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Alexis Jenni : Il vaut mieux une histoire tachée de sang que rien du tout

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TV5MONDE

LYON, 27 sept 2011 (AFP) - 27.09.2011 06:09

 

 
Sélectionné pour le prix Goncourt dès son premier roman, "L'art français de la guerre", Alexis Jenni traque dans cette ambitieuse fresque entre Indochine et Algérie "les fantômes dont on ne parle pas, mais qui nous font agir".

Son narrateur, jeune homme apathique "coincé dans l'instant", reprend vigueur au fil des 630 pages du roman en recueillant les confidences de Victorien Salagnon, ancien légionnaire formé dans le maquis et passé par "vingt ans de guerres coloniales".

"L'histoire qu'il lui raconte est pleine de sang. Mais il vaut mieux une histoire tachée de sang que rien du tout", estime l'écrivain lyonnais de 48 ans, publié chez Gallimard, qui dit redouter par dessus tout "l'arrêt de la parole et de la transmission".

Pourtant cet agrégé de biologie, qui écrit depuis vingt ans "mais n'avait jamais été édité", voulait au départ "(se) faire plaisir avec un grand roman d'aventure, une histoire de garçon en culotte courte qui court en faisant +pan ! pan !+".

Pendant cinq ans, il accumule "les mémoires d'anciens légionnaires, les bouquins édités à compte d'auteur, les archives de l'Ina", soucieux "d'attraper du vécu, des petites choses".

Sa description du quotidien des combattants, entre lassitude et extrême violence, s'enrichit aussi de ses connaissances de botaniste. "Je sais qu'aucune forêt n'est faite de la même manière", souligne-t-il, allusion à sa peinture saisissante de la jungle vietnamienne.

"Mais j'espère que ce livre est plus que ça", ajoute la révélation de la rentrée littéraire, un auteur attaché au "contact avec la réalité" que lui offre son métier d'enseignant.

Alternant chapitres au passé et au présent, l'épopée militaire se double en effet d'une réflexion, portée par le jeune narrateur, sur l'influence du passé colonial et de ses "réflexes viriloïdes" sur "la question de l'identité nationale".

"En assistant au départ des soldats français pour la guerre du Golfe en 1991, je me suis dit: +C'est la première fois que je vois des militaires montrés comme des gens+", raconte cet ancien réformé P4, qui a longtemps pensé "qu'être antimilitariste était la chose la plus naturelle au monde".

Il s'interroge alors sur "les 2,5 millions d'appelés en Algérie", soit la génération de son père, "dont la confrontation avec l'armée de métier a été terrible: ça fait tout un étage de la pyramide des âges qui a un traumatisme, mais on ne veut rien en savoir", s'étonne-t-il.

Pour lui, "ce n'est pas un tabou, parce que tous les documents sont disponibles. Mais on ne sait pas par quel bout prendre cette histoire, alors qu'il y a une obsession de l'identité depuis une dizaine d'années, et que l'extrême droite reprend le programme des colonies".

Loin des rizières et du maquis algérien, le roman creuse un autre sillon, celui de la peinture, art qui permet à Victorien Salagnon de rester à distance des scènes d'horreur et qu'il transmet au narrateur.

"Pour moi c'est une façon d'être seulement dans le geste, le regard, de calmer les choses", confie ce lecteur de romans russes et de bandes dessinées, qui tient un blog mêlant textes et croquis et admire "Larcenet, Sfar, Pratt ou Bastien Vivès".

Entre esquisses et pavés romanesques, compte-t-il choisir sa voie? "J'aimerais bien faire quelques +choses grandes+, et plein de petites formes. Mais pas d'autofiction, ni d'histoires d'amour éthérées, je préfère raconter le réel".

© 2011 AFP


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