D'un monde agonisant fuyant le sort fatal,
Fatigués d'amasser la rancœur et les haines,
Aventuriers, blasés, partaient brisant leurs chaînes,
Marqués de la grenade et coiffés de métal.
Ils allaient, oubliant leur ultime idéal,
Retraçant les sentiers faits par les capitaines,
Abreuver de leur sang les rizières lointaines
Et la brousse aux confins du monde occidental.
Dans la lourde vapeur des forêts des tropiques
A la nuit le fracas d'armes automatiques
Venait troubler le songe au lointain demeuré.
Où, rêvant au sein nu d'une image charnelle
Parmi l'âcre senteur s'élevant des marais,
Ils regardaient vers eux monter l'aube nouvelle.
Sergent Giacomini
1er BEP - 1948