AALEME

Légionnaire toujours...

  • Plein écran
  • Ecran large
  • Ecran étroit
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size

Vichy lève les bras à Damas

Envoyer

Publié le dimanche 19 juin

 

Syrie. Un baroud d'honneur pas moins, pas plus, les troupes maréchalistes se battent contre les FFL mais n'insistent pas pour ne pas être accusées de nourrir une guerre civile.

 
Kissoué est jugé par l'état-major allié comme le pivot de la défense de Damas. Il s'agit d'un gros bourg qui est cerné de vergers et de jardins dans un bras du Nahr el Aouaj. Une colline baptisée le Telle Kissoué le domine au nord. Si l'on se présente par le sud on accède par une trouée de trois kilomètres entre la muraille du Djebel Maani et la plaine du Leja. C'est un secteur inhospitalier pour les véhicules. Kissoué est adossé à une chaîne de Djebels qui boucle l'horizon sur une vingtaine de kilomètres au nord de la rivière. La position de résistance de l'armée du Levant est installée le long de cette barrière naturelle. Le 14 juin 1941, l'attaque de la 5e brigade indienne contre Kissoué ne provoque pas les réactions attendues par les alliés. Des reconnaissances sont opérées et les conclusions convergent : « La position n'est pas tenue, il suffit de foncer et de tout culbuter ». Les Français libres passent à l'attaque à l'est de la position pour conduire un mouvement débordant. Vers 8 heures, la 13e Demi-brigade s'engage contre les positions des Djebels el Kelb et Abou Atriz. Les soldats progressent sur les pentes exposées, appuyés par les tirs de deux batteries. Les forces loyales à Pétain se replient en bon ordre et freinent l'avancée des FFL. Sur Abou Atriz, le colonel Collet et ses hommes pourtant bien équipés ne parviennent pas à déborder le Djebel. L'officier ne désespère pas. Il tient à forcer le passage. Les spahis emmenés par le lieutenant de Villoutreys s'infiltrent dans les vergers de Nehja. En début d'après-midi, des blindés se positionnent vers le pont de l'Aouaj. Toute la troupe repart à l'assaut et cette fois les lieux sont investis et tenus. Le répit est de courte durée. Environ une heure plus tard, l'adversaire déclenche un feu nourri d'artillerie. Pris sous un déluge d'obus et contre-attaqué par une compagnie et un peloton de chars, Collet, la rage au cœur, doit quitter le village avec de lourdes pertes. Huit chars et dix automitrailleuses sont hors de combat. Les spahis sont décimés et le lieutenant de Villoutreys gravement touché au cours de la retraite par échelon de ses forces. Ses deux adjoints sont tués et ses sous-officiers sont tous blessés !
 
Les paris de Legentilhomme
Le 15 juin, le général Legentilhomme est préoccupé. Le général Dentz dont les troupes mènent une vigoureuse contre-offensive sur tout le front ne veut rien lâcher et compte bien repousser les Britanniques et les Français de l'autre côté de la frontière. Legentilhomme ne se laisse pas intimider malgré la menace qui pèse sur ses arrières. Il pare au plus pressé avec détermination et dirige vers Cheikh Meskine toutes les troupes disponibles dont deux compagnies du BM3 en réserve à Sanamein avec le commandant Garbay, la 3e compagnie du BIM du lieutenant de Laborde participant à la défense de Deraa et une batterie du 1er Royal Artillery ôtée du front de Kissoué. Avec tous ces éléments rassemblés, le lieutenant-colonel Génin doit reprendre Ezraa.
 
Le général Legentilhomme maintient l'offensive sur Damas parce qu'il lui paraît essentiel d'isoler la capitale de Beyrouth. C'est un pari qui le contraint à engager le 16 la totalité de ses moyens opérationnels. Dans la matinée, les deux bataillons hindous qui sont relevés à Kissoué par des soldats du BM4 montent sur le Djebel Madani. Ils constatent que ses défenseurs ont quitté les lieux. Sur la gauche, le BIM coupe la route de Kuneitra à Damas de manière à interdire tout renfort et ravitaillement aux troupes de Dentz. Les Français libres foncent et occupent Aartouz. A Damas, l'état-major de Syrie commence à douter. Il choisit de jeter au sud de Mezzé toutes les unités qui sont encore disponibles pour barrer la route de l'ouest. Même si les Anglais et les gaullistes sont éprouvés, leur situation n'est pas aussi grave qu'ils ne pensent. Leur offensive permanente déstabilise l'adversaire mais ils le mesurent mal. La chute de Kissoué et l'avancée des Hindous et du BIM vers Mezzé ont convaincu le général de Verdilhac à ne pas insister. Il n'entreprend pas la manœuvre en tenaille sur Cheikh Meskine.
 
