Les Annales Coloniales du 6 août 1937.
M. Louis Thomas, qui fut durant la guerre, constamment volontaire, et dans des corps d'élite, que nous connûmes au Maroc lieutenant au 1er bataillon du 2e étranger, consacre aux souvenirs du prince Aage de Danemark, chef de bataillon de la Légion étrangère, un article passionné. Un article utile.
Nous voudrions que cet appel soit entendu.
Certaines naturalisations, pas fournées, sont moins heureuses, moins dignes, moins méritées, que celles sollicitées par deux témoins de qualité :
«J'ai réservé écrit le prince Aage, pour la placer à la fin de mes souvenirs, une note qui résonne faux dans la marche franche de la Légion ».
« Je l'adresse, avec une requête particulière, à qui de droit, espérant que justice sera rendue ».
« Voici ; notre corps d'élite, inutile de le dire, n'est pas composé que d'anges purs, il se recrute en partie parmi des étrangers, — souvent de famille très honorable — vivant en France, et qui partent pour le bled afin d'y effacer quelques « erreurs de jeunesse ».
« Aux bureaux d'enrôlement, on promet aux « expulsés » une amnistie et un pardon pour la fin de leur temps de service ».
« Confiants, ils s'engagent. Confiants, ils reviennent, cinq ans après dans la métropole... pour être rudement appréhendés, emprisonnes de nouveau, puis boutés hors des frontières ».
« Quelle amère déception, infligée à des hommes qui vécurent une existence difficile, souvent héroïque sous les plis du drapeau tricolore. Je citerai, entre autres, le cas d'un Tchécoslovaque qui passa huit années à la Légion, qui participa à de multiples expéditions dans le Rift, gagna quatre décorations, dont la croix de guerre des T. 0. E. (Théâtre des Opérations Extérieures). Il avait épousé une Française et était père de deux enfants. Eh bien, ce bon soldat subit à son retour à Paris la peine de l'expulsion ».
« Pourquoi tromper ceux qui vont se rallier sous la flamme de la grenade ! En vérité, ce qui signe sa feuille, d'enrôlement ne mérite-t-il pas le pardon total de la France qu'il va servir et qu'il veut revoir ? ». La plainte du prince Aage est parfaitement justifiée.
Nous la transmettons au capitaine d'infanterie de la guerre, Edouard DaJadier, ministre de la Guerre, aujourd'hui.
Le Cri du Jour a été plus loin que le prince Aage; il y a beaucoup à faire pour les légionnaires, dans un pays qui ne fait pas assez d'enfants et qui a grand besoin de nouveaux citoyen. Quel meilleur apprentissage de la France que des années passées à risquer sa vie pour elle : La naturalisation devrait être acquise d'office à tout ancien légionnaire.