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De « Hacheraucourt » à Mururoa

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Publié le samedi 01 décembre 2012

Au cimetière du village de Toges dont il est le maire-adjoint, comme dans de nombreuses communes ardennaises,

Roland Canivenq, délégué départemental du Souvenir Français, veille à l'entretien des sépultures des « Morts pour la France »

Les tombes restaurées sont celles de deux Togeards tués durant la Grande Guerre : Jules Deroche et Paul Bigot.

Photo Karen KUBENA

AÎNÉ d'une modeste famille de sept enfants dont le père est ouvrier d'usine, Roland Canivenq vit une enfance heureuse à Haraucourt, village ardennais délicatement arrosé par l'Ennemanne.
Les gens du coin le nomment « Hacheraucourt », afin de ne pas le confondre avec la proche commune de Raucourt. Reçu, en 1955, à l'examen d'entrée en 6e, Roland aurait obtenu son brevet au collège de Vouziers si son fort caractère ne s'y était pas heurté à celui encore plus fort de son professeur de Sciences Naturelles.
De guerre lasse, du haut de ses quatorze ans, il déclare : « J'arrête l'école ! » Le Pater Familias l'engueule, s'apaise, bougonne, le toise, le fixe, lâche : « Au boulot, gamin ! »
Le lendemain, le voici apprenti à l'usine Alexandre-et-Anselme d'Haraucourt où son père travaille. Durant trois années, il s'investit dans la préparation du C.A.P. d'ajusteur-outilleur de précision, suit des cours deux soirs par semaine et le samedi après-midi.
Hébergé chez ses parents, il se donne à fond dans le club de tennis de table, joue du trombone à coulisse dans l'Harmonie municipale. Son idole est le footballeur sedanais Christian Perrin dit Kiki, ex-écolier, lui aussi, d'Haraucourt.
« J'étais au stade Albeau, me confie-t-il, quand en 1960, lors d'un match contre Troyes, l'arrière Djebold a cassé la jambe de notre Kiki. Toute ma vie, j'entendrai le bruit de l'épouvantable cassure : un vrai coup de fusil ».
Titulaire du C.A.P., Roland Canivenq est embauché à la Manufacture Ardennaise de Levrézy. A l'âge de dix-huit ans, il signe un engagement de trois ans dans l'armée de Terre, obtient d'être affecté au service chargé d'assurer la maintenance de tous les matériels.
Tombé amoureux fou de Michelle, une jolie jeune fille d'Angecourt, village proche de d'Haraucourt et de Raucourt, il n'a nullement l'intention de passer plus de trois ans sous les drapeaux.
Ceinture noire
Au lieu de l'en dissuader, Michelle qu'il a épousée et avec qui il aura trois enfants, l'encourage à poursuivre au-delà de la durée de son engagement initial, dans ce qu'elle sait être pour son mari, beaucoup plus qu'un métier.
Décidé à se consacrer ardemment à ce qu'il estime être une mission, travailleur acharné, brûlant plus d'une lampe lors des nuits de veille où il potasse les cours de ses instructeurs et ceux du Centre National de Téléenseignement, d'affectation en affectation, Roland Canivenq monte en grade.
Reçu au concours d'officiers techniciens, sachant qu'une fois promu capitaine, il aura son bâton de maréchal, il se lance dans la préparation d'un autre concours. Impitoyable sélection : un seul capitaine est recruté dans chaque arme. Le jeune déserteur du Collège de Vouziers, en sera !
Partout où il est affecté, le soldat Canivenq œuvre intensément dans la vie associative de la ville de garnison, s'active chez les donneurs de sang, s'intègre à un orchestre, devient visiteur de prison… Force de la nature, alors qu'il est lieutenant à La Fère, il s'inscrit dans le club de judo, y excelle, devient ceinture noire à l'âge de trente ans. Deux fois, il sera champion de France militaire de judo.
En juin 1986, après vingt-quatre heures d'avion, il atterrit sur l'atoll de Mururoa. Rien d'autre comme horizon que la barrière de corail et l'immensité du Pacifique. Nulle femme.
Que des militaires ou des techniciens du centre d'essais nucléaires. Afin de leur permettre de tenir dans l'éprouvante solitude et platitude d'un îlot minuscule étouffé par une chaleur épouvantablement humide, toutes les six semaines, ils ont droit à « une semaine d'aération », à Tahiti.
Nommé responsable informatique de la gestion du matériel et des pièces détachées utilisés sur l'atoll, le capitaine ardennais prend le commandement d'une compagnie de légionnaires chargée d'assurer la protection du site et aussi, véritable travail de bagnard, d'ériger un mur côté mer, afin de contenir le raz-de-marée que risquent de provoquer les explosions nucléaires souterraines. « J'étais à Muro quand j'ai appris la mort de mon père, me confie Roland Canivenq. Impossible de me rendre dans les Ardennes. Eh bien, ces légionnaires que l'on prétend être des brutes, ils se sont relayés pour m'aider à surmonter l'épreuve ».
Enseigner
Élevé au grade de lieutenant-colonel, il achève sa carrière militaire dans ses chères Ardennes, comme adjoint au délégué militaire départemental.
Il en débute alors une autre, civile, mais tout autant active, dans le petit village de Toges, proche de Vouziers où en 1973, il se retire dans la maison de son grand-père.
Premier adjoint du maire des Togeards, secrétaire durant dix ans de la Société départementale d'Entraide de la Légion d'honneur, il veille chaque année à organiser dans une commune ardennaise la commémoration de Camerone, haut fait d'armes mexicain de la Légion Étrangère.
Lui qui n'a jamais fait la guerre, il s'investit corps et âme dans le culte des Morts pour la France.
Délégué départemental du Souvenir Français qui dans les Ardennes compte plus de mille adhérents, il veille scrupuleusement à l'entretien des tombes des soldats, en dresse l'inventaire.
Après une minutieuse enquête, il déclare à un maire de la Pointe de Givet qu'il est inutile de continuer à aller se recueillir sur le « carré militaire » du cimetière de sa commune puisqu'il y a longtemps que les corps furent transportés dans la nécropole de Floing.
Inlassablement, il enseigne le devoir de mémoire à des écoliers des Ardennes qu'il groupe parfois devant le monument aux morts de leur commune.
Il est l'auteur d'un mémento du protocole pour les cérémonies patriotiques et d'un livre intitulé Les Ardennes et la Légion d'honneur
Alors que je m'étonnais d'un tel engagement, il a eu ces mots : « Je n'ai qu'une passion : apporter quelque chose aux autres ».
Qu'en pensent les chênes de nos forêts ?

Yanny HUREAUX


Traduction

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