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1896

A DIEGO-SUAREZ

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Le Monde illustré du 29/08/1896


(D'après les photographies de M. Henri Mager.)

Loin de péricliter, la colonie de Diégo-Suarez prend chaque jour une plus grande importance.

Pour faire connaître- très intimement cette colonie aux lecteurs du Monde Illustré, j'ai dessein de les y conduire.

Toutes les descriptions ne sauraient rendre l'aspect d'un pays aussi fidèlement qu'une image, qu'une photographie ou une série de photographies prises sur le vif. Je vais donc montrer à nos lecteurs une série de vues prises par moi, durant le court séjour que je viens de faire à Diégo-Suarez et ils pourront se croire quelques instants transportés sur les terres du nord de Madagascar: ils verront et ils jugeront.

Les embarcations, qui viennent chercher les voyageurs à bord des paquebots peuvent débarquer à l'un des trois appontements : celui des Messageries, celui du service local ou celui de la Direction du Port.

Tous ceux qui ont visité Diégo-Suarez connaissent le pavillon de la Direction du Port et notre lieutenant du Port, M. Geffroy, l'un des plus aimables et des plus sympathiques fonctionnaires des colonies.

Dès le débarquement effectué, on longe nos quais pour s'engager dans la rue de la République: une de nos voies de la ville basse, qui devra bientôt disparaître pour permettre la création dans cet emplacement privilégié de grands arsenaux et de bassins de radoub.

Vers le milieu de la rue de la République se dresse un arbre légendaire: le Tamarinier, arbre touffu sans pareil dans la colonie et qui jadis tenait lieu de journal officiel : à son ombrage étaient affichés et promulgués les actes de l'administration.


En montant à la ville haute, sur le Plateau, comme on dit, par divers chemins abrupts et caillouteux, on atteint la rue Flacourt, qui prend naissance à la Résidence de l'Administration, constitue la grande artère du Plateau et est prolongée par les routes d'Antanamitara et de la Montagne d'Ambre.

Les indigènes n'habitent pas de côté : leurs cases sont partout situées sur les confins de la ville : par ordre, elles sont couvertes en tôle ondulée : dans la campagne les indigènes peuvent construire à leur fantaisie et sont libre d'adopter tel mode de toiture leur convenant.

Ces indigènes n'appartiennent pas à une race unique : le territoire de Diégo, jadis désert, s'est peuplé peu à peu en empruntant au pays voisins les éléments de sa prospérité : il est venu des Saint-Mariens en quantité, et peut être plus encore de Saint-Mariennes, puis de Comoriens, des Malgaches de toutes origine, Betsimisaraka, Sakalaves, Hovas : mais parmi les Malgaches les plus précieux pour la colonie sont les Antaïmoro qui viennent du Sud de Madagascar pour s'engager comme travailleurs chez nos colons pour le travail de la terre, et le service des intérieurs.

Antsirane n'étant pas encore pourvu d'une canalisation amenant l'eau en abondance dans la ville et dans les maisons, les indigènes employés comme domestiques ont fort à faire pour aller chercher de l'eau à la fontaine : l'on en rencontre à toute heure en ville portant les "zincs" remplis d'eau : ils se servent en guise de seau de boîtes à pétrole vides : les femmes en portent un sur leur tête, les hommes deux assis à l'extrémité d'un bâton qu'ils portent sur l'épaule.

La colonie est dotée de plusieurs rivières pouvant alimenter une canalisation régulière : elle possède la rivière des Caïmans dont l'une des branches supérieures, la Lalandriana sera avant peu captée.

La plus mouvementée de nos rivières est la rivière des Maques, qui débouche près du village d'Anamakia au sud du port de la Nièvre : sur sa rive gauche sont installés les débarcadères des salines et de la fabrique de conserves de viandes.

On a dit parfois que la colonie de Diégo-Suarez est dépourvue d'arbres et de végétation : c'est une erreur et une calomnie : nos photographies le prouvent. Nous possédons de magnifiques pâturage, qui permettent d'entretenir d'importants troupeaux de bœufs.

Ces bœufs fournissent de la viande d'exportation et des peaux estimées : il en est parfois exporté sur pied. Ils servent aussi de bêtes de somme pour conduire les charrettes : un certain nombre de bœufs ont été en outre dressés comme bœufs porteurs.

La colonie n'en possède pas moins quelques ânes et quelques chevaux, l'élevage du cheval, qui a été tenté, a été malheureusement interrompu par la dernière guerre : c'est un essai à reprendre et tout porte à croire qu'il réussira, car le climat de la colonie est très favorable à l'acclimatement de la race chevaline.

L'élevage doit être la grande industrie de la colonie : on y pratique toutefois avec succés la culture maraichère : les chinois excellent à ce travail.

Deux industries importantes sont à signaler : l'industrie du sel et l'industrie des conserves.

Des salines très importantes ont déjà été installées à la rivière de la Main, à la rivière des Maques et dans les plaines de la Bétaïtra.

