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Pour l’honneur des harkis

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Frédéric Pons le jeudi, 19/04/2012 

Le président de la République honore le général François Meyer pour son engagement envers ses supplétifs algériens. Il reconnaît aussi la responsabilité de l’État dans leur abandon. Enfin…

On peut avoir désobéi aux ordres du gouvernement de son pays et recevoir un jour les insignes de grand officier de la Légion d’honneur des mains du président de la République. Après le commandant Hélie de Saint Marc (grand-croix le 28 novembre 2011), c’est le destin singulier du général François Meyer, jeune lieutenant en Algérie entre 1958 et 1962, décoré ce 14 avril à Perpignan par Nicolas Sarkozy pour sa fidélité à ses harkis, contre ses chefs qui voulaient lui faire lâcher prise.

Enfant de la débâcle dans la France humiliée de juin 1940, François Meyer vécut ensuite l’exode de 1962, rappelait le chef de l’État : « C’est dans l’honneur cette fois que vous ferez face à ce défi. Un sens de l’honneur que je suis venu saluer aujourd’hui, au nom de la République. » Son destin bascule à 28 ans, au 23e régiment de spahis, basé à Saïda (Oranie), à la tête de sa harka d’Algériens musulmans, « soldats qui […] ont fait le choix de mourir pour la France ». Deux d’entre eux, Kaddour et Belabed, s’exposeront au feu pour sauver leur officier : « C’est cela, l’honneur des harkis ! C’est cela, la vérité des harkis. » (Nicolas Sarkozy.)

Meyer vit au milieu de ses hommes les soubresauts de l’Algérie française, puis la guerre civile entre Algériens. Il leur a promis de rester avec eux, jusqu’au “dénouement”. Lorsqu’ils sont désarmés et démobilisés, abandonnés au couteau de leurs ennemis, il est là. Ces jours terribles vont le marquer à vie.

Avec ses spahis qui ont pu garder leur armement parce qu’ils sont des militaires engagés, et non des supplétifs, Meyer organise la protection des harkis et de leurs familles, aide aux formalités administratives. Contre les directives officielles, au risque d’être dégradé, il organise un premier convoi vers la France, le 13 juin 1962. Le 9 juillet, il accompagne le second convoi en se frayant le passage vers le port d’Oran à la mitrailleuse lourde.

« Ce qu’ont vécu les anciens supplétifs et les anciens engagés, tous soldats de la France, ne doit pas être éternellement caché, dit François Meyer. Les revendications des fils et des filles de harkis sont d’abord des exigences de considération et de dignité. Il n’y aura pas pour eux de paix sociale tant que l’opinion publique restera dans l’ignorance de ce qui s’est passé. » Le 14 avril, Nicolas Sarkozy a renchéri : « La France se devait de les protéger de l’histoire. Elle ne l’a pas fait. Elle porte désormais cette responsabilité devant l’histoire. C’est cette responsabilité que je suis venu reconnaître officiellement, ici à Perpignan, au nom de la République française. »

Alors que Meyer découvre dans le bled les premiers charniers de harkis et moghaznis fidèles à la France, l’État refusa en effet le rapatriement de ces soldats et de leurs familles, les abandonnant à une féroce épuration ethnique. Les directives gouvernementales sont d’une sécheresse révoltante. Les responsables seraient aujourd’hui accusés de complicité de crimes de guerre ou contre l’humanité.

Le 12 mai 1962, le ministre d’État Louis Joxe, l’un des négociateurs des funestes accords d’Évian, donne ses instructions au haut-commissaire de la République en Algérie : « Les renseignements qui me parviennent sur les rapatriements prématurés de supplétifs indiquent l’existence de véritables réseaux tissés sur l’Algérie et la métropole […]Vous voudrez bien faire rechercher, tant dans l’armée que dans l’administration, les promoteurs et les complices de ces entreprises et faire prendre les sanctions appropriées. » Un génocide commence et le ministre Joxe ne pense qu’à ficher et à sanctionner ceux qui veulent sauver des vies !

Insensible au carnage, Pierre Messmer, ministre des Armées, renforce lui aussi cette politique. Il qualifie le sauvetage d’« infractions caractérisées » ! « Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront en principe renvoyés en Algérie, insiste Joxe, très conscient de son ignominie. Il conviendra donc d’éviter de donner la moindre publicité à cette mesure. »

La réhabilitation des harkis ne sera complète que lorsque notre enseignement racontera avec honnêteté l’engagement de ces soldats au service de la France et ce que furent ces « hommes d’honneur » qui les aidèrent. Des “justes” à qui il revient une belle place dans nos livres d’histoire.

Frédéric Pons


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