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Légionnaire toujours...

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1895

Madagascar : Le général Duchesne quittant Andriba.

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Le Monde illustré du 26/10/1895

 

Le sujet que nous publions aujourd'hui, pour faire suite aux envois si intéressants de notre envoyé spécial, M. Louis Tinayre, n'a qu'un intérêt rétrospectif; mais, il coïncide avec les correspondances et les lettres qui arrivent à l'heure actuelle de Madagascar France et qui sont datées des villages voisins d'Andriba, à la veille de la marche du général Duchesne sur Tananarive.

Comme nouvelles plus récentes nos lecteurs s'intéresseront à un extrait du journal le Madagascar publié à Tamatave, et où se trouve le récit d'une belle manifestation qui a eu lieu à la résidence de France pour la réception de l'amiral Bienaimé. M. d'Epinay a souhaité la bienvenue à l'amiral, au
nom de la population tout entière de Tamatave. « Cette population: a-t-il dit, fait les vœux les plus sincères pour que le succès couronne promptement les vaillants efforts de l'armée française et elle vous prie de transmettre au général en chef l'expression de son très profond dévouement.

L'amiral a répondu, très ému : « Ayons confiance,espérons que l'heure des grandes joies va sonner, et, conservant dans le succès les sentiments d'union qui nous rapprochent aujourd'hui, nous récolterons la récompense de nos peines. »

De Tananarive le général Duchesne envoie la dépêche suivante « J'ai l'intention d'utiliser entièrement pour l'occupation le bataillon haoussa avec les compléments qu'il va recevoir. « Je compte, en outre, maintenir temporairement en Emyrne 1 batterie d'artillerie, 2 compagnies du génie, 2 compagnies du train, 1 peloton de cavalerie et 1 bataillon d'infanterie du régiment d'Algérie.

« Toutes les autres troupes de la guerre seront dirigées, à partir du 20 octobre, sur Majunga pour y être embarquées,

« Un courrier régulier partira de Tananarive pour Andriba le mardi de chaque semaine.

« La durée moyenne du trajet est de trois jours.

D'Andriba à Majunga, la communication par courrier demande huit jours, par télégraphe, deux jours. » Notons enfin la dépêche que publie la Pall Mall

Gazette :
« Port-Louis, 19 octobre. — La conduite des troupes françaises depuis la prise de Tananarive est tout ce qu'il y a de plus exemplaire et la discipline est parfaite.

« Les Européens sont traités avec le plus grand respect.

« Tous les résidents étrangers sont sains et saufs.»

Cette dépêche, dans un journal assez défavorable à la France, est significative.


Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 251095

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La Semaine Militaire.

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 251095

 


Les bonnes farces de ministère de la guerre. — Libérez-moi s. v. p. — Justice pour Madagascar.

Depuis que j'ai le plaisir d'entretenir les lecteurs de ce journal des faits et des gestes du monde militaire, plus d'un a dû se demander si j'avais pour mission spéciale de rechercher les faiblesses de notre administration.

Celui qui a pensé de celle façon ne s'est pas trompé entièrement et ne peu! m'en vouloir beaucoup. Chaque critique que j'ai faite, et je procéderai de même pour l'avenir, a toujours eu pour point de départ un événement ou bien des motifs absolument contrôlables.

Et la preuve de l'un de ceux-ci, vous la trouverez., mes chers lecteurs, sur un fait que je vais raconter plus en détail.

Dans une précédente chronique, je vous ai dit qu'au cours des manœuvres dernières une commune avait, été invitée à réunir les vivres nécessaires à une troupe, qui devait arriver le lendemain ; la troupe ne vint pas là, mais allât, au contraire, où elle devait aller exactement cependant, dans une commune où,on ne l'attendait pas.

J'ai-gardé le silence sur les noms où cette aventure était arrivée. Aujourd'hui les journaux les ont livrés à la publicité, je n'ai pas à me faire le moindre scrupule en disant qu'il s'agit de Simandre (Ain); et Simandre-les-Ormes(Saône-et-Loire). Une partie du 2e régiment des dragons devait loger dans ce dernier pays ; mais c'est le maire de Simandre (Ain) qui reçut l'avis ; immédiatement tout fut mis en réquisition et on se préparait à recevoir nos soldats comme il convenait, de le faire.

