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2013


Le torchon brûle entre Le Drian et les chefs militaires

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Le Point.fr - Publié le 03/01/2013 par

Le ministre de la Défense veut revenir sur les décrets définissant le rôle du chef d'état-major des armées. Ça coince très sérieusement...

Jean-Yves Le Drian visite le 3e RIMA à Vannes © Destoc / Le Télégramme/Maxppp 

 

Pour le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, nommé le 16 mai 2012, c'est déjà la fin de l'état de grâce. De grosses tensions se sont fait jour avec la hiérarchie militaire. Alors que le Livre blanc promet des lendemains difficiles, que confirmeront très vite la loi de finances 2014 et la future loi de programmation militaire, la gouvernance du ministère est mise en cause, de même qu'un gros programme de réformes structurelles.

Dans l'esprit des socialistes définissant actuellement la future politique de défense, qui sont le plus souvent membres du cabinet civil du ministre appuyés par un certain nombre de CGA (contrôleurs généraux des armées), la situation peut se résumer de manière simple : les réformes conduites sous Nicolas Sarkozy pour renforcer le rôle et la fonction du chef d'état-major des armées (CEMA) se sont traduites par une forme de prise de pouvoir du premier des militaires français. L'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées, n'est pas attaqué personnellement ; mais l'exercice de sa fonction définie par les décrets de 2005 (Décret n° 2005-520 du 21 mai 2005) et 2009 (Décret 2009-869 du 15 juillet 2009) est mise en cause : "Le CEMA se voit comme un aubergiste qui "hébergerait" le ministre dans ses murs, entend-on chez Le Drian. Ce n'est pas notre conception." Le décret de 2009 précise par exemple les points suivants : "Sous l'autorité du ministre de la Défense, le chef d'état-major des armées est responsable : 1. de l'organisation interarmées et de l'organisation générale des armées ; 2. de l'expression du besoin en matière de ressources humaines civiles et militaires des armées et des organismes interarmées. Il participe à la définition de la politique des ressources humaines du ministère. Au sein des armées et des organismes interarmées, il est responsable de la mise en oeuvre de cette politique, de la condition militaire et du moral." Or il est aujourd'hui très clair que, sur ces points, Le Drian et ses hommes veulent prendre la main. Et pas sur des détails...

"Restaurer la primauté du politique"

Cette réalité est précisée explicitement dans un courrier du ministre à Jean-Marc Ayrault, en date du 21 septembre dernier. Le Drian y affirme sa volonté de "restaurer dans ce ministère la primauté du politique". On ne savait pas qu'elle aurait été contestée par un seul militaire français depuis le putsch d'avril 1961, mais chez Le Drian, on pense autrement... Plus précisément, poursuit le ministre, "il est désormais indispensable que l'effort ne porte plus pour l'essentiel sur les unités opérationnelles, au détriment, qui plus est, de leur efficacité. (...) Les travaux engagés doivent aboutir à recentrer le plus possible les administrations centrales dans un rôle de conception, d'animation, d'orientation, d'évaluation et de contrôle." Aux yeux du politique, le pouvoir lui revient sur la gestion quotidienne des armées, de leurs opérations et de leurs hommes. Et doit concrètement quitter les mains du CEMA pour rejoindre celles du SGA (secrétaire général pour l'administration du ministère de la Défense), actuellement le contrôleur général des armées Jean-Paul Bodin.

Retirer la gestion des ressources humaines au CEMA

Une mission du CEMA est tout particulièrement visée par cette reprise en main : celle des ressources humaines. Sans jamais dire un mot des responsabilités éventuelles du concepteur du calamiteux logiciel de paiement des soldes, le système Louvois, on veut croire dans l'entourage du ministre de la Défense que ces dysfonctionnements "traduisent un déficit managérial de grande ampleur lié au décret de 2009. C'est la source de ce gigantesque bazar." On admet chez Le Drian que, sur ce point des ressources humaines, "nous sommes dans un petit rapport de force. Nous souhaitons exercer toute la responsabilité confiée par le président de la République." Mais à l'état-major des armées (EMA), c'est un tout autre son de cloche. "Si le CEMA ne peut pas abandonner la fonction ressources humaines, c'est qu'il donne des ordres qui conduisent à la mort. C'est aussi simple que ça, confie un officier. L'année 2011, particulièrement chaude au plan opérationnel, n'aurait pas été possible sans le décret de 2009."

