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L’ultime combat du légionnaire

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par Nicolas Roquejeoffre, publiée le 25/02/2014

Mostapha Allal : « La lenteur de l’administration judiciaire m’a placé dans une situation matérielle difficile alors que je n’ai jamais manqué à mes devoirs militaires ». Photo DNA – laurent habersetzer

Ancien sous-officier de la Légion étrangère, Mostapha Allal a engagé un bras de fer judiciaire avec une institution qu’il a pourtant servie durant 28 ans. « Un combat pour l’honneur » souligne le quinquagénaire.


Originaire du Maroc, Mostapha Allal est arrivé en France, à Colmar, à l’âge de 4 ans. Rien ne prédestinait ce petit gabarit à intégrer la Légion étrangère.

Et pourtant, après avoir traîné ses guêtres au quartier Lecourbe de Strasbourg, lieu de recrutement de ce corps d’élite de l’armée française, il s’engage, le 26 avril 1982. « Je voulais partir à l’aventure », résume le père de famille.

Incorporé à Aubagne, la maison-mère de la Légion, il se retrouve dans une promotion où il côtoie « pas mal d’anglophones et quelques Allemands ». Après sa période d’instruction, il rejoint les rangs du seul régiment parachutiste de la Légion, le 2e REP à Calvi.

« L’armée m’a beaucoup apporté et je ne veux pas la salir. En revanche, je déplore le comportement de certains officiers dans cette affaire »

C’est avec lui qu’il connaît ses premières missions, l’opération Manta notamment, dont l’objectif est de repousser les forces libyennes qui viennent d’envahir le Tchad. Dans une carrière riche de 28 ans de service, Mostapha Allal va effectuer plusieurs séjours à Djibouti au sein de la 13e DBLE, va se retrouver en Polynésie avec le 5e RE et va multiplier les opérations extérieures, notamment en ex-Yougoslavie.

Ses ennuis avec l’administration militaire remontent au printemps 2006, alors qu’il est en garnison à Laudun (Gard) où est implanté le 1er régiment étranger de génie.

Cela fait un quart de siècle que Mostapha Allal, alors adjudant, porte l’uniforme. « Mon contrat devait théoriquement s’achever le 25 avril 2009. La direction des ressources humaines m’a proposé d’en signer un nouveau avec une carotte : avoir mon nom inscrit au tableau d’avancement. Ce qui m’a heurté. Il était hors de question d’avoir une promotion si ce n’est par mes mérites ».

Ce refus marque, selon lui, le début de ses soucis. Alors chef de section, l’adjudant ne part pas, comme il était prévu, en mission de coopération de défense à Djibouti. Et puis il apprend qu’il ne sera pas promu au grade supérieur.

En 2008, il est arrêté et placé en position statuaire hors activité pour congé de longue durée pour maladie. Son contrat est alors automatiquement prolongé jusqu’au 21 décembre 2010.

Début octobre 2010, il rencontre le médecin chef du service de psychiatrie qui le déclare apte à reprendre du service. « Moi, je voulais terminer mon parcours ».

Le 29 décembre 2010, le commandement de la Légion étrangère transmet à l’intéressé une proposition de renouvellement du contrat d’engagement pour six mois et une proposition de non-renouvellement. « Elles m’ont été adressées alors que j’aurais dû en prendre connaissance avant la fin de mon contrat précédent », insiste Mostapha Allal. Il assure par ailleurs que la Légion a introduit un faux document administratif dans ce dossier. « J’ai demandé des explications au commandement. Sans réponse et il a été décidé que ma demande de précisions valait renoncement ».

Fin 2010, il se retrouve « sans solde, sans papier, sans aucun document évoquant son passé de militaire ». « Et comme je suis Marocain, je me suis retrouvé en situation irrégulière ! » Sans ressource, il trouve refuge dans un centre d’hébergement d’urgence avec son fils alors âgé de 10 ans. Le 30 mars 2011, il est radié des contrôles d’office. L’homme décide alors d’engager un bras de fer judiciaire avec l’armée.

Une procédure est actuellement en cours devant la cour administrative d’appel de Paris, Mostapha Allal ayant été débouté en première instance. Au plan, pénal, il a porté plainte pour faux et usage de faux auprès du procureur de la République du TGI de Marseille. « Mon client estime qu’un document volontairement antidaté a été introduit dans son dossier et il conteste ainsi sa radiation des contrôles », résume Me D’Acqui, avocat au barreau de Toulon. « Il met un point d’honneur à aller jusqu’au bout ».

« Je suis entièrement conscient que c’est le combat de David contre Goliath »

« Je suis entièrement conscient que c’est le combat de David contre Goliath mais je réclame simplement que la Justice oblige l’armée à respecter sa part du contrat. Quand on quitte l’armée, on suit un circuit de départ dont je n’ai pas bénéficié. Je ne suis pas déçu par l’institution que j’ai servie 28 ans. Au contraire, cela reste de formidables souvenirs. L’armée m’a beaucoup apporté et je ne veux pas la salir. En revanche, je déplore le comportement de certains officiers dans cette affaire ».

Ce n’est que fin 2012 que l’ancien adjudant a pu toucher sa solde de 1 600 € par mois sans paiement des arriérés. « Pendant plus d’un an, j’ai vécu sans allocations chômage, sans RMI ou RSA. J’ai évidemment accumulé beaucoup de dettes ». Sa situation reste précaire d’autant plus qu’il a en charge son fils, adolescent. Il a, en début d’année, écrit au maire de Colmar, au préfet du Haut-Rhin, au président de la République.

« Ce dossier me paraît revêtir quelques aspects nébuleux », insiste le maire, Gilbert Meyer, dans un courrier adressé au ministre de la Défense. « J’ai aussitôt prescrit un examen particulièrement attentif de votre correspondance », lui a répondu le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.


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