Ils ne vinrent pas ; tout fut perdu et aujourd'hui ii s’agit de payer la fiole.

Pour qui sera ce quart d'heure de Rabelais ?

Pour vous et pour moi. Pour M. Toutlemonde et pour M. Budget.

Eh bien-! dusse-je passer pour plus grincheux que je le suis en réalité, je ne digère pas cela, de bon cœur. Je vois plus loin que l'erreur pécuniaire. Je.dis que si M. le Sous-Intendant X ou Y, qui a délivré la feuille de route, avait à encourir la responsabilité de son erreur, il ne l'eut pas commise.

Heureusement, que c'était la guerre pour rire, qu'il a été possible de remédier dans une grande mesure à la pénurie des vivres dans la commune de Simandre-les-Ormes.

Mais si de pareilles erreurs se produisaient quand ça serait pond'vraie, comme disait, Boquillon, je me demande si véritablement i! n'y aurait pas de quoi à... se servir du sous-intendant auteur du fait comme viande, de conserves ?

Vais-je avoir encore fort ou raison dans l'histoire suivante ? Je gage pour la dernière si tout le monde veut se mettre à la place de la victime.

Pour celle fois, ce n'est, pas moi qui parle, mais bien l'auteur du récit qui n'est, autre que le Petit Journal, reproduit par notre vénérable et grandissime confrère Le Temps : « A la fin des grandes manœuvres de septembre, un cheval du 10e dragons qui s'était blessé au pied fut reconnu par le vétérinaire du régiment hors d'état de prendre part aux exercices des derniers jours.

«..Il fut laissé dans une écurie de Villeneuve et l'officier commandant le détachement commit à sa garde un cavalier de 2e classe. »

« Les manœuvres terminées, les dragons regagnèrent Montauban, laissant à Villeneuve le cheval blessé et le garde d'écurie. »

La mairie de Villeneuve délivra quotidiennement au dragon un billet de logement pour lui, un bon de fourrage pour sa monture et tous deux commençaient à s'habituer à ce nouveau genre de vie lorsque arriva la date fixée pour la libération de !a classe.

« Notre dragon était libérable le 29 septembre dernier, mais ce jour se passa sans qu'on vint le relever de sa faction. »

«. Il écrivit lettres sur lettres à ses chefs ; toutes restèrent sans réponse et, à l'heure actuelle, il attend avec impatience la guérison de son cheval afin de pouvoir le ramener à Montauban et mettre enfin un ferme au rabiot immérité qu'il subit. »

Et si vous dites après cela que j'ai tort, le malheureux dragon, victime de l'erreur, ne pensera pas comme vous.

A l'heure où paraissent ces lignes le drapeau français flotte, depuis quinze jours, sur les murs de Tananarive. Un fleuron de plus est ajoute à la couronne de gloire de la France.

A quel prix ?

Je ne veux pas l'estimer ici. Lorsque le temps aura passé, l'histoire impartiale s'emparera de cet événement, et apprendra à ceux de la métropole le comment nos braves soldats ont conquis ces lauriers. Elle redira les souffrances à travers ce pays, sur cette longue route qu'ils créèrent au jour le jour.

Elle redira avec quel stoïcisme ils les supportèrent sachant qu'ils combattaient pour l'honneur de notre Patrie.

A côté de cela elle aura aussi un devoir à remplir ; celui de dire pourquoi et comment, celle malheureuse expédition a fait, en quelque mois, autant de victimes.

Ah ! ceux-là qui dorment du sommeil éternel, sur la terre Hovas, sans une sépulture, sans un linceul, ne crient pas vengeance. Il n'y a pas de vengeance du reste à demander quand on tombe, soit par la maladie soit par les balles, au nom de cette sainte cause : la Patrie.

Ce sont les vivants qui veulent savoir pourquoi il y a eu autant de morts.

Si la victoire remportée le 30 septembre fait, rentrer dans le silence ceux qui se proposaient de demander compte au ministre responsable de ces actes, l'histoire devra être muette, car elle n'aura rien pour lui servir de base sérieuse et expliquer ces événements.

