mercredi 13 avril 2011
« Un militant et trois poules » est ponctué d'étonnants dialogues où Peter Dontzow met en scènes ses poules favorites : l'une aussi noire qu'un drapeau d'anarchiste, l'autre rouge comme la lutte des classes et la dernière, une blanche, prête à faire des concessions. |
Né en Autriche d'une mère tzigane et d'un père moldave, Peter Dontzow, ancien responsable de la CGT à Nantes, entretient sa colère vive contre un monde sans pitié. Dans des livres qui lui ressemblent.
Portrait Elles sont bien là, en chair et en os devant sa maison, ces gallinacées qui ont inspiré Peter Dontzow. Après La Citouche et Toi Caramba, l'ex-secrétaire de l'union départementale CGT de Loire-Atlantique, désormais à la retraite, nous livre une nouvelle tranche de vie et de réflexion avec Un militant et trois poules, son dernier livre écrit avec le soutien de Christophe Patillon, animateur au Centre d'histoire du travail de Nantes (CHT). « J'ai commencé comme ça, pour rigoler », dit l'écorché vif, coeur énorme et bras tatoués, dont la ligne de vie est tout sauf banale.
Il est né en 1947, en Autriche, d'une mère d'origine tzigane et d'un père moldave finalement atterri à Couëron, près de Nantes, pour bosser aux Forges. Il a grandi dans la cité des gars de la navale. Le chemin du petit prolo est chaotique avec toutes sortes de turbins ingrats et un fort degré d'alcoolisme, de 17 à 27 ans. L'amour fou de la divine chopine lui jouera plus d'un tour, comme cette année supplémentaire pour décrocher un CAP de chaudronnier.
Francisé par mariage
Apatride, il sera francisé par mariage en 1979 et décrochera son ticket d'ouvrier d'entretien à Saint-Herblain, en banlieue de Nantes. Avant, il y a eu une tentative d'engagement vite soldé à la Légion étrangère et un séjour en taule pour nuit d'ivresse et vandalisme. Récit épicé. Un militant et trois poules est aussi ponctué d'étonnants intermèdes sous forme de dialogues avec ses fameuses poules, l'une aussi noire qu'un drapeau d'anarchiste, l'autre rouge comme la lutte des classes et la dernière, une blanche, prête à faire des concessions.
Autant de références aux composantes de la famille CGT où cet ancien permanent nous fait pénétrer. Il y est entré comme petit soldat et a gravi les échelons. « Je me souviens de ma première commission paritaire chez les territoriaux. Je comprenais que dalle... » La dialectique l'ennuie mais il se forme et forme les camarades avec appétit.
Il fait du syndicalisme avec ses tripes, se lance à fonds dans la lutte contre les sans-papiers, jusqu'à se sentir seul et se décourager. Parfois il égratigne les mauvais côtés de l'appareil syndical, ses discours convenus et ses élus berniques. Un homme aigri ? « J'admets, je suis un peu blasé, mais je rêve encore et toujours d'un monde meilleur, parce que franchement, celui qu'on nous propose, il est à désespérer ! » Ouf, la colère est intacte... Bec et ongles, vous dis-je.