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11 Novembre : les Alsaciens, ces soldats toujours inconnus

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Par Christophe Forcari — 11 novembre 2016


Pendant la Première Guerre mondiale, les Alsaciens et Mosellans s'engageant dans l'armée française ont combattu sous une identité d'emprunt. Leurs familles ne pourront jamais retrouver leurs traces.

En 1940, ils furent des «malgré nous», soldats alsaciens enrôlés de force sous l’uniforme allemand. En 1953, treize d’entre eux seront même jugés pour avoir participé au massacre d’Oradour-sur-Glane perpétré par la division SS «Das Reich» à laquelle ils appartenaient.

Mais avant, épisode oublié, à l’issue du premier conflit mondial, leurs pères furent les premiers soldats inconnus, inhumés «malgré eux» sous de fausses identités. Le 1er août 1914, par une chaude journée d’été très bien décrite par Céline dans les premières pages du Voyage au bout de la nuit, les affiches proclamant l’ordre de mobilisation générale tapissent les murs des villes et villages de France. Le tocsin retentit. Dès le 5 août, le gouvernement français promulgue un décret accordant la nationalité française aux Alsaciens et Mosellans et donc à leurs familles qui décideront de combattre sous le drapeau tricolore. Depuis la guerre de 1870, ces deux régions vivent sous l’administration et le drapeau de l’empire allemand. Et tous les hommes forcément incorporés dans les rangs de l’armée du Kaiser. Pourtant, 30 000 d’entre eux rejoindront «la France de l’intérieur», comme les ressortissants de ces deux régions désignent le pays de l’autre côté de la frontière imposée par l’occupant, les «Boches». Pour les autorités militaires allemandes, ils ne sont que des déserteurs et donc passibles du peloton d’exécution. Pour les protéger, au cas où ils seraient faits prisonniers – environ 500 000 soldats francais se sont retrouvés en camps – et leurs identités découvertes, l’armée française les incorpore sous des identités de papier. Une pratique jusque-là réservée aux engagés volontaires étrangers dans les rangs de la Légion étrangère. Mais depuis le décret du 5 août, ces engagés sont reconnus par la République comme Français. Ils iront combattre, dans les tranchées, dans les rangs de la «régulière». Le poilu au patronyme trop alsacien devient alors «Jean Robert», né dans un village ou une ville, un bocage qu’il connaissait suffisamment pour y être passé.

Trois cents gisent toujours dans les nécropoles militaires

Dans la tourmente de l’après-guerre, les autorités de l’Etat et les chefs militaires arpentent les champs de bataille à la recherche des soldats disparus. Comme dans le film de Bertrand Tavernier, la Vie et rien d’autre où un commandant incarné par Philippe Noiret a pour mission d’identifier ces hommes «tombés au champ d’honneur». La main du hasard, personnifiée par Auguste Thin, un jeune appelé du 132e régiment d’infanterie, lui-même pupille de la nation, désignera parmi les huit catafalques alignés dans la crypte de Verdun celui qui repose aujourd’hui sous l’arc de Triomphe. Il choisira le sixième cercueil. Le hasard ? Non, simplement l’addition du numéro de son régiment.

Le soldat inconnu se voit honorer par la nation à chaque 11 Novembre, anniversaire de l’armistice. Pour ces poilus «alsacos», personne pour leur rendre hommage, même pas leur famille puisqu’ils reposent sous leurs noms d’emprunt. Trois cents d’entre eux gisent toujours aujourd’hui dans les nécropoles militaires françaises avec la mention «Mort pour la France» mais sous un nom qui n’a jamais été le leur.

Une histoire qui aurait pu reposer sous les dalles mortuaires sans qu’un éditeur et élu du Territoire de Belfort, Christophe Grudler, historien de formation, et son acolyte, Bernard Cuquemelle, ne portent à la lumière l’histoire de ces soldats à la tenue bleu horizon, combattants ni identifiés ni reconnus.

Comptabilité mortuaire

En s’attelant à la rédaction d’un livre pour rendre hommage aux Belfortains tombés lors de la Grandre Guerre, les deux auteurs tombent sur cette incroyable histoire. «Nous avons alors commencé à dévider la pelote et nous n’en avons pas fini», explique Christophe Grudler qui a mené ses recherches avec la minutie d’un expert criminel et parvenant à redonner leur identité à ces soldats inconnus «malgré eux». Comme Charles Leroy, de son vrai nom Wendt, inhumé à Cernay (Haut-Rhin). Ou encore la tombe 4635 de Frédéric Henniger, né à Munster en 1890 qui s’engage en août 1914 sous le nom de Frédéric Cordonnier en se déclarant natif dfe Gérardmer (Vosges). Soldat de l’armée d’Orient, il repose au cimetière de Bitola en Macédoine. Emile Schmitt né dans les environs de Mulhouse alors territoire de l’empire de l’aigle à deux têtes, fait prisonnier, ne devra sa survie qu’à son nouveau nom «Laforge», traduction plus ou moins littérale de Schmitt en français et à une naissance nancéenne. Le soldat «Laforge» repose à la nécropole nationale des prisonniers de guerre de français à Sarrebourg. Louis Belot, de son vrai nom Pfimlin, gît au cimetière militaire de Houdain dans le Pas-de-Calais. Une vieille famille mulhousienne qui a compté un président de France Télévision, Rémy Pfimlin et surtout un président du conseil sous la IVe République, maire de Strasbourg et président du Parlement européen, Pierre Pfimlin.

Des familles, des parentèles se sont manifestées à la fin de la guerre en quête de leurs proches partis se battre sous la tenue bleu horizon et fauché dans cet uniforme. Le soldat qui jouait alors le rôle d’officier d’état civil au sein de chaque régiment se contentait alors d’enregistrer l’identité et de valider l’acte de décès. Et chaque jour, ce préposé à cette comptabilité mortuaire en signait des dizaines. Dès lors, toute traçabilité devenait impossible.

Traduction

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