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Jean-Christophe Napoléon. Sans rancune !

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Le 18 juin 2015

Jean-Christophe Napoléon. Sans rancune !

Waterloo, morne station, vendredi 11 h 30. L’héritier de l’empereur mesure 1,98 mètre, 30 centimètres de plus que son aïeul. © Baptiste Giroudon

Le jeune chef de la famille impériale, Européen convaincu, vit à Londres et assistera aux commémorations de la bataille finale.

Paris Match. Vous présidez chaque année la très officielle cérémonie du 5 mai aux Invalides, en hommage à Jérôme ­Bonaparte, roi de Westphalie, le jeune frère de Napoléon et votre aïeul.­ Assisterez-vous aux cérémonies de la bataille de Waterloo, le 18 juin ?
Prince Napoléon. Bien sûr, j’assisterai à la commémoration officielle. Dans un esprit de réconciliation et de paix en Europe, je serai aux côtés du roi des Belges, de celui des Pays-Bas et de plusieurs chefs d’Etat. Mais aussi avec le duc de Wellington [descendant du vainqueur britannique] et le prince Blücher [descendant de son allié prussien]. Deux cents ans après Waterloo, nous allons échanger une poignée de main sur le lieu même de la bataille : je pense que c’est une belle image de paix. Par ma présence, je souhaite ­également rendre hommage à ­l’héroïsme des soldats français.

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Pourquoi célébrer une défaite que les autorités françaises semblent vouloir bouder ?
Le 11 novembre 2009, la chancelière allemande, Angela Merkel, a assisté, sous la voûte de l’Arc de Triomphe, à l’anniversaire de la victoire française de 1918. Sa présence symbolisait l’Europe de la réconciliation. Je suis un fervent Européen. Pour moi, ­Waterloo reste, certes, une lourde défaite, mais aussi le tournant qui ouvre sur cinquante ans de paix. Waterloo et le congrès de Vienne ont été des marqueurs très importants dans notre histoire ; d’une certaine manière, ils préfigurent la lente construction européenne. Je trouve d’ailleurs formidable que la reconstitution suscite autant d’intérêt : 150 000 personnes sont prévues. Il faut se réjouir que tant de gens aient le désir de se remémorer leur histoire. Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient.

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Devant le portrait de l’empereur, le 5 mai 1969, autour du prince Louis Napoléon, chef de la Maison impériale, de g. à dr. ses filles Catherine, Laure, sa femme Alix de Foresta (princesse Napoléon), ses fils Charles et Jérôme au premier plan. Charles sera le père de Jean-Christophe. © François Pages

Mais vous représenterez aussi un homme à qui la chance a finalement cessé de sourire.
La victoire ou la défaite n’ont pas tenu à grand-chose à Waterloo. Et même si Napoléon avait gagné ce jour-là, il aurait probablement perdu quelques semaines ou quelques mois plus tard. Le rapport de forces entre les armées était trop inégal. Par ailleurs, en tant que chef de famille, je souhaite représenter les Bonaparte aussi bien dans les bons moments que dans les moins bons, une défaite ou une victoire. J’étais présent, par exemple, au bicentenaire de la bataille d’Austerlitz et de la création de la Cour des comptes. Enfin, il faut réaliser que ­Waterloo n’est pas la fin de ­Napoléon : cette bataille qui met un terme à sa carrière politique et militaire ouvre aussi sur l’exil de Sainte-Hélène, qui marque le début de sa légende.

"Par mon père, je suis l’héritier des Bonaparte. Mais par ma mère, je descends aussi de Louis XIV"

D’où vient exactement votre titre, prince Napoléon ?
C’est celui adopté par mon arrière-arrière-grand-père, puis porté par son fils lorsque, après la mort tragique de l’héritier de Napoléon III, tué à coups de sagaies par les Zoulous en Afrique du Sud, il a été désigné comme l’aîné des Bonaparte et le chef de la Maison impériale de France. C’est mon grand-père qui, dans son testament, m’a désigné comme prince Napoléon.

Est-ce étrange de porter un tel nom ?
En effet, mon nom fait réagir dans le monde entier. Vous savez qu’il y a plus de 70 000 livres écrits sur Napoléon, soit plus de livres que de jours écoulés depuis sa mort ? Et on compte plus de films sur lui que sur George Washington ou Jésus-Christ. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un destin fabuleux. Celui du fils d’une petite famille nobiliaire corse qui devient empereur et maître du monde à seulement 35 ans. C’est l’image du self-made-man. Puis il termine sa vie sur le rocher de Sainte-Hélène, comme une étoile filante de l’Histoire, suscitant des passions, positives ou négatives... J’ai toujours été fier de porter ce nom. Mais sans vivre dans l’illusion ni dans le passé : je veux être un homme de mon temps. Et, surtout, j’ai toujours voulu me construire par moi-même, prouver mon mérite par le travail.