Loin de nous la pensée de réveiller la moindre haine du passé ; nous sommes de ceux qui savent, que les aiguillons piquent et, de ce l'ait, excitent les sens, mais ne rendent, pas la justice et ne donnent pas d'avantage un coupable à cette justice. Loin de nous aussi la pensée d'accuser le général Duchesne de la moindre négligence, comme aussi de la moindre incapacité.

Le débat sur lequel le ministre de la guerre aura à s'expliquer ne doit, comporter que la question d'organisation, et surtout les motifs qui poussèrent, à la marche accomplie par le corps expéditionnaire.

Il serait trop commode d'ouvrir une hécatombe, de risquer de compromettre la réputation militaire d'un pays, et de s'en tirer les mains blanches.

Admettez un instant que la France ait été vaincue ? Quel discrédit devant l'Europe. A l'heure même où nous pouvons relever la tête et montrer à l'étranger nos plaies cicatrisées, la France, vaincue, par les Hovas, eut été la risée de l'Europe militaire.

Que d'autres aient de la commisération pour les auteurs du plan de campagne, je ne m'y oppose pas ; j'y joindrai même ma pitié,, mais après que la vérité aura été faite sur la façon dont celle expédition a été engagée.

Commandant VICTOR.


NOS RAPATRIÉS

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 251095

 


Le coup de pistolet dont M. Rességuier, aurait pu être la victime appartient à la catégorie des attentats utiles, dont un gouvernement qui se respecte sait tirer le parti qu'il convient.

Le moindre avantage de ces sortes d'événements est de distraire l'opinion et de détourner son attention d'autres faits infiniment plus graves. C'est ainsi que grâce aux contusions reçues par M. Ressèguier, certaine dépêche d'Alger annonçant le passage de la Ville-de-Metz, est, passée presque inaperçue.

Cette dépêche nous apprenait, que le paquebot la Ville-de-Metz,- venant de Majunga avec 456 rapatriés, avait eu déjà 93 décès à bord.

Si l'on ajoute ces 93 décès, aux 53 cadavres français jetés aux requins pendant la traversée du Canton, on avouera que l'opinion aurait, tord, en ce moment. de trop s’apitoyer sur les déchirures de la redingote de M. Rességuier.

I D'autre part, un de nos confrères signale le cas des soldais de la Légion Étrangère rapatries par le Concordia, et qui sans pain ni gite, font actuellement la navette de la place de Paris à la Société des Dames de France, pour obtenir quelque secours.

Partis de Majunga avec une allocation de dix francs, ils sont arrivés à Marseille d'où ils ont été dirigés sur Paris pour passer devant le Conseil de réforme. Et c'est en proie à la misère la plus noire, que ces soldais de Madagascar attendent tristement l'heure de comparaître devant la commission.

L'un deux a raconté à notre confrère un fait édifiant. Un jour, à Majunga, privé de tabac, il a dû se cotiser avec quelques camarades pour payer cinq francs à un négociant, le paquet de caporal que la régie vend cinquante centimes ; or, le paquet portait l'estampille de la Société des Dames de France.

Ces faits et quantités d'autres mériteraient bien quelque lumière. Mais les enquêteurs de profession ont autre chose à faire en ce moment. Demandez plutôt, aux magistrats d'Albi.

(Petit, Africain)


Nous avons parlé dernièrement dans nos colonnes de la Société de Secours aux Militaires Coloniaux, siégeant à Paris, 05, rue. Richelieu. A cette heure la Société doit avoir son dortoir réfectoire encombré de nos pauvres troupiers, dont nos légionnaires doivent former la majeure partie, la place de Paris s'empressant de les y adresser pour s'en débarrasser.

Aussi est-ce pourquoi nous renouvelions aujourd'hui un appel à la charité publique en faveur de celle institution si humanitaire.


Toutes sommes si minimes qu'elles soient, mandats ou Timbres adressées à M. René de Cuers, président de la Société, seront les bienvenues : Rue de Richelieu, 65 Paris.


Le Monde illustré du 19/10/1895

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A MADAGASCAR

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Le Monde illustré du 19/10/1895

 


C'est encore une triste scène de l'expédition que nous montrons aujourd'hui, avec ce transport de soldats malades dirigés sur les sanatoriums, et destinés à être rapatriés. Mais au lendemain de la victoire si chèrement achetée, maintenant que le drapeau français flotte sur Tananarive, occupée par nos troupes, il est permis d'oublier pour un instant tout ce qui est venu assombrir cette conquête, pour n'en plus considérer que les heureux résultats.

