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Record de l'heure : Des coureurs pas comme les autres

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23.01.2015

UN PROFIL PARTICULIER

Pour réussir le record de l'heure, le candidat "avoir un état d'esprit particulier", affirme à DirectVelo.com, Jean-Pierre Demenois, l'entraîneur de Dominique Chignoli pour sa première tentative.

Au milieu de leurs différences, les détenteurs successifs du record de France ont plusieurs points communs. Ils sont d'abord très motivés voir obsédés par le record. Au début du XXe siècle, Cottereau et Pottier, encore amateurs, se disputent la suprématie nationale. Plus tard, Marcel Berthet (qui était amateur lui aussi, pour son premier record) s'est tiré la bourre avec Oscar Egg pour le record du Monde. Après un échec à Arcachon en 1936, contre le record du Monde de Giuseppe Olmo, Maurice Richard s'exclame : "Je recommencerai !" Il recommence deux mois plus tard et dépasse la performance de l'Italien.

Maurice Archambaud décroche le Graal en 1937 après quatre tentatives en un mois marquées par la malchance. Il avait même déclaré "J'y laisserai peut-être toutes mes économies, mais je ramènerai en France le record de l'heure." (1). Jacques Anquetil, lui-même s'est soumis cinq fois à cet exercice difficile dans sa carrière. La dernière fois, en 1967, alors que beaucoup doutaient de sa réussite, Michel Audiard avait envoyé un télégramme à Jacques Anquetil : "Vas-y, mon pote, tu ne te bats pas contre un record, mais contre les imbéciles."

PLUS JAMAIS ÇA

D'autres coureurs gardent un mauvais souvenir de leur tentative. Alors qu'elle vient d'améliorer son propre record du Monde en 1952, les premiers mots de Jeanine Lemaire sont : "Je ne recommencerai plus" (2). Véritable amateur, elle a accompli 39,735 km sur le vélodrome du Vigorelli pendant ses congés.

LE TABLEAU DE MARCHE

Un record "c'est mathématique", explique Jean-Pierre Demenois. Il demande de la préparation et la mise au point d'un tableau de marche. Le tableau de marche, mot magique des tentatives de record. Encore faut-il savoir le respecter. Dans sa dernière tentative contre le record du Monde, Jacques Anquetil tourne comme une horloge sur un rythme de 6'18''-6'19'' par tranche de 5 kilomètres, hormis les premiers et derniers cinq kilomètres.

A l'inverse, l'improvisation paie rarement. Gérard Saint, rouleur grand par la taille et le talent, débarque au Vigorelli de Milan un jour de septembre 1956 pour battre le record d'Anquetil. Il n'a pas de tableau de marche et ne sais même pas où il dormira le soir. Au bout de 5 km, il a 2''2/5 d'avance sur le record mais il coince déjà avant les 10 km. Il n'attend pas la fin de l'heure pour descendre de vélo.

DES SOLITAIRES BIEN ENTOURES

"Il ne faut pas avoir peur de la solitude", ajoute Jean-Pierre Demenois.

Les dernières tentatives contre le record du Monde ont vu des coureurs (Jens Voigt et Matthias Brändle), certes seuls sur la piste mais épaulés par un véritable état-major. Pour tenter son record en 1956, Jacques Anquetil, militaire au Bataillon de Joinville, a dû demander l'autorisation de ses supérieurs. Le Capitaine Gueguen assiste même à la tentative réussie de son « petit » caporal dans sa campagne d'Italie. En juillet, il verse d'ailleurs ses primes du record de l'heure - 2 fois 250 000 anciens francs - à la mère de Jean Dufour, coureur amateur de 4e catégorie, tué dans une embuscade à Palestro en pleine guerre d'Algérie et à la Maison du Légionnaire. Pour cette tentative, Anquetil était accompagné de son médecin, de son manager Daniel Dousset, de son premier conseiller André Boucher, de son Directeur sportif Mickey Wiegant et de son soigneur Sadi Duponchelle. Un petit régiment.

Le recordman est donc aussi parfois un solitaire. Maurice Richard, grand poursuiteur, était soutenu par un petit constructeur, Delangle qui lui a façonné en 1936 une machine de 6,5 kg chaussée de boyaux de 90 g (3).

Dominique Chignoli, lui aussi, a réussi son record dans la solitude ou presque. En 1993, il s'envole pour Colorado Springs avec son frère, lui aussi coureur amateur, un mécano et un soigneur. Il s'attend à pouvoir loger au Centre olympique de Colorado Springs, il doit se payer l'hôtel. Il pense pouvoir bénéficier de la journée des records organisée par le vélodrome mais elle est annulée au dernier moment en raison de la venue de Jean-Paul II pour les Journées mondiales de la jeunesse. Il imagine une piste parfaite pour les records mais il se rend compte que les virages mal dessinés l'écartent de sa trajectoire (4). Au final, il couvre 49,276 km alors que son rêve était de dépasser les 50 km. A l'époque c'est la 3e meilleure performance mondiale réalisée par un coureur amateur.

PAS DE LONG FLEUVE TRANQUILLE POUR RIVIERE

Roger Rivière a donc perdu son record de France six fois depuis 1958 et l'a récupéré 42 ans plus tard. Et pourtant, la malchance a mis des bâtons dans les roues montées spécialement pour la tentative du Stéphanois comme pour faciliter le travail des suivants.

Ce 23 septembre 1958, il est d'abord obligé d'attendre que le vent se calme. Le militaire du Bataillon de Joinville (comme Anquetil en 1956) sait qu'il tient la grande forme. Dix jours avant il a rejoint Ercole Baldini sur une poursuite prévue sur 10 km, en roulant à 50 à l'heure.

Dès le départ de sa tentative, il roule vers les 48 km/h. Alors qu'il vole ce jour-là -et il avait tout fait pour- Roger Rivière perce au 97e tour. Il a donc parcouru un peu moins de 39 km sur le bois sombre du Vigorelli et compte 45'' d'avance sur son record de 1957. Ce soir-là, le Vigorelli est piquant car Renée Vissac va elle aussi percer pendant sa tentative contre son propre record de l'heure.

Selon les pointages, Roger Rivière perd environ 18 secondes pour changer de monture mais bien plus pour relancer la machine. Il faut attendre le 101e tour pour qu'il retrouve sa vitesse de croisière. Le Champion du Monde de poursuite finit comme un boulet de canon. Il boucle son dernier tour en 29''1/5 plus vite que les tours précédents.

Sa crevaison laisse un goût amer à Roger Rivière : "Mon rythme a été brisé et l'énergie dont je disposais encore dût être dépensée pour retrouver rapidement le rythme." Sa chute dans la descente du col du Perjuret du Tour 1960 va briser définitivement son rythme et sa carrière.

(1) Le Petit Parisien du 4 novembre 1937

(2) Ouest-Matin du 11 octobre 1952

(3) L'Avenir du Bassin d'Arcachon du 28 mars 1936

(4) Le Soir du 20 août 1993


Traduction

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