Comment se fait-il que l’héritier de l’empereur travaille dans la finance, en Grande-Bretagne, cette “nation de boutiquiers”, comme disait Napoléon, qui considérait Londres comme son pire ennemi ?
En réalité, ils avaient une forme de respect et d’admiration mutuels. Après Waterloo, Napoléon a écrit au roi d’Angleterre pour lui demander de vivre en exil dans son pays. La reine ­Victoria s’est inclinée sur sa tombe lors de sa visite officielle à Paris. Et elle a accueilli son neveu en exil. Napoléon III repose d’ailleurs toujours en Angleterre avec sa femme, l’impératrice Eugénie, et leur fils, qui avait fait ses études à l’académie militaire de Sandhurst avant de mourir sous uniforme anglais en Afrique du Sud. J’aime bien rappeler tout ça aux Anglais quand ils sont surpris de voir un Bonaparte chez eux.

"Les ­Bonaparte ont toujours été des hommes modernes, des avant-­gardistes qui faisaient avancer leur époque"

Quel est votre rôle, aujourd’hui, en tant que prince Napoléon ?
Difficile de déterminer quelle peut être la place d’un prince dans la société française actuelle… Je pense avoir un devoir d’engagement au service de la France. Comme mon grand-père qui, condamné à l’exil, s’est engagé dans la Légion étrangère pour pouvoir se battre pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de rejoindre la résistance du côté du général de Gaulle. Aujourd’hui, je ne veux surtout pas prétendre avoir plus de droits que les autres : je suis comme tout le monde. Les ­Bonaparte ont toujours été des hommes modernes, des avant-­gardistes qui faisaient avancer leur époque. J’ai l’intention de poursuivre cette tradition.

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Le prince sort de la station City Bank, à Londres. Il prépare aussi un MBA à Harvard. Derrière lui, la statue de Wellington, le vainqueur de Waterloo. © Baptiste Giroudon

Concrètement, quels sont vos devoirs ?
Je représente ma famille à certaines cérémonies, comme celle des Invalides, chaque année le 5 mai, en hommage à ­Napoléon et aux soldats morts pour la France. J’apporte mon soutien à certaines initiatives, comme récemment celle ­organisée par la Fondation Napoléon et le ministère des Affaires étrangères, dont j’ai présidé le comité d’honneur, une souscription internationale pour restaurer la maison de Sainte-Hélène.

Vous considérez-vous comme le chef de file des bonapartistes ?
Cela dépend du sens que vous donnez à ce mot. Pour moi, Napoléon, c’est l’idée de progrès. Si “bonapartiste” veut dire être jeune, se mettre au service d’idées nouvelles et modernes – surtout lorsque le changement s’impose, comme en France actuellement –, alors oui, je suis bonapartiste ! Mais sans ­prétendre à un trône et dans le strict respect des institutions de la République.

Seriez-vous tenté de jouer un rôle politique ?
La politique me passionne depuis toujours. J’ai d’ailleurs été actif lorsque j’étais étudiant à HEC. Par mon père, je suis issu des Bonaparte. Mais ma mère est ­Bourbon-Siciles et par elle je descends aussi de Louis XIV, des Capétiens et des Orléans : rois ou révolutionnaires, ils ont contribué à façonner l’identité française. Je pense que le hasard de la naissance me place au carrefour de ce qui fait la richesse et la complexité de notre pays.

Envisageriez-vous de vous présenter à une ­élection ?
Pas pour l’instant. J’ai souhaité ­commencer ma carrière professionnelle à l’étranger. Cela me permet de porter un regard extérieur sur les atouts et les faiblesses de notre pays, dans un contexte de mondialisation. On a l’impression qu’en France certains politiques ne réalisent pas qu’on vit dans un monde totalement ouvert et mondialisé. Je suis convaincu que la France ne réussira qu’en étant compétitive et attractive, en se modernisant sans tomber dans le piège de la démagogie du rétrécissement.

Quand comptez-vous rentrer vivre en France alors ?
Comme un très grand nombre de jeunes, diplômés ou non, j’ai quitté pour un temps mon pays et j’ai envie de découvrir le monde. J’avais d’ailleurs déjà fait un tour du monde pendant mes études. Bien sûr qu’un jour je reviendrai y habiter. Et j’aimerais surtout contribuer à ce que la France s’ouvre plus sur le monde et l’avenir, afin de rester une grande puissance.


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