Une réforme voulue par Le Drian

Voulue par Le Drian, conduite à la hache par son directeur de cabinet Cédric Lewandowski, la réforme est menée par une poignée de contrôleurs généraux. Dans un rapport remis en octobre au ministre, l'ancien directeur des ressources humaines du ministère, le CGA Jacques Roudière, abonde dans le sens du politique en écrivant que le fonctionnement hiérarchique des armées s'accommode mal de la nécessité d'introduire une relation "fonctionnelle", assise sur des contrats entre les différents acteurs : "la relation fonctionnelle au ministère de la Défense souffre de la comparaison avec le mode hiérarchique considéré comme le seul efficace (...) Un seul credo est reconnu : un chef, une mission, des moyens, et l'alternative un responsable, un contrat, une performance ne convainc pas. Le contrat, pourtant si fort dans d'autres organisations, a du mal à supplanter l'exercice du pouvoir hiérarchique." En un mot, le fossé se creuse...

Le groupe CL32

Le politique veut convaincre les chefs militaires de la pertinence de ses choix. Des discussions se déroulent notamment au sein d'un groupe ad hoc, le CL 32, animé par le directeur adjoint du cabinet civil et militaire, Jean-Michel Palagos. Il se trouve être, comme il se doit, contrôleur général des armées, et étudie le possible retrait au CEMA de ses compétences en matière de ressources humaines, de finances et de relations internationales. Sur ce dernier point, l'EMA ne se bat pas très vigoureusement. Concernant le point dur (les ressources humaines), trois options sont à l'étude. La première n'est autre que le transfert total de cette compétence à la Direction des ressources humaines du ministère de la Défense, structure civile spécialisée du secrétariat général pour l'administration (SGA). Deuxième option : le maintien de la gestion des militaires par l'EMA, mais le retrait des personnels civils de la défense. Troisième option : la définition des objectifs généraux par le SGA et le transfert des compétences de proximité aux états-majors.

"Des mecs à présumer coupables, aux mains sales"

Mais tout comme le directeur de cabinet est parfois accusé de "caporalisme", son adjoint Palagos ne fait pas l'unanimité. En témoigne ce message électronique, dont nous avons reçu une copie, envoyé par un collaborateur militaire de Jean-Yves Le Drian à l'un de ses supérieurs. Il a tout l'air d'un appel de détresse, que nous livrons in extenso, "dans son jus" : "Je suis un peu inquiet. Il commence à être défendu l'idée par le cab [directeur adjoint, NDLR] qu'il existe des militaires fiables, ceux qui ne portent pas les armes : contrôleurs généraux, ingénieurs d'armement ou infra, etc. Et les non-fiables, ceux qui portent les armes, que Mahé, Carcassonne et Uzbeen ont démasqués, des mecs à présumer coupables, aux mains sales. On m'a récemment fait le reproche d'avoir du sang sur les mains car faisant partie des opérationnels. Qu'ainsi la gouvernance du ministère ne doit pas appartenir à des assassins présumés ou avérés, mais à des militaires aux mains propres. Nous avons tué sur ordre, cela faisait sens, nos consciences sont pures et légères. Jamais nous n'endosserons ce qu'ils veulent faire passer pour des crimes. Nos épaules ne supporteront jamais les responsabilités qui incombent aux décideurs politiques. Nous devons une bataille contre cela à nos subordonnés. Demain ne doit pas les mettre en taule de nous avoir obéi. Respectueusement."

Le Drian, réveille-toi ! Ils sont devenus fous... 


Montauban. Monclar : le général Résistant termina gouverneur

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Publié le 03/01/2013

Une expo lui fut consacrée à l'ancien collège./Photo DDM-MV - Tous droits réservés. Copie interdite.

