Au médecin commandant P.H. Grauwin (+)
Comme un bateau qui revient au port,
Les images mythiques d'alors
S'avancent, sortent de l'ombre.
J'étais légionnaire à Haïphong,
On m'embarquait sur le Mékong.
Pour un franc et sept sous,
Mon métier c'était de s'en aller…
Je me souviens
De cette terre d'Indochine,
D'un monde étranger,
Dont le langage a été oublié.
De Na-San à Hoa-Binh
La cuvette s'appelait
Diên-Biên…le camp retranché.
C'était des tranchées, la boue, la mort.
Des combats âpres et violents,
Des larmes si amères,
Un regard voilé ;
Humble soldat,
Compagnon ! As-tu survécu,
Ou endormi dans l'éternité ?
Longues flammes jaunes,
Douze coups de 105
Jaillirent du canon.
Ils tirent la dernière bordée.
Dans cette vallée,
Où gisent les corps fracassés,
Où est la pitié ?
A l'antenne chirurgicale…
Abdomens… crânes…thorax…
Fractures ouvertes ;
Sur les brancards,
Blanc, jaune ou noirs,
Que de blessés graves.
Surgit
Dans le vacarme
Pataugeant dans la boue,
Le Toubib
Grauwin Bac-sy kim.
Un geste d'amitié,
Un mot d'affection.
La parole apaisante
D'une promesse...
Adieu Toubib et merci !
Légionnaire Joseph Szabo