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Le contingent en Afghanistan ou le syndrome indochinois 21062010

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21.06.2010

Antoine Fleuret, chef de bataillon, commandant de l'armée de terre.

Le caporal Eric a été désigné pour accompagner le rapatriement de son camarade Vincent, mort en Afghanistan. Dans l'avion qui les ramène en métropole, il imagine son arrivée à l'aéroport et les applaudissements comme pour les marines aux Etats-Unis. Il n'en sera rien.

Puis il songe au trajet vers le cimetière et, comme au Canada, il voit de nombreux compatriotes sur le parcours avec des drapeaux et des pancartes de remerciement. Mais il ne distinguera personne. "Ils doivent nous attendre au cimetière", pense-t-il alors.

Son attente sera comblée avec la présence de la famille de Vincent, du ministre de la défense, des notables locaux et des associations d'anciens combattants. Surpris par l'anonymat de ce retour, il apprend alors que les derniers sondages confirment une tendance à l'agnosie au sujet de l'engagement des soldats français en Afghanistan.

Le maréchal de Lattre exprimait en 1951 ses inquiétudes sur l'avenir de la présence française en Indochine, en expliquant qu'il ne pouvait tout résoudre seul et que le corps expéditionnaire avait besoin du soutien du peuple français. Le risque de voir notre pays confronté au même syndrome de distanciation entre les forces engagées en Afghanistan et la population est évident. Il s'agit peut-être même déjà d'une réalité.

Cette comparaison germe pour de nombreux observateurs de l'engagement de l'armée française en Afghanistan. Or cette indifférence manifeste interpelle, car elle pourrait influer à terme sur la pleine efficacité de nos unités.

L'éloignement kilométrique du "pays des Afghans", pourtant moindre que celui qui nous sépare de l'Indochine, constitue une première explication. Mais ce désintérêt s'explique surtout par les difficultés de compréhension des motifs de notre présence sur place.

Nos dirigeants qui ont décidé de cet engagement ont là de véritables efforts de pédagogie et d'explication à produire. Cela est d'autant plus vrai en France, car la population ne distingue pas le soutien à son armée des raisons politiques de l'engagement de cette dernière.

Les Américains, a contrario, supportent infailliblement leurs "boys" malgré les atermoiements des dirigeants politiques pour justifier l'engagement en Irak de 2003 par exemple.

Comme en Indochine, l'opération en Afghanistan a été décidée par un gouvernement élu démocratiquement. Cette mission a été validée par un débat parlementaire après les quatre premiers mois d'engagement. De plus, l'intervention en Afghanistan est mandatée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies. Il est difficile, de nos jours, de trouver une plus large légitimité.

Les deux opérations ont été et sont menées sans l'apport du contingent. En Extrême-Orient, ce sont les troupes coloniales et la Légion étrangère ; la guerre en Afghanistan est conduite par la jeune armée professionnelle composée de volontaires. Cet argument avancé dans les deux cas pour expliquer la distanciation n'est pas recevable, car ce sont bien des fils de France qui se battent au nom du peuple français. Considérer l'inverse reviendrait à dire que l'armée française n'est pas une émanation de la nation.

Un syndrome indochinois prend donc bien forme pour nos troupes en Afghanistan. L'élément le plus probant se situe au niveau des responsables politiques qui peinent encore à expliquer cet engagement. Or la pérennité de notre engagement conditionne son efficacité.

En outre, l'appui du peuple est vital pour nos forces armées, en particulier dans le domaine psychologique au moment du retour. Le docteur Claude Barrois explique que l'approbation collective constitue un gage majeur de la réintégration pleine et entière des soldats de retour d'opération. Cela permet d'éviter un décalage entre des soldats marqués par un conflit mené au nom de la nation et un pays qui ne s'en préoccupe guère.

L'ignorance et l'oubli sont deux prodromes des crises à venir. Nos dirigeants doivent donc poursuivre leurs efforts d'explication sur notre implication dans la résolution du conflit afghan. Cela permettra aussi de ne pas oublier que le régime taliban, autrefois en place, fut un sanctuaire du terrorisme international.

Cette guerre est bien celle de la France. Il serait paradoxal que la population afghane soutienne de plus en plus la présence de la coalition lui apportant une certaine sécurité, pendant que les opinions des pays engagés se soucient de moins en moins de leurs soldats.

Le caporal Eric vit cela au jour le jour depuis qu'il est retourné en Afghanistan. Il appréhende un peu son retour, alors aidons-le à ce moment, pour lui témoigner le soutien du peuple français et lui permettre de continuer à porter fièrement les armes de son pays.


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