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Les Compagnons de la Libération, une épopée mémorable

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16/11/12

Les 23 Compagnons de la Libération survivants ont passé, vendredi 16 novembre, le flambeau de la mémoire de la Résistance, lors d’une cérémonie aux Invalides, aux cinq communes Compagnons : Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’île de Sein.

Des Compagnons de la Libération au mont Valérien le 18 juin dernier. De gauche à droite : Fred Moore, chancelier de l’Ordre de la Libération, Paul Ibos, Jacques Hébert,

Jean-Pierre Mallet (dans le fauteuil), Louis Cortot, Henri Beaugé-Berubé, Edgard Tupët-Thomé, Yves de Daruvar et Daniel Cordier.

A 92 ans, Henri Beaugé revoit son parcours de Compagnon avec nostalgie. « C’était une époque incroyable »,  dit-il (1). Rien que pour cela, il n’était pas question pour lui de manquer, malgré ses problèmes de santé, la cérémonie qui, vendredi 16 novembre, aux Invalides, à Paris, a scellé la fin de la tutelle des Compagnons de la Libération sur l’Ordre du même nom. 

Un événement destiné à faire date : il s’agissait, pour les derniers Compagnons, de passer le flambeau de leur mémoire de résistants aux cinq villes déclarées également « Compagnon » par de Gaulle : Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’île de Sein (lire  La Croix   du 26 octobre). Les Compagnons de la Libération étaient 1038 à l’origine, lorsque le Général en arrêta la liste en 1946. Ils ne sont plus désormais que 23.

Engagés auprès de De Gaulle
Carte retraçant le parcours de la 1re division libre et de la 2e Division blindée pendant la guerre.
Carte retraçant le parcours de la 1re division libre et de la 2e Division blindée pendant la guerre. 
 
Les Compagnons ont tous en commun de s’être mis dans le sillage de De Gaulle, à partir du 18 juin 1940, pour poursuivre la lutte contre le nazisme. Cet engagement les lança dans une épopée périlleuse. Distingués pour beaucoup par le Général lui-même, ils ont, pour ceux qui ont survécu à la Seconde Guerre mondiale, toujours préféré rester discrets. 

Même les plus connus –  ministres, militaires, scientifiques, écrivains… – se sont peu exprimés sur cette période. L’Ordre de la Libération a été créé, le 16 novembre 1940 à Brazzaville (Congo), pour « récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l’œuvre de la libération de la France et de son empire ».  Pour recevoir la Croix de la Libération, il fallait avoir accompli des faits d’armes remarquables, voire exceptionnels.

En réalité, tous ceux qui la méritaient ne l’ont pas nécessairement obtenue, le chef de la France libre ayant décidé après guerre de clore la délivrance des décorations pour éviter un doublon avec celles de la Légion d’honneur.

Une grande diversité sociale et politique

Pierre Simonet.
Pierre Simonet.

Il y a, chez les Compagnons, « une grande diversité »,  note Vladimir Trouplin, conservateur du Musée de l’Ordre de la Libération, à Paris. Figuraient en effet, parmi eux, des étudiants, voire des lycéens de terminale, mais aussi des ingénieurs et des ouvriers déjà installés dans la vie et pères de famille, des militaires de tous grades et âges issus de l’armée du continent ou de l’armée d’Afrique. 

Les uns penchaient politiquement à droite, d’autres à gauche, et un nombre significatif d’entre eux n’étaient pas politisés. Au-delà de ces différences, ils étaient tous déterminés, de manière extrême et quasi instinctive, à refuser le joug hitlérien, alors que l’armée française venait de subir une déroute foudroyante en 1940 et qu’une bonne partie de la classe politique s’était rapidement rangée à l’idée de l’armistice proposé par le maréchal Pétain. 

Si tous n’avaient pas entendu l’appel de De Gaulle à résister, tous réprouvaient la capitulation de Pétain. Pierre Simonet, 91 ans, qui fait partie des 23 et s’est retiré à Toulon, explique cette réaction : « Je refusais la soumission à l’Allemagne, d’autant plus que la France pouvait répliquer grâce à son empire. De Gaulle l’a prouvé. »  

Beaucoup d’étudiants parmi les survivants
Henri Beaugé-Bérubé
Henri Beaugé-Bérubé

La grande majorité des survivants d’aujourd’hui étaient parmi les plus jeunes à l’époque, c’est-à-dire souvent parmi ceux qui n’étaient pas encore entrés dans la vie active. Henri Beaugé était, par exemple, étudiant à l’École nationale des arts et métiers à Paris, et Pierre Simonet préparait l’entrée à Polytechnique. Quant à Fred Moore, actuel chancelier de l’Ordre de la Libération, il fréquentait une école d’optique.