Une exposition consacrée au général Monclar (1892-1964) vient de s'achever à la Maison de la culture. Raoul Magrin-Vernerey à pris le nom du village de Monclar, village d'origine de sa famille, comme nom de résistance. En effet, il fut l'un des premiers à rejoindre le général de Gaulle en Angleterre avec la 13e demi-brigade de Légion étrangère. Sa carrière militaire s'est développée sur tous les fronts d'opérations: 14-18, 39-45 (Norvège, Afrique, Syrie, Corée…). Il finit sa carrière comme gouverneur des Invalides où il repose. Cette exposition organisée par Robert Badinier, responsable régional de Mémoire et Espoirs de la Résistance a connu une nombreuse assistance. Son vernissage s'est déroulée en présence de la famille du général Monclar, de nombreuses personnalités civiles et militaires et de nombreux porte-drapeaux d'associations patriotiques.

La Dépêche du Midi


Centrafrique: le président Bozizé limoge son fils, ministre délégué à la Défense

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publié le 02/01/2013


Dans son discours de voeux du Nouvel an, le président Bozizé avait "regretté" le manque de discipline et l'échec

des Forces armées centrafricaines (Faca) devant la progression éclair de la rébellion du Séléka. REUTERS/Thierry Roge

Il a mis son fils à la porte. Le président centrafricain François Bozizé a limogé ce mercredi sa propre progéniture. Jean-Francis Bozizé était ministre délégué chargé de la Défense. Son père a repris lui-même ce portefeuille, a-t-on appris auprès du service de presse de la présidence. 

"Le ministre délégué à la Défense Jean-Francis Bozizé a été relevé de ses fonctions. Le chef d'état-major (Guillaume Lapo, ndlr) a également été relevé. Le chef de l'Etat prend en main le portefeuille (de la Défense)", a indiqué la presse présidentielle. Elle annonce également la nomination du général de division Michel Bémakoussi comme directeur de cabinet au ministère de la Défense. 

Dans son discours de voeux du Nouvel an, le président Bozizé avait "regretté" le manque de discipline et l'échec des Forces armées centrafricaines (Faca) devant la progression éclair de la rébellion du Séléka. 

"Nous avons toujours mis en garde l'armée quant à la défense de l'intégrité du territoire national. Mais quand une armée n'est pas disciplinée, si elle ne remplit pas convenablement sa mission, le pays est constamment en danger", avait dit le chef de l'Etat. 

Jean-Francis Bozizé devait être promu général prochainement

Jean-Francis Bozizé, ancien adjudant dans la Légion Etrangère, s'est illustré dans le maquis en dirigeant les troupes de François Bozizé contre les forces loyales au régime du président Ange-Félix Patassé, finalement renversé en 2003. C'est lui qui avait conduit l'entrée triomphale des "patriotes" dans Bangui. 

Actuellement colonel, Jean-Francis Bozizé devait être promu général prochainement. Discret mais bien présent en politique, certains le voyaient déjà prendre la suite de son père. 

Face à la progression éclair du Sélaka qui a pris le contrôle de la majeure partie du pays en seulement quelques semaines, les forces armées, sous équipées, mal formées et démotivées, n'ont pas fait le poids et même la ville de Bambari (centre sud) qui était l'une de leurs places fortes a été prise par la rébellion.

Avec

La production audiovisuelle du ministère de la Défense attise les convoitises

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Le Point.fr - Publié le 01/01/2013 par

Le mandat de la directrice de l'Ecpad se termine dans trois mois. La tension monte et les coups bas pleuvent.


L'Ecpad est chargé de la production audiovisuelle du ministère de la Défense. © KROD/WPA/SIPA

 

Une crise sérieuse couve à l'Ecpad (Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense), qui produit et diffuse toute la production audiovisuelle du ministère de la Défense et conserve la plupart de ses archives images et sons.

L'Ecpad est une structure modeste (300 membres du personnel, dont la moitié de militaires, et 25 millions d'euros de chiffre d'affaires) qui coproduit de très nombreux films avec la plupart des producteurs français, auxquels il vend ses archives. L'établissement se trouve engagé avec nombre d'entre eux dans un événement culturel majeur de l'ère Hollande en préparation pour l'été 2014 : les célébrations concomitantes du centenaire du début de la Première Guerre mondiale et du soixante-dixième anniversaire du débarquement américain en Normandie. La directrice de l'Ecpad, Isabelle Gougenheim, est sur la sellette. D'aucuns pronostiquent le départ de cette haute fonctionnaire du ministère des Finances avant la fin de son détachement à l'Ecpad, qui doit intervenir en mars 2013 après deux mandats de trois ans.