 

C'est à la date du 11 octobre, que les ministres se sont réunis, à neuf heures, en conseil de cabinet, au Ministère des finances, sous la présidence de M. Ribot, et dès le début de la réunion, le général Zurlinden, ministre de la guerre, a donné communication du télégramme suivant, adressé au gouvernement par le colonel Bailloud, directeur des étapes du corps expéditionnaire, et arrivé à Paris à huit heures et demie du matin :

« Majunga, 10 oct. 1895, 7 h. 15 m. « Je reçois à l'instant l'avis officiel suivant daté d'Andriba, 9 octobre : « Après un action brillante, Tananarive a été occupée le 30 septembre. Les négociations pour la paix ont été commencées le 1er octobre et ont abouti dans la soiré du même jour, sous réserve de la ratification par le gouvernement de la République.

Le général Metzinger est nommé gouverneur de Tananarive. »


Ce télégramme a été immédiatement communiqué au président de la République, puis aux présidents du Sénat et de la Chambre des députés.

Le gouvernement a décidé que le ministre de la guerre enverrait au général Duchesne le télégramme suivant : « Au nom de la France entière, le gouvernement de la République vous adresse ses félicitations ainsi qu'aux officiers, sous officiers et soldats des armées de terre et de mer. Vos admirables troupes, celle de la vaillante colonne de Tananarive comme celles qui gardent vos communications après les avoir ouvertes au prix d'efforts inouïs, toutes ont bien mérité de la partie. La France vous remercie, général, du service que vous venez de rendre et du grand exemple que vous avez donné. Vous avez prouvé une fois de plus qu'il n'est pas d'obstacle ni de péril dont on ne vienne à bout avec de la méthode, du courage et du sang froid.
Vous êtes nommé grand-officier de la Légion d'honneur. Envoyez sans tarder vos propositions de récompenses. Le gouvernement proposera au Parlement la création d'une médaille de Madagascar qui sera donnée à toutes vos troupes. »

Le prince Rahamatra. — Notre correspondant de Toulouse, M. Massip, nous communique un portrait de l'un des chefs de l'expédition malgache, le prince Rahamatra, neveu de la reine de Madagascar, qui passa quelques mois dans la Haute-Garonne, en qualité de lieutenant auxiliaire au 83e de ligne.

 


C'est donc chez nous qu'il a appris à nous combattre, et c'est en qualité de général des troupes malgaches qu'il a essuyé une défaite à Kinajy et sur les croupes de l'Ambohimena, où l'armée qu'il commandait a été mise en déroute.

La marche rapide de notre colonne n'a pas permis aux Hovas de concentrer des forces sur les diverses positions où le gouvernement de Madagascar avait fait exécuter des travaux de défense considérables, notamment dans la plaine de Babaz, qui fut occupée sans coup férir, le 25 septembre.

La marche sur Tananarive n'a d'ailleurs été qu'une suite de combats, et nous n'avons pu nous approcher qu'en enlevant position après position.

La résistance des Hovas a été acharnée. Tananarive était défendue par 15,000 hommes, dont 7,000 armés de fusils et de nombreux canons.

Le 30, après avoir éteint successivement les feux des batteries avancées, nous prenions position vers deux heures, sur les hauteurs voisines et bombardions le palais occupé par la reine et le premier ministre.

Après une heure d'un bombardement efficace, le drapeau blanc fut arboré sur le palais et des parlementaires se présentèrent devant nos lignes pour annoncer la soumission.

Les troupes entrèrent dans Tananarive à six heures.

Nous avons eu 50 blessés, dont 4 officiers et 7 morts.


Le Monde illustré du 12/10/1895

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A MADAGASCAR - L'observatoire royal de Tananarive.

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Le Monde illustré du 12/10/1895

 

Une dépêche de source anglaise, envoyée par voie de terre, de Tananarive à Vatomandry, portée par vapeur de Vatomandry à Maurice, et câblée de Maurice à Londres, annonce que l'observatoire royal de Tananarive a été démoli.


