Édito du Président
Paris, le 26 juillet 2012
A Coëtquidan le matin du Triomphe de la dernière promotion de l’ESM de Saint-Cyr, le 20 juillet dernier, j’ai pu lire une lettre adressée au Président de la Saint-Cyrienne quelques jours plus tôt par les grands parents du Capitaine Thomas Gauvin, Monsieur et Madame Georges Decaen. Thomas Gauvin a été tué avec plusieurs de ses hommes le 13 juillet 2011 en Afghanistan, c’est donc presque un an jour pour jour que ceux qui l’ont élevé se sont exprimés et m’ont d’emblée autorisé à diffuser ce texte. Frappé par la qualité et la profondeur de chacune de ses phrases je souhaite vous les faire connaître.
A une époque où l’ignominie, au pire, la médiocrité, au minimum, a trop souvent l’attention des médias cette lettre est un puissant témoignage sur un officier de très grande qualité. Toute sa famille ne peut qu’en être honorée. Ses camarades de promotion, la « Capitaine Beaumont », aussi.
En ce qui concerne tous les autres lecteurs elle sera un réconfort pour les plus anciens et une source de réflexions pour les autres.
Je remercie Monsieur et Madame Decaen en leur nom.
Nous tenons à vous faire connaître notre position :
Le deuil que nous subissons est sans fin - Devenu HEROS, parce que mort pour la France. Thomas était notre héros de son vivant – Et même si nous ressentons une juste fierté pour la mémoire qu’il laisse, nous avons du mal à y trouver une consolation.
Nous imaginons la position qui aurait été celle de Thomas.
Il avait choisi avec obstination cette voie si difficile, malgré nos tentatives pour l’en dissuader. Il a voulu être ce Soldat français qui apporte son aide et son savoir aux populations qui demandent le secours des Français.
Il ne saurait être question pour nous d’en demander réparation à qui que ce soit. Et dans quel but ? Quel procès, quelle condamnation nous consolerait de cette perte inestimable.
Qui est responsable ? Le Kamikaze, une victime lui d’un endoctrinement criminel, est mort.
Alors qui ? Surement pas les Militaires qui l’accompagnaient et qui sont devenus nos amis en partageant notre chagrin.
Thomas n’était pas allé au bal et n’est pas mort sur la route au petit matin. Il n’est pas une victime, dont la famille veut obtenir réparation morale et financière. L’Etat pourvoit à cette réparation pour les proches.