Dysfonctionnements

En 2010, le contrôle général des armées lance un audit sur l'Ecpad. L'établissement connaît à l'époque des dysfonctionnements. On reproche notamment au responsable du pôle commercial, le lieutenant-colonel Jean-Luc Messager, de faire trop souvent travailler une même réalisatrice, Marcela Feraru, qui se trouve être son épouse. La critique est immédiatement suivie de la rupture de la relation entre l'établissement et la réalisatrice. Mais on fait observer à l'Ecpad que la mesure exigée était discutable : "Cette excellente réalisatrice travaillait dans la fourchette basse des tarifs constatés sur le marché et rendait ses films rapidement tout en abandonnant ses droits patrimoniaux." L'année suivante, c'est Jean-Luc Messager qui quitte l'établissement.

Ces mesures de correction n'étaient pas les seules demandées par le contrôle général des armées. Celles-ci ont toutes été mises en place, faisant l'objet de notes détaillées ainsi que de discussions entre la direction de l'Ecpad et celle des affaires juridiques du ministère de la Défense.

"Rien à cacher"

Dans l'entourage d'Isabelle Gougenheim, on est sûr de son fait : "Il n'y a rien à cacher ici. À la défense, l'Ecpad est la seule structure à disposer d'une comptabilité analytique. Sur le contrôle et la cartographie des risques, nous sommes exemplaires." À tel point que les documents comptables et financiers produits par l'Ecpad sont aujourd'hui utilisés par la direction générale des finances publiques et la direction du budget lors de différentes sessions d'information et de formation destinées aux agents comptables de l'État.

Mais en mars 2012, la direction de l'Ecpad reçoit deux mails, rédigés dans un français approximatif, annonçant deux nouvelles missions d'audit. Ils émanent d'un contrôleur général des armées qui s'est auto-saisi de ces enquêtes, Daniel Bonocori, lequel connaît parfaitement la directrice de l'Ecpad, depuis longtemps... Gougenheim (Sciences Po Paris, Ena promotion Solidarité 1981-1983) et Bonocori (Saint-Cyr, puis officier du service des essences avant de gérer les stocks d'hydrocarbures au ministère de l'Industrie puis de rejoindre le contrôle général des armées en 1998) ont passé une année à étudier ensemble à l'IHEDN à partir de septembre 2000 (53e session). En général, cette studieuse proximité crée des liens.

Bonocori candidat à la succession ?

En l'occurrence, c'est l'inverse qui s'est produit ! Un premier prérapport de Daniel Bonocori est transmis à la direction de l'Ecpad en novembre 2012, dont les réponses sont en cours de rédaction. Une source à l'Ecpad précise que, fort curieusement, "il semble qu'un deuxième prérapport ait été transmis pour examen contradictoire en octobre ou novembre 2012 à différentes autorités, mais pas à l'établissement lui-même ni à son autorité de tutelle, la Dicod, ou au président de son conseil d'administration".

Encore plus curieusement, le "rapport final" de Daniel Bonocori aurait été rendu au directeur de cabinet du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian et des réunions auraient été tenues au cabinet sur ce sujet. Mais sur ces points, l'entourage du ministre se refuse à tout commentaire. Que cachent ces curiosités procédurales ? Il semblerait que Marcela Feraru soit encore au centre des obsessions du contrôleur, qui accuserait l'Ecpad d'avoir contracté avec des producteurs extérieurs ayant choisi d'employer cette réalisatrice. Mais l'Ecpad répond : "Comment pourrions-nous vérifier des accusations rapportées en sous-main, alors que nous n'avons jamais eu accès au rapport du contrôleur ?"