Le BIM progresse encore d'Aartouz jusqu'à Mouaddamiyé mais il doit se replier après avoir été stoppé dans son élan pour un tir de barrage des Français maréchalistes. Très vite l'état-major de Syrie ordonne qu'un peloton de chars avance jusqu'à Aartouz suivi par des tirailleurs algériens. La compagnie Savey qui surveille les alentours et s'est positionné pour cela à l'extérieur du village surprend la manœuvre mais les blindés s'écartent rapidement pour laisser les bombardiers agir. A Damas, le général de Verdilhac est rappelé à Beyrouth et remplacé par le colonel Keime, commandant la cavalerie au Levant. Les cadres et la troupe savent que face à eux il y a des FFL et beaucoup s'interrogent sur ce combat fratricide aussi ne font-ils pas preuve nécessairement de beaucoup de combativité. C'est dans cet état d'esprit particulier que s'engage la bataille pour la capitale. La marge de supériorité alliée est précaire et à Damas, il y a quelques troupes irréductibles qui sont prêtes à se sacrifier pour Vichy.
 
Les faubourgs de Damas
La journée du 18 juin 1941 est consacrée aux préparatifs de l'assaut. L'attaque doit se développer sur deux axes depuis Mezzé et Kadem. Dans la perspective d'un succès qu'il pense imminent, le général Legentilhomme rassemble le BM2 et le bataillon de la Légion à Kissoué. Il pense que dès la conquête du Djebel el Kelb, les deux bataillons embarqués en camions et escortés par des automitrailleuses pourront foncer sur Damas. Malheureusement, la tentative de conquête du Djebel est un échec meurtrier. La situation semble bloquée. A Mezzé, les Hindous semblent pris au piège et Legentilhomme ne peut plus compter que sur le 2e bataillon du 3e régiment d'infanterie australien pour leur venir en aide car la situation qui lui est décrite est dramatique. Bref, la journée du 19 est mauvaise. Le 20, à force d'insister, la 13e Demi-brigade se déploie le long de la route de Damas. La Légion étrangère est placée à gauche, le BM1 à droite, le BM2 en deuxième échelon. Elle ne rencontre personne jusqu'à la ferme de Hoch Blass. Contre toute attente, des mitrailleuses et des canons de 37 ouvrent le feu. A la première riposte, des canons de 25 du BM1, les forces maréchalistes décrochent. Les légionnaires accélèrent. Amilakvari perd le contact avec la 3e compagnie du lieutenant Messmer qui est en tête. C'est le lieutenant Simon avec deux légionnaires qui part à sa recherche !
Dans la soirée du 20, Damas est investie et on attend la chute de la capitale syrienne dans les heures qui viennent alors qu'à Mezzé la situation demeure préoccupante pour les FFL.
 
Que va faire Dentz ? Dès le 18 juin, il a demandé aux Britanniques par l'intermédiaire du consul général américain à Beyrouth quelles conditions eux et les gaullistes mettraient à une cessation des hostilités. De Gaulle fait cette proposition à Churchill : « Un traitement honorable pour tous les militaires et les fonctionnaires ; la garantie donnée par la Grande-Bretagne que les droits et intérêts de la France seront maintenus de son fait ; la représentation de la France au Levant assurée par les autorités françaises libres. Tous militaires et fonctionnaires qui le désireront pourront rester ainsi que leurs familles, les autres étant rapatriés plus tard ; toutes dispositions devront être prises par les Alliés pour que ce choix soit réellement libre ». Le général Catroux doit devenir le délégué général et plénipotentiaire au Levant.
Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Traduction

aa
 

Visiteurs

mod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_countermod_vvisit_counter
mod_vvisit_counterAujourd'hui2259
mod_vvisit_counterHier5984
mod_vvisit_counterCette semaine19265
mod_vvisit_counterSemaine dernière18442
mod_vvisit_counterCe mois55379
mod_vvisit_counterMois dernier119907
mod_vvisit_counterDepuis le 11/11/0919914715

Qui est en ligne ?

Nous avons 6154 invités en ligne

Statistiques

Membres : 17
Contenu : 14344
Affiche le nombre de clics des articles : 42708311
You are here PRESSE XXI° 2011 Vichy lève les bras à Damas