Le Républicain Lorrain
13/06/2016
La famille de Lazare Ponticelli était hier, au Mémorial de Verdun, pour y déposer une copie originale du livret militaire du dernier des Poilus. Photo ER
«Surtout, ne nous oubliez pas. » Francis Lefort, président du comité national du Souvenir de la bataille de Verdun, qui gère le Mémorial, se souvient parfaitement des derniers mots qu’a prononcés Lazare Ponticelli en 2008, quelques semaines avant sa mort, à l’âge de 110 ans. « J’étais venu lui rendre visite. Il habitait alors chez sa fille. Il avait quelques problèmes d’ouïe mais conservait toute sa tête. » Non, personne n’a oublié les combattants de la Grande Guerre. La preuve, s’il en fallait une : l’affluence record des derniers mois au Mémorial de Verdun, inauguré le 29 mai dernier par le président de la République François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel.
Hier, la direction du musée accueillait des invités de marque : la famille Ponticelli, emmenée par la petite-fille du vétéran de la Grande Guerre, Nadine Desbaucheron-Ponticelli. Son grand-père, elle l’a très bien connu puisqu’elle vivait à côté de chez lui. Elle confie : « Il ne parlait jamais de la guerre. J’ai découvert qu’il avait été un poilu lorsqu’il a reçu la Légion d’honneur. » C’est-à-dire en 1996. Lorsqu’elle a visité le Mémorial de Verdun, Nadine a été très émue : « Quand je suis sortie, je suis restée 10 minutes sans pouvoir parler. » Si elle est revenue avec sa famille hier, c’est pour confier au Mémorial une copie originale du livret militaire de Lazare Ponticelli : « L’original, nous le donnerons à la Légion étrangère, dans laquelle il a combattu. »
Lazare Ponticelli, le dernier des poilus, les Français s’en souviennent, presque comme un membre de leur famille. Ce qu’ils savent moins de lui, c’est qu’après la guerre, cet immigré italien avait créé, avec ses deux frères, une société de montage et d’entretien de cheminées industrielles. Aujourd’hui, le groupe Ponticelli emploie 5 000 salariés en France et à l’étranger. Et est devenu un mécène du Mémorial de Verdun.
« L’important c’est le travail »
C’est aussi une phrase que Lazare Ponticelli a répétée souvent, tout au long de sa vie : « L’important, c’est le travail. »
Le dernier des poilus avait longtemps refusé que ses obsèques soient nationales. Il s’y était finalement résigné à une seule condition : qu’elles soient dédiées à tous les morts de la Première Guerre mondiale. Ce fut le cas, aux Invalides, le 17 mars 2008.