Publié le 30 mars 2015 par légionnaires-officiers
Il est curieux que la France ait toléré l’existence d’un corps plaçant la fidélité au dessus de celle qu’il devait au pays et dont la devise : « Legio Patria Nostra » est une déclaration de demi-allégeance.
Le général Rollet en développant voire en créant les traditions a provoqué l’isolement, le sentiment d’autosuffisance de la Légion pour glorification de ses mythes.
Ainsi, trop attaché à sa géographie morale, la Légion s’est faite prisonnière de ses propres contradictions et ne peut garder en mémoire que son rôle principal est de seulement mettre en œuvre la politique décidée par le gouvernement, sa mission fût-elle déplaisante, elle reste toujours comme le dit si bien le légionnaire Flutsch (dont le livre était récemment offert au jeune officier affecté à la Légion) : « un monastère d’incroyants. »
Ainsi « Legio Patria Nostra » justifierait-il la révolte d’Alger en 1962 ?
L’imagerie populaire de la Légion repose sur l’esprit de Camerone qui précise, exemple à l’appui, que le légionnaire reste toujours fidèle à la parole donnée et que de ce fait, la mission, il l’accomplira jusqu’au bout faut-il pour y parvenir, mourir.
C’est cette maxime qui donne à notre Institution légionnaire un panache exceptionnel qui a pesé très lourd quand son existence était menacée.
Il est tellement vraie que si la Légion est parvenue à s’imposer française par le sang versé, sa force reste d’être attachée aux préjugés et à la vanité des Français par des liens très forts où se mélangent les sentiments les plus divers de la fierté au mythe, en passant par l’admiration, l’inquiétude et la conviction d’exposer aux yeux du monde l’exemple indiscutable d’une intégration réussie de l’étranger au pays des droits de l’homme et du devoir du citoyen.
Camerone, la main du capitaine Danjou représentation fétiche de la parole donnée, devant un tel symbole, la Légion ne peut que perdurer avec cet état d’esprit depuis longtemps disparus des armées des nations. La Légion est bien vivante et a de l’allure. Le musée des gloires passées où dans la crypte repose la main articulée du capitaine Danjou incarne un besoin
essentiel de l’âme légionnaire : « celui de pouvoir recommencer une vie brisée où est possible une forme de rédemption par le danger et la souffrance.
La Légion, n’en doutons pas, aura un avenir aussi brillant que son passé. Mais elle ne sera jamais une arme incontrôlable.
Ce 30 avril 2015, nous serons en communion de pensée avec nos camarades légionnaires et anciens légionnaires du monde entier et nous aurons une pensée respectueuse pour nos morts.
Christian Morisot