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Les fortifications de la Baie de Diego Suarez (5/5) - Diego Suarez « Point d'appui de la Flotte » : le Front de Terre (2/2)

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Mercredi, 31 Octobre 2012

Casemate de Bourges du Fort d'Anamakia (Ouvrage H)

En 1898, la France décide de créer à Diego Suarez un point d'appui pour la flotte de l'Océan Indien. Par arrêté du 13 mars 1900, la province est érigée en « Territoire Militaire », sous le commandement du Colonel Joffre. En cinq ans, la baie est transformée en un immense camp retranché présentant deux fronts : face à la mer et face à la terre.

Le front de terre d'Anstiranana : la « Ligne Joffre »

Le front de terre d'Antsiranana était d'une importance capitale puisque c'est lui qui abritait la ville et toutes les installations logistiques du point d'appui. Il fut défendu en conséquence.

Carte : la Ligne Joffre

 

Position avancée
Cette position aurait du être organisée au moment du besoin. Elle était située en avant de la ligne principale, à une distance variant entre 1300 et 1800 mètres. Elle barrait toute la largeur de la presqu'île d'Antsiranana et avait une bonne visibilité sur le terrain en avant.

Position principale

En vue de réduire le périmètre à défendre, elle fut maintenue dans la presqu'île même d'Antsiranana. Il n'était d'ailleurs pas possible de la pousser jusqu'au plateau des Caïmans, car elle aurait été coupée en deux par le ravin des Caïmans et placée sous le feu des hauteurs de Mahatsinjoarivo. Le point d'appui de l'aile gauche était un peu en saillant par suite de la nécessité de refuser l'aile droite parallèlement au plateau des Caïmans. La droite de la position aurait quant à elle été très bien flanquée par la batterie de 120 de Cap Diego positionnée au fort des Mapous . Deux ouvrages fortifiés type Sérré de Rivière occupaient les extrémités de ce front, appuyés par une batterie de 155 L .
- Le fort de la Betahitra (Ouvrage G). Comme pour les autres ouvrages de ce type pour les secteurs de Cap Diego et d'Antsiranana, l'ouvrage est à profils triangulaires ; l'obstacle est constitué d'une contrescarpe maçonnée coté front et d'une grille défensive coté gorge. Il assure le flanquement à gauche de l'intervalle G-H au moyen de deux canons de 95 sous casemate de Bourges. Cette casemate n'est pas complètement défilée aux vues du plateau des Caïmans situé à 3 600 m, de sorte qu'une batterie placée sur ce plateau aurait pu en entreprendre la destruction ; mais cette batterie aurait été contrebattue par la batterie de 155 L placée en arrière du fort H, et par celle de 120 placée à la Pointe des Mapous, qui prend le plateau des Caïmans en enfilade. Le Fort G a des vues assez limitées sur son front et sur ses flancs ; il ne bat pas les pentes qui descendent du plateau d'Antsiranana vers la vallée de Betahitra, qui lui sont cachées par un saillant du plateau. Mais ces pentes étaient en revanche parfaitement couvertes par l'ouvrage d'Anosiravo. Malgré les faiblesses apparentes de la position, ce fut la dernière à se rendre, sur ordre, le 7 mai 1942, après avoir stoppé pendant près de 48 heure l'avancée des britanniques.
- Le fort d'Anamakia (Ouvrage H). En tous points identique au Fort G, le Fort H assure le flanquement à droite de l'intervalle G-H au moyen de deux canons de 95 sous casemate de Bourges. L'ouvrage a des vues assez limitées sur son front et sur ces flancs ; il ne bat pas en particulier les pentes qui descendent de la Rivière des Caïmans, qui sont par conre sous les feux de la batterie de 155 L des Caïmans et de celle de 120 à la Pointe des Mapous.
- La batterie de 155 L des Caïmans. Construite en arrière du Fort H, cette batterie était destinée à battre la vallée et surtout le Plateau des Caïmans, position avantageuse pour l'artillerie de l'attaquant, mais prise d'enfilade par la batterie de la Pointe des Mapous à Cap Diego. Les traverse de la batterie sont soutenues par des murs maçonnés qui ont été rendus nécessaires en raison de l'espace réduit disponible l'installation de cette position. Il n'était en effet pas possible de l'étendre vers la droite, la limite du plateau, ni vers la gauche, les pièces extrême n'auraient alors plus vues sur le terrain à battre. Un magasin contigu à la batterie abritait cent coups par pièces.
Fort d'Anosiravo (Ouvrage F). Cet ouvrage fait en quelque sorte partie du front de terre d'Antsiranana. Situé sur une position inexpugnable, il peut servir de point d'appui aux troupes mobiles débouchant sur la Montagne des Français sur les flancs d'un ennemi débarqué en baie de Rigny et s'avançant soit sur Antsiranana, soit sur Orangea. Il protège les communications entre ces deux secteurs par la route longeant les bords de mers. Enfin, il gênerait considérablement une attaque contre ces deux secteurs au moyen de ses deux canons de 75 de campagne.

