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"Péguy le visionnaire" : un hussard de la République, héroïque et très actuel

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Publié le 7 Mai 2018

"Péguy le visionnaire" : un hussard de la République, héroïque et très actuel

THEATRE

Péguy le visionnaire

De Samuel Bartholin, avec la collaboration de Bertrand Constant

Mise en scène : Laetitia Gonzalbes

Avec : Bertrand Constant

INFOS & RESERVATION

Théâtre de la Contrescarpe

5, rue Blainville

75005 Paris

Tél. : 01.42.01.81.88

https://www.theatredelacontrescarpe.fr

Tous les vendredis et samedis à 21h30, le dimanche à 17h, jusqu’au 30 juin 2018

 

RECOMMANDATION

EXCELLENT

THEME

Paris, août 1914. Charles Péguy, en partance pour le front, ferme le siège des Cahiers de la Quinzaine, la revue de réflexion qu’il a créée en janvier 1900. Entre un jeune journaliste qui « cherche à recueillir les vues de nos intellectuels » sur la guerre qui vient… L’écrivain, en uniforme, tique : les questions de l’importun semblent pétries de cette bonne conscience révolutionnaire et pacifiste que lui, le chantre de la nation contre l’internationalisme, dénonce !

Pourtant, le dialogue s’engage…

Ce prétexte de scène va permettre de dérouler, en une série de tableaux rétrospectifs, la vie et l’itinéraire mental de Péguy au tournant des XIXe et XXe siècle.

Né dans un milieu pauvre dont il ne cessera de louer les vertus d’honneur et de travail face à l’égoïsme contemporain et au culte de l’argent, élevé jusqu’à Normale Sup par l’école de la République, militant de gauche, dreyfusard de la première heure qui fait le coup de poing contre les bandes antisémites, le voilà qui renâcle devant la dérive autoritaire du mouvement socialiste, tandis que la foi de ses pères remonte et finit par le saisir tout entier. Jusqu’à ce jour de septembre 1914 où il tombe à la tête de ses hommes, à 41 ans.

POINTS FORTS

Seul sur scène, Bertrand Constant incarne non seulement Péguy, mais aussi la petite quinzaine de personnages qui interviennent au cours du récit : famille, amis, militants. C’est une gymnastique : Jean, le jeune journaliste qui boîte bas, la vieille Etiennette cassée en deux, Eugène qui tente une (désastreuse) démonstration de savate, un guesdiste enférocé qui veut la peau du traître, Péguy priant au sol, bras en croix… Ça bouge, ça discute, ça s’empoigne si bien qu’on finit par voir des gens et des choses là où il n’y a ni personnages, ni costumes ni décor ou si peu – chaise, table, quelques livres. Une belle performance d’acteur.

Et une jolie mise en scène de Laetitia Gonzalbes qui exploite à propos la forme physique de Bertrand Constant – on n’a pas tous les jours sur les planches un saint-cyrien, ancien légionnaire parachutiste et sportif émérite.

A noter : la partie son et musique créée par David Enfrein et Tim Aknine que Laetitia Gonzalbes a voulu « presque comme un deuxième personnage derrière le comédien ». Son utilisation sur la scène finale, sacrificielle, poignante, est remarquable.

POINTS FAIBLES

Je n’en vois pas.

EN DEUX MOTS

Sortir Charles Péguy de l’oubli dans lequel il a plongé est toujours une bonne action. Il est comme son héroïne, Jeanne d’Arc, un brin ostracisé parce que victime d’une tentative de détournement opérée par les droites radicales, avant – il y a dans la pièce, une confrontation électrique entre Péguy et un journaliste de l’Action française – et, bien sûr, après sa mort.

Pourquoi est-il si “visionnaire”, comme le veut l’après-titre de la pièce ? Parce qu’il défend sans compromis la vérité, ce qu’il appelle « bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste ».

Ce faisant, ce républicain absolu se place en dehors des clivages politiques, en dehors du discours partisan. On dirait aujourd’hui qu’il n’est pas dans le politiquement correct. Ni de droite ni de gauche, en somme (tout rapport avec un président en exercice étant en l’occurrence fortuit). Pour le philosophe Alain Finkielkraut, « Péguy devrait être une référence incontournable pour tous ceux qui veulent penser le monde moderne ».

UN EXTRAIT

« Mes instituteurs, je les revois, encore jeunes mais sérieux, sanglés dans leurs uniformes noirs. Comme des cavaliers, des hussards, les hussards noirs de la République ! L’expression est de moi, je la trouve assez parlante. »

L’AUTEUR

Samuel Bartholin est journaliste. Il a croisé Bertrand Constant sur un tournage au Cambodge. Les deux se sont vite entendus intellectuellement.« Incarner le personnage de Péguy, seul sur scène, m’intéressait, explique l’acteur. J’ai proposé à Samuel d’écrire la pièce. » Bartholin accepte. Il “digère” des piles de livres de et sur Péguy, et s’y met avec la complicité active de Constant. Ces deux-là avaient bien conscience que faire tenir un tel personnage – pas facile à vivre ni à lire – dans un spectacle de 70 minutes relevait de la gageure. « Nous voulions quelque chose de pédagogique ou on ne s’ennuie pas », dit Bertrand Constant. Pari gagné. (Le texte est paru chez Mareuil Editions - 60 pages, 12 €.)


Traduction

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