Le sel qui a déjà été récolté est de bonne qualité et de bel aspect : son chargement assurera au port un mouvement constant. La fabrique de conserves de viande (dite usine de la Graineterie française) est située à Antomgobato: on dit que neuf millions ont été dépensés en frais d'installation: 300 bœufs pouvaient y être traités chaque jour: une des parties les plus intéressantes de l'usine (où le travail est depuis 1894 suspendu) est la tuerie: les bœufs passaient de front dans les deux étroits corridors qui se trouvaient à l'entrée du bâtiment de la tuerie: dès qu'ils entraient, la tête baissée, dans le compartiment qui fait suite, un homme (se tenant à la hauteur voulue de façon à pouvoir frapper commodément), lançait un coup de sagaie au bas de la tête de chaque bœuf, coup presque toujours mortel l'animal étant écorché, coupé en quartiers, porté à la chambre réfrigérante, puis bouilli, mis en boîte et expédié.

Les curiosités abondent à Diégo-Suarez : il y en a de tous ordres.


Veut-on une curiosité naturelle: voici le baobab, le plus grand végétal connu, dont les rameaux et les racines s'enchevêtrent et se confondent, donnant l'illusion d'une forêt en miniature, et dont le tronc atteint des dimensions prodigieuses. Le Biobab (adansonia digitata) s'élève à trente mètres environ et sa circonférence atteint vingt-cinq ou trente mètres.

Il est vénéré des indigènes qui y suspendent leurs gris-gris ou amulettes.

Veut-on un trait de mœurs curieux : au cimetière d'Antsiranenous verrons sur toutes les tombes indigènes des objets qui ne se trouvent pas dans nos cimetières : des verres et des bouteilles : les bouteilles sont vides: les parents ont bu aux morts et ils ont laissé la marque de leur bonne action.

Veut-on un souvenir curieux de la dernière guerre: voici un canon pris aux Hovas sur le territoire de la colonie, au Point 6: j'ai fait placer une jeune enfant près de ce canon pour en bien marquer la grandeur : avec ce joujou les Hovas ont tiré sur nous à douze cents mètres : ils ne nous ont tué personne.

Ces Hovas,nous allons les retrouver eu cours de notre voyage et nous verrons qu'en somme ils ne seraient pas terrible, si...

Henri Mager


Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 220896

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Départ des légionnaires

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 220896

 

Comme nous l'avions annoncé, c’est hier, par le train de 7 h 38 que sont partis les 19e et 20e compagnies du 1er Étranger, formant le détachement qui se rend à Madagascar.

La veille, M. le colonel Bertrand avait, dans la cour du quartier à 4 h de l'après-midi, passé la revue d'adieu et adressé aux parlants quelques paroles pleines d’affabilité et de patriotisme.

Le même soir, une réception avait lieu au Cercle. Militaire, à laquelle assistaient quelques autorités civiles.

Pendant la durée de la réception, l'excellent orchestre à cordes de la Légion s’est l'ait entendre.

Hier malin, dès 6 h 1/2, la majeure partie de la population se rendait à la gare où les légionnaires, accompagnés avec tout le cérémonial usité en pareilles occasions, arrivaient à 7 h. précises.

Les quais de la gare étaient envahis et il a fallu organiser un service d'ordre pour empêcher des accidents.

Les Dames de France, conviées par leur sympathique Présidente, étaient toutes présentes. Plusieurs d'entr'elles munies de superbes bouquets et gerbes de fleurs qu'elles ne lardent pas à offrir aux partants sitôt la manœuvre d'embarquement terminé. Des paquets de de tabac sont aussi distribués.

A 7 h. 29, le train venant de Tlemcen entre en gare. Les wagons réservés au nombre de 9, dont, un mixte de 1re et 2e classe pour les officiers sont attelés en tête.

Le premier coup de cloche sonne,  les mains se serrent une dernière fois, et au coup de sifflet du chef de gare, le train .s'ébranle aux accents de la « Marche du Régiment » et aux cris de « Vive la Légion ». Sur tout le parcours de la gare, les képis s'agitent. Nos braves soldais sont tous leur tête à la portière pont jeter un dernier regard sur celte ville, où ils espèrent bien revenir un jour couverts de lauriers.

A Sidi-Brahim, aux Trembles, quelques curieux-dans les gares, saluent le train au passage. A Oued-Imbert, au moment du croisement, nouveaux au revoir. Les personnes qui-ont tenu à faire un brin de conduite aux Malgaches, remontent à Bel-Abbés.

Nous savons qu'à Oran, une réception  enthousiaste a eu lieu et qu'aujourd'hui à l'embarquement pour Marseille, à bord du transatlantique, Ville de Madrid, de nouvelles marques d’estime et de sympathies seront données aux partants, par toute la population oranaise.

Pour nous, nos meilleurs vœux les accompagnent.


