Sous le signe d’un double volontariat…
La fête nationale est le rendez-vous annuel de la Nation et de son armée. Elle est, pour nos légionnaires, l'occasion d'apparaître tels qu'ils sont, sans artifice mythologique, avec leur vrai visage de soldat. Plutôt d'ailleurs comme "les" soldats, car, à en juger par le mouvement très perceptible des badauds le long des Champs-Elysées, le murmure qui s'élève de la foule et les applaudissements qui s'ensuivent, ce sont bien ces "soldats d'exception", que les spectateurs sont venus admirer. Oui, c'est apparemment exceptionnel d'être doublement volontaire, aujourd'hui, dans une société où l'individu demeure velléitaire et indécis. C'est une démarche qui semble originale, anachronique, voire exotique, mais qui fascine toujours.
Volontaires, ils le sont une première fois en optant pour une vraie vie de soldat, pleine et entière, totale. Leur décision, griffée d'une signature sur un contrat est leur titre de noblesse.
Ce choix d'être soldat d'un pays qui n'est pas le sien comporte une dimension toute particulière, dès lors qu'on se figure ce que cela implique : accepter une éducation nouvelle dans une langue qui n'est pas la sienne, alors qu'on atteint son âge d'homme ; être acculturé, par un cycle d'instruction commun et unique, au "tout opérationnel" ; apprendre la valeur de la parole à donner et à tenir ; enfin, accepter les règles et le statut du titre étranger, comme ses propres nouvelles règles de vie. Oui, pour cela, il faut être véritablement volontaire.
Volontaires, ils le sont dans un deuxième temps, pour le "vivre ensemble", élément culturel primordial de l'Institution, et c'est même dans ce "bien vivre ensemble" que se mesurent les réussites de l'amalgame et de l'intégration. Il faut bien être volontaire donc, pour adhérer au principe et faire siennes ces références de vie collective, au quotidien. Ce volontariat pourrait parfois prendre des allures de saut dans l'inconnu, si la force intégrante de la Légion ne faisait en sorte que, bien qu'exceptionnelle soit leur démarche, nos volontaires ne soient totalement incorporés à la France. Un sous-officier supérieur du 2e Étranger, en marge du défilé, faisait justement remarquer que "ce n'est pas d'être en France qui amène à la Légion, c'est d'y être qui fait aimer la France".
Et ce sont ces hommes deux fois volontaires, ces "légionnaires de France" que la foule des badauds, sur la plus belle avenue du monde, reconnaît, avec une légitime fierté comme … les siens.