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Ille-et-Vilaine. « Enfant juif, j’ai survécu caché, grâce à eux »

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Christelle GARREAU Publié le 29/11/2017

Simon Grunsztajn se faisait appeler Benjamin Simon pendant la guerre. Près de la maison où il était caché, à Sixt-sur-Aff, il explique comment il descendait dans ce puits pour le nettoyer.

Simon Grunsztajn se faisait appeler Benjamin Simon pendant la guerre. Près de la maison où il était caché, à Sixt-sur-Aff, il explique comment il descendait dans ce puits pour le nettoyer. | Ouest France

 

Simon Grunsztajn est revenu à Sixt-sur-Aff, où il a vécu pour échapper à la déportation, pendant la Seconde Guerre. Il œuvre pour que sa famille d’accueil soit reconnue Juste parmi les nations.

À 88 ans, Simon Grunsztajn garde des yeux vifs. Il se tient bien droit, même si désormais il marche avec une canne. Renée, sa femme, l’accompagne dans son voyage breton ce week-end. « C’est plus difficile à mon âge, sourit-il. Quand j’avais 12 ans, j’ai pourtant voyagé beaucoup » Mais pas sous le nom de Grunsztajn.

12 ans en 1942

Simon a 12 ans en 1942. Il habite avec sa mère et sa sœur, âgée de 16 ans, dans un appartement bourgeois de Paris. Son père, d’origine polonaise, s’est engagé dans la Légion étrangère pour combattre les nazis qui ont envahi la France en 1940.

« Un jour, les gendarmes frappent à la porte de notre appartement. Ma mère a mis la chaîne et nous sommes sortis par l’arrière-cuisine pour entrer dans un autre appartement. Pendant quatre heures, nous avons joué à cache-cache avec les képis, passant d’un appartement à l’autre avec la complicité des voisins. »

Personne ne répond

Le soir même, ils quittent Paris. Simon est envoyé dans le Loiret, chez des agriculteurs qui accueillent des enfants pendant les deux mois d’été, « J’y suis resté jusqu’en décembre. Et là, le fermier m’a mis dans un train pour Paris en disant que j’avais été dénoncé. »

Simon arrive à Paris dans la nuit. « Tout était noir, il y avait le couvre-feu. » Il frappe aux portes de gens qu’il connaît, mais personne ne répond. « Soit ils avaient été déportés, soit ils étaient en exil, soit ils avaient trop peur pour ouvrir. »

Le garçon tente sa chance chez des copains avec lesquels il jouait dans la rue. « Leur mère, Léontine, m’a ouvert. Elle m’a tout de suite pris sous son aile. » Mais elle ne peut garder Simon chez elle. Elle est veuve, elle travaille. Alors, elle l’emmène chez sa sœur, Marie-Ange, en Bretagne, à Sixt-sur-Aff, plus précisément à Noyal-le Hos, un hameau de quelques maisons en campagne. Marie-Ange est veuve, « et elle a une fille de mon âge, Geneviève ».

Dans la maison, une seule pièce pour les humains. Simon dort dans un lit, près de la porte, Geneviève et sa mère dans l’autre lit. « Dans la pièce d’à côté, il y avait une vache et un cochon. »

Aujourd’hui, il est face à la maison où il a vécu pendant trois ans. Elle a changé. « Mais je me rappelle bien la cheminée, l’échelle pour aller dans le grenier à foin, le puits dans lequel on me faisait descendre pour le récurage. »

Marie-Ange Fontaine, Geneviève, sa fille, et Marie Diguet, qui habitait la maison mitoyenne.

Marie-Ange Fontaine, Geneviève, sa fille, et Marie Diguet, qui habitait la maison mitoyenne. | DR

« Viens avec nous »

Simon apprend le travail des champs avec Félix, le frère de Marie-Ange. « Ces gens travaillaient tellement dur, à la faux ou la faucille, toute la journée. » Personne ne lui pose de question. Il ne va jamais au bourg de Sixt : quelques Allemands y logent.

Il se rend à la messe à Quelneuc, à pied. « C’est là qu’à l’été 1944, nous entendons tous un énorme vacarme. Les chars américains, des dizaines et des dizaines ! » Sur un des tanks, un gradé s’adresse à lui. « Je ne comprenais rien. Je parlais le gallo mieux que le français. Il s’est mis à parler un patois yiddish, le même que celui de ma grand-mère. Il avait vu que j’étais juif à la couleur de mes cheveux, noirs de geai. Il m’a dit « Viens avec nous ». »

« Ils ont fait de moi un homme »

Mais Simon refuse. S’il s’en va, Léontine ne pourra pas dire où il se trouve à ses parents lorsqu’ils reviendront à Paris. Ils ont échappé à la déportation, contrairement à des oncles et cousins, morts dans des camps.

Pendant plusieurs mois, Simon reste à Sixt. Après la guerre, il fera sa vie à Paris et restera en contact avec cette famille qui l’avait accueilli, sans se poser de question, sans attendre de récompense.

Il y a quelques semaines, Simon a entrepris des démarches pour que la famille soit déclarée Juste parmi les nations, et qu’elle figure au mémorial de Yad Vashem, à Jérusalem. « Ces gens m’ont sauvé la vie. Ils ont fait de moi un homme. Un Breton. Et je ne les ai jamais vraiment remerciés. C’est ma façon de le faire »


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