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YAYA KANDÉ, DES MATHS À LA LÉGION ÉTRANGÈRE

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Publication 02/08/2014 

IL A DEFILE LE 14 JUILLET AUX CHAMPS ELYSEES

Tête haute et port altier droit de fierté, arme en mains, sur les Champs Elysées, les pas sont rythmés et réglés comme du papier à musique. Il faut en faire 88 toutes les 60 secondes et cela pendant 12 minutes. En ce 14 juillet, Fête nationale française, François Hollande, de sa tribune d’honneur, admire l’impeccable prestation de la Légion étrangère au sein de laquelle se trouve le Caporal Yaya Kandé, jeune trentenaire sénégalais. Pourtant « Boy Thia », comme l’appellent ses intimes car venant de Thiaroye, avait choisi une autre cadence comme rythme de vie. Il est passé de Pythagore à Arès.

Du douloureux souvenir du « camp » familial de Thiaroye, Yaya Kandé débarque en France en 2001, juste après le Bac, pour faire des études de Mathématiques à l’université de Rouen. Les diplômes suivent : Deug Mias (Mathématiques, informatique appliquées aux sciences), une Licence en Maths appliquées à la Finance puis un changement de cursus en Faculté de Droit pour mieux se spécialiser dans l’économie et le domaine des finances. Puis les années passent, les problèmes s’accumulent.

« Des choses qui n’avaient rien à voir avec les études, «précise le jeune homme». Quand on est étranger et qu’on a des soucis de papiers et de titre de séjour à renouveler, de boulot pour payer ses études, en plus de la pression familiale, ce n’est pas évident. On a envie de tout concilier mais ce n’est pas toujours possible ajoute-il». Même avec un Master 1 en poche, le jeune étudiant choisit une autre voie : s’engager dans l’armée. Un événement majeur a été déterminant dans son choix.

« J’étais convoqué à la banque Société Générale à un entretien préalable à une embauche en rapport avec mon Master. L’entretien s’était bien passé ; et au moment de signer le contrat, ils m’ont dit que ce n’était plus possible car je n’avais qu’un titre de séjour d’un an. Je me suis dit à quoi bon de continuer si c’est pour buter sur le même problème ».

Son cas n’est cependant pas une généralité, mais ce fut un déclic pour s’ouvrir d’autres opportunités. « Il fallait que je fasse le nécessaire pour prétendre à n’importe quel boulot souhaité », dit-il.

Hésitation opportune

Ne voulant pas faire « ni de mariage blanc encore moins faire des enfants pour avoir la nationalité française », la légion s’est ouverte à lui. Son choix s’explique par la filiation militaire qui se transmet dans sa famille comme un héritage.

« Mon père est militaire dans l’armée française, mon frère dans l’armée sénégalaise », révèle-t-il. C’est une chose d’avoir l’idée dans un coin de la tête de s’engager dans la Légion étrangère, réputée comme extrêmement dure, et s’en est une autre de franchir le pas. Yaya Kandé avoue avoir «hésité pendant trois mois » avant de se présenter à un bureau de recrutement à Rouen.

A partir ce moment, la machine s’enclenche. Un rendez-vous est convenu au jour duquel un recruteur est venu le chercher pour le ramener à Lille. « J’y ai passé deux jours à remplir des papiers », affirme-t-il. Beaucoup de choses se décident à ce moment comme le changement de nom.

« C’était au- tomatique mais quand je me suis engagé, la loi venait de changer et le changement de nom n’était plus automatique. On change de nom si on a une femme, si on a un enfant, si on a des problèmes avec la justice ou si on le souhaite tout simplement. N’étant pas dans ces différents cas, on peut garder son nom, ce que j’ai fait ».

Engagé en janvier 2011

Après deux jours, le jeune engagé prend la direction de Paris, plus précisément celle du Fort de Nogent. « J’ai passé des tests psychotechniques puis des tests auditifs. Puis nous sommes partis à Aubagne où se fait la sélection avec, dès le premier jour, les tests psychotechniques. J’ai vu des gens qui venaient d’arriver être éliminés ».

