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Légionnaire toujours...

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1896

Lettre de Madagascar

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 110196

( Suite )

Chaque haie, chaque mur, chaque maison, chaque fosse, abritait des tireurs Hovas.  Les 2 compagnies fractionnées en sections, faisaient face partout. Une fraction protégeait là marche de l'autre. A 2 h 1/2 nous étions dans une situation très critique. Nous avions l'air d'une épingle dans une botte de foin.

Le troupeau était presque en débandade. Des bœufs atteints par des balles, beuglaient. Enfin, à 3 h. 1/2, 2 compagnies de tirailleurs sont venues nous dégager, 1 tué, 9 blessés pendant l'action, les cacolets sont revenus et on a pu charger les blessés. Encore une journée mémorable.

Mon capitaine m'a dit qu'il me ferait citer à l'ordre.

Nous arrivons à l'étape à 6 heures du soir, nous sommes interviewés par tout le monde, c'est de la surprise. Voyez-vous ces bons habitants qui vous font la risette en passant.

Le 29, continuation de la marche sur Tananarive. Les 2 brigades de concert ; il n'y a pas grand chose ce jour, il n'avance que lentement en tâtant le terrain. Des coups de canons sont échangés, des coups de fusils aussi, on déloge l'ennemi de plusieurs mamelons fortifiés, les malgaches ont quelques blessés. Une compagnie de tirailleurs, fortement engagée a 1 sous-lieutenant et 4 hommes blessés.

Ce jour, le bataillon est aux avant-postés à 5 kilomètres de la ville. Vers 5 heures, le feu commence, les premières et troisièmes sont obligées de veiller toute la nuit et de déloger les Hovas de deux villages qui sont perchés sur deux montagnes, un blessé.

Ce soir là, il y avait au rapport « Demain, continuation de la marche et entrée dans la capitale ! La légion et le bataillon du 200e en réserve jusqu'à la ville, où ces 2 fractions entreront les premières. La légion avec le drapeau se préparera à combattre dans les rues ». Cela donnait à réfléchir. Toutefois, ça ne m'a pas empêché de dormir de 11 à 4 heures du matin comme un bien heureux.

Il est vrai que j'étais rompu, un rocher, me servait d'oreiller et ma peau de couverture. Gare les rhumatismes !

Le 30, à 4 heures du matin le mouvement commence. A l'ouest, la ville n'est abordable que par une digue étroite. Le reste (les rizières) sous l'eau.

De front, on perdrait, trop de monde. Une ligne de crêtes se prolonge jusqu'à la ville, allant de l'Est au Sud.

Les Malgaches et Haoussas prennent ces crêtes, les 2 bataillons de tirailleurs appuient le mouvement en arrière presque au centre, l'infanterie de marine longe les rizières à droite.

Nous (la réserve) nous rnarchons à l'abri des crêtes. Objectif pour notre côté : l'Observatoire situé à 2 kilomètres de là ville et plusieurs mamelons défendus par des milliers de Hovas et des canons avec défenses en blindage.

Vers 7 heures-du matin, l'action commence par les Haoussas.Fusillade d'abord et la voix du brutal ensuite.

Toutes les fractions, se règlent les unes sur les autres et on n'avance que très lentement, d'abord à cause du terrain et ensuite pour permettre, aux troupes occupant les crêtes d'effectuer leur mouvement.

A la réserve, nous faisons des haltes fréquentes et prolongés, par ci par là, un obus vient éclater à droite ou à gauche, deux hommes blessés, de temps à autre l'artillerie s'installe et répond avec efficacité aux feux des Hovas. '

Heureusement que 2 pièces de canons étaient adjoints à l'arrière-garde, car elle est déjà attaquée.

( A Suivre )


La Sérénade des Malgaches

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 110196

Air de : La Sérénade du Pavé


Chantée par Eugénie Buffet dans les cours de Paris au profit des rapatriés de Madagascar.

I

Ils étaient bien neuf cent cinquante
Qui partirent le cœur joyeux
Défendre dans l'Ile brûlante
Nos droits, leur drapeau glorieux !
Combien restent de ces stoïques,
Qui luttèrent dans ce pays !
Légionnaires héroïque,
Combien restez-vous mes amis ?