Organisation des intervalles
Elle comprenait :
- une ligne de tranchée presque continues qui fut renforcé d'un fossé antichar en 1940,
- des plantations de cactus sous les couverts du terrain.

Casemate de Bourges du Fort d'Anamakia (Ouvrage H)

La Casemate de Bourges : pièce maîtresse du front de terre de Diego Suarez
2012-11-11 C'est en 1895 que le Commandant du Génie Laurent met au point une casemate de flanquement bétonnée au Polygone de Bourges. Cet ouvrage, armé de deux canons, possédait deux chambres de tir et un observatoire. Ces différents éléments étaient disposés en échelon, et étaient défilés des observations et des tirs ennemis par un épais mur de soutènement en aile. Les deux premières casemates sont installées au fort d'Haudainville à Verdun. Elles étaient armées de deux canons de 95 mm Lahitolle sur affût Crinoline. Par la suite, on préférera le canon de 75 mm modèle 1897 que l'on installera sur affut spécial de casemate. L'armement est placé dans deux chambres de tirs, décalées l'une de l'autre. Elles sont protégées par un mur de 2m50 et une dalle de 1m75 d'épaisseur de béton armé. Les tirs sont réglés depuis l'observatoire de la casemate par un officier. Les 2 pièces peuvent tirer sur un champ de tir horizontal de 48° et sur un angle vertical de -10° à + 15°. Le fonctionnement de cette casemate était assuré par 15 hommes.
Les casemates de Bourges pouvaient être indépendantes (ouvrage du fougerais, Belfort), intégrées aux casernements ou bien construites à l'intérieur du périmètre défensif du fort et reliées aux casernements par des galeries souterraines. Ces organes défensifs, bien protégés par leur carapace de béton, quasi invisibles de l'adversaire, formaient un barrage très efficace. Le coût de la construction d'une casemate sans armement est estimé à 90 000 Fr Or. Il y en aura 48 d'installées dans les forts en France, dont 7 à Diego Suarez.

 

Le réseau de télégraphes optique

La défense de la place nécessitait une bonne coordination entre tous ses acteurs ainsi qu'un moyen fiable et rapide de transmettre les informations quant à la nature et la direction des mouvements d'un ennemi. Il fut ainsi mis en place entre 1901 et 1903 un réseau de télégraphes optiques, utilisant des signaux lumineux pour communiquer entre eux dans un langage basé sur le code Morse.

Carte : le réseau de télégraphe optique

Ce réseau comprenait :
- Le poste optique d'Orangea, qui peut communiquer avec tous les autres et qui fait également office de sémaphore (communications par signaux avec les navires).
- Le poste optique de Windsor Castle qui pouvait signaler la présence de navires dans la Baie du Courrier et renseigner le Commandant de la défense sur tous les mouvements de troupes en avant des secteurs de Cap Diego et de Vatomainty. Ce poste étant placé en dehors de la ligne de défense active de la Place, des mesures furent prises pour en assurer la défense. Grace a sa difficulté d'accès, un petit détachement devait lui permettre de résister longtemps à une attaque.
- Le poste optique d'Antsiranana, dont la tourelle est toujours visible Place Joffre, communiquait avec tous les autres pour recueillir leurs observations.
- Le poste de Cap Diego, destiné à mettre en relation le Commandant des troupes de ce secteur avec le Commandant de la défense à Antsiranana ou à Orangea.
- Le poste optique d'Anosiravo, qui renseignait le Commandant de la défense sur les mouvements de troupes en avant des fronts de terre d'Ankorika et d'Antsiranana, et les débarquements dans les Baies d'Ambodivahibe et de Rigny, en relayant les informations transmises par le poste d'Ambohimarina.
- Un poste à Ambohimarina pour surveiller plus particulièrement la Baie de Rigny et transmettre les informations du poste sémaphorique qui aurait du être installé aux abords de cette baie.
- Un poste optique au Cap St Sébastien, qui s'intégrait dans une ligne optique reliant Nossy Be à Diego Suarez qui fut mise en place en 1905.
- Enfin, il était prévu à la mobilisation de disposer un poste optique au Cap d'Ambre, communiquant avec celui de Windsor Castle et transmettant les informations du poste sémaphorique qui devait également y être disposé.

