-Abbésiens" du Dépôt commun et du 1er REI et de "Marocains" des 2e, 3e et 4e REI. Une savante alchimie d'africains qui se préparent à intervenir au-delà du cercle polaire. Particulière, elle l'est aussi, dès sa conception, dans sa tenue, qui s'orne d'un couvre-chef inattendu : la 13e DBMLE porte le béret des troupes de la Ligne Maginot, en place du képi blanc ! Le chef de corps en a décidé ainsi, pour distinguer les légionnaires des Chasseurs, lors de la campagne de Norvège. Prenant ensuite une place particulière dans l'organigramme des forces, elle ne vit pas la drôle de guerre l'arme au pied mais est engagée immédiatement au combat, qui est aussi son baptême du feu. Douloureusement particulière, enfin, elle le devient en Angleterre, où la demi-brigade se déchire entre Français libres et volontaires au retour en AFN. Chacune de ses particularités principales vont être exacerbées par l'épreuve de cinq ans de guerre et par l'exil.

L'originalité de son histoire fait de la 13 une unité atypique, en perpétuelle recherche d'adaptation. Elle s'adapte à un recrutement coupé de la Maison mère et guidé par les circonstances, les difficultés ou les opportunités. La Demi-brigade démontre dans ce domaine une très forte capacité d'agrégation. Résolument inventive, elle s'accommode des origines et qualités diverses des matériels qu'on lui octroie : reliquats de stocks français, armes et engins britanniques, armement américains. De ces expérimentations, elle sait en tirer tous les applications tactiques (la mobilité par les Jocks columns, la puissance de feu par les dotations américaines) et les met opportunément à sa main. Les modifications, parfois profondes de ses structures ( bataillonnaires, entre autres), les réorganisations régulières que l'unité subit l'amènent à adapter elle-même sa doctrine d'emploi, en fonction de chacun des théâtres d'engagement, notamment durant la Seconde Guerre mondiale.

La 13e DBLE, en souplesse, a toujours su s'adapter, conserver son originalité et ses traits de caractère particuliers. Sa configuration, entièrement interarmes et novatrice aujourd'hui atteste de l'esprit de modernité qu'elle cultive encore, More Majorum...

Bonne lecture à tous,

Le chef de bataillon Bertrand MOREL


Mot du rédac'chef KB N° 718

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Frères d’armes

Le thème retenu pour la 147e commémoration du combat de Camerone, en avril prochain, s’intitule “Frères d’armes”.

Ce choix intéresse, à l’heure qu’il est et en premier chef, les lecteurs “créatifs” qui fournissent tous les ans leurs projets, contribuant à faire du concours annuel d’affiches une belle banque de données de l’expression artistique que la Légion leur inspire.

Et cette année, l’entreprise est de taille : la fraternité d’armes n’est pas simple à illustrer, tant ce sentiment a une résonance humaine particulière.

L’expression même de “frères d’armes” vient de loin. C’est celle d’une force sacrée qui traduit un corps commun, un sentiment transcendant, à la fois horizontalement (ses frères à gauche, à droite, de l’arrière et de l’avant) et verticalement (ses chefs, comme ses subordonnés). Elle atteste de la compréhension de chacun que cette force commune pousse à s’élever, vers plus haut que soi, dans un besoin rendu évident par les circonstances, mais surtout par la communion de destin dans laquelle elles sont vécues.

C’est aussi un choix d’humanité, dans lequel le simple geste “pour l’autre” l’emporte sur l’individualisme, les croyances quelles qu’elles soient. Frères d’armes, enfin, est un sentiment d’action car l’acte, celui du “faire ensemble”, du vécu partagé, crée à lui seul la fraternité.

Être frères d’armes ne se décrète donc pas. Cet état fraternel ne se vit pas non plus comme un challenge mais relève du réflexe de soldat, naturel dès lors que le sentiment d’appartenance, d’identification à l’action commune est partagé.

Lutter, peiner, vivre dans un état risqué, craindre pour quelque chose de plus grand que soi, ensemble, induit forcément un fort attachement à l’autre, qui va de l’estime à l’affection.

Être et agir en frères d’armes, bien au-delà de l’image d’Épinal, c’est de ne plus douter en se retournant, se surprendre à donner sans compter, sentir que dans son application comme dans son expression, l’esprit de famille prévaut et prime sur tout.

Alors, bon courage à nos artistes partenaires et bonne lecture à tous.

Le chef de bataillon Bertrand MOREL


Mot du rédac'chef KB N° 717

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Une âme d'enfant

Chaque légionnaire attend Noël, avec la même envie de poser le fardeau, le temps d'une veillée, et de se laisser gagner par le même sentiment de retour sur soi. Noël, ou la fête qui rend à chacun son âme d'enfant, faite ce soir-là des dispositions les plus naturelles. Dispositions qui ne sont pas sans point commun avec l'enfant de la crèche.

La simplicité du légionnaire rejoint celle de l'Enfant : c'est simplement qu'il s'en est remis à l'Institution, qui l'accueille et l'accompagne au long de son parcours. Sans manière dans son expression, il a pris sa place au sein du groupe par une entrée qui se fait, elle aussi, sans bruit. Simple encore dans sa tenue qui ne comporte rien, hormis un képi blanc, dont le port suffit à indiquer son état, dont chaque élément supplémentaire arrivera en temps et en heure. Les rapports avec ses camarades sont eux aussi basiques. Ils se font au début, par gestes, puis avec quelques mots de français, difficiles à articuler, qui finissent, à force d'être ânonnés et répétés, par traduire ce qu'il veut finalement dire. Simple également dans son contact avec les autres, fait d'imitations, de coups d’œil, d'approbations silencieuses.

Son humilité est celle de celui qui veut apprendre, et pour cela qui doit faire son apprentissage par les autres. Sa dépendance est plus une confiance dans l'autre qu'une sujétion de fait, un peu brutale. Confiance dans ce camarade qui lui transmet, lui montre et qui est toujours présent pour l'aider. Il a l'humilité de celui qui comprend que, bien qu'il soit sûr de ses acquis, il doit reprendre son chemin depuis le commencement et repartir de zéro. Sa vie d'homme lui a déjà enseigné beaucoup de choses, sa vie de légionnaire lui en apporte autant, à condition qu'il accepte d'être, cette fois, dans la peau de celui qui apprend ; et parfois, autant des autres que sur lui-même.

Une simplicité et une humilité qui le rendent plus tolérant, enfin, parce qu'aucun moment ne peut l'amener à être plus prompt au geste fraternel que lors de cette veillée de Noël, où il retrouve son âme d'enfant.

Bonne lecture à tous...


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