REFRAIN

Si je chante en votre présence,
Et si je quête des gros sous,
C'est pour adoucir la souffrance,
Donnez, ah ! donnez tous !
Si je chante en votre présence
Et si je quête de gros sous
Croyez-moi car c'est pour les soldats de la France

II

Nous étions partis près d'un mille
Et si nous revenons trois cents
C'est que là bas dans la grand'Ile.
Six cents y dorment pour longtemps
Mais nous savons bien que la France
Leur garde un profond souvenir
Et nôtre suprême espérance
Est comme eux, de vaincre ou mourir !

(Au refrain,)

III

Vous les aviez couver! de palmes
El de nombreux bouquets de fleurs
Quand pour vous ils prirent les armes
Légionnaires braves cœurs,
Aujourd'hui que les fusillades
Ne troublent plus des bois les houx.
N'oubliez pas chers camarades
Ceux qui reviennent parmi nous !

(Au refrain)

A.B.


Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 080196

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Lettre de Madagascar

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 080196

( Suite ! )


Ils arrivaient par centaines,nous souriaient, nous tendaient la main ; escortés par eux nous faisons environ 2 kilomètres en faisant des arrêts fréquents à cause de la rnarche lente du troupeau de bœufs. Peu à peu, les Hovas s'éclipsent et se perdent, par-ci par-là dans les maisons, (car le pays a encore changé si cela est possible,les groupes de maisons ou propriétés se succèdent sans relâche). Vers midi, un coup de feu retentit ; sans nous préoccuper nous continuons ; un quart d'heure plus tard 15 ou 20 coups se font entendre et les balles situent.

Une section se poste et répond par une salve.

Je suis envoyé avec une fraction sur le flanc, environ à 100 mètres et tout en marchant je devais garder ou protéger cette face, j'aperçois la fumée de nombreux coups de fusils tirés sur la colonne, je m'arrête et je fais tirer dessus. Tout à coup, comme dans une féerie, les Hovas surgissent, de partout, de derrière de toutes les crêtes.

Sur ma gauche, à 400 mètres d'un village, on me tire dessus, plus loin de 600 mètres encore, je partage ma section en deux groupes (de 8 ou 9 fusils chacun) et  je commande le feu avec 2 hausses différentes, un homme tombe.

La colonne marchait toujours et était déjà à plus de 400 mètres, je continue à tirer.

On me fait des gestes de revenir, voilà que je reçois un troisième coup de feu venant d'un village placé à 200 mètres à ma droite, je forme un troisième groupe pour répondre, un deuxième homme tombe, les balles pleuvaient.

Le capitaine Perrot me fail sonner rassemblement, j'essaye de battre en retraite, je n'avait pas fait 10 pas, qu'un caporal tombe, les balles trouent des marmites sur le derrière des sacs, des quarts dans les musettes, des casques.

Je m'arrête, je ne peux pas me faire fusiller dans le dos, surtout que mes trois blessés m'embarrassent.

Je recommence à tirer, je suis sur le point de taire mettre baïonnette au canon, les Hovas avancent, je me demande comment je  sortirais de ce guêpier, les blessés hurlent, je n'ai pas de cacolets ni mulets, il faut que trois hommes les soutiennent de sorte qu'il
fallait 13 ou 14 fusils pour répondre à trois côtés différents, je me dis mentalement : les carottes sont cuites.

La colonne était à 700 mètres, j'écoulais tout le temps si on tirait par dessus moi.

Heureusement au moment le plus critique j'entends des feux de salve, M. le lieutenant Grégory avec sa section, s'était installé sur une crête et protégeait ma retraite, je ne pouvais reculer que doucement à cause des blessés et il m'a fallu toute mon énergie, toute ma fermeté pour contenir mes hommes car il est énervant de battre en retraite sous un feu violent.

A mon tour, je m'installe derrière la section de protection et je l'ai dégagée à mon tour ; un 2e caporal a la jambe fracturée par une balle, il à fallu que je tire sans cesse, autrement cette section était perdue à son tour.

D'ailleurs, maintenant c'était un combat, devant, derrière et sur les côtés, l'ennemi surgissait comme d'une boîte à surprise.

(A Suivre)


Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 040196

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Lettre de Madagascar

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 040196

(Suite}
.le ne me rappelle plus combien de fois nous avons passé dans l'eau depuis Andriba, au moins cent fois; aussi je suis enrhumé au point de ne pouvoir parler.