La DPSD sur le coup

Pour cet observateur averti et consterné, tout indique que "ce sont là les effets de la guerre de succession". "Depuis la réforme de 2011, les deux directeurs civils de l'Ecpad (NDLR : Yves d'Hérouville puis Isabelle Gougenheim) sont des professionnels passés par l'audiovisuel public. Cette fois, le ministère de la Défense veut un homme à lui." Et pourquoi pas Daniel Bonocori, dont d'attentifs connaisseurs du dossier affirment qu'il avance masqué ? Ce qui reste, bien sûr, à confirmer...

Pour corser le tout, la DPSD (direction de la protection et de la sécurité de la défense) aurait été saisie d'une enquête sur une série de fuites concernant les dossiers d'enquête de Daniel Bonocori. Par ailleurs, l'aspect éditorial de la production de l'Ecpad est parfois mis en cause, pour un défaut de suivi des productions. Nous avions évoqué ici les problèmes posés par un film récemment diffusé sur la Cinq faisant gravement fausse route sur la torture. Au cabinet de Le Drian, on s'est également offusqué de plusieurs autres films, que nous n'avons pas encore pu voir. Nous en reparlerons.


Hollande face à sa première épreuve sur le continent africain

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1 janvier 2013

Un hélicoptère français, à l'aéroport de Bangui, le 30 décembre. (Photo Luc Gnago. Reuters)

Analyse Le chef de l'Etat avait proclamé sa volonté de changer en profondeur les relations entre Paris et l’Afrique. Premier défi: le dilemme en Centrafrique.

Par THOMAS HOFNUNG

En quelques jours, les effectifs de l’armée française ont plus que doublé à Bangui, la capitale de la Centrafrique, actuellement sous la menace des rebelles du mouvement Séléka, qui campent à 160 km plus au nord.

Les 250 hommes déployés dans le cadre de l’opération Boéli ont reçu le soutien des parachutistes de la Légion étrangère (le 2ème REP) et des hommes du 2ème Régiment étranger d’infanterie (REI).

Regroupés sur l’aéroport de Bangui, leur mission est d’assurer la protection des ressortissants français (et européens), ainsi que la défense des intérêts hexagonaux en Centrafrique. Les uns et les autres sont peu nombreux : un petit millier de Français tout au plus (dont nombre de binationaux) sont recensés dans ce pays pauvre et enclavé. Et sur le plan économique, Areva - qui exploite une mine d’uranium à Bakouma (à 200 km au nord de Bangui) - a annoncé sa volonté de s’en délester, la jugeant pas assez rentable. Au grand dam, d’ailleurs, du président centrafricain, François Bozizé.

Paris envoie un message de fermeté

Au-delà de cette mission, ces renforts militaires - dépêchés depuis la base permanente dont dispose l’armée française à Libreville (Gabon) – ont été envoyés dans la capitale de Centrafrique pour faire face à toute éventualité, et notamment pour éviter qu’elle ne sombre dans le chaos. Par leur présence et leur nombre, les soldats français sont censés dissuader les rebelles de prendre d’assaut la ville. Car les forces locales et celles de la Fomac (Force multinationale d’Afrique centrale), déployées dans le cadre d’un mission de  «consolidation» de la paix en Centrafrique (la Micopax), n’ont cessé de reculer depuis le 10 décembre, date du début de l’offensive des rebelles. Mais Paris envoie aussi un message de fermeté à un régime aux abois qui, la semaine dernière, n’a pas hésité à envoyer ses partisans assiéger l’ambassade de France à Bangui.

Reste que, malgré la volonté affichée du président Bozizé de négocier et de mettre en place un gouvernement d’union nationale, les rebelles affirment ne pas avoir renoncé à marcher sur Bangui. S’ils mettent leur menace à exécution, que fera l’armée française ? Aura-t-elle pour instruction de laisser faire, au risque d’assister en spectatrice à un possible bain de sang dans la capitale ? Ou va-t-elle aider, discrètement, les troupes locales et africaines à les repousser, permettant de facto au chef de l’Etat centrafricain de sauver son pouvoir, quand bien même François Hollande a publiquement déclaré qu’à Bangui la France ne défendait pas un régime ? Rénové en 2010, l’accord de défense qui lie Paris à son ancienne colonie exclut théoriquement toute idée d’intervention en cas de troubles intérieurs.

