La légion étrangère. A la seule évocation de ce nom, il y a d’abord le pathos, un peu outrancier parfois. Camerone, Bir-Hakeim, Dien-Bien-Phu, Kolwezi, l’Irak, aujourd’hui le Mali; l’image de la troupe d’élite par excellence, flattant la fibre virile et patriotique, universellement admirée et respectée au delà de toute description; le képi blanc, le RMLE, la 13e DBLE, le(s) REP, le REC, la barbe et le tablier de sapeur, le pas lent sur les Champs Elysées, ces hommes sans passé venus du monde entier verser leur sang pour un pays qui n’est pas le leur, la noblesse du sacrifice désintéressé pour que vive la France… Il y a dans tout cela assurément beaucoup de vrai, mais aussi avouons le une forme de mythe et jusqu’à un peu de marketing même, en somme une légende dorée qui comme toutes les légendes dorées ne dit pas tout de son histoire.
N’empêche. Comment ne pas être sensible à la magie de cette légende née de l’autre côté de l’Atlantique par un triste et héroïque jour d’avril 1863, à cette troupe si singulière aux racines profondes qui y gagna des lettres de noblesse inégalées, toujours en pointe et inébranlable dans le sacrifice, dans le succès comme la défaite; l’un des derniers vrais piliers en somme d’une armée française dont la « restructuration » continue ces dernières années apparaît de plus en plus comme un enterrement. « Un légo’s ça se respecte les gars » (sic) avait lancé un jour des trémolos dans la voix notre sous-off d’instruction après le passage dans un silence quasi religieux d’une paire de képis blancs devant nos yeux ébahis de « couilles de loup » mal dégrossies. C’était il y a quinze ans et personne parmi nous n’avait alors souri en songeant aux petits personnages danois en plastique. Si ça n’est pas un signe…
A ce propos, l’anniversaire de Camerone est l’occasion pour Ligne de Front de sortir un beau hors-série. Il ne sera sans doute pas le dernier à aborder le sujet mais il est des hommages qu’on ne peut décidément pas manquer.
Legio Patria Nostra