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Heliodor Pika - victime d'un procès manipulé

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27-06-2001 | Astrid Hofmanová

Heliodor Pika

Heliodor Pika Légionnaire de la Première Guerre mondiale, officier de l'Armée tchécoslovaque, attaché militaire dans les Balkans, chef de la Mission militaire tchécoslovaque à Moscou, pendant le second conflit mondial, titulaire d'une trentaine de croix et de décorations militaires, diplomate, le général Heliodor Pika, a été exécuté le 21 juin 1949, comme ennemi de l'Etat de démocratie populaire et espion des puissances occidentales... En juin de cette année, un procès a été ouvert contre le premier procureur communiste des années cinquante, responsable de ce meurtre. L'ancien procureur Karel Vas, 85 ans, accusé d'avoir mis en scène un procès politique contre Heliodor Pika, a été condamné à sept ans de prison. Le tribunal l'a reconnu coupable, en effet, de l'assassinat du général, du procédé illégal, lors de l'enquête, et d'autres actes. Karel Vas est le premier procureur communiste des années cinquante jugé pour un meurtre judiciaire, après 1989. Voici un programme sur la vie et la mort de Heliodor Pika, une des premières victimes de l'arbitraire communiste.

Heliodor Pika est né à Stitina, en Moravie, le 3 juillet 1897, dans la famille pauvre d'un charron de campagne. Après avoir terminé ses études, au lycée d'Opava, il veut devenir pharmacien, mais la guerre déjoue son projet. En automne 1916, il part, en tant que volontaire, sur le front oriental, et devient membre des Légions tchécoslovaques. Puis, il entreprend le voyage de Vladivostok en France, où il attire l'attention du maréchal Foch lui même. Ce dernier offre au jeune lieutenant le bâton de maréchal, en lui disant: 'Vous devez grandir encore pour mériter ce bâton...'. Pika repart en France deux fois: en 1919, pour étudier à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, avant de passer deux ans d'études (1926-28) à l'Ecole supérieure de guerre, où il reçoit le diplôme d'officier de l'état-major. En 1932, Pika est nommé attaché militaire à Bucarest, où il contribue, considérablement, à la formation de l'armée roumaine. Pendant sa mission dans les Balkans, qui dure jusqu'en 1937, Pika aide les réfugiés retenus dans des prisons hongroises et les émigrés juifs. Après son retour au pays, Pika travaille à l'état-major, jusqu'au 15 mars 1939, où il s'oppose résolument à l'occupation allemande. Il est partisan d'une résistance active et, en tant que tel, il est l'auteur d'une déclaration, dans laquelle il appelle à la défense de l'Etat, cela 'en dépit de la décision du gouvernement traître'. Après l'éclatement de la guerre, le président Benes nomme Pika conseiller militaire dans les Balkans, et délégué spécial pour la Roumanie. A Bucarest, il est chargé de créer une cellule spéciale de notre résistance étrangère. A cause de ces activités, Pika est arrêté, en 1940, par la dite Garde de fer. Grâce à l'aide du roi roumain, Karol, dont il est devenu l'ami intime, il s'échappe pour la Turquie.

Après l'envahissement de l'Union soviétique, le 22 juin 1941, le président Benes nomme Heliodor Pika commandant en chef de la mission tchécoslovaque à Moscou. Son rôle est d'entamer la coopération militaire avec la Russie, d'informer Benes de la sitution dans le pays des Soviets, mais aussi empêcher les services de renseignements soviétiques d'infiltrer les agences de renseignements dans le protectorat. Les communistes ne le lui ont jamais oublié. A Bouzoulouk, il organise la création de l'unité militaire tchécoslovaque, où sont recrutés les prisonniers tchèques et slovaques des goulags sibériens. A l'époque, leur nombre est estimé à plus de 30 000 personnes. Les rapports de Pika aident Benes, exilé à Londres, à convaincre les alliés de coopérer avec l'Union soviétique. Dans le même temps, Pika met en garde contre la bolchevisation des territoires libérés par l'armée soviétique. Pika, qui lutte pour que l'unité tchécoslovaque soit indépendante des affaires politiques, et qu'elle ne soit soumise qu'à l'autorité du gouvernement tchécoslovaque, est remplacé, bientôt, par le général communiste, Ludvik Svoboda, dont les camarades du parti ne tardent pas à envahir l'unité. Les problèmes que Pika doit affronter, au sein de l'unité, sont dus à la double conception de la résistance tchèque à Moscou: une conception démocratique de Benes défendue par Pika et une poignée d'officiers, et la conception pro-soviétique qui plaçait les intérêts du grand frère au-dessus du destin de notre pays.

Après la fin de la guerre, Pika est nommé commandant en chef adjoint de l'état-major de l'armée tchécoslovaque et élevé au grade de général de division. Dès 1946, on commence à surveiller Pika sur la base d'une dénonciation non véridique. En effet, Pika était la bête noire de beaucoup de ses anciens collaborateurs, car il avait été souvent témoin de leur lâche comportement, qui ne correspondait point à l'honneur d'un officier de l'armée tchécoslovaque. Après le putsch communiste, en février 1948, Pika doit quitter l'armée, avant d'être arrêté et inculpé de haute trahison. L'enquête ne dure pas longtemps. En janvier 1949, la commission militaire du Comité central du Parti communiste tchécoslovaque, réunie en présence du Premier ministre d'alors, Klement Gottwald, condamne Pika à la peine capitale. Il est accusé de haute trahison et d'espionnage durant la guerre mais non pas contre son pays, mais contre l'Union soviétique, ainsi que d'avoir collaboré avec les services secrets étrangers. Le condamné est transféré à la prison de Bory, à Plzen, où on lui annonce, le 20 juin, le rejet de son pourvoi en grâce. Le lendemain, Heliodor Pika est exécuté. 'Si ma mort contribue à la réunification du peuple, je suis prêt à mourir', a dit Pika avant sa mort. Rappelons encore que, parmi ceux qui sont intervenus contre l'arrestation de Pika, il y avait aussi le général Faucher. Heliodor Pika a dû attendre presque vingt ans pour être réhabilité, à titre postume, en 1968. Après la révolution de 1989, on lui a conféré, à titre posthume aussi, l'Ordre de Milan Rastislav Stefanik de troisième catégorie. Cette satisfaction juridique et morale a mis un terme à la cause qui a marqué, il y a vingt ans, le destin de centaines et de milliers de ceux qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, n'ont pas déposé les armes, et qui ont lutté pour la libération et la souveraineté de leur pays.


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