L'épisode tchadien, en 2008

Ce dilemme centrafricain auquel fait face François Hollande n’est pas sans rappeler celui auquel fut confronté au Tchad, en février 2008, son prédécesseur, Nicolas Sarkozy. Alors que le président Idriss Déby était assiégé dans son palais, à N’djaména, par des rebelles soutenus par le Soudan, l’Elysée avait hésité sur l’attitude à adopter. Dans un premier temps, Paris avait proposé à Déby de l’exfiltrer pour le mettre en sécurité. Puis, devant sa volonté proclamée de se battre jusqu’au bout, l’armée française avait apporté un soutien aussi décisif que discret aux forces tchadiennes.

Les soldats de l’opération Epervier avaient notamment assuré de bout en bout le contrôle de l’aéroport, permettant aux troupes loyalistes tchadiennes de faire décoller des hélicoptères (pilotés par des mercenaires) qui portèrent des coups très rudes aux assaillants. De même, les forces de Déby furent alimentées par des munitions acheminées en urgence sur l’aéroport de N’djaména par le régime du colonel Kadhafi, sous l’oeil bienveillant de Paris. Résultat : Déby réussit in extremis à inverser le rapport de forces et à repousser les rebelles.

Mais son redressement spectaculaire fut accompagné de graves exactions dans la capitale contre les soutiens supposés, ou réels, aux insurgés. Ainsi, quatre ans plus tard, on est toujours sans nouvelle de l’opposant modéré Ibni Oumar Mahamat Saleh, un mathématicien de formation (qui avait fait ses études à Orléans). Malgré les pressions réitérées de parlementaires français, Idriss Déby refuse obstinément de faire la lumière sur son sort. Lequel ne fait guère de doute.

Première épreuve sur le continent pour Hollande

A Bangui, François Hollande fait face, toutes choses égales par ailleurs, au même risque. Les forces loyalistes sont accusées par les rebelles de procéder à des arrestations arbitraires dans certains quartiers de la capitale, évoquées également à mots couverts par le Quai d’Orsay. Mardi, Laurent Fabius a ainsi appelé «les autorités centrafricaines à s’abstenir, dans la capitale, de toute action contraire à l’esprit de dialogue et de paix qu’elles ont manifesté.» En ce début d’année, François Hollande - qui a proclamé sa volonté de changer en profondeur les relations entre Paris et l’Afrique - se retrouve donc confronté à sa première véritable épreuve sur le continent. En octobre, il s’était rendu à contrecoeur au sommet de la Francophonie à Kinshasa, en République démocratique du Congo, dirigée par le peu recommandable Joseph Kabila.

Cette fois, le défi à relever est bien plus redoutable, car la voie est très étroite pour échapper au piège centrafricain. En renforçant ses effectifs militaires à Bangui, Paris veut pousser les responsables du mouvement Séléka à ouvrir, bon gré mal gré, des discussions avec François Bozizé, sous l’égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). Si celles-ci devaient déboucher sur la fin des combats en échange du départ du président centrafricain, il n’est pas sûr que ce dernier soit regretté à Paris.


La chronique tchèque de Cognac

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1 Janvier 2013

Entre 1917 et 1919, 6 000 Tchécoslovaques ont vécu à Cognac Journaliste à la retraite, Michel Moineau s'est intéressé au destin de ces militaires de la Légion étrangère Il raconte.


Le jumelage aurait du sens. Il faudrait qu'on y pense sérieusement un jour. J'en ai déjà parlé au maire.

 

En décembre 1918, la Légion étrangère tchécoslovaque défilait place François-Ier à Cognac. 	Repro CL
En décembre 1918, la Légion étrangère tchécoslovaque défilait place François-Ier à Cognac. Repro CL
Près de 6 000 militaires ont vécu à Cognac de 1917 à 1919 (ici en 1918). 	Repro CL
Près de 6 000 militaires ont vécu à Cognac de 1917 à 1919 (ici en 1918). Repro CL

Il s'en est fallu de peu pour que le tchèque supplante le patois charentais dans les rues de Cognac de 1917 à 1919. Entre 5 000 et 6 000 militaires de la Légion étrangères s'étaient établis dans la ville pour combattre aux côtés de la France pendant la Première Guerre mondiale. Seule trace de leur passage aujourd'hui: une plaque apposée rue Gaudronne, à l'endroit où siégeait l'état-major.