Cet observatoire se dressait à deux kilomètres à l'Est de Tananarive, sur la colline d'Ambohidempona, une colline de 50 mètres moins haute environ que la colline ou est assis le palais de la reine, qui domine tout.

Ce sont les pères jésuites qui ont construit cet édifice, sur un terrain prêté par la reine des Hovas : ils avalent été contraints de donner à leur observatoire le titre de « royal », ce qui signifie qu'aucune initiative « française » n'eût été tolérée par le premier ministre ; en cette circonstance, comme en tant d'autres, la résidence générale s'était pliée aux volontés du dictateur Hova.

J'ai visité cet observatoire, qui m'a semblé très bien compris et très bien installé. Il avait un défaut, il est vrai. Sa coupole mobile avait été mal calculée ; elle ne reposait pas sur ces rainures et ne pouvait fonctionner, ce qui empêchait toute exploration du ciel et toute étude astronomique.

Mais les Pères, à défaut des astres, étudiaient les vents, la température, la pluie, tout ce qui relève de la météorologie.

Ils avaient de très nombreux et très précis instruments : des baromètres et des barographes, des thermomètres et des géothermomètres, pour connaître la chaleur du sol à certaines profondeurs, des pluviomètres et des évaporomètres, des héliographes pour calculer le nombre d'heures et de minutes pendant lesquelles le soleil a brillé sur l'horizon durant la journée, des néphoscopes pour déterminer la direction des nuages, des anémomètres, actinomètres et actinographes, psychromètres et psychrographes.

J'ai vu fonctionner tous des appareils et constaté avec quel soin scrupuleux les préposés aux observations notaient à tout moment les résultats obtenus.

A quel mobile ont obéi les Hovas en détruisant cet édifice ? Ont-ils voulu raser un monument qui leur semblait s'élever trop orgueilleusement en face le palais de leur souveraine ? Ont-ils voulu atteindre les Français en jetant bas ce bâtiment « royal » ? Est-ce la superstition qui a frappé la science ? N'est-ce pas le perfide conseil de quelque rancune qui les a dirigés ?


HENRI MAGER.


*
*  *


« La dépêche qui annonçait la destruction de cet édifice, portait la date du 23 septembre. En voici la teneur : « Les Français sont à trente milles de la capitale et s'avancent vivement. Le cimetière anglais et l'observatoire français ont été détruits.

« La reine a prononcé un discours dans un kabary : « Les Français sont près de vous, a-t-elle dit ; vous avez dit que vous combattriez pour moi, mais vous n'avez pas combattu. Je ne fuirai pas: je mourrai dans mon palais. »

« Les Hovas s'apprêtent à tenter une dernière défense à Ambohimanga. »

D'autre part, l'amiral Bienaimé vient de télégraphier, par la voie de Zanzibar, qu'il est arrivé le 29 septembre, sur le Primauguet, devant Tamatave.

Les communications de Tamatave avec Tananarive étaient complètement coupées, et une action énergique est nécessaire pour pouvoir coopérer par la voie de Tamatave, comme l'a demandé le général Duchesne, au ravitaillement du corps expéditionnaire à Tananarive.

Cette opération, qui est peut-être exécutée à l'heure actuelle, devait avoir surtout pour objectif le fort de Mankajadrianombana (Farafate) où. depuis le mois d'août, le général Rainandriamampandry a fait exécuter des travaux importants.

Comme la garnison de Tamatave, qui est sous les ordres du colonel Giovellina, a été très éprouvée, l'aviso le Papin, qui se trouvait le 25 septembre à Zanzibar, attendant des instructions du gouvernement, a dû recevoir à ce moment l'ordre d'aller prendre des troupes de renfort à l'île de la Réunion.


Le Monde illustré du 05/10/1895

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A MADAGASCAR

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Le Monde illustré du 05/10/1895

 

A l'heure où les nouvelles de l'expédition sont un peu meilleures, et où l'on annonce, prématurément sans doute, que peut-être le drapeau français flotte déjà au faîte du palais royal de Tananarive, ce sont pourtant encore des scènes de tristesse que nous avons à montrer, avec le transport de malades sur Marololo. C'est là que l'on embarque les moins atteints, et que l'on dirige sur différents sanatoria ceux qui ne pourraient pas supporter le voyage.

