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Les premières années de Diego Suarez - 1888 : Quel avenir pour Diego Suarez ?

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1 avril 2015

Une «grande rue» de Diego Suarez

Une «grande rue» de Diego Suarez

Quand Diego devient territoire français, en 1885, les journaux ne tarissent pas d'éloges sur cette baie, une des plus belles du monde, d'une parfaite salubrité, capable d'accueillir toutes les flottes du monde, indispensable à l'essor maritime de la France etc... Cependant, des avis divergents vont se faire jour quand il s'agira de voter les crédits nécessaires au développement de la nouvelle colonie

Si on peut lire dans la presse française de 1888 cette phrase encourageante pour l’avenir : « La petite colonie de Diego-Suarez continue à prospérer » ...ces paroles optimistes ne reflètent qu’à moitié la réalité. En effet, la « petite colonie » n’est pas beaucoup aidée par la métropole qui n’est plus tout à fait persuadée de l’intérêt qu’il y a à garder ce port lointain et difficilement accessible.
Dans le Journal des débats du 20 septembre 1888 on peut lire une charge terrible sur la création de Diego Suarez : « C’était, au dire des marins, une acquisition appréciable pour notre flotte qui y trouverait un abri sûr contre les ras de marées et les cyclones qui désolent la mer des Indes. On a réédité à cette occasion tous les clichés qui avaient servi, une première fois, à justifier la prise de possession de Mayotte [...] et une seconde fois, à faire voter par la Chambre, la création à La Réunion du mémorable port de la Pointe des Galets ; l’occupation de Diego Suarez ne devait, d’ailleurs, rien coûter ou presque rien ; et, par le fait, les débuts furent timides. Un capitaine de frégate, commandant un navire de la division navale, fut chargé de représenter à Diego l’autorité militaire ; quant à l’administration civile, elle fut confiée à un professeur de l’École Navale de Brest, passionné de colonisation, et à qui l’on pensa pouvoir livrer sans inconvénient ce modeste champ d’expériences. Aujourd’hui, Diego Suarez, après avoir nécessité par deux fois le vote de crédits extraordinaires, figure au budget colonial pour une somme de 993 814 fr, et au budget marine pour la moitié environ de ce chiffre. L’autorité militaire y a installé des artilleurs qui se sont mis à construire, à droite et à gauche, des fortins, des magasins et des maisons ; le professeur de Brest, heureux de pouvoir enfin coloniser, a fait venir des travailleurs civils pour faire concurrence aux ouvriers militaires. De chaque côté de la baie, deux gros bourgs ont ainsi été édifiés : Antsirane, d’une part, Diégo de l’autre et les rapports officiels discutent gravement si le siège du gouvernement qu’a institué M. de la Porte doit être Diego ou Antsirane. La vérité est que ce ne devrait être ni l’un ni l’autre. L’occupation du petit territoire que nous ont si généreusement cédé les Hovas n’aurait un intérêt quelconque que s’il s’agissait de faire la conquête de Madagascar. C’est là une hypothèse que les députés de La Réunion sont peut-être les seuls, en France, à envisager sérieusement. En tant que colonie, c’est un coin de terre désolé par la fièvre, rebelle à toute culture, où le seul commerce florissant est celui des marchands de liquide. Dépense : 1 500 000 fr par an pour le seul profit de quelques "mercantis" qui empoisonnent avec des absinthes frelatées plusieurs centaines de nos soldats.»
Terrible condamnation de ce qui se fait à Diego Suarez mais qui donne une assez bonne idée de ce qui se passe dans la nouvelle colonie sur le plan civil et sur le plan militaire.

L’administration civile : un « passionné de colonisation »

Tout le monde ne partage pas l’opinion du Journal des débats sur le « professeur de l’Ecole Navale » Froger. Dans l’ouvrage Madagascar depuis sa découverte jusqu’à nos jours, paru en 1888, Le Chartier et Pellerin affirment que « Dès le début, M.Froger a déployé la plus grande activité; il a pris à cœur les intérêts de notre colonie naissante ». D’ailleurs, ses pouvoirs ont été renforcés par le décret du 4 mai 1888 qui stipule que:
« Article premier : L’île de Nossi-Be, avec ses dépendances, et le Territoire de Diégo-Suarez formeront désormais un seul gouvernement dont le siège est fixé à Diégo-Suarez.
Article 2 : L’île de Sainte-Marie de Madagascar cesse d’être une dépendance du gouvernement de la Réunion, pour être rattachée au gouvernement de Diégo-Suarez.»
En effet, le Ministre de la Marine, à l’origine de cette proposition de rattachement, a fait observer qu’il était nécessaire « pour éviter les divergences dans notre action politique, de soumettre à une même autorité le territoire de Diégo-Suarez, l’île de Nossi-Be avec ses dépendances (Mayotte), et notre établissement de Diégo-Suarez », qui, par sa situation était tout désigné pour devenir le centre des possessions françaises de la région. Pour gouverner cet ensemble devenu plus important, le gouverneur fut assisté par un directeur de l’intérieur et par un chef du service administratif.

Froger « fait venir des ouvriers civils »

De jour en jour la population civile d’Antsirane s’accroît: si, en 1886 le commandant de la division navale de l’océan Indien indiquait 883 habitants (dont 602 malgaches), les chiffres du premier recensement de la colonie de Diego Suarez, en date du 31 décembre 1887 sont les suivants:
-Français et créoles de La Réunion: 527
- Européens et créoles de Maurice: 93
-Malgaches et Comoriens: 2689
- Fonctionnaires civils et leur famille: 31.
Le total de la population recensée s’élève à 4607 dont 1127 militaires (armée: 1051- Marine:76) et environ 150 non sédentaires.
Mais, dans le compte des « Français » il y a peu de métropolitains .
Le gouverneur Froger va donc tenter d’attirer colons (venant de France ou de La Réunion) et travailleurs locaux. Pour attirer les bras dont a besoin la ville dans son processus d’expansion, Froger utilise une politique de charme vis à vis des Antankarana et de leurs chefs, les engageant à « s’abriter sous le drapeau français à Diégo-Suarez » et offrant un terrain au roi Tsialana II pour qu’il « puisse se réfugier à Diégo-Suarez s’il juge sa vie en péril ».
Par ailleurs, l’esclavage étant interdit à Diego Suarez en raison de l’article 6 de la constitution française de 1848 qui dispose que « l’esclavage ne peut exister sur aucune terre française », Froger attire dans la ville les esclaves voulant échapper à leurs maîtres Merina ou Antankarana.
Pour faire venir des colons, le gouverneur s’adressa d’abord au Gouverneur de La Réunion : « C’est avec une satisfaction réelle que notre jeune colonie verra sa population s’agrandir de nouvelles familles de colons agriculteurs » (Le Temps 29/12/1888) à qui il promet d’allouer gratuitement des terres.
Cependant, le problème de la main d’œuvre reste un souci primordial à Diego Suarez en 1888.
(A suivre)

■ Suzanne Reutt


Traduction

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