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Sur les traces d'un sombre passé

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Nicole Max tente, dans son rôle de mère, de vivre sans penser au passé

CINÉMA- Fieber (Fièvre) sort en salle demain. Cette coproduction austro-luxembourgeoise suit une photographe cherchant à comprendre son passé. Une odyssée sombre, poétique et convaincante. VIDEO

Après Hannah Arendt, récemment récompensé par le prix de la meilleure coproduction au Filmpräis 2014, la maison de production Amour fou signe, avec Fieber, un film d'une beauté oppressante.

De notre journaliste
Diego Velazquez

 
Franziska est une photographe de renommée qui décide de quitter Graz pour Novi Sad, en Serbie, afin de partir à la quête de sa demi-sœur disparue. C'est le désir de déchiffrer les images d'enfance qui hantent son esprit qui la pousse à entreprendre ce voyage. Dans le train qui file le long du Danube, Franziska se laisse absorber dans de vieilles lettres et photos.
 
Ces photos replongent Franziska dans des épisodes de son enfance. Des flashes-back viennent interrompre le voyage du personnage, et la réalisatrice, Elfi Mikesch, n'hésite pas à brouiller les pistes. Il est délicat pour le spectateur d'établir si ces remémorations du passé correspondent à ce qui s'est réellement passé, ou bien si elles sont le fruit de l'imagination de Franziska. La question de la fidélité de la mémoire se pose d'emblée et devient le leitmotiv du film. Ce questionnement trouve son pendant matériel dans les photos appartenant au père de Franziska.
 
Les images qui hantent les pensées de Franziska sont, en grande partie, des photos appartenant au père, et qui documentent ses missions au sein de la Légion étrangère française. Étant petite, ces images avaient suscité beaucoup de questions chez l'enfant. Le manque d'explications fournies par ses parent avait poussé la jeune Franziska à se construire un monde imaginaire. Certaines des photos dépeignent une réalité d'une brutalité choquante, qui remet en question la figure du père dans sa fonction d'autorité morale. La jeune Franziska se pose toute une série de questions : «Qu'a-t-il fait lors de ces missions», «pourquoi?», «mon père est-il un assassin?». Le climat familial aride et parfois violent ne fait que renforcer l'imagination de Franziska. Ce monde imaginaire, habité de personnages loufoques, devient une échappatoire pour l'enfant.
 
Comme beaucoup de films germanophones se déroulant dans les années 50 (période de l'enfance de Franziska), le film s'intéresse à l'héritage de la culpabilité, à une génération d'enfants engendrés par des parents qui ont participé aux violences des années 40. Sans jugements, Elfi Mikesch dresse un portrait désarmant de cette génération. «On ne peut pas guérir de la guerre», explique la réalisatrice, «elle reste collée à la peau des familles.» C'est le cas de Franziska, qui dans son innocence enfantine, n'a pas su trouver de réponses à l'absurdité de la guerre.
 
 
Nicole Max brille aux côtés de Martin Wuttke
 
Le film pose, à juste titre, aussi une question d'ordre technologique on ne peut plus actuelle. Les photos du père, omniprésentes dans le film, et à la base des questions de Franziska, sont d'une importance primordiale. À notre époque, la photo est devenue quelque chose d'insignifiant et une simple soirée en boîte engendre des centaines de clichés pris par smartphone et tout de suite chargés sur internet en guise de documentation de la veille, Fieber rappelle qu'il fut un temps avant la photographie digitale et le selfie, et que des documents photographiques étaient à la fois rares et mystérieux. Surtout si les propriétaires des images restaient muets quant à leur origine.
 
Le climat familial est superbement rendu dans les scènes d'intérieur, filmées au Luxembourg. Nicole Max, dans son rôle de mère, signe une belle performance. Tiraillé entre les tâches quotidiennes, un mari violent et imprévisible et les questions de sa fille, son personnage échoue dans tous ses rôles. L'impuissance de cette femme est très bien jouée par Nicole Max, qui tient très bien son rôle à côté de l'excellent Martin Wuttke (que le public luxembourgeois connaît très bien, tout comme Eva Mattes qui joue Franziska, pour leurs rôles respectifs dans la série télévisée Tatort).
 
Fieber pose énormément de questions sans qu'Elfie Mikesch prenne le temps d'apporter toutes les réponses. Cet aspect joue certainement avec la capacité d'interprétation du spectateur. Ce dernier aura néanmoins l'impression que certaines pistes, comme celle de la quête pour retrouver la piste de la demi-sœur, ont été abandonnées en route. Mis à part ces quelques sauts dans la narration, Fieber reste un film dont la poésie, l'esthétique, et l'écriture ont de quoi convaincre.

Traduction

aa
 

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