Le pays a encore changé, d'aspect. Les groupes d'habitations sont tellement, nombreux, tellement rapproches que le pays ressemble à une immense ville dont les maisons en hameaux semblent avoir été jetés par ci par là, par un caprice du hasard.

Mon appréciation première sur la paresse des Hovas ne se justifie pas au plus. Les champs de culture deviennent de plus en plus immenses et nombreux. Des prairies splendides où paissent beaucoup de troupeaux de bœufs, de moutons, de chèvres, de cochons.

Les-habitations regorgent de volailles de toutes sortes. Pas ou presque pas d'habitants ; on les voit fuir par centaines.

Les maisons deviennent de plus en plus jolies On dirait des chalets suisses, en voyant ces constructions légères, avec varandahs, pignons, cheminées, persiennes, pigeonniers etc. enfouies dans des bosquets de bois ou d'arbres de tous genres.

On y trouve des meubles style nouveau, des verres, des bouteilles ; voir même des caves dont on n'a put vérifier le contenu, faute de temps. A chaque instant un temple protestant avec son immense clocheton.

On voit des pêchers, des orangers, des abricotiers, des amandiers. Des roses, des lilas. Des mures; des cacahouètes etc etc.

Des jardins potagers. des petite radis rouges, des patates, en un mot,on trouve presque de tout. Mais nous ne faisons que passer, car il est expressément défendu de piller.

Je crois que cette partie de l'île peut rivaliser avec beaucoup de sites splendides de France ou d'Europe.

La terre est très fertile et tout doit pouvoir être semé, planté et récolté;
.
Nous faisons séjour aujourd'hui. Le groupe de réserva (1er bataillon du 200e et un bataillon mixte de la marine, 2 compagnies Haoussas et 2 compagnies infanterie de marine) est arrivée et doit enfin participer à la marche en avant de demain. On présume que la journée sera chaude.

D'après les renseignements des prisonniers, les Hovas sont décidés à défendre le terrain ; en avant de Tananarive, pied à pied, et la ville elle-même jusqu'à la dernière extrémité.

Il y a eu des félicitations et un bel ordre général pour notre bataillon.

Il y a 4 blessés de ma compagnie et 3 dans les autres.


Devant Tananarive le 28 septembre


Pour commencer : Tananarive est prise depuis le 30, à 4 heures du soir. Nous sommes les maîtres.

Le 28, ma compagnie ainsi, que la. première formaient l'arrière-garde du gros convoi.

A 11 heures du malin, nous nous sommes mis en marche. La 2e compagnie (la mienne) à l'arrière.

Au moment de partir beaucoup de soi-disant habitants sont venus de tous les côtés ramasser toutes sortes de choses sur les lieux du bivouac.

( A suivre. )


Pour le Drapeau !

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 040196

 

DÉDIÉ AUX RAPATRIÉS DE MADAGASCAR DES RÉGIMENTS ÉTRANGERS

En avant tant pis pour qui tombe !
La mort n'est rien, vive la tombe !
Quand le pays on sort vivant.
Paul DÉROULÈDES

