Publié le 20/05/2015
Ce légionnaire est mort en opération, au Zaïre, en 1978. Une cérémonie s’est déroulée ce mercredi dans le cimetière de son village, près d’Abbeville.
La mort de Jean-Marie Hembert est sortie de l’ombre. Légionnaire de la 1re compagnie du 2e régiment étranger de parachutistes, Jean-Marie Hembert, alias caporal Jules Harte, est mort à 26 ans au combat lors de l’opération Bonite à Kolwezi au Zaïre, le 20 mai 1978. Quatre autres soldats ont péri au cours de cet assaut unique dans l’histoire de la Légion. L’opération aéroportée a même fait l’objet d’un film, La Légion saute sur Kolwezi, de Raoul Coutard, en 1980.
Mercredi, une cérémonie officielle a rendu hommage au soldat, à Yonval, près d’Abbeville ; d’abord au monument aux morts, puis devant la tombe du défunt. Élus, associations patriotiques, représentants de la Légion, écoliers, familles, amis, habitants, anciens combattants… Une belle assistance a assisté à l’hommage. « Merci. Je suis ému. Je n’ai pas l’habitude de parler en public. Merci à tous », a exprimé le beau-père du légionnaire, Pierre Mercier, avant d’essuyer ses larmes. « Ça fait un mois qu’on attend ça. On était pressés, parce que ça remue beaucoup de choses », a confié la sœur aînée de Jean-Marie Hembert, Marie-Jeanne Hembert. Le souvenir de l’annonce est remonté à la surface. « Le maire de l’époque était venu à la maison avec deux militaires », se souvient Lucette Mercier, la mère. « Il s’était engagé dans la Légion après un pari avec un copain. On l’avait appris quelques mois plus tard qu’il était dans l’armée. Après un pari… »
« Un enfant du pays »
La commémoration de la mort du soldat picard a été permise grâce au conseil de mémoire d’Abbeville et à la commune de Yonval. Le premier avait lancé un appel dans la région, à la recherche de militaires inhumés dans les cimetières environnants. Dans la seconde, on connaît la famille de Jean-Marie Hembert et l’histoire de ce soldat. Les deux se rencontrent et mettent sur pied la cérémonie. « Pour nous, c’est un enfant du pays. Ses parents, ses frères et sœurs sont de Yonval. Jean-Marie Hembert a combattu loin de nos frontières pour défendre nos libertés. Nous ne l’oublierons jamais », a déclaré Christian Lesenne, maire. Et pour ne pas oublier, et surtout transmettre, le conseil de mémoire a tenu à la présence d’enfants. L’école de Rouvroy, d’Abbeville, a lu des textes et chanté La Marseillaise. « Il n’est jamais inutile de se souvenir du sacrifice des enfants de nos pays. Il est important que les jeunes soient imprégnés des valeurs de la République », a souhaité Stéphane Haussoulier, conseiller départemental.
Le village de Yonval fleurira le monument aux morts une fois de plus par an. « Il n’y a pas trop de dates », répond le maire d’Abbeville à ceux qui jugeraient les commémorations trop nombreuses. « Même si certaines sont controversées, elles rappellent des événements historiques et permettent d’en parler. À chaque occasion qu’offre le calendrier, la mémoire doit rester vivante », souligne Nicolas Dumont.
KARINE NÉEL