Mercredi 11 mars 2015
Qui est ce David Munyutu qui enchaîne les succès ? En sillonnant route et sous-bois, le coureur d'origine kenyane s'efforce d'être reconnu pour ce qu'il est. Portrait.
Né à Nakuru, au Kenya, David Munyutu a, comme son frère Simon, intégré la légion étrangère. « C'est son colonel qui m'a contacté », confie Gérard Férré, dirigeant actuel au Racing Club de Vendée, à l'époque (2009) au Jogging Club Sablais.
Ainsi le coureur de la vallée du Rift, désormais Français, a rejoint sportivement Les Sables en 2010, après un passage à Clermont et avant de partir pour Pacé (35) l'année suivante, suite aux divergences au JCS dans la volonté de garder ou non son élite.
La saison 2014 signe son retour en Vendée. Au Racing Club de Vendée où David est perçu comme un garçon « courtois, respectueux, pour qui l'identité club est importante. » Il peut alors conquérir le titre de champion départemental de cross, au Château d'Olonne le 11 janvier dernier.
Dans la lignée des foulées d'ailleurs...
S'inscrivant dorénavant dans la lignée des foulées d'ailleurs venues enrichir les performances vendéennes, David Munyutu court pour faire briller les couleurs de son club, comme avant lui des athlètes tels que Mohamed Nakkachi (ACBV, fin des années 80) ou Andrey Kuznetsov (ACLR, début de ce siècle), entre autres, le firent. Les uns les qualifient de « mercenaires », les autres voient à travers eux « les opportunités d'intégration qu'offre la pratique sportive. »
Pourtant, le peu d'argent circulant dans le microcosme athlétique vendéen n'incite guère à la vénalité. Même si tous ne finissent pas leurs jours ici, les athlètes soucieux de se draper d'un maillot d'un club vendéen ne peuvent le faire que « par passion ou par amitié » comme le précise Yvon Allo.
Le patron du hors stade vendéen évalue l'apport de ces foulées pluriculturelles. « C'est de la rivalité que naît la performance. Quand les gens sont agréables, ils rehaussent le niveau de compétition et font progresser le peloton. »
Entraîneur à l'AC La Roche et autrefois opposé à cette pratique, Dominique Guillet confirme cette analyse avec toutefois une condition : « La sympathie et la modestie d'athlètes tels que Nakkachi, Allaoui, Kuznetsov, Smirnov, ou Munyutu, qui joue la carte de son club, sont autant d'éléments qui donnent du crédit à leurs venues. Toutefois, il faut que ces faits soient à la base d'un projet. »
Anthony Guillard (ABV), 2e du départemental de cross derrière David Munyutu, reconnaît qu'« il faut apprendre à connaître avant de juger et je ne connais pas David. Cependant, je peux témoigner que la proximité des coureurs étrangers a contribué à ma progression, même si sur certains championnats cela fausse un peu la donne (Munyutu a pris la 13eplace du championnat de France en cross court, équivalente à celle de 6e Français). »
Habitant Poissy, David Munyutu sera presque à domicile pour son premier marathon à Paris, le 12 avril. Si sous les couleurs du RCV, la foulée aérienne de ses origines lui autorise une belle performance, la Vendée se satisfera de son chrono.
Sa foulée sera alors un nouveau pas pour se faire accepter. Ici ou ailleurs. Dimanche, il s'est imposé sur le semi-marathon d'Orvault. En arrivant main dans la main avec son ancien compatriote, David Chege, 2e. Comme pour ne jamais oublier d'où il vient et qui il est...