Si tu as comme moi souffert dans ta jeunesse
Parfois crevé de faim et préféré mourir.
Si tu as vu trop souvent trop de jeunes en liesse,
Toi qui n'a jamais eu même envie de sourire.
Si tu n'as pas connu l'affection d'une mère
Et la joie qui doit être de ne point vivre seul,
Si tu as tout perdu du fait de la guerre
Qui cache tant de deuils des plis de son linceul.
Si tu veux comme moi ne pas te résigner,
Car l'homme doit lutter, il faut que tu le saches,
Arrache à la vie ce qu'elle peut te donner....
La vie n'appartient pas aux veules et aux lâches.
Si tu crois en Dieu, tu pourras lui parler
Lui dire tes malheurs, lui raconter ta peine,
Le Dieu des malheureux n'est pas un Dieu altier
Le Dieu des malheureux est un Dieu qui nous aime.
Si comme moi tu sers, anonyme mais fier
Des épaulettes rouges et de ton képi blanc.
Tu sais que nos anciens étaient de chaque guerre,
Qu'ils se battaient déjà quand nous étions enfants.
Et si tu dois un jour, dans la boue des rizières,
Combattre tel un démon sous un soleil brûlant,
Tu n'auras comme moi, tu le sais légionnaire,
Que le seul droit de vaincre ou de verser ton sang.
Von Palaïeff