En août dernier, Jan Czerny, ministre conseiller à l'ambassade de République tchèque en France, était venu se recueillir au cimetière du Breuil sur les dizaines de tombes des soldats. Une visite éclair qui a ravivé le souvenir de cette part d'histoire. Tout comme l'étude de Michel Moineau, publiée dans la revue l'Aguiaine (1) en septembre dernier.

Des chais réquisitionnés

Ancien journaliste d'Europe 1 et correspondant de CL, le Charentais à la retraite a reconstitué les deux années de vie de ces soldats en épluchant les archives municipales et départementales ainsi que les archives militaires de Vincennes. «J'avais vu la plaque commémorative dans les rues de Cognac, un ami m'avait raconté l'histoire d'une jeune fille prise en charge par des soldats tchèques. J'ai voulu comprendre. D'après moi, aucune étude exhaustive sur le sujet n'a été réalisée jusque-là.»

Dès septembre 1917, les premiers soldats tchécoslovaques ont débarqué à Cognac. Pourquoi ici? «Parce que la région dispose d'installations militaires et civiles non utilisées ou mal utilisées», répond l'apprenti historien. Les soldats sont logés dans l'ancien chai Marie-Brizard, près de la gare, et dans ceux de la société Bisquit-Dubouché. Peu à peu, ils s'installent aussi dans les communes alentour. Ils s'entraînent sur un terrain de la société de tir de Cognac, à Ars, Châteaubernard ou encore Jarnac. Les places d'honneur de l'UA Cognac (2) sont réservées aux «représentants supérieurs du contingent tchécoslovaque».

Après l'armistice du 11 novembre 1918, des messages d'amitié sont envoyés à Prague. Beaucoup de soldats s'installent en Charente. En 1924, une société de secours mutuel pour la colonie tchécoslovaque est même créée et s'établit au Café du commerce, rue du canton (3).

Michel Moineau regrette qu'aucun jumelage n'existe entre Cognac et une ville tchèque. «Certes, les relations entre les deux pays se sont distendues durant le deuxième conflit mondial, mais c'est dommage qu'il n'en subsiste rien, d'autant qu'il y aurait une vraie raison historique.» Un argument qui fait mouche auprès de Patrick Sedlacek, adjoint aux finances du maire de Cognac et lui-même d'origine tchèque (voir encadré). «Cela aurait du sens. Il faudrait qu'on y pense sérieusement un jour. J'en ai déjà parlé au maire.»

(1) L'Aguiaine est une revue ethnologique et historique sur la région qui paraît tous les trois mois: www.sefco-subiet.eu

(2) Union amicale Cognac football.

(3) Le café a aujourd'hui disparu.

François Sedlacek, le grand-père paternel de Patrick Sedlacek, adjoint aux finances du maire de Cognac (Photo archives CL), a fait partie de la légion étrangère. Si l'élu ne l'a pas connu - «Il est mort en 1945 et moi je suis né en 1950» -, il en connaît beaucoup sur son parcours. Dans son bureau, il sort des dizaines de photos d'époque et des coupures de presse. «Il finissait un apprentissage en cordonnerie quand la Première Guerre mondiale s'est déclarée. Il s'est engagé dans la Légion étrangère pour combattre aux côtés des alliés. Il a été transféré à Cognac, dans une caserne de la rue d'Isly.» En 1920, arrive l'heure de la démobilisation et du retour au pays. «Sauf qu'entre-temps, il avait rencontré ma grand-mère, qui était cognaçaise. Il a décidé de rester.» Il a d'abord travaillé dans une usine de chaussures avant de s'installer à son compte rue Alsace-Lorraine. «Ce qui est drôle, c'est que ma grand-mère a découvert un peu plus tard que ses propres grands-parents étaient eux aussi d'origine tchèque!» Le vocabulaire tchèque de Patrick Sedlacek se limite à quelques mots d'usage, mais il se rend souvent à Prague voir des amis. «Je n'ai plus de famille en République tchèque, mais je suis toujours attaché au pays.»

«Je suis toujours attaché au pays»


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