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Légionnaire toujours...

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La Légion étrangère - Récits militaires par M. ROGER DE BEAUVOIR. Illustrations de M. DOLDIER.

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Le Monde Illustré - 24/11/1888

C'est encore au Mexique, à Parras, qu'une compagnie placée sous les ordres du lieutenant Bastidon se retrancha dans l'église et y fut cernée pendant trois jours.

Elle résista à toutes les attaques, à toutes les sommations, et ne dut sa délivrance qu'à l'arrivée de la colonne Saussier, qui mit promptement l'ennemi en déroute.

Le commandant Saussier avait alors trente-cinq ans. On ne saurait croire les résultats qu'il obtint des légionnaires. Officier digne de pareils soldats auxquels son intrépidité faisait accomplir des prodiges.

Dans une marche sur Monterey, que menaçaient les troupes du général Escobado, il avait fait faire à son bataillon trente lieues en trente-deux heures, et ses hommes avaient dû garder pendant presque tout ce temps le sac au dos.

Rentré en Algérie, le régiment étranger reçut une ovation enthousiaste. Le commandant Saussier fut nommé lieutenant-colonel; il servait à la légion depuis dix-sept ans.

De 1867 à 1870, le corps eut des détachements à Mascara, à Tiaret, à Djebel-Amour, à Géryville, à Figuig, travaillant aux routes, établissant des lignes télégraphiques, ravitaillant les postes ou marchant en colonne pendant de longs mois à la recherche d'un ennemi se dérobant toujours.

Lorsque le 19 juillet 1870, la guerre fut déclare, le régiment étranger se trouvait donc disséminé dans la province d'Oran. Il s'attendait à être dirigé sur le Rhin afin de servir devant-garde à l'armée, mais à la nouvelle que toute l'Allemagne marchait contre nous, on reconnut l'impossibilité d'envoyer la légion à la frontière.

Il fallait, en effet, éviter aux Hessois, Badoi., Wurtembergeois, Bavarois, Saxons et autres appartenant au régiment étranger de se rencontrer avec leurs compatriotes.

Le corps resta en Algérie, où les engagements volontaires devinrent nombreux.

Après le désastre de Sedan, la délégation de Tours fit venir deux bataillons et en créa un cinquième qui reçut à Orléans le baptême du feu. Ce bataillon, composé en grande partie de recrues et d'hommes peu solides, se détendit néanmoins énergiquement quand les Bavarois attaquèrent pendant la nuit du 11 octobre le faubourg Bannier. Là, fut tué raide le commandant Arago.

A Coulmiers, le régiment étranger charge les Prussiens en avant du village et les déluge de leur position.

A la Croix-Briquet, sous le feu d'une artillerie formidable, son attitude est telle, qu'un officier de l'état-major du prince Frédéric-Charles, le capitaine Milson de Botte, qui avait fait l'expédition du Mexique dans les rangs du régiment étranger, s'enorgueillit lui-même de la solidité de son ancien corps. -

Pendant la retraite d'Orléans, les trois bataillons de la légion soutiennent des combats incessants; ils passèrent ensuite à l'armée de l'Est, avec Bourbaki.

Depuis ce moment, jusqu'à la fin de la campagne, ce ne furent que privations et souffrances de toutes sortes; le froid et la faim firent de grands ravages dans les rangs. A peine vêtus, mal chaussés, plus mal nourris, campés le plus souvent sous de mauvaises petites tentes, les hommes étaient atteints de congélations qui réduisirent considérablement l'effectif; aussi les vides furent-ils difficiles à combler.

La paix vint heureusement mettre un terme à toutes ces atroces misères.


Aujourd'hui, la légion se compose de deux régiments à quatre bataillons.

Avant 1870, le recrutement avait lieu par engagements de cinq ans devant un sous-intendant. Parmi ces engagés se trouvaient un grand nombre de déserteurs, d'insoumis ou de démissionnaires des armées étrangères, auxquels venaient s'adjoindre des volontaires français servant au même titre et destinés à former des cadres de sous-officiers. On devait être âgé de dix-huit ans au moins, de quarante au plus, et produire des pièces d'identité, un certificat de bonne vie et mœurs, etc., etc., papiers

Le luxe dont beaucoup négligeaient de se munir; en ce cas, le générai commandant avait le droit de décider si, malgré cet oubli, l'homme pouvait être reçu.

C'était déjà très libéral.

En 1881, on le devint davantage, et l'on admit à la légion quiconque, jeune et bien portant, d'où qu'il vint,voulait contracter un engagement de cinq ans.

Évidemment, ce recrutement de guerre laisse à désirer et ouvre la porte à une société un peu mêlée. Les Alsaciens-Lorrains, heureusement en majorité, assurent au corps un cadre solide, énergique et honnête. C'est le plus beau cadre permanent de sous-officiers de l'armée, car la plupart se rengagent pour faire campagne

Les officiers sont presque tous Français, toutefois on compte une vingtaine d'officiers d'origine étrangère.

On entend parler toutes les langues dans cette Babel, lll'eat surtout l'allemand, ou plutôt le patois alsacien qui domine.

Cependant, l'instruction se fait en français.

La discipline y est nécessairement inflexible et, en campagne surtout, les moyens de répression sont plus durs que dans les autres corps, parce que là, plus que partout ailleurs, se rencontrent des natures violentes, indomptées et rebelles, qui pourraient compromettre le salut de toute une colonne.

Les punitions de rigueur exceptionnelle contre lesquelles s'insurgent les humanitaires inconscients du danger que font courir les indisciplinés à la sécurité de tous, sont quelquefois indispensables, quelles que puissent être les révoltes de la charité, au cœur de ceux même à qui s’impose la cruelle nécessité d'infliger ces peines. Il y a telles contrées, — le sud oranais, entre autres — où manquent tous les moyens de répression habituelle et où la désertion fréquente, mettant au service de l'ennemi des hommes déterminés, condottieri sans scrupules, des armes perfectionnées et des renseignements, peut entraîner des détachements entiers aux embuscades, aux trahisons, à la mort et aux supplices.


(A suivre.)


Traduction

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