De l’avis de beaucoup de personnes, comparés aux tests physiques, ce sont les tests les plus difficiles. Le jeune homme passe assez facilement la partie physique puis les entretiens individualisés.

« Pour moi, quand on va à la légion, il ne faut pas avoir le choix. Quand tu as le choix, tu n’y restera pas ». Le plus dure semble être la privation de liberté, l’isolement. « Je me suis engagé le 25 janvier 2011. Je ne suis sorti du camp que le 22 juin 2011 où j’ai pu revoir des civils. Pendant six mois, j’ai passé mon temps à faire des exercices ».

Explosifs et zones de conflit

Les étapes du parcours du combattant se poursuivent à Castelnaudary où se fait le choix d’affectation. Les possibilités de choix portent sur le deuxième Régiment d’Infanterie de Nîmes, les parachutistes de Calvi (en Corse), le premier Génie d’assaut à Avignon. Ce dernier fut le choix de Yaya Kandé. Le jeune homme a pu le faire car étant bien classé lors de la sélection.

La Légion est une véritable tour de Babel avec la présence d’une mosaïque de nationalités étrangères dont 11% de francophones. « J’avais quatre binômes : un Suisse allemand, un Russe, un Népalais et un Roumain. Seul le roumain parlait français et le Suisse allemand se débrouillait. Les autres ne comprenaient presque rien à la langue de Molière. Leur apprendre un chant en français n’était pas chose aisée dans ces conditions.

Mais dans la légion « on apprend dans la douleur, c’est ainsi que les choses sont vite apprises ; ce qui est une règle ». Finalement Yaya Kandé s’est forgé dans la Légion étrangère pour finir par devenir un spécialiste du maniement des explosifs. « J’ai passé six semaines à apprendre les explosifs, les mines, à faire des nœuds ».

Déminage pour les civils

Ayant rejoint une compagnie de combat en août 2011, il s’est porté volontaire pour aller en mission au Tchad en novembre de la même année. « C’était exceptionnel. En général, il faut faire minimum un an de service avant d’aller en mission en zone de conflit mais on peut être volontaire. Ce qui était mon cas. J’ai fait aussi la Côte d’Ivoire, c’était calme l’époque ; et je suis parti également au Mali l’été dernier. A chaque fois c’est quatre mois de présence ». Sur ce parcours, Yaya Kandé pense qu’il n’a pas beaucoup de mérite car il en connaît « certains qui ont fait six missions en trois ans ».

« Un bon camarade légionnaire »

 Koze, légionnaire Russe aux énormes tatouages, pense que « Yaya est un bon camarade. Nous étions ensemble en Côte d’Ivoire et au Mali. On peut lui faire confiance en mission ». Les deux hommes trainent souvent ensemble comme un démenti des rumeurs – parfois fondées – de racisme dans la Légion.

Caporal actuellement, le premier maillon de la chaîne de commandement, Yaya Kandé a répondu favorablement à la demande de rester dans l’armée au bout des 5 ans de son premier contrat « à condition d’évoluer ».

Si tout se passe bien, il devrait passer sergent en 2015. L’ancien adepte des théorèmes et équations pense qu’avoir été étudiant étranger l’a beaucoup aidé.

« Ce n’est pas facile, on connaît la difficulté. Avec l’éducation sénégalaise, on ne lâche pas l’affaire. Et puis, il y a la recherche de la reconnaissance familiale. Quand j’ai fini l’école et que j’ai rejoint le régiment, j’ai appelé ma mère. C’est qu’elle m’a dit m’a fait pleurer. Mon éducation m’a permis de ne pas m’engager pour le fun ».

Yaya Kandé envisage de mettre un jour son expérience et son savoir-faire au profit du Sénégal et de son armée si « la paie en vaut la peine ». Désormais les salaires dans la Légion sont équivalents à ceux de l’armée régulière française. Il ne se plaint pas financièrement. Ce qui n’est pas le cas de son épouse qui aime moyennement ses nombreux déplacements.« Nous n’avons presque pas le temps de se voir », regrette-t-il.

Le prochain déplacement est prévu en septembre en Guyane pour quatre mois au moment où le couple attend un heureux événement avec la naissance d’un premier enfant.


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