Quels que soient leur âge, leur origine géographique (métropole, Afrique noire ou du Nord…) ou sociale, de nombreux Compagnons ont vécu une longue aventure militaire, qui les a fait passer par le Sénégal, la Syrie et la Libye. Avec un premier fait de gloire à Bir Hakeim, au printemps 1942. Les Français libres y tinrent tête aux Allemands. 

Claude Lepeu.
Claude Lepeu.

Claude Lepeu vit toujours dans le souvenir de cette bataille héroïque, où il fut grièvement blessé : hospitalisé à Beyrouth, il reçut la Croix de la Libération des mains de De Gaulle. Puis, selon les unités, ce fut le Débarquement en Normandie ou en Provence, et la poussée jusqu’en Alsace et en Allemagne. D’autres Compagnons, comme Daniel Cordier, furent parachutés en France pour participer à la résistance intérieure, ou restèrent en Angleterre comme Maurice Schumann, qui anima Radio Londres avant de débarquer en 1944 en Normandie dans une unité combattante.

Six femmes ont reçu la Croix de la Libération pour s’être illustrées le plus souvent dans des actions non pas de guerre mais de résistance. Il s’agit de Berty Albrecht (mouvement Combat), Laure Diebold (réseau Mithridate), Marie Hackin (corps des volontaires féminines de la France libre), Marcelle Henry (réseau Vic), Simone Michel-Lévy (résistante PTT), Emilienne Moreau-Evrard (réseau Brutus).

Daniel Cordier
Daniel Cordier

Des Compagnons promus à de hautes responsabilités

Après la Libération, des Compagnons ont occupé de hautes responsabilités. Furent présidents du Conseil ou premier ministre : René Pleven, Maurice Bourgès-Maunoury, Georges Bidault, Jacques Chaban-Delmas et Pierre Messmer. Plus d’une trentaine furent ministres souvent dans des gouvernements de droite et parfois de gauche (comme le socialiste Alain Savary). 

Plus de 80 furent de hauts gradés de l’armée comme les généraux Leclerc, de Lattre de Tassigny et Pierre-Marie Koenig. On trouve parmi eux des résistants de l’intérieur (Jean Moulin), des écrivains (Romain Gary), des juristes (René Cassin), des représentants de l’outre-mer (Félix Eboué), des ingénieurs (Louis Armand), des professeurs de médecine (José Aboulker, François Jacob), des chefs d’entreprise (Pierre-Louis Dreyfus et Roland de la Poype, décédé récemment), ainsi que plusieurs religieux (cardinal Jules Saliège, les P. de Naurois, Starcky et Savey, le pasteur Michel Stahl).

De célèbres étrangers parmi les Compagnons

Le général de Gaulle avait aussi prévu que les étrangers ayant rendu des services importants à la cause de la France libre pourraient recevoir la Croix de la Libération, et seraient considérés comme membres de l’Ordre. Au total, 72 étrangers (ou Français nés étrangers), représentant 25 nationalités différentes, ont été faits Compagnons. Parmi les plus célèbres : le général et futur président des États-Unis Eisenhower, le roi Mohammed V du Maroc, Winston Churchill et le roi George VI d’Angleterre.

Dix-huit unités militaires ont également été déclarées « Compagnons ». Dont neuf dans l’armée de terre : Bataillon de marche n° 2, 13e  demi-brigade de Légion étrangère, bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique, régiment de marche du Tchad, 2e  régiment d’infanterie coloniale, 1er  régiment d’artillerie coloniale, 1/3régiment d’artillerie coloniale, 1er  régiment de marche de spahis marocains, 501e  régiment de chars de combat. 

Six dans l’armée de l’air : escadrille française de chasse n° 1, régiment de chasse Normandie-Niemen, 2e  régiment de chasseurs parachutistes de l’armée de l’air, groupe de bombardement Lorraine, groupe de chasse Île-de-France, groupe de chasse Alsace. Et trois dans la marine : sous-marin Rubis, corvette Aconit, 1er  régiment de fusiliers marins.

(1) Henri Beaugé vient de publier 20 ans en 1940  (Éditions du Cerf, 297 p., 20 €).

ANTOINE FOUCHET

Traduction

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