Nous montrons aussi l'hôpital n° 3 à Suberbieville, dont l'installation est insuffisante, d'après les dernières notes de notre envoyé spécial.

Voici en outre un convoi de bœufs dirigés sur Andriba, et destinés au ravitaillement de la colonne légère, en marche sur Tananarive.

D'après les dernières dépêches, l'état des troupes serait satisfaisant, et l'espoir d'une solution définitive et prochaine aurait relevé le moral des soldats, si déprimé par l'inaction et par le spectacle de la maladie qui a fait tant de ravages déjà.

Nos lecteurs sont au courant, grâce à la très curieuse et dernière lettre de M. Tinayre, du différend survenu entre le général Duchesne et les correspondants des journaux français attachés à l'expédition.

On sait que seul, un représentant de la presse allemande, M. Wolf a été autorisé par le chef de l'expédition, à suivre l'armée dans sa marche sur Tananarive.

Une de nos gravures représente cet étranger si favorisé, et dont la présence auprès de nos troupes, au moment où l'on évince nos collaborateurs a justement étonné chacun.

Notre confrère M. Jacques Sincère a signalé dans le Figaro, et sous ce titre : Une faute, ce fait tout à fait singulier et sur lequel il appelle tout particulièrement l'attention. « M. Eugène Wolf, correspondant du Berliner Tageblalt, marche avec l'état-major général; il dîne avec les chefs de la colonne, les invite à dîner à son tour; en un mot, il est dans l'intimité du général Duchesne.

« On ne peut évidemment pas demander au général Duchesne d'avoir lu les journaux allemands depuis une dizaine d'années. Ce n'est pas son métier, et il faut l'en féliciter, car lire les journaux d'outre-Rhin est rarement une besogne agréable. Il serait ridicule de demander à un journal allemand de sans cesse être plein d'éloges pour nos faits et gestes. Il serait vraiment pénible qu'on nous louât toujours à Berlin, et je ne songe pas à faire un crime au Berliner Tayeblatt d'avoir en maintes occasions été injuste pour nous : c'est l'habitude des journaux allemands.

Mais enfin, le général Duchesne aurait pu et du s'enquérir du rôle joué à Madagascar et ailleurs par M. Eugène Wolf, qui est plutôt un explorateur qu'un journaliste. Et quel explorateur » !

« Il a été à Zanzibar, il a pris des notes de tout genre, qui ont été en partie publiées. Il a donné des notes commerciales tout à fait remarquables et qui ont été pleines d'incontestable utilité pour le négoce allemand. Il a porté son enquête sur d'autres points de l'Afrique, car il est un des partisans les plus convaincus de l'expansion coloniale de son pays.

Enfin, il est arrivé à Madagascar et delà, il a envoyé à un journal, le Berliner Tageblatt, des articles qui se résument en ceci : « Ne faisons pas d'opposition à l'expédition française, car, en l'état actuel des choses, Madagascar est fermée à notre commerce. Quand les Français auront ouvert ces marchés, nous profiterons de la situation, car les Français ne sont pas colonisateurs.

« Or, comme le général Duchesne a empêché les journalistes français de suivre le quartier général, et comme il est certain qu'aucun de nos quatre confrères qui suivent l'armée n'a habité Madagascar depuis un an, et n'est outillé comme M. Wolf, il advient que les Allemands seront informés beaucoup plus vite, et surtout beaucoup plus sûrement que nous, de ce que Madagascar peut produire et de ce que l'on peut y exporter.

«Je demande si c'est là le but poursuivi, et si c'est pour le plus grand bien des maisons de Hambourg qu'on a organisé l'expédition.

« Le mal est fait. Il n'y a donc pas à prendre de mesures contre M. Wolf — et personne ne songe à les demander. Mais on ne peut pourtant pas s'empêcher d'éprouver un certain mouvement d'humeur en constatant que, là où la presse française a eu toutes les peines à n'arriver qu'à rien savoir, un journal allemand a eu toutes les facilités pour être informé, trois ou quatre jours avant nous, de ce que font les braves petits troupiers du pays de France « Nous étions déjà habitués à voir tous nos minis- tres recevoir les correspondants étrangers ; mais vrai on pouvait espérer que cette habitude là, on ne l'avait pas dans l'armée. »


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