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Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette, l’Anneau de la « mémoire mondialisée »

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10/10/2014

Il y a l’architecte, Philippe Prost, fier de présenter cet « ouvrage d’art », unique au monde, dont la conception a nécessité des mois d’études et de calculs, un « raffinement » dans la recherche des matériaux, de l’éclairage, de l’aménagement paysager. Puis il y a l’historien, Yves Le Maner, fier de présenter un monument « qui dépasse des contraintes nationalistes pour aller vers quelque chose d’universel ». L’architecte et l’historien ont invité la presse hier – jeudi 9 octobre – à découvrir en avant-première le Mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette qui sera inauguré le 11 novembre prochain par François Hollande et plusieurs chefs d’État étrangers (Allemagne, Grande-Bretagne…).

Un monument exceptionnel voulu par le conseil régional Nord – Pas-de-Calais qui signait en avril 2011 une convention avec l’État actant la décision de construire cet outil commémoratif sur le site de Notre-Dame-de-Lorette, le plus grand cimetière militaire de France avec ses 40 000 tombes. Pour une somme symbolique, l’État a cédé à la Région un terrain de 2,2 hectares en face de la nécropole nationale. « Une parcelle en légère déclivité, un site au caractère très impressionnant, avec de multiples recommandations » qui mirent à rude épreuve l’inspiration de Philippe Prost, désigné à l’issue d’un concours d’architectes. Sa mission : réunir les noms des 580 000 combattants, venus du monde entier, tués sur les champs de bataille du Nord et du Pas-de-Calais entre 1914 et 1918 sur un front de 90 kilomètres. 580 000 noms par ordre alphabétique, sans tenir compte de la nationalité, du grade, de la religion. « Une première échelle imposante, avoue Ph. Prost. Comment réunir ces noms et les rendre lisibles ? » Il pensa tout de suite à une ronde, une chaîne humaine mais très vite le cercle devint une ellipse, l’Anneau de la mémoire – 328 mètres de périmètre. Un Anneau constitué de cinq cents feuilles « d’un métal doré reflétant la lumière » sur lesquelles sont gravés – Pierre di Sciulo a conçu un caractère typographique original - très exactement 579 606 noms. « Les pages d’un livre qui se tournent comme les plis de la mémoire » dit l’architecte. La technologie au service de ladite mémoire, le mémorial est le fruit d’un défi, où se marient l’inox, l’aluminium, le béton de fibres à ultra-hautes performances. « L’alliance de l’art et de la nature » pour un lieu totalement ouvert. L’architecte a même utilisé la déclivité pour imaginer le passage sous l’anneau afin de « rappeler la fragilité de la paix ». Après dépollution pyrotechnique, le chantier de cet ouvrage de trois cents tonnes « qu’il n’était pas garanti de pouvoir construire » a duré neuf mois – de janvier à août 2014. Coût total : 8 millions d’euros pour la Région avec la participation de l’État, du conseil général du Nord et de la communauté d’agglomération Lens-Liévin.

Faire le tour de cet anneau, s’arrêter devant chaque feuille est source d’émotions très contrastées. On admire d’abord la beauté, l’élégance du lieu – « qui n’est pas morbide » assure Yves Le Maner - puis on songe immédiatement avec tristesse aux 580 000 jeunes hommes (et quelques femmes, des infirmières) tués lors de ce grande carnage. On écoute avec attention l’historien qui évoque les combats de la colline de Lorette : « Six mois pour prendre un kilomètre et… 100 000 victimes ». Ces 1 350 mètres carrés de noms gravés disent toute l’horreur et l’absurdité de la guerre. « D’un seul regard, on a l’incarnation de la mort de masse… On a aussi des individus qui ont existé. » L’Anneau de la mémoire est ainsi le premier mémorial à mêler « amis et ennemis d’hier » ; « il a fallu convaincre les Britanniques » reconnaît l’historien. La « fraternité posthume » souhaitée a eu raison des dernières réticences.

Des Inuits aux Maoris

Un homme, un nom. La préparation de la liste a débuté en 2011 sous l’égide de la mission « Histoire, mémoire et commémorations » du conseil régional ; elle a été nourrie par trois grandes bases de données. La Commonweath War Graves Commission a fourni 241 214 noms de soldats de l’ancien Empire britannique (Anglais, Écossais, Gallois, Irlandais, Canadiens, Indiens, Australiens, Néo-Zélandais, Sud-Africains…). Le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge a transmis 173 876 noms de soldats allemands, liste qui ne comprend pas les disparus en raison de la destruction d’une partie des archives durant la seconde guerre mondiale. Et une équipe de quatre personnes recrutées par la Région a analysé les 1,4 million de fiches des Morts pour la France pour trouver les 106 012 soldats français morts sur le sol du Nord et du Pas-de-Calais (dont les soldats des « Colonies »). Il faut ajouter les 2 326 soldats belges (la plupart morts à l’hôpital de Calais), 2 266 soldats portugais, 1 160 soldats russes et roumain prisonniers de l’armée allemande. « Au total, une quarantaine de nationalités, précise Yves Le Maner, de nombreux étrangers : Suisses, Espagnols, Américains, etc. ayant rejoint l’armée française et la Légion étrangère en 1914 ». Du Népalais A Tet à l’Allemand Rudolf Zywitz, l’Anneau de la mémoire « rend à chaque individu sa place dans l’Histoire ». Des milliers de soldats anonymes et quelques-uns plus ou moins connus : le Luxembourgeois François Faber vainqueur d’un Tour de France, l’alpiniste allemand Hans Dülfer, Fergus Bowes-Lyons le frère de la Reine mère d’Angleterre, Joseph Standing Buffalo le petit-fils du chef indien Sitting Bull… Et peut-être le grand-père, l’arrière-grand-père de l’un des 70 000 pèlerins de la mémoire australiens qui viennent chaque année dans notre région, des 500 000 visiteurs qui passent chaque année à Vimy et se rendront à Notre-Dame-de-Lorette à partir du 12 novembre 2014 (l’entrée est gratuite).


En 2008, L’Écho du Pas-de-Calais avait publié un numéro spécial consacré aux soldats du monde entier venus dans le Pas-de-Calais entre 1918 et 1918 : http://s263176304.onlinehome.fr/PDF_echo/supplGG96.pdf


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