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Hommage national aux Invalides pour Thierry Serrat, Stéphane Prudhom, Pierre-Olivier Lumineau, Yoann Marcillan

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Cathédrale des soldats, le 14 juin 2012

Monseigneur Luc Ravel, évêque aux armées françaises

Introduction à la célébration

Monsieur le président, mesdames et messieurs les ministres, autorités civiles, militaires et religieuses, familles de nos morts pour la France et vous tous ici, votre présence dans cette église des soldats élève très haut cet hommage national pour nos quatre morts. Soyez-en profondément remerciés.

Sous ces voûtes, plus de cent fois déjà a retenti la sonnerie aux morts. Cent fois déjà le silence a conquis les corps et mille fois la prière a rempli les cœurs. Ici, chacun selon ses convictions mais tous d’un seul mouvement, nous nous recueillons et nous prions avec les familles, pour nos morts et pour les deux interprètes afghans qui les accompagnaient.

Homélie

Au moment où une peine très vive se mélange à une admiration profonde pour ces hommes qui ont donné leur vie pour notre patrie, je voudrais m’adresser à celles qui restent. Mères, sœurs, compagnes, filles, amies de nos militaires.

Il y a quelques mois, un aumônier m’envoyait des lettres de son grand père, écrites entre le 6 août 1914 et le 8 octobre 1914, jour où il meurt pour la France, laissant sa femme et une toute petite fille. J’y trouve ces mots où s’entend déjà le grondement des canons : « Je ferai tout ce qu’il faut pour être fort… Il faut être énergique et surmonter ses peines, comme tu le feras toi aussi, douce chérie, car ton devoir est aussi noble à remplir que le mien. » (Patriote et de bon cœur. Dominique Rézeau, lettre du 6 août 1914) Deux jours plus tard, il complète : « si je ne te reviens pas demain, je partirai faire mon devoir avec toi sur mon cœur, ne te quittant pas un instant dans ma mémoire. » (8 août 1914).

Par ces mots, femmes de France, tout est dit de ce que pensent vos militaires chéris. S’ils appartiennent à la nation par leur état, s’ils savent s’arracher à votre tendresse pour une aventure incertaine, si leur attention se concentre sur les ordres, leur amour les porte vers vous. Si leur vie est à la France, leur cœur est à vous.

Et personne n’oublie que certaines d’entre vous affrontent les mêmes risques.

S’ils servent leur pays, c’est parce que vous êtes là et qu’ils vous aiment. Et c’est parce qu’ils vous aiment quela Franceest belle. Malheur à ceux dont les yeux aveugles ne savent plus lire les cœurs. Nous savons, nous, qu’il n’y a pas un centimètre de ces guerres monstrueuses qui ne soit habité par la tendresse des hommes.

L’armée ne vous les prend pas. Pas plus le hasard ou la folie délirante de ceux qui détournent le nom de Dieu. Ils donnent leur vie. Ils osent prendre un rude chemin, celui de l’action. Ils ne veulent pas assister impuissants à la débâcle de l’humanité. Le maréchal Lyautey écrivait : « il y a deux catégories d’êtres, ceux qui absorbent, les parasites, ceux qui rayonnent, l’élite. » (Lyautey, Maréchal de France, 1954, p. 24) Rayonner comporte toujours un risque : ici, il est mortel. Avec l’amour, le goût du risque habite le cœur du soldat.

Peut être alors, dans un cœur de mère ou de femme, se glisse-t-il maintenant ce soupçon que je sentis quelque fois chez ma propre mère : pourquoi ce goût du risque ? Ne serait-il pas irresponsable ?

En 1943, à Londres où elle est venue défendre sa patrie, Simone Weil écrivait contre les partisans de la honte : « Le risque est un besoin essentiel de l'âme. L'absence de risque suscite une espèce d'ennui qui paralyse autrement que la peur, mais presque autant… » (Simone Weil, Enracinement, Gallimard 1949, p.49) Et un philosophe ami rajoutait : « L’être qui court le moins de risques est ici-bas l’être le plus voisin du néant : qui ne risque rien n’est rien… La destinée de chaque homme est commandée par la réponse intérieure qu’il fait à cette question : de l’amour ou de la mort, lequel est une illusion? » (Gustave Thibon).

Le risque appartient au soldat : il faut le lui laisser. Quitte à lui pardonner.

Dans l’un de nos hymnes militaires, « loin de chez nous, en Afrique », un soldat frappé d’une balle s’adresse à son meilleur camarade en des murmures dévorés par la mort et l’amour :

« Si tu retournes au pays, A la maison de ma mère, Parle-lui, dis-lui ces mots très doux.

Dis-lui qu’un soir, en Afrique, Je suis parti pour toujours. Dis-lui qu’elle me pardonne Car nous nous retrouverons un jour. »

« Dis-lui qu’elle me pardonne. » Pour ceux qui sont partis, pour ceux qui sont blessés, avec ceux qui sont auprès de vous, au nom de tous ces hommes qui partiront loin de vous, je vous demande de vous souvenir, de comprendre et de pardonner. Souvent il le faut. C’est en vous que commence le pardon qui permet au soldat de ne pas succomber à la haine.

« Car nous nous retrouverons un jour. » Quelle espérance dans un cœur d’homme ! Les croyants le savent : la foi et de la prière, mêlées, font une espérance. N’est-elle pas en définitif cet élan souterrain et puissant qui jaillit quand la mort est proche ? Nous avons vu aussi cette femme, Marie, au pied de la croix : droite tandis que meurt son Fils. Quelle force et quelle espérance en elle ! D’où leur vient cette énergie ?

Je reviens à l’une des dernières lettres de ce héros de la grande guerre : « au pied d’une meule de blé, je t’écris pour m’entretenir avec toi, pour avoir la force de supporter cette lourde croix comme tu dis. Mais nous la porterons ensemble bien vaillamment tous les deux, car au bout du chemin un bonheur nous est réservé. J’ai eu une vision dans un rêve, la veille que j’aille au feu… Dans un nuage lointain, je vis une croix lumineuse avec deux anges souriants derrière et un peu plus haut que la croix. J’en ai eu la vue deux secondes et depuis je me sens très fort car la confiance ne m’abandonne pas un instant. » (8 septembre 1914)

Je vous souhaite à toutes, cette pure vision d’espérance absolue.


Traduction

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