Le Monde illustré du 15/08/1896

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DIEGO-SUAREZ. — ASPECT MARITIME

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Le Monde illustré du 15/08/1896



A Diego-Suarez, comme dans la plupart de nos colonies, comme au Tonkin, comme à Haïphong notamment. les services militaires qui ont pris possession de la colonie, ont déclaré leurs les meilleures situations C'est ainsi que la plus large partie du territoire de Diego-Suarez, que les rivages du cap Diego et les deux tiers du plateau d'Antsirane sont terrains militaires; une bonne route a été faite du quai d'Antsirane au Plateau; elle est militaire et interdite aux communications civiles.



Le développement des casernes de la colonie est considérable; sur le plateau d'Antsirane ont été construits les quartiers de l'artillerie et les quartiers de l'infanterie, avec, en avant, plus au sud, les casernes de tirailleurs; au cap Diego sont les disciplinaires, les bâtiments de l'hôpital militaire et te cimetière militaire.

L'ensemble de ces constructions a coûté plus de 3 millions de francs, et il s'y trouve réuni plus d'un million de matériel.

Au point de vue sanitaire, le choix fait de Diego, et en particulier du plateau d'Antsirane, est excellent ; le climat est très salubre; bien que nous ne soyons ici qu'au 12e degré au sud de l'équateur, la température est fort douce, et pendant toute la durée de la saison actuelle une forte bise du sud-est, qui souffle continuellement, rafraîchit la température au point de rappeler le mois d'octobre en France; c'est la meilleure zone de Madagascar, la seule où nos
soldats peuvent séjourner sans crainte d'aucune nature.

On a souvent proposé, avec raison, à notre sens, de concentrer à Diego-Suarez le gros de notre corps d'occupation de Madagascar, qui de ce point central pourrait être transporté, avec le concours des cinq bâtiments de la division navale, partout où besoin serait.

Cette concentration éviterait à nos soldats le séjour, parfois dangereux, de Tamatave et de Majunga ; ce serait une mesure d'humanité et de prudence.

Ces idées ne semblent cependant pas prévaloir en ce moment, et loin de vouloir augmenter notre garnison, on parle à Tananarive de la réduire et de la disperser.
- Les millions dépensés pour la construction des immenses casernes de Diego seraient perdus et il faudrait construire de nouveaux bâtiments là où notre garnison serait envoyée.

En attendant, et tout en parlant de l'évacuation des troupes, les services militaires ne songent pas à abandonner le terrain; ils ont même découvert récemment que certains bâtiments occupés par les services civils devaient revenir aux services militaires, qui avaient coopéré à leur construction; le palais du gouverneur est au nombre des édifices revendiqués par la direction de l'artillerie et le chef de la colonie a dû aller loger ailleurs: on ne lui a même pas laissé la jouissance de la salle des fêtes, annexe du palais, salle récemment construite avec les fonds de la colonie.

 


La question de l'eau est toujours l'une des difficultés à résoudre pour les militaires, comme pour les civils. Les services militaires sont obligés de monter du quai au plateau toute l'eau nécessaire à leur consommation. Ils utilisant pour le transport la voie ferrée militaire qui monte aux casernes; les réservoirs d'eau sont traînés à la montée par des mulets et redescendent sans traction animale sur le plan incliné. Le forage d'un puits artésien a été tenté, sur le plateau, près du poste télégraphique, mais jusqu'ici la nappe d'eau n'a pu être atteinte.

 


Trois postes télégraphiques ont été élevés: l'un à Orangea, près de la passe, signale les navires qu'il aperçoit en mer; le second, celui du pipeau, a pour mission de recueillir ces signaux et d'informer- dès qu'un navire est signalé la direction du port, l'administrateur et le colonel il a aussi pour mission de signaler, au troisième poste, celui du cap Diego, l'envoi d'un malade de l'infirmerie militaire du Plateau à l'hôpital du Cap.

J'ai eu l'occasion d'assister, il y a quelques jours, à l'enterrement au cimetière du Cap d'un tirailleur mort à l'hôpital de cette maladie, dite le béribéri, qui est assez fréquente chez les indigènes. C'est sur voie ferrée, presque en chemin de fer, que les morts sont conduits au cimetière par le piquet d'honneur: la plate-forme est traînée par un mulet; le sourd glissement des roues de fer sur les rails, l'immobilité de la plate-forme, la marche lente du convoi, presque à l'aube, donne à cet enterrement, quelque original qu'il soit, le caractère impressionnant qui convient à ces choses tristes.

 


Je ne veux pas finir cette lettre hâtive sans constater la parfaite entente qui lie à Diego-Suarez l'élément civil et l'élément militaire; entre eux, aucun dissentiment.

 


La population aime les soldats, et les soldats recherchent la société civile.

 


Lorsque le lieutenant-colonel Brun a pris récemment, par intérim la direction de la colonie, il a su se faire aimer de tous et la population civile eût souhaité pour l'avenir de la colonisation de cette partie de Madagascar, que ses propositions aient reçu un meilleur accueil à Tananarive.


HENRI MAGER.


Revue des deux mondes - T134 - 1896

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La Légion étrangère. COL, Vicomte Villebois de Mareuil. 1896

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 240696

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 120296

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 050296

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