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Général Clément-Bollée, commandant à Lille des forces terrestres, face aux baisses d’effectif : « Attention à ce qu’on fait »

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Publié le 14/09/2012

Le général Clément-Bollée est le nouveau commandant de la force terrestre, basée à Lille au quartier Kléber (740 personnes) et chargée de préparer les soldats à partir en opérations. Un poste clé qui permet à l’ancien légionnaire d’avoir un oeil aiguisé sur le retrait d’Afghanistan, la baisse des effectifs et le futur de la Défense...

Le général Clément-Bollée est le nouveau commandant de la force terrestre, basée à Lille au quartier Kléber (740 personnes) et chargée de préparer les soldats à partir en opérations. Photo PATRICK JAMES

– Comment le CFT s’est-il adapté à l’accélération du retrait des forces françaises en Afghanistan­ ?

« ­Il y a un an, il fallait être en Kapisa, en Surobi, agir et combattre aux côtés des Afghans. Aujourd’hui, nous ne sommes plus en Surobi, nous sommes en train de quitter la Kapisa, en appui de la brigade afghane qui a pris totalement le combat à son compte. Je lisais un rapport où l’armée afghane a mené une opération de A à Z. Et puis, selon les engagements du président de la République, nous devons nous désengager. Dans une boucle de réaction très courte, la préparation et nos besoins ont complètement changé. Le bataillon de logistique devient la force essentielle. Il s’agit de le faire en bon ordre, tout en ayant l’impérieux devoir de garantir la sécurité de cette affaire. Nous aurons 1 400 hommes au 1er janvier 2013 et l’effort logistique sera terminé à l’été 2013. ­»

– Quitter un pays semble constituer un mission complexe...

«­ C’est une affaire difficile et délicate. Je vous donne un exemple avec le désengagement d’un VAB (véhicule de l’avant blindé) de Tagab. Il faut organiser un convoi sécurisé jusqu’à Kaboul et c’est une manoeuvre en tant que telle. On le place ensuite dans une zone de stockage à l’aéroport et selon les vecteurs aériens, il faut assurer le flux du matériel. La manœuvre logistique est d’une complexité phénoménale, d’où la nécessité de travailler l’anticipation. C’est le résultat de la préparation réalisée en amont à Mourmelon et organisée par le CFT.­ »

– Après l’Afghanistan, quel est l’avenir de votre commandement ­?

« ­Il faut transformer l’essai afghan. Ce théâtre a tiré vers le haut l’armée de Terre, vers des standards inégalés. Nous allons tirer les plus-values pour travailler sur ce que sera la guerre de demain. Elle sera fatalement littoral et urbaine, passer de la mer à la terre et dans les villes. ­»

– À part s’il faut intervenir au Niger ou au Mali...

«­Je lis les déclaration de nos responsables. Notre souci serait probablement de fournir des capacités pour la formation d’armées africaines, les unités de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) avant leur intervention ou l’armée malienne... ­»

– Comment jugez-vous la baisse des effectifs des armées­ ?

«­ Nous atteignons un seuil. Pour la première fois de l’histoire, nous sommes moins de 100 000 dans l’armée de Terre. Nous sommes conscients des réalités économiques et il est légitime que nous participions à l’effort national. Mais attention au seuil qui est peut-être un étiage. A Falloujah (Irak, 2004), 45 000 marines américains sont intervenus pour une ville de 300 000 habitants. Vous multipliez par deux et vous avez le format de l’armée française. Après Fukushima, l’armée de Terre japonaise a déployé ses 100 000 hommes comme nous le ferions en cas de catastrophe sur notre sol. Alors, je dis "attention à ce qu’on fait". ­»

– Alertez-vous les hommes politiques de cet étiage­ ?

«­ J’ai été entendu par la commission du Sénat ­; je vais présenter nos capacités à Patricia Adam (présidente de la commission de la défense nationale et des forces armées à l’Assemblée nationale). L’armée de Terre est un couteau suisse mais certaines fonctions sont au niveau minimum comme le NBC (nucléaire, biologique, chimique) où nous n’avons qu’un régiment. On reste sur la cohérence ou on se tourne vers des abandons capacitaires. Tout dépend de l’ambition nationale. ­»

– Le budget du CFT est-il menacé ­?

« ­Il est sanctuarisé pour 2012 à 120 M€. À ce prix, j’entraîne pour un an 88 000 hommes et femmes des forces terrestres. L’armée de Terre représente 44 % des effectifs de la Défense et 29 % de la masse salariale. Alors quand on nous accuse d’être des gros consommateurs un peu irresponsables, je trouve ça un peu fort de café. Nous avons le souci de l’optimisation et de la rationalisation des coûts. ­»

– On évoque aussi des mutualisations avec des armées étrangères...

«­ Plus que la mutualisation par abandons, nous préférons le partage capacitaire. Ce sera une des clés. Si on a besoin d’évacuer des ressortissants de Monrovia ou Abidjan et que ce sont les Anglais qui aient gardé les parachutistes, ça peut être un problème. L’Allemagne entre dans le programme du LRU (lance-roquettes unitaire). Nous avons décidé de partager l’école de formation voire un centre de simulation comme pour les hélicoptères. Notre école de parachutistes à Pau pourrait faire de même. Nous partageons le drone «­ watchkeeper ­» avec les Anglais. Faut-il deux régiments ou un binational ­? Ça peut être une approche pour le futur.­ »

– Qu’attendez-vous du nouveau livre blanc de la Défense et de la Sécurité ­?

« ­Un rapport du Sénat juge notre périmètre «­ tout juste insuffisant ­», la formule est intéressante. Nous avons un format qui répond aux engagements mais avec des endroits à la limite du hors-jeu (vivement l’hélicoptère NH90, nos Pumas sont épuisés). Pour le livre blanc, dirigé par Jean-Marie Guéhénno, nous sommes assez sereins car il est mené par des gens responsables, conscients de la qualité de l’outil militaire français. Nous souhaitons que les choses soient arbitrés objectivement pour répondre à la question­: c’est quoi la France­ ? ­»

Propos recueillis par Olivier Berger


Traduction

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