Un plan de défense inutile dès son achèvement et rapidement obsolète

Dès 1905, avec la signature du traité de coopération avec le Royaume Uni dit de « l'Entente Cordiale », la place de Diego Suarez a perdu l'essentiel de son intérêt stratégique.
En 1914, en raison des progrès rapides de l'artillerie à cet époque, la défense du front de mer était déjà en grande partie obsolète.
La première guerre oblige à prélever pour les envoyer en métropole 16 des canons de 95 du front de terre, les 8 canons de 155 L des deux batteries de sûreté et les 4 mortiers G de 270 mm de la batterie du Glacis.
Entre 1918 et 1939, on ajoute cependant 8 canons de 75 Mle 1897 qui viennent partiellement remplacer les canons de 95 dans les casemates de Bourges.
Rapport du 10 janvier 1931: « La seule batterie en état de tirer est celle du cap Miné, qui dispose de 23 coups complets. La situation générale est la suivante: matériel désuet, à la portée et à la cadence de tir ridicules. Pas de possibilité de tir indirect, pas de direction de tir organisée, batteries visibles du large, pas de munitions utilisables ».
Entre 1938 et 1942, une timide modernisation ne suffira pas à opposer une résistance efficace aux anglais. Il a été ainsi construit :
- une batterie de 4 pièces de 164 Mle 1893-96 sur affût C Mle 23 à Orangea dotée d'un télémètre à coïncidence de 5 m et d'un projecteur, la batterie de la Côte 84.
- une batterie de deux pièces de 90 CCA (côte et contre-avion) au Lazaret.
- une batterie de 4 canons de 105 Mle 1897-17 au Poste Optique.
-une batterie de 4 canons de 138 Mle 1917 à la baie du Courrier.
Le front de terre est renforcé par la construction de 4 blockhaus en béton sur la ligne Joffre, dont pour deux armés de canons de 75 Mle 1897 sur affût 1916 à hauteur des forts H et G.
Mais la prise rapide de Diego Suarez démontre que le modèle de défense avait été rendu largement inefficace par le développement de l'aviation qui permit notamment des bombardements directs de la ville. La fin du d'Entrecasteaux en Baie des Cailloux Blancs, bombardé depuis la Baie du Courrier par la flotte britannique dont le tir était réglé par l'aviation, est un exemple que l'ensemble du schéma aurait du être revu.

Les années 50' et 60'
Diego Suarez, relais de transmissions

Après la seconde guerre mondiale, Diego Suarez sera utilisée comme station relais radio pour les transmissions de l'armée française. De gigantesques antennes sont assemblées à la station d'Ankorika et à Diego Suarez, qui sont en communication avec leurs homologues de Dakar, Djibouti, Saïgon... La généralisation de l'utilisation des satellites à partir de la fin des années 1960 marquera la fin de cette periode, avant le départ définitif des anciens colonisateurs au cours des années 1970.
Ces fortifications sont encore toutes en place, exceptionnellement préservées, mises à part toutes les ferailles qui ont disparues, et malgré de nombreux pillages dont le rythme s'intensifie. Les sites magnifique aux sein desquelles elles sont installées en font un patrimoine touristique de première importance.

■ PZ

Fort de la Betahitra (Ouvrage G)

Fort de la Betahitra (Ouvrage G)


Traduction

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