AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size

AU DAHOMEY

Envoyer

Le Monde illustré du 12/11/1892

En même temps que ses derniers dessins, notre envoyé spécial, M. Abel Tinayre, nous a adressé une lettre des plus intéressantes dont les détails vaudront mieux pour nos lecteurs que tous les commentaires empruntés aux dépêches officielles. Nous la reproduisons donc pour accompagner nos illustrations sur la campagne dahoméenne.

Zonnou, le 26 septembre.


« Monsieur le Directeur,


Je suis à une journée de bateau à vapeur de Porto-Novo, en plein Dahomey, au bivouac de Zonnou, à 50 kilomètres environ d'Abomey. Nous venons d'avoir une bataille avec les Dahoméens. Ces derniers sont venus nous attaquer en très grand nombre à Dogba.

L'attaque a eu lieu de très grand matin, vers 5 heures. L'ennemi a envoyé une pluie de balles sur le camp. Ma case en a reçu quelques-unes. Un de mes amis, le lieutenant Badaire, de l'infanterie de marine, a été tué raide sur son lit au moment où il mettait ses chaussures.

Le commandant Faurax, de la légion étrangère, a été blessé à mort. Les Dahoméens comptaient enlever le camp. Ils se sont fait tuer comme des braves, en se jetant devant la mitraille de nos quatre canons.

Le champ de bataille était jonché de morts: plus de deux cents cadavres qu'on a brûlés immédiatement pour ne pas attraper la peste. J'ai vu griller la chair humaine sur de nombreux bûchers. Un de mes croquis représente cette scène lugubre.

Bientôt nous serons à Abomey. De là, nous descendrons à la côte jusqu'à Wydah et Kotonou en livrant partout bataille aux Dahoméens.

La campagne durera bien encore deux mois. IL commence à faire terriblement chaud. De temps à autre j'ai un accès de fièvre. C'est l'habitude ici, et tant qu'il ne s'agit pas de fièvre bilieuse, on s'y fait.

Je vis de la manière suivante. Je touche, à titre remboursable, la ration d'officier en campagne. J'ai un domestique noir comme cuisinier, qui répond au nom de Kofi. Ce n'est pas le premier venu. Il comprend assez bien le français et m'est très utile.

Puis vient un robuste porteur: Agalla, qui porte facilement sur la tête, mes 35 kilos de bagages. Encore deux autres porteurs, et voilà tout mon monde.
En arrivant à l'étape, je commence par me faire construire un abri : quelques branches d'arbres recouvertes de feuilles de palmier. Mon moulech (cuisinier) installe sa cuisine, va cuire ma ration et prépare le repas. La nuit, je couche tant bien que mal, par terre, sur ma couverture ou bien dans mon hamac. Souvent, au beau milieu de la nuit, arrive une alerte, tout à coup. Pif! Pan! Des coups de fusil sur toutes les faces du camp. Je tombe vivement de mon hamac, et saisis mon revolver. Une heure après, je me rendors, mais d'un œil seulement.
J'ai l'habitude de faire une sieste; aussi je m'accoutume très bien à ne presque pas dormir la nuit. C'est l'heure propice aux attaques et chacun veille. » Ajoutons que Dogba, où a eu lieu le combat auquel notre correspondant a assisté, a été convenablement fortifié pour rester le point de ravitaillement de la colonne. Il y reste actuellement l'ambulance principale et le parc flottant d'artillerie défendu par deux compagnies.


Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui4804
mod_vvisit_counterHier2652
mod_vvisit_counterCette semaine11473
mod_vvisit_counterSemaine dernière24288
mod_vvisit_counterCe mois98023
mod_vvisit_counterMois dernier347580
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0919837452

Qui est en ligne ?

Nous avons 1760 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 42456618
You are here PRESSE XIX° 1892 AU DAHOMEY