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Lorette: une bataille et 300 soldats oubliés sur l’Anneau de la mémoire

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La Voix du Nord

Publié le 26/06/2016

 

On se souvient du combat de la famille Charbonneau pour faire inscrire le nom de Joseph, mort en 1916 à Morval, enclave du Pas-de-Calais dans la Somme, sur l’anneau de la mémoire. Il ne serait en fait pas la seule victime d’une erreur géographique, doublée d’un jusqu’au-boutisme administratif : plus de 300 soldats seraient concernés…

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« Manque-t-il un nom sur l’anneau de la mémoire ? », titrions-nous le 16 mai 2015. Pour narrer la mésaventure de la famille Charbonneau, dont les ramifications s’étendent du marais vendéen jusqu’aux rives du Saint-Laurent au Québec, navrée que le nom de Joseph, jeune cultivateur de 25 ans, mort sous les balles ennemies pendant la bataille de la Somme, ne figure pas sur cet anneau de la mémoire inauguré en novembre 2014 par François Hollande.

La justice saisie

Tout ça parce que ce bougre de Joseph, son mètre cinquante-deux et son menton à fossettes avaient eu la fort mauvaise idée de tomber, en novembre 1916, à Morval, enclave du Pas-de-Calais dans la Somme. Et qu’il avait été ainsi inscrit, par erreur, sur son acte de décès, que le mitrailleur du 66e RI de Tours (du reste enterré dans le cimetière de la nécropole de Lorette, carré 91, tombe 18 564) avait péri chez les Picards !

Devant l’injustice, le sang des Charbonneau n’avait fait qu’un tour… d’anneau. Étienne Charbonneau, journaliste à la retraite, avait mené l’enquête et remué ciel et terre pour que l’on rétablisse l’honneur de Joseph. En vain. Tombant avec l’Armée sur un mur, et avec la Région et son historien, Yves Le Maner, sur un os.

Jusqu’à ce que le tribunal de grande instance de La Roche-sur-Yon, saisi par Étienne, n’ordonne le 7 décembre 2015 la rectification de l’acte de décès, indispensable préalable à l’inscription de Joseph en lettres d’or sur le 500e panneau de l’anneau, prévu pour accueillir les noms manquants. Happy end ? Pas exactement…

Pas un cas isolé

Un brin agacé par l’inaction et le dédain de ses interlocuteurs, Étienne a un peu plus fouillé les archives. Et ainsi découvert que ce sont pas moins de trois cents noms de soldats tombés à Morval qui devraient voir leur patronyme gravé sur l’anneau ! Rien que sur les 338 soldats « Morts pour la France » à Morval à l’automne 1916, seuls 35 ont eu droit à avoir leur nom mentionné sur l’anneau, les 303 autres étant notés comme morts dans la Somme. « En fait, le ministère de la Défense a réparti les 338 noms en quatre catégories, explique Étienne. Il y a 30 morts à Morval Pas-de-Calais, 5 à Morval près de 62-Pas-de-Calais, 197 à Morval 80-Somme et 106 à Morval près de 80-Somme ! On trouve aussi des morts devant, derrière, au nord-est, au sud-ouest, à 500 m… de Morval ! ».

Il n’y aurait donc pas un Morval, mais des Morvaux ! Et c’est un Charbonnal… euh un Charbonneau qui vous le dit ! « Peut-être les historiens y comprennent-ils quelque chose, mais ça reste sinon incroyablement flou et complexe. Comme si on avait mesuré au centimètre près la position des corps pour dire s’ils avaient été ramassés sur le territoire de la Somme ou du Pas-de-Calais ! », fulmine Étienne. Qui plaisante à peine. Récemment, le ministère de la Défense a réintégré quatre soldats dans la catégorie des morts à « Morval Pas-de-Calais », alors que leur acte de décès portait la mention « Somme ». Pourquoi eux ? Pourquoi pas les autres ?

Un anneau « grande région » ?

« On ne pourrait pas simplifier en disant qu’ils sont tous morts à Morval ? L’enchevêtrement des corps, la situation géographique difficile à exprimer sur des champs de bataille ravagés, les pénibles conditions d’exercice de l’officier d’état-civil : il est compliqué de dire où est précisément mort un soldat… », fulmine Étienne. Qui va encore plus loin.

À l’origine, l’anneau (dont la construction a coûté 8 M€) a été conçu pour honorer la mémoire de tous les soldats morts dans le Nord – Pas-de-Calais entre 1914 et 1918. « Mais maintenant que la région inclut la Picardie, ne conviendrait-il pas d’ajouter les noms de ceux tombés dans la Somme, l’Oise, l’Aisne ? » Il aurait bien voulu poser la question à la nouvelle Région, mais le service compétent a disparu. Nom de nom.

ZOOM

Sur l’anneau figure donc, sur 499 plaques, gravés les noms de 579 606 soldats tués sur les 90 km de front du Nord - Pas-de-Calais entre 1914 et 1918, dont 241 214 combattants issus de l’ancien empire britannique (Grande-Bretagne, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande...), 173 876 allemands, 106 012 français, intégrant les soldats de l’empire colonial (Algériens, Sénégalais, Marocains, Indochinois...) et de la Légion étrangère. On dénombre aussi 2 326 Belges, 2 266 Portugais, 1 037 Russes, 6 Américains.

Bien entendu, puisqu’il arrive encore assez fréquemment de retrouver des corps, une 500e plaque a été prévue. Elle peut comporter jusqu’à 1 200 noms, qui seront ajoutés pour la postérité en 2018, à l’issue des commémoration du Centenaire de la Grande Guerre.


Traduction

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