Où vont-ils ces soldats à l'allure martiale,
En habit bleus et casques blancs,
Qu'accompagne au départ la marche triomphale
Des cuivres aux sons éclatants,
Légionnaires chevronnés, troupiers imberbes.
Mais à coup sûr cœurs de héros,
Le courage se lit sur ces mines superbes
Qu’enorgueillissent vos bravos ?
Ils s'en vont loin d'ici, soutenir par les armes,
L'honneur sacré du nom français !
Ils partent fiers joyeux, sans crainte, sans alarmes,
Assurés qu'ils ont du succès !
Ne sont-ils pas enfants chéris de la victoire !
Et dans les plis de leur drapeau
On lit en lettres d'or plus d'un litre de gloire,
Dont la mort leur lait un manteau
Quand le sort des combats les couche dans la tombe
Pour le long et dernier sommeil !
Chacun de ces vaillants sait que lorsqu'il succombe,
Arrosant de son sang vermeil
La terre à conquérir, où le sol à défendre
Tranquillement pourra dormir !
Car la Patrie en deuil en bonne et tendre mère,
Sait en garder le souvenir !
Ta vieille Légion, ô ma Fiance chérie,
Stoïquement, sans peur,
Pendant des mois entiers à prodigué sa vie
Son sang le plus pur, le meilleur !
De Majunga, départ au but : Tananarive !
La pioche ou le fusil en mains
Spartiates nouveaux que l'espérance avive
Ils construisent tous les chemins !
Puis, lorsque les Hovas, qu'étonne tant d'audace
Essaient d'arrêter leur élan
Ils quittent leurs outils, croyant tenir en face
Un ennemi toujours fuyant,
Oubliant la fait que aux accents de la charge
Ils balayent en un clin d’œil.
Les Hovas altérés qui reprennent le large,
La rage au cœur et l'âme en deuil !
Le bruit de leurs exploits s'en va jusqu'en Emyrne
Troubler la Reine et son conseil !
Que voit tous ses guerriers que la terreur domine
Chercher l'ombre et fuir le soleil !
Tananarive est prise, et le jour qui la dompte
Apporte à nos pauvres soldais
La gloire et le repos ! Mais il faut qu'on se compte
0 mes amis comptons tout bas !
Là-bas dans la graud'lle où ton Drapeau frissonne
Où chante clair le coq Gaulois !
Combien restent couchés hélas! sans que personne
Ait planté sur eux une croix !
Combien de l'Océan, les sombres étendues
Recèlent-elles de soldats ?
Qui vous rassemblera chères têtes perdues
Pour vous qui sonnera le glas !
Au jour où le Très-Haut à votre mort propice
Ouvrant les portes de l'éternité,
Dira : « Venez martyrs, car votre sacrifice
A cette heure vous est compté !
Aussi c'est pourquoi, France, à l'heure solennelle
Où les vivants sont de retour
Tresse-leur de tes mains la couronne immortelle,
Que tu leur dois dans ton amour !
Mais pleure ! pleure aussi ! ô bonne et tendre mère !
Sur ceux qui sont morts vaillamment
Pour empêcher un jour qu'une main téméraire
Arrête ta marche en avant !

A. BOURDON.


Promotions, Décorations

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 040196

La garnisons de Bel-Abbès, vient d'être l'objet, à l'occasion du 1er Janvier 1896. de nombreuses décorations et promotions dont voici le détail :

Le commandant Rabaud, du Bataillon Étranger de Madagascar, est promu officier de la Légion d'Honneur.

Sont nommés chevaliers : les capitaines Leray. du 1er Étranger et Perrot, du bataillon Étranger de Madagascar.

Sont.décorés de la médaille militaire:

Au 1er Étranger, l'adjudant Vandemboscb, le sergent-major Ancel, les sergents Massard, Wurtz, Kari ; le caporal Merygers ; les soldats Larrivèe, Kollmar, Van Buren, Chariot, Paquet,

Au Bataillon Étranger de Madagascar, les caporaux Kirmser, Wirlen ; les soldats Hi bold, Woehlle. Woehrel.

Le commandant Coville, du 1er Étranger, est promu lieutenant-colonel.

Le capitaine Verraux, du 1er Étranger, est nommé chef de bataillon au 54e de Ligne.

Le lieutenant Burel, adjoint an Trésorier du 1er Étranger, est nommé capitaine au corps.

Le lieutenant Talion, du bataillon Étranger de Madagascar, est nommé capitaine au 1er Tirailleurs, à Blidab.

Le lieutenant Rosanet, du Bataillon de Madagascar, est admis au titre français.

Toutes nos félicitations aux nouveaux promus.


Après le rire les larmes :

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Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 040196

A la fêle des cheminots c'est l'infortuné Schall, un légionnaire, qui se tue en coupant des branches pour orner la mairie, hier soir c'est encore un légionnaire qui tombe de la deuxième galerie sur la plate-forme extérieure et qui se fend la tête.
Il est vraiment malheureux qu'à toute gaité la fatalité veut qu'il se mêle quelques larmes.

Nous espérons que cet accident n'aura pas de suites mortelles et que le soldat Marchand, la victime de cet accident, en sera quitte seulement pour quelques jours de repos.


Le Messager de l'Ouest. Journal de l'arrondissement de Sidi-Bel-Abbès. 010196

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